30. Arrivée en Suède

Bivouac de rêve entre 2 lacs. Calme absolu.

The Bridge, en vrai

Nous voici depuis quelques jours en Suède. Pour ce faire, nous avons pris le pont-tunnel de l’Øresund qui en 14 Km relie Copenhague à Malmö. Depuis le Danemark, on commence par descendre dans un tunnel et parcourir près de 4 Km sous la mer, avant de faire surface sur une île artificielle. Vient ensuite le pont, un magnifique pont à haubans de 8 Km de long, puis le péage, un peu plus de 60 € tout de même, ça fait cher du kilomètre. Nous nous consolons en apprenant qu’à 1 cm près (Roberto fait 5,99m de long) nous aurions payé le double !

Nous avons préparé cette traversée en regardant la série suédo-danoise The Bridge, dont l’intrigue policière se déroule autour du pont. Du coup la traversée avait une toute autre saveur. Côté Malmö, nous avons aussi admiré la célèbre tour torsadée devant laquelle loge l’actrice principale pendant la série.

Le tunnel côté danois
Le pont côté suédois
Vue aérienne un jour sans pluie…


Des plages blanches de monde

Quand c’est noir de monde, vous voyez bien ce que c’est. Eh bien là c’est tout simplement l’inverse. La météo n’est pas particulièrement clémente depuis notre arrivée en Suède, le ciel est gris les ¾ du temps, le crachin est régulièrement entrecoupé d’averses, et les températures tournent autour de 15°C, paraissant bien moins sous le vent soutenu. Du coup les plages sont désertes et d’apparence très sauvages, les nombreux petits parkings dans la forêt proche du littoral ne sont guère plus fréquentés. Il faut dire aussi que, malgré des campings semblant bien remplis le long de notre route, les vacances d’été sont quasiment terminées pour les suédois. Tant mieux pour nous !


Mégalithes méga-mystérieux

Les 59 menhirs du site d’Ale, tout au sud du pays, installées lors de la période Viking mais découvertes plus tard interrogent encore les archéologues. Disposées en losange, comme autour des tombes vikings, elles pouvaient être interprétées comme sépultures, mais aucun reste de ce type n’a été retrouvé. Monument en l’honneur d’un roi, lieu de rassemblement, tentative de communication avec l’au-delà ou encore calendrier solaire géant, tout est possible. Encore du boulot pour les futurs Indiana Jones, tout n’a pas encore été découvert, loin de là.


Absolue était mon ignorance

En terme de vodka en tout cas, car je pensais initialement que cette boisson alcoolisée était exclusivement russe. La case manquante de mon cerveau est à présent comblée depuis que nous sommes passés devant la maison-mère de la Vodka Absolut, produite à Ǻhus en Suède depuis 1879. Nous sommes arrivés trop tard pour la dégust.. euh la visite, qui de toutes façons faute d’attendre 3 jours aurait été en suédois, et c’est bien dommage car cette vodka se différencie apparemment des autres par un certain nombre de critères de qualité. Pour en savoir plus, notamment ce qui est gardé pour les hommes et ce qui est jeté aux cochons, lire ici.


Les moulins de Öland de Suède

De la ville de Kalmar qui échappera aujourd’hui à tout jeu de mots, nous avons rejoint par un pont pas trop loin l’île de Öland, dans le sud-est suédois. Son climat censé cumuler douceur et soleil attire parait-il les foules, mais nous n’avons vu ni les uns ni les autres. Pas même la famille royale qui y vient en villégiature l’été. Par contre nous avons aimé nous perdre au milieu des champs bordés de murets de pierres sèches bien taillées parsemés de moulins à vent. 350 pour une île de 1300 Km², c’est mieux que les Pays-Bas.


My name is Bond, Gunnar Bond

Bien que l’auteur de la saga 007 soit anglais, Gunnar Schäfer un suédois s’est passionné depuis le plus jeune âge pour l’œuvre de Ian Fleming et son célèbre héros. Pas par hasard, mais parce que comme lui son père était agent secret et a mystérieusement disparu alors que Gunnar n’avait que 2 ans. Après avoir vu son premier James Bond à l’âge de 8 ans, il commence très vite à collectionner tout ce qui touche à la saga et finit par ouvrir un muséum en lieu et place de son garage automobile. On y trouve outre les gadgets habituels un nombre impressionnant de véhicules, objets volants ou embarcations ayant servi aux différents tournages, bien mis en valeur avec à côté la projection de la scène de film correspondante. Le garage héberge tout de même quatre voitures de prestige (la Lotus de l’Espion qui m’aimait, l’Aston Martin de Casino Royale 2006, la Jaguar de Casino Royale 1967 et la BMW 1200 de Demain ne meurt jamais), la moto BMW de Demain ne meurt jamais, le long-tail-boat de L’homme au pistolet d’or, la célèbre gondole sur coussin d’air qui a traversé la place St Marc dans Moonraker, le scooter des neiges de Meurs un autre jour, le rickshaw d’Octopussy, l’autogyre de On ne vit que 2 fois, le Cessna 172 utilisé dans  Goldeneye et Permis de tuer, et enfin l’hydroglisseur de Vivre et laisser mourir que notre passionné a essayé dans son jardin le jour où il l’a reçu, vidéos à l’appui. Il ne manque guère que le téléphérique autrichien sur lequel s’accrochait Daniel Craig et peut-être encore la navette spatiale pilotée par Roger Moore, ce doit être juste par manque de place.

Le musée ne manque pas de rappeler que si aucun réalisateur ou aucun agent 007 n’a été suédois, 4 James Bond Girls sont originaires du pays. Leurs robes et bikinis sont bien sûr exposées. En fin de visite, on peut s’offrir un verre dans le bar du musée, champagne Bollinger ou Martini dry pour rester dans le ton bien sûr.

Gunnar Schäfer a poussé l’intégration jusqu’au bout, appelant Ian Fleming « Papa Fleming », réussissant à faire immatriculer ses voitures « JB 007 », « OO7 JB » etc. tout comme à obtenir des numéros de téléphone fixe ou portable se terminant par 007. Il a même en 2007 réussi à obtenir de la justice suédoise d’être renommé « James Bond Gunnar Schäfer ». Nous avons donc eu le plaisir de discuter avec James Bond, ça valait le déplacement.


C’est l’heure de se mettre au verre

Le Sjælland, cette région du sud-est de la Suède, est réputée de longue date pour son artisanat du verre. Nous avons visité la verrerie la plus ancienne du pays et toujours en activité depuis 1742, celle de Kosta Boda. Elle produit aussi bien des objets du quotidien (nombreuses boutiques très achalandées aux alentours) que des créations artistiques de toute beauté dont vous trouverez quelques échantillons ci-après.

Au fait c’est un suédois émigré aux Etats-Unis qui a créé le design de la célèbre bouteille en verre de Coca-Cola, gagnant ainsi un concours organisé par la firme en 1915. La Suède n’en est pas peu fière. Les critères étaient que, alors que la boisson était contenue dans des bouteilles banales, elle devienne typiquement reconnaissable, même les yeux fermés. Malgré l’ère du plastique, les bouteilles de Coca en verre restent bien présentes sur le marché, et viennent récemment d’être restylées (on ne sait pas si c’est par un Suédois). En Suède, toutes les bouteilles sont consignées, même celles en plastique. D’ailleurs les bouteilles de coca dans ce pays sont en plastique 100% recyclé depuis 2020.

De mon côté, j’ai participé dans le musée à un concours de design de mozaïque de verre. Je suis très confiant dans mes chances de gagner.


La petite ville aux allumettes

Le musée des allumettes de Jöngköping, premier bâtiment de la fabrique

La cité de Jöngköping est le centre du monde lorsque l’on parle d’allumettes. D’abord parce que c’est là qu’est née la première fabrique d’allumettes dites « de sûreté » en 1848. L’invention elle-même datait de 1805 mais n’avait pas été développée car il fallait pour allumer l’objet le tremper dans une solution d’amiante et d’acide sulfurique, autant dire que les gens ne trouvaient pas ça très pratique et même plutôt dangereux. Les premières allumettes inflammables par friction arrivèrent à partir de 1826, mais ne connurent pas non plus le succès tant les défauts étaient rédhibitoires : taille imprévisible de la flamme, tendance explosive, odeur forte, conservation en boîte hermétique, et surtout risque graves pour la santé des utilisateurs et surtout des fabricants (nécrose phosphorique souvent mortelle). En 1844, un suédois dénommé Gustaf Erik Pasch résolut le problème en inventant des allumettes qui ne s’enflammaient qu’au contact d’une bande située le long de la boîte et non plus sur une façade de mur ou dans une poche de pantalon. Et c’est en 1848 que ses copains les frères Lundström construisirent à Jöngköping leur première fabrique. Le bâtiment était tout en bois et la production fut vite déplacée dans un nouveau bâtiment en briques, moins inflammables. Quand on fabrique des allumettes, cela s’impose. Cela dit, la maison initiale est toujours là et sert aujourd’hui de musée, tandis que la fabrique, qui n’a cessé de se développer jusqu’à la fin du siècle suivant, n’a souffert d’aucun incendie mémorable. La maison mère assurait d’ailleurs le service d’incendie pour toute la ville. La production d’abord manuelle s’est peu à peu industrialisée, un magnat de la finance s’en est mêlé et la ville a été à un moment au cœur de la production de 70% du marché mondial d’allumettes. Mais après la seconde guerre mondiale la production a fait long feu, peut-être handicapée par l’arrivée du briquet de poche ou de l’allumage piezo-électrique. Il nous reste l’histoire, les méthodes de fabrication et les machines, bien exposés dans le musée.

Fabrication très rustique des premières allumettes par rabotage, réalisation de bouquets puis trempage manuel dans le combustible
Première mécanisation pour écorcer le frêne, le bois le plus adapté à la fabrication d’allumettes
Passage à l’ère industrielle. Cette machine pouvait produire 400 000 paquets par jour
Les toutes premières boîtes
… avant l’exportation mondiale

Tout ce mal pour ensuite couper les bouts des allumettes et en faire ensuite des châteaux !

Allez, c’est le moment de reprendre la route pour d’autres découvertes. A très bientôt !

29. Onomatopées routières

Circuler dans un nouveau pays impose une adaptation à la signalétique routière locale. Au minimum à des fins de sécurité, pour éviter de circuler à contre-sens par exemple ou encore identifier correctement la route destinée à la mise à l’eau des bateaux dans le fjord. Au mieux pour s’orienter correctement. Et bien sûr pour être en conformité avec la règlementation policière locale : un simple panneau d’entrée de ville au Danemark (voir un exemple plus loin) peut ressembler pour un Français à la signalétique d’un simple hameau et lui faire oublier de ralentir à 50 km/h. Nous avons assez fréquemment recours à notre traducteur de poche (Google Traduction) pour interpréter les mentions Danoises des panneaux, principalement pour savoir si l’on peut stationner ou pas à cet endroit. Parfois, il faut prendre la décision rapidement, et c’est un peu plus compliqué. Il nous est arrivé d’obstruer une rue quelques minutes le temps que la traduction apparaisse sur notre écran de smartphone, sous le regard dubitatif des autochtones qui se demande bien pourquoi ces Français viennent photographier leurs panneaux routiers.

Les jolis panneaux d'entrée de ville
Les jolis panneaux d’entrée de ville

Mais tout cela manque cruellement d’illustration. Je vous ai préparé quelques panneaux routiers inhabituels chez nous, avec en commentaire leur interprétation normale et celle que l’on aurait pu imaginer avant l’ère des traducteurs. Encore que pour certains, j’ai trouvé que les mots danois parlaient très bien d’eux-mêmes, comme ces « sving » ou « bump ».


A part ça la route se poursuit, nous terminons notre traversée du Danemark par sa capitale avant de passer en Suède en début de semaine. Voici en vrac quelques illustrations commentées de nos dernières étapes. A bientôt !







Allez, encore un château, celui de Hillerod. Vraiment beaucoup de châteaux au Danemark. Au fait, un château ça se dit « slot ». N’est-ce-pas encore une belle onomatopée ?


27. Défunts de moi difficiles

Ou comment se divertir avec un thème franchement macabre. Divertissement macabre est d’ailleurs un oxymore. CQFD

Cimetières m’étaient contés…

Cimetière viking
Illustration de l'article
Défunts de moi difficiles
Cimetière viking

Vrai de vrai, nous fréquentons beaucoup les cimetières. D’abord parce qu’il faut les traverser pour visiter les églises qu’ils entourent systématiquement. Aussi parce qu’ils ont souvent des parkings intéressants pour passer la nuit loin des hordes de camping-cars (déjà que ceux-ci se collent les uns aux autres pour ne pas avoir peur la nuit, il est difficilement imaginable qu’ils viennent se risquer à dormir tout seuls près d’un cimetière dont peuvent sortir à tout moment fantômes et autres revenants). Enfin ils sont connus pour être des lieux où l’on peut se procurer de l’eau potable, bien que pour l’instant nous n’ayons pas encore recouru à ce mode d’approvisionnement. Ils sont en général très bien entretenus. Dans l’avant-dernier que nous avons visité, pas moins de 4 jardiniers assuraient le ratissage des allées et l’entretien des petites haies qui séparent les tombes. Pour le dernier c’était un peu spécial, car c’était un ancien cimetière Viking, et là l’entretien était assuré par un troupeau …de moutons. Mais c’était sur une colline entière. Ce cimetière a connu sa pleine activité entre les Vème et Xème siècle. Avant, les Vikings n’étaient pas nés. Après ils ont été convertis au christianisme et obligés d’enterrer leurs morts autour des églises. Mais avant cela, ils pratiquaient plutôt l’incinération, le bûcher étant placé dans une fosse entourée de pierres en forme de cercle pour les femmes ou de triangle pour les hommes. Après la crémation, ils étaient ensuite recouverts de terre, la double peine en quelque sorte, que la nature a transformée en triple peine en recouvrant l’ensemble d’une épaisse couche de sable. Tout est tombé dans l’oubli pendant près d’un millénaire, jusqu’en 1952 où il a été décidé d’entreprendre des fouilles. 700 tombes et quelques maisons ont été mises à jour. Après c’est le business habituel : aménagement d’un parking, construction d’un musée, embauche des moutons, etc.


Une histoire de croque-mort

Maintenant que le Danemark est passé à l’ère luthérienne, les cimetières bien entretenus restent à l’air libre. Encore que, vu la faible altitude du pays, négative parfois et la tendance à la montée des eaux, il se pourrait que les défunts fassent trempette d’ici quelques décennies. En attendant, ils vivent leur repos éternel regroupés par secteurs avec des aspects très différents. Pour les uns il s’agira de simples zones gazonnées où sont réparties plus ou moins régulièrement des plaques funéraires ou bien de simples pierres gravées ou peintes auxquelles on adjoindra un petit pot de fleur ou bien un arbuste. Pour d’autres les pierres seront plus larges, plantées obliquement dans la terre et non plus horizontalement, tandis que les décorations autour seront un peu plus riches. Enfin, les quartiers chics verront leurs tombes entourées de petits massifs de buis, les pierres seront cette fois verticales et volontiers en marbre, mais on ne verra pratiquement jamais de grandes dalles comme chez nous. Les tombes sont souvent personnalisées avec des figurines, le plus souvent des animaux, mais parfois des nains de jardin ou autres babioles. Comme chez nous de petites plaques viennent compléter la plaque ou la pierre principale, et notamment une particulièrement fréquente portant la mention « MOR » qui a inévitablement attiré mon attention. Mon esprit espiègle a aussitôt imaginé une espèce de certificat de décès attribué par un croqueur d’orteil. Mon traducteur de poche m’a malheureusement contredit en affirmant que le terme désignait plutôt la « mère ». Dommage, j’aimais bien la première version.


Le King sans « vi »

Le jeu de mots est tiré par les cheveux, j’en conviens, mais l’occasion de faire une transition avec le sujet ci-dessus était trop belle. En effet, le hasard de notre route nous a fait passer devant une attraction quelque peu inattendue au Danemark : une copie de la maison  d’Elvis Presley à Memphis (Graceland Mansion).

Des passionnés ont recréé la maison originale, l’ont aménagée partiellement en un musée très documenté et pour le reste en un restaurant cabaret où des sosies du King viennent se produire régulièrement. Le portail à l’entrée donne le ton, et des haut-parleurs tout au long du chemin menant à l’entrée diffusent en permanence des tubes de l’artiste. Naturellement, une boutique bien fournie est exclusivement dédiée à Elvis, comportant un nombre impressionnant de disques et de films.


Et la bière !

Il était difficile de terminer cet article macabre sans parler du breuvage national, consommé par une large majorité de la population, ce qui représente 70 litres par an et par habitant, contre 30 litres pour les Français – qui se rattrapent tout de même sur le vin. Les marques Carlsberg et Tuborg dominent le marché danois, mais il existe bien sûr comme chez nous de multiples bières locales. Malgré cette consommation élevée, les Danois meurent moins à cause de l’alcool (1% des décès) que les Français (13% des décès). Peut-être est-ce grâce à l’autre boisson nationale, l’akvavit (l’eau de vie bien sûr).

26. En 2 temps 5 mouvements

deux temps différents au même endroit
Le même endroit à 1/4 d’heure d’intervalle

Les deux temps, déflorons l’accroche de suite, correspondent à notre météo quotidienne. Le ciel est en effet particulièrement changeant au Danemark, les nuages ne cessant de défiler. En moins d’une minute, le soleil radieux peut se dissimuler derrière un cumulo-nimbus menaçant et nous transporter dans la pénombre, parfois nous arroser de quelques gouttes ou encore nous délivrer une véritable averse sous des vents forts qui vous retournent le parapluie tout juste sorti de son étui. Bienvenue au club diront peut-être les Bretons. A nous qui n’étions habitués qu’à un temps à la fois. Le bon côté des choses, c’est que nous sommes sûrs de voir le soleil tous les jours. Le mauvais côté, c’est qu’il faut savoir attendre le bon moment pour les photos, le joli paysage aux couleurs chaudes et contrastées pouvant se transformer en une scène dramatique et menaçante entre le cadrage et l’appui sur le déclencheur. A titre d’exemple, les deux photos ci-dessus sont prises au même endroit à quelques minutes d’intervalle seulement. Mais bon, les épisodes de pluie restent minoritaires, volontiers nocturnes, et le bruit des gouttes venant frapper la carrosserie, nous adorons. Ça nous rappelle le camping de notre enfance.


Au centre d'essais pour éoliennes
Au centre d’essais pour éoliennes

Concernant les mouvements, commençons par la rotation. Surtout celle incessante des éoliennes, omniprésentes dans l’environnement danois. Ce pays produit à ce jour 40% de son énergie grâce au vent, tout en visant l’autonomie électrique en 2035 et l’indépendance énergétique totale en 2050. Les médisants pourraient prétexter l’abondance de la ressource, mais cela ne fait pas tout, il y a une vraie politique verte dans ce pays. Par exemple à St Barth, où le soleil brille plus de 300 jours par an, le nombre de panneaux solaires est ridiculement bas. Et aucune éolienne bien sûr, alors que lez alizés soufflent gaillardement une grande partie de l’année. Vers Esbjerg, nous avons côtoyé un port où l’on chargeait d’immenses pales d’éoliennes sur des bateaux. Cela a commencé à exciter notre curiosité et lorsqu’un peu plus loin, à Osterig nous sommes passés devant un centre d’essais pour éoliennes, nous n’avons pas hésité à en effectuer la visite. Nous avons appris plein de choses, comme sur leur conception (pourquoi 3 pales et pas 2 ou 4 par exemple), leur mise en place très différente selon qu’on se trouve sur terre ou en mer, l’évolution de la technologie au cours du temps et les achats d’énergies d’un pays voisin à l’autre programmés la veille en fonction de la météo du lendemain. Très instructif donc.


Le phare qui a reculé de 70 mètres
Le phare qui a reculé de 70 mètres

Le second mouvement est celui de ce phare dénommé Rubjerg Knude, construit en 1900 initialement à 200m de la mer sur une dune qui n’a cessé de s’éroder depuis. En 2019, il ne lui restait plus que 5 ans avant de s’effondrer dans la mer, aussi a-t-il été décidé, compte-tenu de son intérêt touristique, de l’éloigner du rivage de 70 mètres, à l’aide d’une mini-voie ferrée. L’opération, qui s’apparente au déplacement des fusées de leur hangar de stockage vers leur pas de tir, a pris seulement 4h30, après une préparation de tout de même plusieurs mois. Après les tramways allemands qui prennent l’autoroute, voici le phare danois qui prend le train ! Une vidéo sur le déplacement est disponible ici. Nous avons fait la balade pour découvrir ce phare peu commun, grimpant une immense dune posée entre mer et forêt un peu à la manière de celle du Pilat, fouettés par le vent et le sable mais heureux de découvrir ce lieu.

Vues du bas et du haut du phare

Après le phare qui recule, voici maintenant la dune qui avance. Cela se passe tout au nord de la péninsule du Jutland, à un endroit où la bande de terre n’est large que de cinq kilomètres. La dune appelée Rabjerg Mile s’y est formée vers 1750 et depuis, elle ne cesse de progresser vers l’Est, de 13 à 17 mètres par an. A ce rythme-là, elle devrait atteindre la mer du côté opposé vers l’an 2200. De nouveau nous avons découvert un micro-Sahara en territoire danois, d’environ 900 x 600 mètres. Nous l’avons foulé avec plaisir, nous demandant si nous n’allions pas apercevoir une colonne de rennes bossus longer la crête d’une dune, admirant aussi les jolies figures que dessine le vent dans le sable.

Le vent, quel artiste !


Le mouvement suivant est un mouvement de foule. A Grenen, à l’extrémité Nord de la péninsule du Jutland, nous avons suivi une longue procession constituée majoritairement de Danois qui suit la plage comme chaque jour à la queue-leu-leu, jusqu’à une pointe très étroite qui finit dans la mer. Où plutôt dans les mers.  Car justement à cet endroit deux mers se rencontrent, la Mer du Nord et la Mer Baltique. Les courants assez forts et en sens inverse, rendant d’ailleurs la baignade dangereuse (de toutes façons, à 14°C on n’a pas trop envie d’y tremper autre chose que ses pieds) soulèvent de belles vagues chargées d’écume. Les gens s’y arrêtent un moment, s’y prennent volontiers en selfie, puis repartent en sens inverse. Peut-être iront-ils ensuite se régaler d’un plateau de fruits de mer dans la petite ville voisine de Skagen, très prisée des touristes. Au Danemark, les vacances scolaires d’été se terminent le 11 Août, il faut qu’ils se dépêchent.

Rencontre de la Mer du Nord et de la Mer Baltique

Port et restaurant de fruits de mer à Skagen


Le dernier mouvement, et bien c’est le nôtre, reprenant la route. Et dans ce pays écolo, nous suivons les routes vertes. De la couleur du liséré qui les borde sur la carte routière, signalant leur côté pittoresque. Mais aussi parfois avec de l’herbe en guise de ligne séparatrice, comme sur la photo. On ne peut faire plus vert !

25. Roberto à la plage

Roberto à la plage

Nous voici maintenant au Danemark. Bien qu’encore dans la zone frontalière avec l’Allemagne, nous ressentons rapidement que nous sommes dans un autre pays, une autre culture. Les routes sont larges et peu fréquentées, parfaitement entretenues, délimitées latéralement par des pointillés. Le pays est tout plat et la vue porte loin. Le climat est océanique, nous en avions perdu l’habitude, et les alternances d’averses et d’éclaircies rythment nos journées sous un vent soutenu qui fait osciller Roberto. Ce dernier doit d’ailleurs circuler les yeux grands ouverts, c’est-à-dire avec les feux de croisement allumés en permanence, sans doute pour être bien visible quand le ciel s’assombrit fortement au passage des perturbations. Nous lui avons aussi apposé sur le pare-brise le disque horodateur adhésif dont sont équipés tous ses congénères autochtones. Les paysages sont beaux, alternant champs agricoles, prairies à vaches ou moutons et fjords encadrés de digues. Les maisons en campagne, typiquement des chaumières ou des maisons de briques, rouges aux volets blancs ou au contraire toutes noires, dépassent à peine de la lande, pour mieux se protéger du vent sans doute. En ville on se permet un peu plus de hauteur. Les Danois adorent placer des figurines de toutes sortes derrière les vitres des fenêtres. Nos premiers villages traversés étaient très pittoresques, mais c’est loin d’être le cas partout. En tout cas la propreté est exemplaire et les maisons sont bien entretenues. Une chose géniale ici est l’absence de masque, même à l’intérieur des boutiques ou des musées. Il est seulement recommandé et du coup très peu le portent. Le passe sanitaire est néanmoins obligatoire dans les salles intérieures des restaurants et dans les musées. Nous avons déjà eu besoin de le produire. Sans que notre QR code européen soit lu par une machine pour autant. Mais ce qui est écrit au-dessous a l’air de satisfaire ceux qui nous l’ont demandé. Côté nourriture ça se présente plutôt bien. Le poisson fumé remplace les saucisses allemandes et le coulis aux airelles qui l’accompagne est délicieux. Le pain est aussi varié qu’excellent. Et que dire des « danoiseries »… Tiens, un truc étonnant, lors de notre dernier achat, la boulangerie-pâtisserie vendait aussi des paquets de cigarettes, bien cachés dans une vitrine aux vitres fumées derrière le comptoir. Va savoir pourquoi.

Campagne danoise
Route en forêt (Mogeltonder)

Façades danoises

Eglise de Mogeltonder

Sculpture dans un parc

Statues à Esbjerg

Mets danois (jus de rhubarbe et de fleur de sureau, poisson frais fumé)

La côte Sud-Ouest du Danemark au moins (nous ne connaissons encore que cette partie-là) n’est qu’une longue plage de plusieurs centaines de kilomètres de longueur, avec un dénivelé presque nul qui permet aux véhicules de circuler. Nous l’avons découvert un peu par hasard et n’avons pas résisté à l’envie d’y promener Roberto. C’est de saison après tout. Pas sûr que nous aurions pu y dormir, le camping sauvage est interdit dans tout le Danemark, mais nous y avons tout de même pris le thé fenêtres grandes ouvertes sur la mer du Nord. Une de nos petites pauses comme on les aime.


Un petit point sur notre parcours avant de vous quitter : nous avons parcouru presque 8000 Km depuis le 19 avril. Nous n’avons traversé que trois pays, mais il faut un début à tout et nous avons tout notre temps. A bientôt !