147. Disfruta

Nous l’avions déjà remarqué à Montevideo, une bonne partie des musées est en accès libre, sans droit d’entrée. Dès nos premières visites dans l’intérieur du pays, cela se confirme. Le plus emblématique a été ce parc animalier recueillant principalement la faune autochtone où nous avons été accueillis d’un « Bienvenido, disfruta ! ». Ça nous change du zoo de Beauval où non seulement il avait fallu aligner une quarantaine d’euros par personne, mais en plus sans être gratifiés du moindre sourire… Quelle intelligence que de permettre à tous l’accès à la culture ! Vive l’Uruguay !

Nous profitons de la vie au travers de ce roadtrip. Disfruta !
Nous profitons de la vie au travers de ce roadtrip.

Remise en route

Même si le temps reste très couvert, c’est un véritable bonheur que de repartir sur les routes. Mais quelques étapes logistiques préalables s’imposent :
-> d’abord ranger nos affaires dans les placards. Sinon on ne peut pas circuler avec nos sacs de voyage et valises. Il nous faudra compter une bonne heure !
-> ensuite refaire le plein de carburant, car les compagnies maritimes exigent que l’on soit sur la réserve pour pouvoir embarquer. Ce n’est pas si simple que ça en a l’air puisqu’il nous faut trouver une station-service qui vend du gasoil peu chargé en soufre (Roberto est allergique de par son statut Euro 6), ce qui se traduit ici par 10-S, soit un maximum de 10 ppm de soufre. Parce que le gasoil ordinaire contient 50 ppm. Nous risquons de trouver beaucoup plus dans d’autres pays, il faudra faire attention.
-> et puis refaire le plein des réservoirs d’eau. Notre application iOverlander nous permettra de trouver rapidement un robinet public près d’un petit parc. Et zou, près de 200 litres embarqués !
-> évidemment, le frigo et les placards à nourriture sont vides. Nous n’avions le droit d’importer aucune nourriture. Un hypermarché Géant se trouve fortuitement placé notre route. Le caddie sera bien rempli mais pas plein, la taille de notre frigo (130 litres) ne le permettrait pas.

Nous sommes maintenant pratiquement autonomes pour une bonne semaine. Les panneaux solaires tournent à plein régime malgré le ciel gris. Aucune de nos 2 batteries, moteur et cellule, ne semble avoir souffert de l’immobilisation de 6 semaines dans le conteneur. Nous voilà sur la route en direction de l’Est (nous remontons tranquillement vers le Brésil). Il nous faut nous arrêter au premier péage (ce n’est pourtant pas une autoroute) pour prendre le badge de télépéage. Il est gratuit, il faut juste mettre un peu d’argent dessus. Les quelques sections à péage coûtent pratiquement toutes le même prix, l’équivalent de 3,50€. Ce qui est bizarre sur ces sections à péage, c’est qu’on y trouve bon nombre de routes transversales par lesquelles il serait faciles d’entrer sans payer, mais nous n’allons pas jouer à ça !

En milieu d’après-midi, nous trouvons que notre première journée sur la route est suffisamment remplie et nous nous trouvons un petit spot pour nous reposer et passer la nuit. En bord de mer s’il vous plaît. En Uruguay, le faible nombre de véhicules de loisirs fait que nous ne sommes pas considérés comme une gêne. En conséquence il est possible de se garer pratiquement partout !


La brique élevée au rang d’art

Intérieur de l'Iglesia del Cristo Obrero à Atlantido (Uruguay)
Intérieur de l’Iglesia del Cristo Obrero à Atlantida (Uruguay)

Voilà une église peu ordinaire, entièrement bâtie en briques. Ce matériau qui paraît banal, a pourtant ici  été érigé en art. L’ingénieur uruguayen Eladio Dieste a réussi à créer des murs et un plafond ondulés, une rampe d’escalier ajourée, des éléments de façade en dents de scie. Il a reçu en retour l’hommage de ses pairs et surtout celui de l’Unesco qui a inscrit son œuvre au patrimoine mondial


La Villa de la Concepción de las Minas

C’était l’ancien nom de la ville de Minas que nous visitons aujourd’hui. Mais comme ça tenait rarement sur les enveloppes et ou que les panneaux à l’entrée de l’agglomération étaient souvent renversés par le vent – en fait ce sont deux hypothèses personnelles –  la ville a décidé de s’appeler simplement Minas, en référence à son passé d’extraction de fer et d’argent. Plus rien de tout ça lors de notre visite, mais nous avons aimé nous promener dans des rues qui collent davantage à l’image que nous avions de l’Uruguay que celles de Montevideo.

Nous avons entre autres visité la Casa de la Cultura qui abrite la bibliothèque municipale, une galerie d’art, un théâtre et 4 musées dont l’un est hébergé dans la maison natale de l’un des héros de la nation Juan Antonio Lavalleja de l’un des héros de la nation. Les 3 autres concernent les peuples précolombiens, les gauchos, le musicien Eduardo Fabini, l’écrivain Juan José Morosoli, le professeur de médecine Pedro Belou, bref que des inconnus pour nous. Le décor était plutôt joli. Tout était gratuit, mais nous avons dû supporter la guide qui devait s’ennuyer et nous a accompagné tout du long, nous racontant ce que nous pouvions lire sur les affiches. Parfois la gratuité a un coût…


L’inventeur de Minas

Reproduction du premier véhicule automoteur terrestre à vapeur de Nicolas-Joseph Cugnot (1769)
Reproduction du premier véhicule automoteur terrestre à vapeur de Nicolas-Joseph Cugnot (1769)

Le Géo Trouve-tout de Walt Disney a son équivalent uruguayen : Horacio. Cet homme a commencé à fabriquer ses propres jouets vers l’âge de 5 ans. Un peu plus tard il s’est mis à reproduire les engins agricoles qu’utilisait son père, puis une infinité d’autres véhicules et d’objets utiles au quotidien, fonctionnant comme dans la vraie vie. Horacio, septuagénaire, nous fait la démonstration du fonctionnement d’une douzaine de machines ou de véhicules, ainsi que de quelques jeux qu’il a conçus lui-même ou recréés à partir de modèles photographiés. Et le dernier modèle en cours de construction. Il ne s’arrête jamais !

Ce génial personnage, tout aussi inventeur que pédagogue, nous a bien gardés une heure et demie et aurait même pu faire davantage si son épouse n’était pas venue gentiment l’arrêter.

Une visite passionnante et animée avec passion, nous avons adoré !

La bonne réponse au quiz précédent est 1. (une boutique de biscuits). Il ne fallait pas se laisser influencé par le Mar y Mar ni par les biscoteaux du coach de gym !


Être à tort sur la réserve

Le domaine de la réserve animalière de Pain de Sucre (oui, c'est le nom de la ville !)
Le domaine de la réserve animalière de Pain de Sucre (oui, c’est le nom de la ville !)

Après avoir dormi au bord d’un petit chemin entre deux champs, nous rejoignons, peu après la ville joliment nommée de Pain de Sucre, la Réserve d’élevage et de protection de la faune naturelle autochtone. 100% des réserves de ce type visitées auparavant étaient payantes, les gouvernements favorisant peu leur développement. Mais arrivée au guichet d’entrée, un jeune homme nous accueille d’un grand « Bienvenidos » et d’un « Disfruta » (profitez) en nous indiquant le chemin. En parcourant les allées, nous ne trouvons aucun manque d’entretien que la gratuité aurait pu laisser supposer. Au contraire le sol est balayé, les bas-côtés tondus et les enclos sont bien propres.

Les animaux sont ici en semi-liberté. Cela se traduit par des enclos grillagés, mais de grande taille et comportant pour la plupart des zones de taillis où les bêtes peuvent se cacher s’ils n’ont pas envie de rencontrer des humains. Nous avons vu des condors, des capybaras (de gros rongeurs sympathiques), des coatis, des renards, des caïmans, des pumas et des nandus (genre d’autruches) avec de nombreux petits.

A l’entrée de la réserve, un très grand espace de jeux pour enfants a été aménagé. Il est amusant de le retrouver sur la première page du site internet de la réserve (lien ici). Les petits mammifères humains qui s’ébattent sur les balançoires et autre filets d’escalade sont indéniablement assimilés à la faune autochtone à choyer !


Château express

Peu avant l’heure du déjeûner, nous quittons la route principale pour nous engager sur l’allée bordée de palmiers qui mène au Castillo de Piria, du nom de son premier occupant Francisco Piria, entrepreneur uruguayen et créateur de toutes pièces de la ville voisine de Piriapolis. L’accès est libre, avec juste un gardien qui reste sur sa chaise à l’entrée. Le château est maintenant propriété du département et sert de musée. Le mobilier qui reste est de bonne facture sans être précieux. On trouve quelques informations sur l’entrepreneur et son œuvre avec un plan complet de la ville taillée au cordeau. L’étage et le rez-de-chaussée sont finalement assez vite visités.


Fort contraste

Carlos Páez Vilaró devant son œuvre
Carlos Páez Vilaró devant son œuvre

Ce titre pourrait évoquer la visite d’un nouveau château, mais c’est surtout son second mot qui est important. Après avoir vu les plans à la symétrie quasi parfaite de la station balnéaire de Piriapolis, que nous n’avons pas jugé bon de visiter, nous découvrons cette Casa Pueblo tout autant l’œuvre d’un seul homme que la précédente, mais où la ligne droite est quasi inexistante. Le terme casa (maison) est à reconsidérer devant la grande surface occupée par ses 72 bâtiments aux formes folles. Son créateur est l’artiste Carlos Páez Vilaró. La construction a pris 36 ans, sans aucun plan préétabli. Si une bonne partie est privée, nous avons tout de même la possibilité de visiter le musée, qui donne un excellent aperçu sur la vie et les motivations de l’artiste et permet de se balader sur les parties accessibles du domaine. Les parois ondulées d’un blanc éclatant rappellent les constructions méditerranéennes, mais les couloirs labyrinthiques et les dômes fantasques rendent le lieu unique. Un hôtel et un restaurant permettent tout comme le musée d’apprécier la Casa Pueblo et sa vue imprenable sur l’océan Atlantique.


La nuit sur la falaise

Pêcheurs sur les rochers de la Punta Ballena. La Casa Pueblo est en arrière-plan
Pêcheurs sur les rochers de la Punta Ballena. La Casa Pueblo est en arrière-plan

Tout près de la Casa Pueblo se trouve une pointe rocheuse s’avançant vers la mer. Elle est aménagée de plusieurs parkings et nous nous laissons tenter d’y passer la nuit. Le coucher de soleil sera très beau, mais le vent qui a soufflé toute la nuit a gêné un peu mon sommeil. Pas tant à cause du bruit qu’en raison des oscillations de Roberto qui a une forte prise au vent. Tant pis, la vue valait le coup !


État des routes

Un enrobé parfaitement lisse et des bas-côtés soignés pour cette route, mais ce n'est pas toujours le cas !
Un enrobé parfaitement lisse et des bas-côtés soignés pour cette route, mais ce n’est pas toujours le cas !

Nous n’avions aucune idée du niveau économique et de l’état des routes de l’Uruguay. Eh bien d’une manière générale, les deux sont plutôt bons. Les routes principales sont très larges et possèdent des enrobés parfaitement lisses. Les bas-côtés sont toujours très bien entretenus avec l’herbe tondue à ras et les déchets ramassés. Pour les routes secondaires, c’est plus aléatoire. Parfois c’est excellent, parfois c’est parsemé de nids-de-poule, parfois – et c’est peut-être le pire – c’est un joyeux mélange des deux. Quant aux routes tertiaires, ce sont en général des chemins de terre bien tassée ou des routes garnies de pierres concassées, dont les arêtes vives me font craindre pour les pneus de Roberto. Les ralentisseurs sont assez fréquents et bien plus rudes qu’en France. Les périphéries des villes semblent plus négligées que leur centre, aussi bien pour l’état des routes que pour la propreté. Malgré la présence de poubelles en quantité, des déchets peuvent traîner dans les rues. Les conducteurs semblent prudents. C’est d’autant plus facile que la circulation est très peu dense. Ce qui est sans doute lié à la faible densité de population, environ 19 habitants au km² contre une centaine pour la France et le double en Italie.


Le Mc Do de Maldo

Le Mc Do de Maldonado sur la place centrale
Le Mc Do de Maldonado sur la place centrale

Notre étape suivante s’appelle Maldonado. Nous y trouvons quelques restes historiques intéressants, comme la borne qui marquait la frontière entre le Portugal et l’Espagne (qui s’étaient partagés la région !), une tour de vigie qui servait à surveiller la circulation maritime dans le Rio de la Plata, et un ancien fort datant de la même époque, devenu musée. Le centre-ville est assez joli avec les bâtiments coloniaux et la cathédrale qui entourent la plazza centrale. Le seul édifice qui ne soit pas colonial est …le Mc Donald’s qui m’a inspiré le titre. Nous cherchons en vain une grande fresque décrite sur notre Petit Futé. En visitant une petite galerie d’art, nous posons la question aux employées, qui vont se démener pour nous trouver que la fameuse fresque avait été déplacée sur une autre place il y a … 35 ans ! Bonjour la mise à jour du Petit Futé qui pour le coup ne l’est pas vraiment.


C’est aussi la veille des élections municipales et départementales. De nombreux partisans de l’un ou l’autre des partis en lice distribuent des tracts à tous les carrefours. Nous sommes surtout impressionnés par l’emprise de la publicité murale. Ici on ne colle pas d’affiche, mais on peint les affiches, sur un peu n’importe quel support : une voiture, un bus, la façade d’un bureau du parti ou d’un commerçant affilié, le mur d’enceinte d’un terrain vague ou d’un cimetière, voire même la façade entière d’une maison historique ! Le seul problème est la rémanence de la peinture. Certaines images font référence aux candidats des présidentielles qui se sont déroulées il y a plus de 6 mois…


Ponts design

Juste à l’Est de la commune de Maldonado, nous franchissons un premier pont, le puente de la Barra, très original par le profil ondulé de son tablier. Cette astuce technique permet apparemment de casser la vitesse, procurant une sensation de montagnes russes si on le franchit trop rapidement. Ce sont en réalité deux ponts côte à côte, le second ayant été construit quelques années après le premier sur le même modèle tant il donnait satisfaction.

Puente de la Barra, Maldonado
Puente de la Barra, Maldonado

Sur la même route en longeant la côte, on trouve 30 km plus loin un autre pont tout aussi curieux, celui de la Laguna Garzon.  Son tablier unique se présente cette fois comme un cercle posé au milieu de l’eau, sur des piliers de béton. L’ensemble est bien sûr relié aux berges par deux routes droites. Là aussi le cercle a pour effet de faire ralentir les véhicules mais la construction a permis de respecter les normes environnementales pour cette zone protégée. Sans parler d’un esthétisme certain pour ce pont comme pour le précédent.

Puente de la Laguna Garzon, Maldonado
Puente de la Laguna Garzon, Maldonado

L’Uruguay en deuil

L'Uruguay de nouveau en deuil national pour la disparition de son président préféré
L’Uruguay de nouveau en deuil national pour la disparition de son président préféré

Les drapeaux du pays sont de nouveau en berne, pour un nouveau décès, qui touche davantage les uruguayens que le pape François : celui de leur ancien président Jose Mujica dit « Pepe ». Si l’on se plonge un peu dans la biographie et la mandature de cet homme d’état, président de l’Uruguay de 2010 à 2015, on comprend mal pourquoi sa personnalité et ses actions n’ont guère traversé l’Atlantique (personnellement je n’en avais jamais entendu parler).

Jose Mujico di "Pepe", un président charismatique au style inimitable
Jose Mujico di « Pepe », un président charismatique au style inimitable

Cet homme très charismatique, ancien guérillero, emprisonné 14 ans pour cette raison, a marqué son quinquennat davantage par son humilité, son intégrité et sa cohérence entre ses valeurs et son mode de vie que par des exploits économiques spectaculaires. Il a commencé par refuser de vivre dans le palais présidentiel comme ses prédécesseurs, continuant d’habiter dans sa petite ferme à la campagne, cultivant des fleurs avec sa femme, conduisant une vielle Coccinelle VW bleue. De plus, il reversait 90% de son salaire présidentiel à des œuvres caritatives et à des projets sociaux, affirmant qu’il n’était pas pauvre, que les pauvres étaient « ceux qui ont besoin de beaucoup pour vivre ». Mais pourquoi n’a-t-on pas de candidat semblable en France ?

Jose Mujica dans sa maison (AP Foto/Matilde Campodonico, Archivo)
Jose Mujica dans sa maison (AP Foto/Matilde Campodonico, Archivo)

Et ce n’est pas tout. Jose Mujica, homme de gauche, a fait légaliser sous sa présidence le mariage homosexuel, l’avortement et le cannabis. Il a réduit le taux de pauvreté, mené une politique d’indépendance aux grandes puissances, critiqué la société de consommation et le capitalisme sauvage. Dans un discours à l’ONU en 2013, il a appelé à repenser notre mode de vie et nos valeurs collectives pour préserver la planète. Dans un monde où beaucoup de dirigeants prônent des valeurs qu’ils n’incarnent pas, Mujica a montré qu’il était possible d’être honnête, simple et efficace, même au sommet de l’État. Pas comme l’autre.


Punta del Este la mal nommée

Un message en mosaïque sur le parking le plus au Sud de l'Uruguay à Punta del Este
Un message en mosaïque sur le parking le plus au Sud de l’Uruguay à Punta del Este

Ville balnéaire située certes à l’Est de Montevideo, elle n’est pas la ville la plus à l’Est de l’Uruguay. Par contre elle est bien la plus au Sud du pays. Envahie de touristes en saison, elle est tout à fait tranquille quand nous la parcourons. Nous avons trouvé son bord de mer très soigné, avec un long trottoir rayé noir et blanc idéal pour les joggeurs et à plusieurs endroits de jolies mosaïques au sol et des massifs de cactées. Comme à beaucoup d’endroits en Uruguay, les immeubles sont situés très en retrait de la mer, laissant suffisamment de place pour la route côtière et d’immenses parkings, les plages restant protégées par des dunes. Il doit faire bon vivre ici, mais hors saison !


La Fondation Pablo Atchugarry

Sans une habitante Uruguayenne ayant consulté le blog grâce à l’adresse inscrite sur Roberto et nous ayant contacté pour nous informer de l’existence de ce lieu, nous aurions raté la Fondation Pablo Atchugarry, absente de notre guide papier alors qu’elle a été créée il y a 18 ans, en 2007 ! Une nouvelle fois cela pose le problème de la mise à jour des guides. Il s’agit d’une institution à but non lucratif créée par l’artiste uruguayen Pablo Atchugarry, visant à promouvoir les arts visuels, la littérature, la musique, la danse et d’autres formes d’art auprès de sa communauté et de ses visiteurs. La visite est gratuite. Elle fait la part belle bien entendu aux œuvres de l’auteur, mais il faut bien montrer l’exemple. Outre une galerie classique dans plusieurs bâtiment, la fondation dispose d’un grand jardin de 2 km de longueur réservé aux sculptures. Le style est résolument moderne, donc pas forcément adapté à tous les goûts, mais rien ne vaut la visite pour en juger.


Vamos a la playa

Entre l'Océan Atlantique et la Laguna Garzon
Entre l’Océan Atlantique et la Laguna Garzon

Poursuivant vers le Nord-Est, nous essayons tant bien que mal de longer la côte, mais de nombreuses lagunes nous en empêchent ou nous obligent à des détours importants. Mais arrivés sur le littoral, nous trouvons de belles plages désertes. Ce n’est malheureusement pas la saison de se baigner, mais à 3 reprises, nous passerons la nuit derrière une dune, profitant du calme absolu de la basse saison et d’environnements magnifiques. Les oiseaux migrateurs ou non semblent également apprécier l’endroit. Quand nous ne les voyons pas, ce sont les traces de pas sur le sable ou dans l’eau qui trahissent leur présence.


La ville qui s’appelait 33

Forcément, ça intrique, d’autant plus que dans plusieurs villes que nous avons visitées, une rue portait ce nom. On trouve vite l’explication sur le net : il s’agit d’un hommage aux 33 héros nationaux ayant joué un rôle crucial dans l’indépendance du pays en 1825. Cela dit, Treinta y Tres n’est pas la seule ville du monde à porter un nom de chiffre ou de nombre. Comme par exemple  1770 en Australie (année de découverte du pays par James Cook), 84 en Pennsylvanie (voulait s’appeler Smithville mais le nom était déjà pris), 88 au Kentucky  (le directeur de la poste souhaitait simplifier l’écriture des adrresses) et 56 dans l’Arkansas (nom proposé lors de la création refusé par le gouvernement fédéral. Et en France alors ? Eh bien nous avons Dreux, Troyes, Castres, Sète…


La vieille poste

Façade de l'ancienne poste de Chuy
Façade de l’ancienne poste de Chuy

Repartis vers l’intérieur des terres, nous faisons halte à l’ancienne poste de Chuy. Une ancienne auberge à diligences bâtie par 2 Basques français nommés Etcheverry. Tailleurs de pierres, ils ont construit ce bâtiment en pierres sèches, sans aucun mortier. Tout comme le pont à meurtrières juste à côté, recevant en retour de leurs efforts un droit de péage à chaque passage. On s’amuse à relever les tarifs pratiqués et à déchiffrer le « passe-port à l’étranger » délivré par l’Empire français à nos deux basques.

Car oui, le nombre de bérets en atteste, de nombreux Basques ont participé parmi les premiers à la grande phase d’immigration européenne vers 1835. En 1843, ils étaient le groupe le plus nombreux (environ 10 000 âmes) parmi les immigrants en Uruguay. Par la suite, les Espagnols puis les Italiens les ont largement dépassés. Aujourd’hui, leurs descendants représentent 10% de la population uruguayenne, y compris les Basques espagnols.


Le musée de géosciences de Tacuarembo

Ayant aperçu un groupe d’élèves en tenue de sport sur la place centrale, nous nous sommes dits que les musées ne seraient pas envahis, alors nous sommes entrés dans le musée de géosciences, sans trop savoir ce que nous allions voir tant le sujet est vaste. Nous avons été accueillis chaleureusement – comme partout ailleurs en Uruguay – par la conservatrice, qui nous a présenté rapidement les collections avant de retourner à son maté. Ça démarre par une allée de minéraux, avec beaucoup de fossiles, authentiques et présentés directement à la vue. C’est assez rare pour le signaler, car habituellement soit nous avons à faire à des copies, soit les items sont présentés dans des vitrines. Parmi ces fossiles se trouvent des mollusques d’eau douce géants, qui seraient une exclusivité mondiale. En dehors de cela, de nombreux tableaux muraux présentent plus classiquement les périodes d’évolution de la Terre et la tectonique des plaques, les différentes couches des sols etc. On arrive ensuite à une section de paléontologie, avec des spécimens rares (bien que nous en ayons vu à Colonia del Sacramento, de squelettes de glyptosaures ou de paresseux géants. Et puis bien sûr quelques modèles en plastique de dinosaures, il faut bien attirer l’attention des enfants.


Nuit au bord du lac

Stationnement pour la nuit au bord du Lago de la Juventud près de Tacuarembo
Stationnement pour la nuit au bord du Lago de la Juventud près de Tacuarembo

Fuyant l’agitation de la ville, nous sommes allés nous stationner pour la nuit sur les berges d’un grand lac tout calme. Pas besoin de davantage de commentaires, les photos prises au drone parlent d’elles-mêmes.

Ce Lac de la Jeunesse était fait pour nous !
Ce Lac de la Jeunesse était fait pour nous !
Il est aussi appelé 2ème lac, mais c'est nettement moins gratifiant !
Il est aussi appelé 2ème lac, mais c’est nettement moins gratifiant !

Le musée et le train du paradis

C’est à Valle Edén, d’où le titre, que nous allons visiter le musée Carlos Gardel. Surnommé le roi du tango, celui-ci a excellé dans l’art de chanter le tango, au point que sa voix et son œuvre sont maintenant classés par l’Unesco. S’il ne fait nul doute que Carlos Gardel ait fait carrière en Argentine, son lieu de naissance reste très discuté, les Uruguayens le situant ici à Valle Edén, tandis que la France le fait naître à Toulouse. Forcément, pour ce musée, le doute n’est pas permis !


Si l’on descend le talus en sortant du musée, on tombe sur une charmante gare désaffectée. Des trains à vapeur puis diesel ont circulé là jusqu’au milieu du XXe siècle. La gare relativement bien conservée a servi de décor à plusieurs fils uruguayens.


À ciel ouvert

Le nom complet est Musée ouvert des arts ibéro-américains de San Gregorio de Polanco, mais ça faisait un peu long pour le titre du paragraphe. C’est en 1993 avec 26 peintures murales réalisées par des artistes locaux et avec le soutien de la population que cette petite ville située au bord d’un lac de barrage est devenue le premier musée d’arts visuels à ciel ouvert en Uruguay et en Amérique latine. Le succès aidant, près de 150 œuvres sont exposées en permanence dans la ville, les plus récentes remplaçant ou rénovant les plus anciennes. La première photo du carrousel montre une œuvre peinte sur le réservoir d’eau de la ville en février 2024, qui a obtenu le prix du mois de l’association internationale d’art urbain Street Art Cities, récompensant les efforts de la ville de San Gregorio qui compte moins de 4000 habitants et attirant ainsi davantage de touristes, dont nous !  

Et un petit bonus !


L’article arrive à son terme

Oui le jeu de mots était facile puisque nous voilà arrivés dans une région qui multiplie les sources chaudes et donc les établissements qui vont avec. Nous avons choisi ceux de Daymàn, près de la ville de Salto, essentiellement parce qu’ils proposaient un vaste parking herbeux dédié aux « casa rodantes » juste à côté. L’ensemble se compose d’une dizaine de piscines de tailles et formes variables, mais aussi avec des températures d’eau différentes afin que chacun en trouve une à son goût ou adaptée à sa santé (les plus chaudes approchent les 44°C, l’eau étant puisée à 2000 m de profondeur à 46°C°. Il parait qu’en été, quand la température de l’air avoisine les 30°C, ils réduisent la température des bassins afin de ne pas cuire leurs visiteurs. Nous sommes allés en profiter pour le prix modique de 4,50 € et avons trouvé l’expérience très relaxante sur le moment, tout en éprouvant tous les deux un léger mal de tête un peu plus tard. Peut être sommes-nous restés un peu trop longtemps à 44°C, notre préférée ? Et pour les mauvaises langues : non, nous n’avons pas commandé de cocktail !


Nous avons maintenant rejoint la frontière avec le Brésil à Artigas, pour un franchissement le lendemain matin. A très bientôt !

Notre parcours avec Roberto en Uruguay - Version zoomable en cliquant ici
Notre parcours avec Roberto en Uruguay – Version zoomable en cliquant ici

99. Du Honduras au Nicaragua

Traverser 2 frontières en 6 heures…

A

Découvrir le Honduras nous tentait bien, mais le pays est déclaré en « État d’exception » jusqu’au 6 octobre 2023 suite à la recrudescence de l’activité de bandes criminelles violentes (maras) liées au trafic de stupéfiants. Le Ministère des Affaires Étrangères déconseillant jusqu’à nouvel ordre tout déplacement dans le pays sauf raison impérative, nous nous sommes donc limités à le traverser pour rejoindre le Nicaragua, en essayant de le faire dans la journée pour ne pas avoir à passer une nuit sur place.

BHonduras carte securite
En orange, tout ce qui est « déconseillé sauf raison impérative par le Ministère des Affaires Etrangères. Autant dire qu’il ne reste plus grand chose. Nous attendrons que le pays se calme pour y retourner un jour.

La difficulté était l’incertitude temporelle non pas tant sur la distance à parcourir (160 km sur des routes réputées plutôt bonnes – relativement à l’Amérique centrale) que sur les formalités administratives aux frontières réputées, elles, plutôt fastidieuses. Comme d’habitude, nous nous étions informés sur l’expérience des autres voyageurs sur les réseaux sociaux, mais pour une fois elles ne semblaient pas standardisées. Nous avons aussi évité la traversée le Vendredi Saint et le Dimanche de Pâques, connaissant l’importance de ces fêtes dans ces pays.

Voici un petit résumé illustré du déroulement de la journée :

8h00 : Nous quittons la station-service où nous avons passé la nuit. Pas très glamour comme stationnement, mais situation idéale à 5 km de la frontière. D’autres voyageurs garés non loin de nous étaient partis 20mn plus tôt. Nous les retrouvons à attendre au premier poste de contrôle. On leur a dit que l’unique douanier était parti prendre son petit déjeuner… Nous en profitons pour faire connaissance. Vanessa et Josh qui habitent dans l’Ouest du Canada ont l’intention de relier Ushuaia en 6 mois. Un beau challenge. L’employé finit par arriver et valide la sortie du pays de nos véhicules (annulation du permis d’importation).

8h20 Nous enregistrons notre sortie du Salvador en tant que personnes cette fois.

8h30 : Nous franchissons le pont qui mène au Honduras et nous nous garons à son extrémité. Dans un petit bâtiment, on nous insère un bout de papier dans notre passeport. C’est censé valider notre conformité vis-à-vis du Covid, mais aucun document ne nous a été demandé…

8h40 : Un poil plus loin, nous faisons la queue à l’immigration. Une dizaine de personnes devant nous mais ça avance assez vite. L’agent prend nos empreintes digitales, une photo de chacun de nous et une taxe de 3$ avant de compléter 2 ou 3 trucs sur son ordi et de nous rendre nos passeports dûment tamponnés.

8h50 : Nous devons maintenant obtenir notre permis d’importation pour que Roberto puisse circuler au Honduras. Nous avions préparé les photocopies et les 35$ nécessaires, mais cela prend un peu plus de temps que pour les visas. Mais au final l’employée nous tend le document et nous gratifie d’un « Bon voyage » en Français. Globalement, tout le monde a été très gentil et accueillant.

9h30 : Nous entamons notre traversée du Honduras. Le pays n’est pas très différent du Salvador dans la petite portion que nous avons pu apercevoir. Pas de bande armée à déplorer sur le bord des routes.

Honduras traversee
Notre itinéraire pour une traversée express du Honduras…

13h00 : Après 2h30 de route et une pause déjeuner, nous parvenons à la frontière avec le Nicaragua. Ça commence par un pré-contrôle de notre permis d’importation de Roberto, puis une fumigation avec un appareil qui ressemble à une soufflette à feuilles. Nous sommes taxés pour cela de 5$ (était-ce le seul but de la manœuvre ?)

13h05 : Nous nous garons un peu plus loin aux douanes honduriennes pour valider notre sortie du pays. Autre coup de tampon sur nos passeports qui sont déjà bien chargés. Nous allons finir par manquer de pages ! Voilà, nous sommes autorisés à quitter le pays.

13h15 : Un km plus loin, nous parvenons à l’immigration nicaraguayenne. Un douanier nous prend en charge et remplit sur son propre téléphone une demande de visa que nous aurions du préparer sur Internet. Il nous pose des questions multiples auxquelles nous ne savons pas toujours répondre, du genre combien de jours resterez-vous dans le pays, quels endroits allez-vous visiter, combien avez-vous d’argent sur vous, etc. Puis il nous renvoie vers les guichets, où nous apercevons nos passeports passer de main en main avant que quelqu’un finisse par nous appeler et nous réclamer 13$ chacun pour les visas. Encore un peu d’attente avant que le reçu soit établi sur une liasse carbonée en 3 exemplaires dont une partie détachable de l’un d’entre eux finira dans nos passeports. Où sera stocké le reste et pendant combien d’années, c’est mystère… Munis de nos précieux documents, nous pouvons passer à l’étape suivante qui concerne Roberto.

13h30 : Arrivés au guichet des permis d’importation de véhicules, on nous envoie directement vers le scanner. Roberto se fait transpercer de rayons X. Je me dis que ça serait bien si ça pouvait accidentellement désactiver le système AdBlue mais nous n’aurons pas cette chance…

13h40 : Retour au guichet. Nous attendons le verdict du scanner. Roberto n’ayant rien à se reprocher, on nous tend maintenant un papier pour l’inspection douanière, charge pour nous de trouver l’inspecteur (tous les agents sont habillés pareil…). Nous finissons par le dénicher. Il demande à entrer dans Roberto, s’asseoit sur le lit, ouvre 2 placards, réclame sans insister un petit pourboire avant de signer le document.

13h50 : 3ème passage au guichet. Cette fois tout est saisi sur l’ordi, validé par l’employée juste à coté puis par un supérieur (on imagine) dans une autre pièce. On nous remet enfin le précieux sésame, valide pour 30 jours, gratuit si on ne le perd pas : on nous prévient que cela nous coûtera 100$ si nous ne le présentons pas à la sortie !

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Libéréééés…

14h00 : Un dernier contrôle à la barrière de sortie des douanes et nous voilà enfin libres de circuler au Nicaragua ! Tout compris, la traversée du Honduras nous aura donc pris 6 heures, formalités, route et repas compris. Pas trop mal. En son temps, Jules Vernes en aurait peut-être fait un roman !

Désolé si cette énumération vous a paru longuette. Ce n’était pas pour nous plaindre mais juste pour vous donner un aperçu des joies des formalités douanières, très variables d’une frontière à l’autre. Un bon point est que le visa nous est accordé à chaque frontière sans avoir besoin de passer par une ambassade. C’est déjà ça !

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plaque minéralogique nicaraguayenne, pour ma collection…

Nous nous arrêtons quelques kilomètres après la frontière chez Michel, un Français retraité venu s’expatrier ici avec son épouse nicaraguayenne après avoir fait sa fin de carrière dans un établissement universitaire au Mexique. Il a ouvert une petite maison d’hôtes et fait un peu de place dans son jardin pour accueillir quelques véhicules de loisir. Nous y rencontrons une famille française avec 2 enfants, partis en vadrouille dans leur camping car pour une durée initialement prévue de 2 ans. Comme nous, ils ont fait un bout d’Europe avant de traverser l’Atlantique pour découvrir les Amériques. Nous avons passé de bons moments ensemble et avec notre hôte et il est probable que nous nous reverrons avant le Panama.


Une faille dans le système

Il y a 5 à 10 millions d’années, une activité volcanique intense dans cette région frontalière avec le Honduras a laissé une épaisse couche de lave. Elle a eu largement le temps de refroidir et de sécher, au point de se fissurer. Juste une petite faille de 6 km de long sur quelque centaines de mètres de large au fond de laquelle s’est infiltré le Rio Coco, une rivière dont le nom ne fait pas très sérieux mais qui est pourtant la plus longue du Nicaragua. Ce Cañon de Somoto, puisque c’est son nom, nous allons l’appréhender de 2 façons différentes : d’abord par le dessus, via le chemin des miradors, une belle randonnée de 2h aller-retour, puis par le dessous, si l’on peut dire, en suivant le cours de la rivière à pied …et à la nage. Courageusement, nous commençons par le chemin…


Caminadar

Le site du Cañon de Somoto, s’il était connu par les locaux depuis bien longtemps, n’est exploité que depuis 2004, pour son intérêt archéo-géologique d’une part, et pour son attrait touristique actuellement croissant. C’est vrai que la randonnée aquatique – le titre de ce post en est une tentative personnelle de traduction, contraction de caminar (marcher) et nadar (nager) – est à la mode, comme nous avions pu le constater au parc de Zion aux États-Unis. Sauf que là-bas, la foule était dense et l’eau glacée et nous nous sommes contentés de regarder s’enfiler les touristes à la queue-leu-leu dans le canyon. Ici c’est complètement différent. Sur la plupart du parcours nous sommes restés seuls avec notre guide, rencontrant sur la fin une famille locale, un père qui y apprenait à nager à ses 2 enfants !

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Notre parcours au fond du canyon de Somoto

Nous avons donc parcouru les 7 kilomètres, pour moitié à pied et pour l’autre moitié à la nage, le chemin disparaissant lorsque les parois devenaient abruptes. Il a même fallu à un moment se jeter dans l’eau d’une petite plateforme …d’un mètre de hauteur. Mine de rien c’était assez éprouvant physiquement, notamment lors des marches sur les rochers glissants. Mais l’expérience en valait la peine et le spectacle de cette rivière émeraude encadrée de falaises de basalte était à la hauteur. C’est le cas de le dire 😉

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et quand il n’y a plus pied, il faut nager !
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Une toute petite partie se fait en barque, mais nous aurons tout de même marché 3 km et nagé tout autant. C’était au final assez physique. Mais nous avons adoré le concept !

Écoroutes ?

Notre pause cañon tout près de la frontière ne nous ayant pas vraiment permis de nous faire une idée sur le Nicaragua, la reprise de la route aujourd’hui va nous donner un meilleur aperçu du pays. Et la première impression est excellente : les routes sont non seulement bonnes, mais aussi très belles. On dirait presque des allées avec leurs bordures d’arbres un peu en tonnelle qui à la fois agrémentent le paysage et procurent un peu d’ombre. Les bas-côtés sont bien entretenus, l’herbe est tondue et les déchets brillent par leur absence après plusieurs mois en Amérique latine. Tout est relatif, on en trouve quand même quelques-uns par moments, mais la différence est flagrante par rapport aux pays antérieurement visités. Les alentours des maisons et les places des centres-villes suivent la même règle, ce qui signifie soit une incitation politique, soit une volonté spontanée des habitants. Puisqu’on parle de politique, la propagande est très présente dans les rues. C’est un sujet à éviter sur les réseaux sociaux – du moins tant qu’on est dans le pays – et, paraît-il, dans la conversation avec les habitants. Les peintures murales abondent dans les rues, tandis que le décor de la campagne est constitué de champs de caféiers et de plants de tabac sur un fond de montagnes et de volcans, du moins dans la région nord-ouest où nous sommes. Il ne pleut pourtant pas (encore) mais tout est plus vert que dans les pays précédents. L’accueil de la population est toujours aussi chaleureux, au risque de ne plus nous étonner. Au total nous nous sentons vraiment bien dans ce pays. J’espère que la suite confirmera cette première impression. Le seul bémol est l’impossibilité pour l’instant de retirer de l’argent (des Cordobas ici) ou de régler les commerçants avec notre carte Visa habituelle. Mais notre carte American Express de secours heureusement fonctionne, avec davantage de frais toutefois.

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Les abords des églises sont bien entretenus aussi, les façades un peu moins…
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Nous vous emmenons maintenant visiter l’église la plus vieille du Nicaragua selon le Petit Futé, terminée en 1878. Mais d’autres sources plus futées disent que c’est celle de la Merced à San Jorge, construite entre 1560 et 1570. Y a pas photo ! Sinon, dans le beau jardin, les voyageurs nomades auront peut-être remarqué le détail qui tue. Et vous ? (solution après les photos du paragraphe)
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A part les portes, l’intérieur ne fait pas son âge

Bon, le « détail qui tue » dans le jardin c’est le robinet d’eau. L’un de nos réservoirs était vide, alors nous avons gentiment demandé au jardinier si nous pouvions nous servir et il a accepté. Sûrement pas de l’eau potable mais nous rajoutons 2 comprimés de chlore à chaque plein et un désinfectant spécial quand nous souhaitons boire cette eau.


A l’assaut de la « colline noire »

En fait de route, elle a fini par se transformer un chemin de sable volcanique. Sans 4×4 c’était un peu gonflé, mais nous nous sommes fiés sur d’autres qui y étaient passés avant nous. Maintenant, chaque véhicule est différent et chaque conducteur aussi. Nous avons parcouru 25 km sur ce genre de piste en priant pour que ça ne s’aggrave pas ou que ça ne grimpe pas trop !
Nous n’avons pas rencontré beaucoup de véhicules, mais croisé plusieurs charrettes comme celle-ci et pas mal d’animaux de ferme
Le summum a été ceux-là. Indubitablement, ils étaient prioritaires !
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Mais avec patience et doigté, nous sommes arrivés sains et saufs au parking du centre des visiteurs du Cerro Negro. Nous avons été le seul véhicule de loisirs à dormir ici ce soir-là. Des fois on se demande si nous ne sommes pas trop inconscients… Enfin je parle de la piste, pas du lieu qui était parfaitement sûr.
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En tout cas, après ces émotions, la petite bière locale bien fraîche et le chausson à la goyave ont été très appréciés. Mais l’aventure ne fait que commencer, nous sommes venus ici pour ascensionner le volcan et le redescendre d’une façon originale.
ZCerro Negro eruption
Éruption du Cerro Negro en 1968 (image d’archives Wikipedia)
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Le petit cratère dans le grand. Ce n’est toutefois pas le plus récent qui est à l’extérieur.

Mais la cerise sur le gâteau, c’était la redescente en luge en 2 minutes chrono (un peu trop court d’ailleurs !). Voilà la raison de notre étrange équipement à la montée. Nous avions aussi une combi en jean, des gants et des lunettes car la descente soulève pas mal de poussières et de gravillons. Un must !

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Et le plus d’avoir dormi sur place, c’est que nous avons pu prendre une bonne douche au refuge pour éliminer tout le sable volcanique qui avait bien pénétré partout malgré les combis. Et puis nous avons pris la même route sablonneuse du retour, en essayant de ne pas surfer avec Roberto !

León, première capitale du Nicaragua

Lorsque le Nicaragua a proclamé son indépendance en 1821, deux villes s’autodéclarèrent capitale du pays : León, plutôt libérale voire révolutionnaire et Granada, plutôt tranquille et conservatrice. Elles se partagèrent le pouvoir pendant plusieurs années, sans que l’une ou l’autre prennent franchement le dessus. Granada, opulente, était fréquemment prise pour cible par les pirates, tandis que León, mal située, était victime …des volcans. Devait arriver ce qui arriva, en 1852, le gouvernement désigna comme capitale Managua, alors un petit village de pêcheurs ayant l’avantage de se trouver pile entre les 2 villes rivales qui avaient par trop pêché !

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León reste une ville agréable à parcourir au travers de ses rues aux maisons basses et colorées, aux ouvertures parées de grilles en fer forgé, dans le plus pur style colonial espagnol. Elle possède pas moins de 16 églises richement décorées, plusieurs musées intéressants dont ce musée d’art détenu par une fondation privée, présentant une collection de qualité notamment d’artistes latino-américains. Fief de la révolution sandiniste, la ville en met à l’honneur tous ses acteurs dans les rues ou quelques salles d’exposition dédiées. Les couleurs noir et rouge du parti sont omniprésentes. Stendhal serait venu qu’il en aurait sûrement fait un bouquin…

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15 églises et une cathédrale, toute de blanc vêtue, et sur le toit de laquelle on peut monter pour apprécier le panorama sur la ville. On ne sait pas si Jean-Paul II (en effigie à l’intérieur) ou ses collègues y sont montés. D’après Renaud, « p’têtre qu’être trop près du ciel y z’aiment pas »
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La ville recèle beaucoup de portes de ce genre. Nous sommes entrés pour voir ce qu’il y avait derrière…
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eh bien un joli musée d’art très bien aménagé avec de ravissants patios fleuris
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pas mal d’oeuvres de peintres locaux,
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encore d’autres patios,
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Ici, cette autre façade d’un ancien hôpital cache un bel intérieur, si l’on veut bien se donner le mal d’y entrer (assez souvent, il suffit de demander…)

Rafraîchissement

La température ambiante est torride, dans les 36 à 38°C en début d’après-midi, et nous avons fréquemment besoin de nous hydrater et/ou de nous rafraîchir. La tentation est grande devant les marchands de glace ou de smoothies, mais les risques ne sont pas négligeables, comme ont pu le constater amèrement plusieurs familles de voyageurs que nous suivons, victimes d’amibiase, et qui nous font redoubler de prudence. Au vendeur de jus de fruits frais qui a précédé celui de la photo, nous avons demandé innocemment si l’eau utilisée pour la boisson ou la glace mixée dedans était purifiée, et la réponse a été négative ! Ils utilisaient de l’eau du robinet, réputée peu sûre ici… Nous avons décliné la commande et sommes allés voir ailleurs. Ici chez Jugoso, il est clairement explicité sur la machine à glaçons que l’eau est 100% purifiée. Nous avons dégusté en confiance de délicieux cocktails de jus de fruits frais mixés avec de la glace (alias smoothies) et nous y sommes même retournés le lendemain tellement c’était bon. A recommander aux voyageurs qui passent à León, c’est à deux pas de la cathédrale.

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Après cette bienfaisante pause artistique, nous nous dirigeons maintenant vers la vraie capitale, Managua. Surprise de la découverte d’une ville dans laquelle nous n’avons jamais mis les pieds et dont nous n’avions gère entendu parler jusqu’ici. A suivre…

ere semaine au Nicaragua
Carte du parcours décrit ci-dessus, en version zoomable ici

53. Conduire au Mexique

Pour conduire au Mexique, le permis français suffit. Mais on parle là du carton rose ou de la carte à puce. Pour le reste, il faut oublier la plupart de nos bonnes pratiques et repartir sur de nouvelles règles, et surtout composer avec un certain nombre de pièges qui nécessitent de la part du conducteur une attention de tous les instants. En voici quelques-uns.

Les topes

Ils sont véritablement le cauchemar de tout conducteur au Mexique. Le gouvernement n’a sans doute pas trouvé mieux pour calmer les ardeurs des automobilistes, mais c’est peut-être allé un peu loin. Vous l’avez compris, ce sont des ralentisseurs et pas n’importe quels ralentisseurs. D’abord ils sont partout. Par paires sur les routes avant chaque carrefour, chaque chemin, chaque pont, et même devant chaque échoppe, construits peut-être même par le propriétaire de la boutique. Par groupes d’une douzaine à l’entrée et à la sortie des villes, des autoroutes, des stations-services. Tous les 30 à 50 mètres dans chaque ville et chaque village. Et parfois tout seuls à un endroit dans lequel on ne les attend pas.

Ensuite vient le problème de leurs profils extrêmement variés, allant du petit tas de terre étalé par les ouvriers des travaux publics aux redoutables hémisphères quasi infranchissables sans contact – reconnaissables aux stries multiples qui les labourent, en passant par les carrés, les cloutés, et ceux qui n’ont l’air de rien mais qui vous font toucher la tête au plafond même à petite allure.

Enfin, pour corser la difficulté, ils ne sont que rarement signalés à l’avance et tout semble fait pour les rendre invisibles : absence de peinture évidemment mais au contraire présence d’une teinte qui est exactement celle de la route ou encore dissimulation par l’ombre d’un arbre ou d’un panneau routier qui se superpose exactement, à tel point qu’on se demande même s’ils n’ont pas été plantés ou posés là exprès. Une bonne manière de les repérer ou de les évaluer est d’observer les véhicules devant vous. Si le coffre de la voiture s’ouvre au passage ou si le camion laisse échapper une dizaine d’oranges (évènements constatés personnellement), alors il faut les franchir à allure d’escargot.

Les trous

Seulement un tiers du réseau routier est revêtu, et si l’on ne se fait aucune illusion pour les deux tiers restants, on pourrait s’attendre à un état correct pour le premier tiers. Mais il n’en est rien. Même sur les « autoroutes  » (voir plus loin pour les guillemets) il faut s’attendre à tout moment à trouver devant soi un trou dans la chaussée, du classique nid-de-poule au véritable nid-d’autruche (je ne sais pas si ce mot existe mais il me parait bien représenter ces énormes creux véritablement infranchissables).

Certaines routes en sont truffées, au point que tout le monde roule en zig-zag pour les éviter. Voire roule sur la chaussée opposée, ce qui peut paraitre inquiétant lorsque vous avez un énorme semi-remorque qui fonce droit sur vous avant de se rabattre au dernier moment. On apprend d’ailleurs rapidement à observer soi-même ce comportement lorsque l’état de la route le nécessite. Tout comme à s’inquiéter en permanence de savoir si un véhicule vous suit, afin de connaitre sa marge de manœuvre : possibilité de faire un écart brusque ou de freiner brutalement si un de ces cratères se présente soudain droit devant. De temps en temps, un homme au milieu de la route une pelle à la main vous réclame un peu d’argent. C’est qu’il s’est trouvé comme occupation de remplir de terre quelques-uns de ces trous, compensant ainsi partiellement les carences du gouvernement. Cela dit, c’est illusoire, la terre doit partir à la première pluie.



Les voies de circulation

Le terme « autoroute » n’a pas tout à fait le même sens que chez nous. Il désigne une route avec des accès relativement protégés et qui contourne les villages, assez souvent payante et même d’un coût très élevé pour le pays. On distingue d’une part les carreteras, comportant 2 voies, où l’on circule donc à double sens, et parfois deux sortes de bandes d’arrêt d’urgence sur lesquelles on doit circuler, à cheval sur la bande blanche, afin de permettre les dépassements à cheval sur les pointillés centraux, trois véhicules pouvant donc circuler en même temps dans la largeur (voir photo). C’est un peu déroutant mais l’on s’y fait. On trouve d’autre part les autopistas, caractérisées par un nombre de voies supérieur à deux, avec séparation centrale ou non et des zones de retournement, pratiques si l’on s’est trompé mais exposant en contrepartie à retrouver devant soi un véhicule à petite vitesse après son demi-tour. Concernant les péages, la bonne nouvelle c’est que nous sommes ici dans la même classe tarifaire que les voitures, alors qu’en France nous sommes taxés comme les camions.

En ville, les rues peuvent bien sûr être à plusieurs voies, pas faciles à dénombrer d’ailleurs compte-tenu de l’absence fréquente de marquage au sol. Inutile de vous dire la pagaille que ça crée. Une particularité est que parfois, pour tourner à gauche à un carrefour, il faut se placer sur la file de droite… Pas évident à comprendre au début.


Les signaux lumineux

Les feux tricolores sont la plupart du temps situés de l’autre côté du carrefour, parfois dans un coin peu visible, et c’est d’autant plus perturbant qu’aucun marquage au sol ne vient vous prévenir ou tout simplement vous dire là où il faut s’arrêter. Les clignotants ne sont quasiment jamais utilisés, ou alors à contre-courant de nos habitudes : quand le véhicule devant vous vous propose de le dépasser, il met son clignotant à gauche, soit l’inverse de ce que nous faisons. Du coup on ne sait jamais s’il va tourner à gauche ou si l’on peut doubler. Les feux stops des véhicules sont volontiers customisés pour clignoter, parfois c’est l’ensemble des feux qui clignotent comme une guirlande de Noël. Enfin, certains véhicules mettent les warnings avant chaque tope. Il parait que c’est obligatoire, mais tous ne le font pas. Vu le nombre de ces ralentisseurs, autant garder les warnings allumés en permanence alors 😉


Les panneaux de circulation

Tout comme les feux tricolores, les stops et cédez le passage peuvent être situés de l’autre côté du carrefour. Sans marquage au sol, on peut vite se faire piéger ! En contrepartie, le feu rouge autorise à tourner à droite, et le feu vert autorise à ne pas s’arrêter devant le panneau stop s’il s’en trouve un. Aux carrefours, en l’absence d’indication, la priorité est un peu particulière. Elle est à droite si deux véhicules arrivent en même temps. Mais si ce n’est pas le cas, c’est le véhicule qui arrive le premier qui a priorité. Premier arrivé premier servi ! Et ensuite c’est chacun son tour. Les panneaux de limite de vitesse comme ceux interdisant de doubler semblent là juste pour le décor… De plus ils ne sont quasiment jamais suivis de panneaux de fin d’interdiction. Si vous tombez sur une limitation à 20 km/h, c’est théoriquement jusqu’à la limite suivante, mais ce n’est pas bien grave puisque personne ne respecte. Après, on trouve des panneaux intéressants, annonçant la traversée d’ours en cas d’incendie (ils doivent sortir des forêts à toute allure) ou limitant la vitesse à 60 km/h en cas de traversée …de papillons (explication : migration massive des papillons monarques vers le Mexique en hiver). Enfin, je me suis amusé une fois, sans avoir eu le temps de prendre la photo, d’un panneau annonçant sur une voie rapide un numéro à appeler en cas d’urgence, dix chiffres sans aucun lien, comme un numéro ordinaire, très difficiles à mémoriser. De quoi paniquer en situation difficile !


Les fils électriques

Les yeux fixés vers le sol pour éviter les creux et les bosses, vers les rétroviseurs pour s’assurer des possibilités de freiner ou de faire un écart brusque, on en oublierait de regarder en l’air. Pourtant, le danger peut venir de là aussi. Dans certains quartiers de ville ou sur des chemins reculés, on peut trouver des fils électriques ou téléphoniques qui pendent à hauteur d’homme, ou des branches d’arbres très basses ou encore dépassant latéralement. Rien de bon pour notre Roberto.


Et le reste

L’attention doit enfin être portée aux autres véhicules dont le comportement peut être imprévisible (traversée brusque d’une route, doublement par la droite, etc.), aux énormes camions très hauts ou très longs (doubles ou triples remorques), à ce qui peut en tomber à cause des topes, aux piétons qui peuvent traverser à tout moment, et aux nombreux animaux qui errent sur les routes : chiens surtout, mais aussi poules, chevaux et sûrement bien d’autres que nous n’avons pas encore croisés. Nous attendons les ours avec impatience !


Heureusement la route n’est pas que galère et toutes ne sont pas en si mauvais état. Comme nous roulons beaucoup, nous traversons des paysages variés, des champs de maïs en espalier, des orangeraies géantes, des forêts tropicales, des montagnes embrumées, des déserts immenses hérissés de yuccas et de cactus à perte de vue. C’est juste un régal. Et puis nous serions malvenus de blâmer ces routes qui nous permettent de nouvelles découvertes comme celles décrites ci-dessous.


Papantla

Du haut de cette ville identifiée comme la plupart de ses sœurs mexicaines par ses lettres colorées, le joueur de flûte, tel le Christ de Corcovado, semble appeler les habitants. C’est lui qui en fait orchestre la cérémonie des voladores (voir plus loin)


El Tajin

Nous assistons à la cérémonie des voladores à El Tajin. En tenue d’apparat et guidés par le son envoutant de la flûte, les voladores grimpent un à un le long de ce mat de 30 m de haut puis s’élancent tête première rejoignant majestueusement le sol en tournoyant tandis que leur corde se déroule peu à peu. C’est juste à l’entrée du site préhispanique d’El Tajin où de nombreuses pyramides et temples aux niches en pierre caractéristiques nous invitent à réfléchir aux cérémonies politico-religieuses et au séances de jeu de balle qui s’y déroulaient vers l’an 800, toutes sujettes parfois à des sacrifices humains.


Las Pozas, Xilitla

Sous une pluie fine continue, nous suivons le guide (imposé) au travers des Jardins surréalistes de Las Pozas. Un mélange intime de forêt tropicale humide et d’architecture loufoque. Aménagé dans les années 60 par un riche poète anglais, Sir Edward James, admirateur passionné de Dali, Magritte et Picasso dont il finançait les œuvres. La mousse et les lianes recouvrent peu à peu des structures en béton aux formes bizarres, colonnes ventrues ou imitant le bambou s’élançant vers le ciel sans rien supporter, escaliers ne menant nulle part, portes ouvertes sur une grande cascade. Un étrange mélange de Sagrada Familia et d’Aventuriers de l’Arche Perdue. A voir assurément.


Rio Verde et la Laguna de la Media Luna

Le soleil étant timidement de retour, nous tentons la baignade dans la Lagune de la demi-lune à Rio Verde. Un petit lac en forme de croissant alimenté par 6 sources chaudes (27 à 30°C) et le bras de rivière qui en sort, tous deux aux jolis tons bleu à turquoise. Même les canards sont assortis ! L’eau est particulièrement transparente, mais on profite encore mieux des fonds en nageant avec masque et tuba : apparaissent alors une multitude de poissons, de plantes aquatiques ainsi que des arbres pétrifiés. Il paraît qu’à 36m de profondeur on trouverait des statuettes préhispaniques. Je ne suis pas allé vérifier !


Real de Catorce

Le village de Real de Catorce se mérite. Après 24 km à tressauter sur une route de pavés rocheux concassés, mais en traversant des paysages somptueux, il faut encore franchir un tunnel de 2 km à voie unique et hauteur variable (non indiquée – nous nous sommes seulement fiés au fait que l’employée du péage nous ait laissés passer) mais guère au-dessus des 2m60 de Roberto.

Après, ce n’est que du bonheur que de découvrir cette petite ville habillée de pierres, située à 2760m d’altitude, qui dut sa création à l’exploitation d’une mine d’argent. Tout a fermé depuis, une partie de la ville est devenue fantôme et se visite volontiers à cheval. Nous n’avons pas résisté à tenter l’expérience, qui était une première pour moi ! Sans le dire à Roberto qui aurait peut-être été vexé que l’on troque ses huit chevaux par seulement deux. Nos montures nous ont mené sagement, sans s’énerver sur les rochers glissants du chemin, vers ce village fantôme bien au-dessus de la ville. On y retrouve diverses ruines dont celles d’une église et de divers bâtiments utilitaires qu’on imagine en actitivé. On pénètre même dans un ancien filon dont les murs scintillent encore devant la lampe de poche.

Et puis il faut repartir. Souhaitant éviter de reprendre le tunnel et la route pavée, nous sommes redescendus par la route de l’autre côté. Tout aussi tressautante que la première, mais surtout nous aurions bien pu y rester bloqués. Voie unique étroite au bord du ravin, où nous avons pourtant dû croiser 3 véhicules. Pont à angle droit dans un virage où il a fallu manœuvrer à plusieurs reprises pour passer sans toucher. Petites montées bien raides par moment, un peu limites pour un véhicule ni réhaussé ni 4×4. Le salaire de la peur à côté c’était une promenade de santé ! A refaire nous prendrions le tunnel…


Saltillo

Après avoir failli sauter dans le vide, plongeons nous dans l’univers plus reposant des traditions mexicaines, et plus particulièrement sur cette tenue typique qu’est le sarape, un tissu aux motifs colorés qui se porte aussi bien comme un poncho que comme une couverture, depuis l’époque de la révolution. Un petit musée à Salpotillo en retrace l’histoire et le mode de fabrication. Même Elvis en a décoré l’un de ses albums. Le sarape est un vêtement masculin, mais les tenues féminines traditionnelles ne sont pas en reste dans ce musée qui en expose de magnifiques spécimens. Et encore une visite gratuite, merci au ministère de la culture !


Passage également au Musée du Désert, centre scientifique pédagogique rassemblant un parc de dinosaures animés et sonorisés, un petit zoo, une grosse collection de cactus, une belle exposition sur la façon dont les déserts se créent et se déplacent, sur les particularités des plantes qui y vivent, sur les minéraux et fossiles qu’on y trouve et sur les animaux qui y vivent, en commençant par les dinosaures. A recommander aux familles, mais intéressant à tout âge !


Saltillo possède aussi une mairie peu commune ou toute l’histoire de la ville est racontée sous forme d’une fresque qui fait le tour entier de sa cour intérieure. Il a fallu trois ans à l’artiste Elena Huerta pour la peindre.


A noter enfin une imposante cathédrale aux façades richement sculptées.


Cuatro Cienagas

Le sable de ces dunes de gypse à Cuatro Ciénegas est d’un blanc étincelant et s’enfonce peu sous les pieds. En fait il s’agit de cristaux de sulfate de calcium, formés par l’évaporation d’une ancienne mer. Selon les endroits, ils se présentent sous la forme d’une poudre, de roches compactes ou même de cristaux de plusieurs cm de longueur. Mais le plus agréable est de marcher sur cette immense lagune …craquante !


Notre première phase au Mexique est terminée, nous venons de franchir la frontiière vers les Etats-Unis. D’emblée, si les premiers paysages du Texas sont similaires à ceux du nord mexicain, les routes sont d’un lisse, mais d’un lisse…

Ci-dessous le parcours effectué au Mexique du 20 janvier au 7 mars 2022.