122. Bosnie-Herzégovine

Ce pays des Balkans a été vraiment une bonne surprise pour nous. Alliant une histoire passionnante, des équilibres encore instables, une relation saine avec les touristes, une excellente tolérance des véhicules nomades et surtout de magnifiques paysages, la Bosnie-Herzégovine nous aura conquis.

Triple sortie de zone

Pour la première fois depuis le début de l’année, nous quittons l’Union Européenne, avec en corollaire la zone Euro et au final notre zone de confort. Le passage de frontière n’aura pris que quelques minutes au lieu d’une fraction de seconde et il aura fallu montrer notre carte d’identité, mais rien de bien méchant. Le changement de devise, nous l’avons déjà vécu en Hongrie. Nous ne faisons pas vraiment de change mais retirons directement en monnaie locale avec nos cartes bancaires, dont nous nous servons aussi pour régler les dépenses dès que c’est possible. Le seul vrai inconfort est d’avoir à convertir les prix affichés, mais la Bosnie est gentille avec nous puisqu’il suffit de diviser par deux. La devise locale est le mark convertible, KM en bosnien, ce qui prête à sourire dans les vitrines des marchands de chaussures (seraient-elles garanties en kilomètres) ou des agences de voyages (28 000 km pour une semaine au soleil, ça fait quand même une grande distance à parcourir journellement !). Le plus problématique est que la Bosnie n’est pas couverte par notre forfait téléphonique, Free, que nous nous empressons de désactiver afin de ne pas voir notre facture décoller. Habitués de la chose en Amérique, nous allons chez un opérateur téléphonique local acheter une carte SIM et un forfait de données pour les 3 semaines que nous prévoyons sur place.


Un alignement étrange

Notre premier stop dans le pays se fait au pied d’une colline hérissée de structures étranges, qu’on pourrait croire monolithiques de loin, mais qui apparaissent plus nettement constituées de blocs empilés lorsqu’on s’approche. La partie supérieure aurait une tête humaine, les blocs sous-jacents comportent des motifs gravés ressemblant parfois à des calandres de voitures ou parfois à autre chose. L’ensemble représenterait des femmes en deuil. Une quinzaine de statues que l’on pourrait imaginer être la fusion des moaï de l’île de Pâques, des mégalithes de Stonehenge et des colonnes de voitures compressées de César.

En réalité, il s’agit d’un monument yougoslave dédié aux victimes du fascisme, 12000 Serbes et Juifs exécutés par les forces fascistes pendant la 2ème Guerre Mondiale. La Yougoslavie a érigé ce mémorial en 1981 et l’a probablement entretenu jusqu’à son éclatement au début des années 90. Depuis, la Bosnie devenue indépendante ne semble plus guère s’en préoccuper


Bosnien ou Bosniaque ?

Cerner les différents peuples et régions de Bosnie-Herzégovine n’est pas une mince affaire. Historiquement, la Bosnie est apparue en 1154 comme une région de Hongrie. Elle en est devenue indépendante en 1377, formant alors le royaume de Bosnie, et annexant peu après la région voisine d’Herzégovine. Mais le petit royaume, alors peuplé de Slaves de religion chrétienne, a été envahi et annexé par l’Empire Ottoman en 1463, pour environ 4 siècles au cours desquels la moitié de la population a été convertie à l’islam. Le pays fut ensuite repris par l’Empire Austro-Hongrois, qui tenta sans succès un retour à la chrétienté. Après la guerre de 14-18, la Bosnie libérée intègre pour se protéger le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis la Yougoslavie un peu plus tard. Cette unité n’était qu’une façade et chacun des états reprit peu à peu son indépendance dans les années 90. Mais, même à l’intérieur de la Bosnie, l’unité reste une façade.

Aujourd’hui, tous les habitants de la République fédérale de Bosnie-Herzégovine sont des Bosniens. En matière de religion, 51% sont musulmans et appelés Bosniaques, 10% sont catholiques romains et appelés Bosno-Croates, 35% sont catholiques orthodoxes et dénommés Bosno-Serbes. Le pays est divisé en 3 régions autonomes : la Fédération de Bosnie, peuplée majoritairement de Bosniaques et Bosno-Croates, la République Serbe de Bosnie, peuplée majoritairement de Bosno-Serbes, et une toute petite région revendiquée par les 2 autres et pour le coup gérée par l’ONU. Tous ont des aspirations différentes. Les Bosno-Croates aimeraient bien réintégrer, avec un bout de terrain bien sûr, la Croatie voisine. Les Bosno-Serbes souhaiteraient de la même façon être annexés à la Serbie voisine. Tandis que les Bosniaques n’ayant pas de patrie à laquelle se raccrocher tiennent farouchement à l’intégrité de leur pays.

Compliqué, non ? En tout cas, partout dans le pays on trouve églises catholiques et orthodoxes, mosquées, synagogues et cimetières ad hoc. Et les différents drapeaux qui vont avec ces fédérations autonomes. Autonomes pour combien de temps ?


Re-chutes

A peine débarqués en Bosnie que nous retrouvons un parc naturel, celui de Una, agrémenté de belles cascades. Nous sommes d’abord allés voir la plus grande, magnifique, avant de traverser un joli petit village où l’eau coule presque partout. On n’a pas l’impression que la planète manque d’eau ici. Une première approche de la nature en Bosnie, belle et sauvage, et qui sera le point dominant de notre visite du pays.

Et l’arrière-pays est juste magnifique. Admirez le décor grandiose dans lequel nous avons passé la nuit !


Banja Luka

Nous sommes ici à Banja Luka, la capitale de la République Serbe de Bosnie, autant dire le bastion nationaliste bosno-serbe. Le drapeau officiel de la Bosnie est ici remplacé par celui de la Serbie voisine. La région est suffisamment autonome pour avoir un président, un palais de la république (sa résidence) et un parlement, tous dans le style massif des pays de l’Est. Les dômes dorés de la cathédrale St Sauveur rappellent que la religion dominante est ici l’orthodoxie, tandis que la structure béton de l’église Bonaventure est, selon notre guide, de style « socialiste ».

On retrouve ce style dans les bâtiments du centre-ville, tous reconstruits pendant la période yougoslave après un séisme dont Banja Luka était l’épicentre en 1969. L’ « horloge tordue » de la place principale, affichant l’heure précise sur ses 3 cadrans, en est le mémorial.



Moulins des lacs de la Pliva

La Pliva est une rivière tumultueuse au fond d’un canyon qui a tendance lorsqu’on ne la dompte pas à creuser un peu trop le fond de son lit. Un peu en aval de la ville de Jajce, où la rivière fait une jolie chute d’ailleurs (dernière photo). Un ingénieur nommé Éric* assagit un jour la Pliva en la transformant en 2 grands lacs artificiels afin de permettre aux riverains de ne plus risquer leur vie sur leur pédalo (quelle grandeur d’âme, Éric !) tout en leur fournissant de l’électricité (la fée correspondante ayant ici été rebaptisée Éric pour des raisons évidentes). Éparpillés sur la région qui allait être inondée, 25 moulins ottomans tout en bois ont échappé de justesse à la noyade en étant regroupés juste devant l’endroit où nous avons garé Roberto pour la nuit. Nous avons eu de a chance qu’ils ne les aient pas placés 500 mètres plus loin ! Trêve de plaisanterie, ça fait un joli ensemble et c’était très agréable de les entendre et de les voir tous mouliner en même temps.

*Le prénom a été modifié, mais pas pour cause de préservation de l’anonymat


Le gourou de la vente pyramidale

A l’approche de Sarajevo, nous faisons halte pour la nuit dans la petite ville de Visoko, où notre guide papier, le Petit Futé, recommande de visiter une mosquée. Notre parking sera tout à fait par hasard celui d’une attraction touristique appelée Parc Ravne 2. Renseignements pris, nous serions sur le site des Pyramides de Bosnie, plus grandes et plus anciennes que celles d’Égypte. Quoi ? Et le Petit Futé n’en parle même pas ??

Le site Internet de Ravne 2 nous apprend que le maire de Visoko a sollicité l’avis du Dr Sam Osmanagic sur les collines un peu pointues connues depuis toujours dans sa région. Ce dernier a révélé au maire et et aux habitants médusés qu’ils dormaient sur un véritable trésor : des pyramides construites de la main de l’homme 10 000 ans auparavant, avec même des galeries et des chambres secrètes !

Malheureusement, la communauté scientifique ne partage pas son enthousiasme. Il y a 10 000 ans, la région était couverte d’une épaisse couche de glace et les humains d’alors auraient eu beaucoup de mal à ériger ces gigantesques pyramides avec le seul silex de leur hache. Les galeries ne seraient par ailleurs que celles de vieilles mines du XIXème siècle…

Mais notre homme ne se démonte pas. Il se déguise à la fois en archéologue (le chapeau d’Indiana Jones suffit) et en gourou (le baratin pseudoscientifique suffit), achète 15 parcelles de terre autour de l’une des galeries et monte de toutes pièces un parc d’attraction. Pas de montagnes russes ici, cela aurait prêté à rire dans ce contexte pyramidal, mais une exploitation à fond des propriétés miraculeuses soudainement découvertes des ondes positives émises par les « pyramides » et des ions négatifs émis dans les tunnels. Tout est bon dans le jambon. Et évidemment, dans un monde où l’on demande au médecin de famille de descendre la poubelle après sa visite, ça marche !


Sarajevo

On ne visite pas la capitale de la Bosnie comme n’importe quelle capitale européenne (qu’elle n’est pas encore). La ville a un lourd passé historique, subissant envahisseurs et guerres à répétition, ce qui laisse peu de place aux monuments anciens. Tout est en perpétuel recommencement ici et l’incertitude demeure sur la stabilité du pays, sans que l’on se sente en danger pour autant. Impossible de tout raconter sur ce blog, alors limitons-nous aux quelques points qui nous ont le plus marqués.

Mais tout ceci n’est qu’une façade…

1. C’est ici qu’un étudiant a déclenché à lui tout seul la première guerre mondiale

C’est à Sarajevo, le 28 juin 1914, que le prince héritier de l’Empire Austro-Hongrois, François-Ferdinand de Habsbourg et son épouse, au cours d’une visite de la Bosnie, sont assassinés par un nationaliste serbe Gavrilo Princip. L’Autriche déclare la guerre à la Serbie. Par le jeu des soutiens respectifs, La Grande Bretagne qui soutient la France qui soutient la Russie qui soutient la Serbie vont entrer en guerre contre l’Allemagne qui soutient l’Autriche qui soutient la Bosnie. Merci Gavrilo !

Y a pas de quoi répondent les nationalistes Serbes qui lui ont érigé une statue à l’occasion du centenaire de ce qui est pour eux un heureux évènement.

2. Sarajevo a connu une période suffisamment stable pour accueillir les J.O.

Après deux guerres mondiales et l’intégration de la Bosnie au sein de la Yougoslavie, Sarajevo a su démontrer suffisamment de stabilité pour pouvoir accueillir en 1984 les Jeux Olympiques d’hiver. Elle était tout de même  en concurrence avec Göteborg et Sapporo. La ville bosnienne a eu l’avantage d’un excellent regroupement des sites, tous à moins de 25 km de son centre. J’ajouterais personnellement l’avantage d’un trajet plus court pour les athlètes qui ont transporté la flamme depuis Olympe. C’était la première tenue de JO dans un pays communiste, et ce sont d’ailleurs l’Allemagne de l’Est et la Russie, dopées (entre autres ?) à cette doctrine, qui ont raflé le plus grand nombre de médailles. Le retentissement économique positif habituellement observé après un tel évènement n’a été que de courte durée puisque beaucoup d’infrastructures ont été détruites lors de la guerre de Yougoslavie 8 ans plus tard.

3. Huit ans après, elle a connu le siège le plus long d’Europe

Difficile d’imaginer, en croisant les gens dans les rues de cette ville, que tous les plus de 30 ans y ont vécu enfermés dans des conditions de guerre pendant les 4 années qu’a duré le siège. Imaginez-vous ce 6 avril 1992 dans une maison moderne de Sarajevo, la capitale de la Bosnie. Vous envoyez vos SMS tout en regardant l’écran de votre home cinéma diffuser le message qu’enfin votre pays est reconnu indépendant par l’ONU après 6 siècles d’appartenance à d’autres pays. Vous seriez prêt à faire la fête mais vous savez que cette décision n’est pas du goût de l’armée Serbe qui voit son idéal yougoslave s’effondrer et qui combat sévèrement tous les pays qui cherchent à s’en détacher. Et effectivement, alors que la population est dans la rue pour se réjouir, les premiers coups de feu serbes éclatent sur la foule. Une étudiante est tuée par un sniper. La ville est assiégée.

Sans savoir combien de temps cela va durer, tout le monde s’organise. Un grand nombre de gens arrivent à s’échapper. D’autres arrivent de la campagne pour mieux se protéger en ville. Au total environ 400 000 personnes sont assiégées. Les vivres s’épuisent rapidement, le téléphone, l’électricité et le gaz sont coupés. Il faut se débrouiller. Les tirs de munitions éclatent à tout moment. On doit courir pour traverser les rues. Les premières aides humanitaires n’arriveront que 3 mois plus tard, redonnant l’espoir d’une issue rapide, mais personne n’imaginait que cela durerait 4 ans et que 12 000 habitants y perdraient la vie.

Un petit musée aménagé par une famille qui a vécu le siège montre toute une collection de documents, de photos, et surtout d’objets datant de cette époque. L’incroyable système D imaginé par les habitants pour recueillir et transporter l’eau, alimenter le radiocassette avec une dynamo sur une route de vélo, se vêtir pour se protéger des hivers très froids quand tout chauffage est coupé, etc. On imagine mal que tout ça c’était quasiment hier, et que compte-tenu des tensions internationales cela pourrait bien se reproduire à tout instant.

Même si Sarajevo s’est beaucoup reconstruite en 30 ans, de nombreux immeubles gardent encore, quand ils ne sont pas totalement effondrés, les traces des projectiles reçus. Sur les trottoirs ou dans les parcs, on conserve même volontairement en les remplissant d’une résine rouge les empreintes laissées par les obus touchant le sol, formant ce qu’on appelle les « roses de Sarajevo ». Outre des monuments en mémoire des personnes décédées, quelques œuvres originales attirent l’attention, comme cette grosse boîte de conserve destinée à se souvenir de l’occasionnelle médiocrité de l’aide humanitaire reçue. Les assiégés gardent en effet un très mauvais souvenir de ces boîtes de corned beef de marque ICAR larguées par les Américains, dont certaines étaient périmées de 20 ans, datant de la guerre du Vietnam, tandis que d’autres contenaient du porc, inadapté à une population pour moitié musulmane. Le goût était tel que même les animaux n’en voulaient pas !


Pause florale


Srebrenica

En pleine guerre de Bosnie, le 11 juillet 1995, les forces serbes ont attaqué la ville de Srebrenica, une enclave bosniaque donc à majorité musulmane au sein d’une grande région serbe plutôt catholique orthodoxe, et qui avait été placée pour cela sous la protection des casques bleus de l’ONU.

La ville est vidée de sa population. 30 000 femmes, enfants et personnes âgées sont transportés au QG de l’ONU à 5 km de là, tandis que les hommes et garçons de plus de 16 ans sont rassemblés dans plusieurs lieux alentour pour y être exécutés. 10 à 15 000 tentent de fuir par la forêt, mais beaucoup seront rattrapés et massacrés dans les mois qui suivront.

Au total, plus de 8000 bosniaques musulmans périront dans ce véritable génocide. Les responsables seront jugés par la Cour internationale de Justice. Le principal dirigeant, Ratko Mladic, sera condamné à la prison à perpétuité. L’ONU sera fortement critiquées pour son incapacité à protéger la population civile et la FORPRONU sera enfin armée.

Nous avons pu visiter l’exposition installée sobrement dans les locaux mêmes de l’ONU. Elle est d’autant plus émouvante qu’elle est centrée sur le témoignage des survivants. Nous nous sommes rendus au cimetière, dont l’alignement parfait des tombes ne doit pas faire oublier qu’il s’agit de victimes civiles et non pas de soldats. 6 700 xxx sont aujourd’hui dressés. Le nombre augmente chaque année au fur et à  mesure de la découverte de nouveaux charniers.

Pour en savoir davantage : https://www.irmct.org/specials/srebrenica/timeline/fr/story


Srebrenik vs Srebrenica

Le seul point commun de Srebrenik avec la ville martyre qui vient d’être évoquée, c’est le préfixe qui signifie « argent », ces 2 cités ayant un passé minier. On visite Srebrenik essentiellement pour son joli petit château fort, perché sur un rocher, ayant eu l’honneur de voir naître le 1er roi de Bosnie au XVIè siècle. La vue sur la campagne environnante est splendide.


Le train sifflera zéro fois

Notre guide papier affirmait que les voies ferrées de Banovici et leur étonnant écartement de 76 cm (1,43 m habituellement) voyaient circuler les derniers trains de marchandises à vapeur en Europe, et qu’accessoirement ces locomotives d’un autre âge pouvaient tracter quelques wagons touristiques le week-end. Que nenni !Stationnés près de la voie nous avons effectivement vu, entendu et ressenti passer une dizaine de trains chargés de lignite, mais tous à traction diesel. Cela dit, le progrès est encore relatif : le passage à niveau du centre-ville, démuni de barrières, est encore gardé par un humain, petit drapeau rouge à la main.


Comme au bon vieux temps

Les souvenirs de la période ottomane ont tendance à disparaître rapidement dans ce pays aux conflits ethniques très présents. Alors quelques efforts sont nécessaires pour les préserver. Ici, à Mačkovac, près de Tuzla, c’est tout un village bosniaque qui a été reconstitué, afin de montrer à quoi ressemblait l’architecture et la vie quotidienne au XIXè et XXè siècle. Cette concentration de maisons et d’objets traditionnels est particulièrement bien mise en valeur et l’immersion est totale.

Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, l’entrée est gratuite. Le modèle économique repose sur la fréquentation du restaurant intégré au village et tout aussi joliment décoré. Et noix dans le gâteau, si l’on peut dire, nous y avons dégusté de succulents baklavas autour d’un café traditionnel bosniaque (le service en métal martelé, la petite cafetière individuelle et le loukoum qui va bien pour respecter le rituel)

S’il vous prend d’y aller un jour, ça s’appelle Etno avlija Mačkovac


Le bunker de Tito

Nous avons peu parlé du Maréchal Tito, le « dictateur bienveillant », qui a eu le mérite de tenir la Yougoslavie pendant le temps de sa présidence. La preuve en est qu’à sa mort tout est « parti en couilles » si je puis me permettre. Tito, craignant les représailles de l’URSS au moment de la fondation de la Yougoslavie, a fait bâtir en secret un immense abri-antiatomique caché derrière une maison à flanc de montagne. Les chiffres impressionnent : 26 ans de travaux, 30 000 ouvriers à qui on bandait les yeux lorsqu’ils venaient et repartaient du travail, 6500 m² creusés 300 m sous terre, 100 chambres ou dortoirs, et l’équivalent de 20 milliards d’euros actuels dépensés. La visite, obligatoirement guidée, permet d’apprécier l’énorme travail qui a été accompli. Tout était si bien conçu qu’on regretterait presque qu’aucune attaque nucléaire n’ait déclenché sa mise en opération. On dit même que Tito n’y aurait jamais mis les pieds, un comble !


La bataille de la Neretva

Nous allons suivre pendant plusieurs dizaines de kilomètres cette rivière dont les rapides sont propices au rafting. A Jablanica, le pont qui traverse le cours d’eau a connu le sort particulier d’être détruit 3 fois : une fois par ruse lors de la bataille de la Neretva en 1943, une fois par bombardement et une fois pour les besoins du film relatant la bataille en 1969. Attaqués par les nationalistes croates soutenus par Hitler, les communistes yougoslaves firent sauter le pont pour faire croire à leurs poursuivants qu’ils franchiraient la rivière plus loin. Mais le minage astucieux permit une reconstruction sommaire suffisante pour la traversée et donc leur salut. Le pont fut reconstruit pour les besoins du film yougoslave « La bataille de la Neretva », avec pour acteurs principaux Yul Brynner et Orson Welles. S’il fut effectivement dynamité, les images montrées dans le film – que nous avons vu à cette occasion – sont celles d’une maquette, l’explosion du vrai pont ayant dégagé trop de poussières pour permettre le tournage. Le pont est resté dans son jus, ce qui est le cas de le dire puisqu’une de ses extrémités trempe dans la rivière.


Aaah Doub Doub Doub Doub


Gastronomie

La cuisine bosnienne est un joyeux mélange d’emprunts faits à ses voisins ou occupants d’un temps, croates austro-hongrois mais surtout ottomans : 4 siècles d’occupation ça marque ! Nous n’avons pas trouvé cela spécialement raffiné mais les portions sont généreuses et les prix sont doux. Les spécialités les plus communes sont les cevapi, petits rouleaux de viande un peu spongieuse insérés dans un pain plat, les burek, mélange de viande hachée enveloppé dans de la pâte et enroulé pour former une spirale. Un fromage ou un yaourt crémeux sont souvent servis avec ces deux plats, en plus de quelques crudités. Côté desserts, le baklava fourré aux noix est un must, mais on peut trouver plein d’autres pâtisseries orientales. Les vins de Bosnie sont de qualité variable et pas toujours prévisible. Nous avons goûté aussi à plusieurs bières locales. Il est impensable de visiter le pays sans tester (et généralement approuver) le café bosniaque et le rite de consommation qui va avec. Les adeptes du pousse-café trouveront leur bonheur dans la rakija, l’alcool de fruits local.


Grandes étendues

Nous dirigeant vers l’Ouest du pays, nous traversons d’immenses étendues calcaires, arides et sèches en surface mais abritant de nombreuses grottes qui parfois s’effondrent en formant des « dolines », sortes de cuvettes bien circulaires de quelques mètres à quelques centaines de mètres de diamètre. Ailleurs, l’eau souterraine resurgit, alimentant des rivières et des lacs. Ces derniers sont aussi parfois créés par des barrages. Nous passerons de magnifiques et paisibles nuits en pleine nature, la Bosnie semblant tolérante en la matière, enfin du moment où nous respectons les lieux. Nous sommes proches ici du littoral croate et la végétation méditerranéenne tout comme les édifices religieux catholiques sont plus présents qu’ailleurs. Entre les étendues quasi-désertes et les petites villes de cette région la moins peuplée de Bosnie, voici quelques uns de nos points de passage :

* Le lac de Jablanica

Nous avons longé pendant un moment ce long lac de barrages (il y en a 4 sur son trajet) de couleur émeraude, et nous avons même fait une étape pour la nuit sur l’une de ses petites plages tranquilles.


* Un point d’eau sur la route…


* Le monastère franciscain du lac de Ramsko

Initialement bâti sur une colline, il a échappé de peu à l’engloutissement lors de la mise en eau de ce lac de barrage. Une mosquée voisine a eu moins de chance : seul son minaret dépasse encore parfois de la surface de l’eau en été.


* Le polje de Livno, sans les chevaux sauvages

Voici l’une de ces trois zones karstiques de la région appelée d’ailleurs Tropolje (= 3 polje ou 3 zones calcaires), des étendues désertes à la végétation rase, entourées des massifs montagneux, dans lesquelles vivent parait-il des hordes de chevaux sauvages. Malgré la sortie du drone et des jumelles, nous n’aurons pas le bonheur d’en apercevoir. Mais rien que le paysage valait le déplacement, et quelle nuit !


* La petite ville de Livno

Réputée pour son décor de falaises, son monastère, son éco-archéo-musée, sa vieille mosquée en pierre et surtout ses fromages proches du gruyère,


* Le lac de Busko

Nous avons dormi sur une de ses plages, profitant de sa quiétude en basse saison alors que ce lac attirerait les foules en été.

C’est de là que nous allons regagner la Croatie, quittée il y 3 bonnes semaines. Mais la Bosnie aura sa revanche, car il nous en reste encore un bout à parcourir. A bientôt pour les retrouvailles

121. Retour en Croatie

Après une grande boucle slovéno-hongroise, nous retrouvons la Croatie pas si loin de l’endroit d’où nous l’avions quittée, pour nous diriger vers Zagreb, la capitale. Et puis nous irons visiter l’une des mille îles du pays avant de terminer par le parc national des Lacs de Plitvice.

Deux billets pour Cigogne SVP

Nous suivons les méandres de la Drava, traversant forêts, zones agricoles et petits villages aux vieilles maisons en bois. Ce milieu paisible et humide (ciel compris, malheureusement pour nous) est un lieu de villégiature pour les cigognes, que les habitants accueillent bien volontiers sur le faîte de leur toit. Un village, Cigoj, leur a même donné son nom. Ce n’était pas encore la saison, mais nous avons tout de même rencontré deux beaux spécimens : l’un, factice mais géant face à Roberto, et l’autre, vivant, qui marchait dans le champ juste à côté. Impossible de savoir si c’était une arrivée précoce, une cigogne domestiquée, ou une qui a raté le train de la migration l’automne dernier.


Zagreb

Le paysage urbain peu soigné, à de rares édifices historiques près, n’est d’emblée pas très engageant. Nous préférons rejoindre directement le centre historique en tramway, d’autant que les plus anciens sont assez pittoresques. Ensuite, tout se fait à pied, le cœur de la capitale alternant grandes places et petites ruelles entrecroisées, escaliers et passages quasi secrets, niveaux multiples. Voici parmi d’autres – difficile de tout raconter – quelques-unes de nos découvertes et recommandations.


La grande place

Au cœur de la ville, une grande place est le point de rassemblement de la population, portant le nom de Josip Jélacic, vice-roi de Croatie au XIXè siècle et représenté sur une statue équestre épée brandie vers le ciel. C’est lui qui serait à l’origine du nom de la ville, faisant jaillir une source à cet endroit en y plantant son épée et en criant « Zagrab » à une petite fille présente sur place afin qu’elle y puise de l’eau (zagrab = puiser en Croate). Pour une fois un coup d’épée dans l’eau suivi d’effet !


Le marché

Ce pourrait être un marché comme les autres si ses commerçants n’utilisaient pas tous le même modèle de parasol, pour le plus grand ravissement des photographes. Enfin on imagine que ce n’était pas le but recherché… Dans un petit restaurant sans prétention, genre toile cirée à carreaux sur les tables, nous avons déjeuné d’une excellente cuisine locale. Contrairement à la côte où l’influence italienne est marquée, la cuisine zagreboise est plus proche de celle de ses voisins hongrois et autrichiens, c’est-à-dire riche et roborative. Viandes cuites en ragoûts, saucisses fumées, struklis (sortes de raviolis au fromage) et fromage blanc à la crème font partie des plats courants. Les brasseries locales sont nombreuses et privilégiées par les croates, qui apprécient de plus en plus le vin.


Les lieux de cultes insolites


Le canon à exploser les poulets

Les réverbères à gaz

Ils sont encore allumés manuellement chaque soir !

Le street-art

Zagreb recense quelques œuvres intéressantes, souvent pas faciles à trouver. Voici nos préférées.


La station météo


Le musée Nikola Tesla

Même s’il s’agit davantage d’un musée lié aux différentes découvertes technologiques, ce musée comporte tout de même une section – c’est un minimum ! – consacrée au savant d’origine croate. Peu d’indices sur sa vie, qui était très perturbée, mais un petit laboratoire reprenant plusieurs de ses découvertes liées à l’électricité, notamment dans les domaines des courants électrostatiques et du courant alternatif. Nikola Tesla présentait volontiers ses expériences à la manière d’un spectacle, et cherchait à la fois à impressionner à l’aide des éclairs bien sonores qu’il déclenchait, et à rassurer le public inquiété par les effets néfastes du courant alternatif. On le sait peu, mais Edison qui développait les applications du courant continu, a orchestré une campagne de dénigrement du courant alternatif sur lequel travaillait son ex associé Nikola Tesla et qui risquait donc de lui faire concurrence. C’est dans ce seul but qu’Edison finança la mise au point de la chaise électrique, en imposant à son inventeur qu’elle fut …à courant alternatif.


Le musée d’art naïf


Le système solaire caché

Nous nous livrons dans les rues de Zagreb à petit jeu de piste : partir à la recherche du système solaire, rien que ça ! Nous avons situé la planète Mars sur la carte de la ville, mais à l’endroit indiqué, rien d’évident. A force de regarder dans tous les coins de cette petite place nous finissons par trouver l’astre : c’était juste une petite boule métallique de moins de 4 cm de diamètre soudée à une plaque un peu en hauteur. L’histoire part d’une sculpture en bronze, une boule de 2 mètres de diamètre, réalisée en 1971 et appelée « le Soleil au sol ». 33 ans plus tard, un autre artiste a décidé d’étendre l’œuvre en formant un système solaire complet, avec respect des proportions, diamètres et distances des planètes par rapport au soleil compris. Ainsi, la Terre que nous trouverons moins difficilement plus loin fait 1,9 cm de diamètre et se trouve à 225 m du « Soleil au sol ». Paradoxalement, c’est ce dernier que nous avons eu le plus de mal à dénicher, enveloppé dans un sarcophage de bois au milieu d’un chantier. Le plus intéressant est que l’artiste a travaillé en toute discrétion, sans faire aucune publicité sur son œuvre. C’est un groupe d’étudiants en physique qui a repéré les premières planètes et traqué ensuite toutes les autres. Un jeu de piste encore plus passionnant que le nôtre sans aucun doute.


Le musée des relations brisées

Un couple d’artistes zagrebois fut marqué, au moment de sa séparation, de la difficulté à se séparer de certains objets, souvenirs de leur amour. Recueillant au fil des années d’autres pièces provenant de situations similaires, les « ex » finirent par ouvrir ce musée totalement hors norme. Munis d’un livret en Français, nous découvrons une à une les histoires d’objets aussi hétéroclites qu’une machine à café, une cassette vidéo écrasée ou encore une croûte de sang séché. Une expérience vraiment étonnante.


et pour finir en beauté sur Zagreb…


Le musée de la guerre intérieure à Karlovac

Nous entrons ici pour la première fois dans l’ambiance du conflit qui a secoué la région des Balkans depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale jusqu’au milieu des années 1990. Rappelons que les pays « Slaves du Sud » ont fondé à la fin de la guerre la Yougoslavie pour se protéger des empires environnants et préserver la paix malgré les différences ethniques. Ça a bien marché pendant le règne de Tito, le « dictateur bienveillant », mais à sa mort en 1980, tout le monde s’est déchiré, pour des raisons non seulement ethniques, mais aussi politiques et économiques. Ce sont d’ailleurs les deux pays les plus riches, la Croatie et la Slovénie, qui furent les premiers à déclarer leur indépendance le 25 juin 1991. La suite, vous le savez, se fit dans un bain de sang. C’est le récit de cette histoire vécue du côté Croate que nous propose ce musée, installé dans l’ancien lieu de détente des forces militaires de la ville de Karlovac, appelé aussi Hôtel California. Quelques engins d’artillerie et avions complètent l’exposition sur le terrain adjacent.


C’est le printemps à Rab

Après quelques semaines dans les terres, il nous prend l’envie de gagner le littoral croate. D’une longueur exceptionnelle par rapport à la taille du pays, il est aussi très rocheux et escarpé. On le longe en suivant de jolies routes en corniche qui permettent d’apprécier la belle couleur turquoise de l’eau par temps ensoleillé. Les plages sont plus souvent de galets que de sable, mais ça n’est pas si important.

Nous prenons le ferry pour nous rendre sur l’île de Rab, l’une des 1000 que compte le pays, excusez du peu. Le sol très aride au débarcadère fait place peu à peu à une belle forêt dense riche en sentiers de randonnée.
Malgré le temps encore frais, on sent bien que la végétation se réveille de son hivernage : côté cailloux émergent les bouquets jaunes des euphorbes, tandis que la forêt souffle des nuages de pollens. Le printemps est bien là !

Nous restons pour autant en basse saison et la ville principale, Rab, est quasi déserte. Nous y rencontrons un couple franco-croate vivant dans une maison dont ils ont hérité. Invités chez eux pour un café, rapidement accompagné de spécialités locales, nous passons un bon moment à échanger sur nos vies respectives. Hormis l’infernal mois d’août, ils semblent avoir trouvé ici une belle qualité de vie le restant de l’année.


Les lacs de Plitvice

Nous terminons notre 2ème étape croate par ce site naturel exceptionnel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. 16 lacs étagés le long d’une vallée, reliés entre eux par autant de cascades. On découvre l’ensemble sur un parcours d’environ 8 km, avec une partie pédestre suivant des sentiers ou plus souvent des petites passerelles en bois bien intégrées au décor, et le reste en bateau électrique ou en petit train sur roues. La variété des couleurs des lacs, de la forme des cascades et de la végétation nous a vraiment impressionnés, tout comme l’inattendue quiétude du lieu malgré sa popularité. Certes quelques groupes de touristes encombrent les petits chemins au démarrage, mais ils ne vont en général pas bien loin, s’épuisant rapidement en se prenant en photo dans toutes les positions possibles.


Nous reviendrons plus tard en Croatie, mais c’est maintenant le moment de passer en Bosnie-Herzégovine. Une frontière pas si simple que les précédentes car nous quittons l’Union Européenne. A très bientôt !

120. Hongrois ce convoi

Roberto notre fidèle fourgon aménagé nous a promenés sur les routes de la Hongrie, un beau parcours d’environ 500 km autour du Lac Balaton. Nous nous réservons la partie Est du pays et la visite de la capitale pour dans quelques mois.


Hongrois être parfait

Suite à la dernière publication, un fidèle lecteur francilo-normand m’adresse la remarque suivante :

« Une petite remarque normande insignifiante : lorsque vous parlez de Grandville, parlez-vous de Granville en Normandie car je n’ai pas trouvé le jumelage dont vous parlez ? (Serait-ce une) coquille ? Si oui, attention la « Pléiade » risque de vous refuser la publication ».

Maniaque de l’orthographe comme je suis, je vérifie et ne peux que constater ma lamentable erreur. Je lui ai bien entendu répondu en privé, mais au cas où d’autres esprits vifs se seraient posé la même question, je publie ci-dessous ma réponse (sans les formules de politesse et amicales) :

Oui nous parlons bien de Granville la normande, initiatrice du douzelage comme on peut le lire ici.

Dans ma grande générosité, j’ai hélas rajouté ce « d » inopportun, qui fut tout de même utilisé dans le passé. Je hais la simplification de l’orthographe !

Cela dit, j’ai lu que le port de Granville était le premier en France en matière de coquilles… Il me pardonnera certainement.


Hongrois que c’est un château

Notre première étape hongroise est la ville de Keszthely, sur la rive Ouest du Lac Balaton. Hors saison, ça n’est pas une grande ville touristique, mais elle recèle quelques curiosités dont ce palais qui ressemble à un château, propriété des Festetics, une famille de notables croates depuis 1739.

Au fil des générations, ils ont accumulé comme vous et moi tout un tas de bricoles, mais eux en avaient tellement qu’ils ont fini par les exposer au public, moyennant finances bien sûr. Ce qui est amusant, c’est qu’il y a un peu de tout, réparti dans plusieurs dépendances du palais.

La collection consacrée à la chasse, au rez-de-chaussée de l’un de ces « musées » effraie tout d’abord les visiteurs contemporains en raison de la multitude de trophées exhibés, des cornes couvrant les murs aux peaux de bêtes étalées sur le sol. En réalité, la collection initiale ayant été perdue au cours de la guerre, tous ces objets seraient des dons de chasseurs de la région, notamment de l’un des créateurs du musée qui se montre en photo souriant jusqu’aux oreilles le pied posé sur un tigre du Bengale ou un éléphant d’Afrique. Beurk.

À l’étage heureusement, l’exposition devient didactique, des diaporamas très bien faits montrant des animaux de chaque continent dans leur environnement reconstitué.


En franchissant le palier, on tombe sans transition aucune sur l’un des plus grands réseaux de modélisme ferroviaire d’Europe. 75 trains orchestrés par un système informatique circulent sur 2700 m de voies ferrées dans des paysages autrichiens ou hongrois, dans des gares fidèlement reproduites à l’échelle, dans diverses saisons, traversant des viaducs, s’arrêtant (comme) pour prendre des passagers dans de petites villes aux personnages parfois hétéroclites comme cette scène de rue clin d’œil à la Guerre des Étoiles.


Dans le bâtiment suivant, nous trouverons une collection sur le thème du transport, avec des calèches de tout poil précédant les premières automobiles du XIXème siècle, principalement d’origine américaine. Avant chacun des 3 modèles exposés ci-dessous figurent en gros plan des bouchons de radiateurs, rétroviseurs ou autres accessoires. Saurez-vous retrouver la marque correspondante ? (réponses dans l’ordre après la dernière photo).

C’était quasiment le seul modèle hongrois exposé parmi les automobiles, les autres étant plutôt américains. L’occasion de vous proposer un petit jeu : saurez-vous reconnaître, pour chacun des 3 modèles ci-dessous, la marque que suggèrent les 2 gros plans qui les précèdent (bouchons de radiateurs, rétroviseurs, éléments de roues, etc.). La réponse est après la dernière photo.




Nous finirons par la visite du palais lui-même, au cours d’une visite guidée obligatoire en Hongrois. Si nous n’avons pas compris grand-chose aux commentaires, nous avons tout de même pu apprécier sur de nombreuses salles le mode de vie des aristocrates aux XVIIIè et XIXè siècle, juste avant qu’ils ne se fassent piquer le palais au moment de la 2nde Guerre Mondiale. On leur a tout de même laissé leur magnifique bibliothèque en chêne hébergeant 80 000 ouvrages. J’imagine par contre que tout le pinard est parti. A la guerre comme à la guerre !


Hongroise personne

Keszthely est l’une des plus anciennes villes du pays et ça se voit. L’architecture est austère, de notre point de vue du moins (mais où sont les belles couleurs du Mexique ?!) et les rues sont désertes lors de notre départ en balade alors qu’il est presque 10h, certes un dimanche. Les magasins fermés renforcent la notion de solitude. Mais quelques passants finissent par arriver, on doit se lever tard ici les jours fériés.


Quelques musées finiront par ouvrir, mais nous n’en visiterons qu’un, celui dédié à l’œuvre d’une vie, celle de l’honorable Ilona Miskei qui a assemblé pendant 14 ans plus de 4,5 millions de coquilles d’escargots fossiles recueillis dans les mines voisines pour reproduire le Parlement de Budapest à l’échelle 1:33. L’ouvrage fait tout de même 7 m de long sur 2,5 m de large et 2 m de haut. Lorsque l’auteure en a fait don au musée, Il a fallu une semaine pour transporter l’œuvre depuis chez elle. Une allure d’escargot, tout naturellement.


Spécialités hongroises



Hongrois être au Népal

Ciel bleu et air frais ce matin-là, un dimanche. Traversant une forêt, grimpant au sommet d’une colline accompagnés d’autres randonneurs, nous traversons bientôt un torana, apercevons des ribambelles de drapeaux de prières accrochés aux arbres et flottant au vent tout en entendant de petites clochettes et en humant des effluves d’encens qui nous rappellent notre séjour à Katmandou.

Et bientôt le grand stupa tout blanc apparaît. Pas besoin de nous pincer, nous savons que nous ne sommes qu’à une quinzaine de kilomètres du Lac Balaton. Eh oui, il existe bien une petite communauté bouddhiste dans ce pays à majorité catholique. Moins d’un Hongrois sur 1000. Mais ils sont très influents. La capitale ne s’appelle-t-elle pas Bouddhapest ?


Hongrois être en été

Alors que le Lac Balaton n’attire pas vraiment les nageurs en hiver, son voisin d’Heviz en voit s’ébattre toute l’année. C’est que sa température oscille entre 22 et 35°C selon les saisons, grâce aux sources chaudes qui l’alimentent. Certes on s’y baigne dans une ambiance soufrée qui pourra déplaire à quelques-uns, mais avec l’avantage de pouvoir soigner ou préserver ses articulations. Une expérience inoubliable que de se baigner en hiver avec 10°C dans l’air mais 24°C dans l’eau, dans une petite brume pas désagréable générée par la différence de température.


Hongrois que c’est du champagne


Hongrois entendre Jonasz

« Même quand les dieux vous abandonnent, lac Balaton / Le sable est doux comme une pomme, lac Balaton ». C’est avec ces paroles de Michel Jonasz (d’ascendance hongroise) que j’avais entendu parler de ce lac, le situant vaguement en Europe Centrale, avant de le découvrir au cœur de la Hongrie. C’est tout l’intérêt du voyage que de situer un monument, une histoire, un nom qui n’avaient pas jusqu’ici de localisation bien précise dans mon esprit. Avec ses 67 km de long, le plus vaste lac d’Europe centrale ne devait pourtant pas passer inaperçu sur mes cartes de géographie !

Nous nous sommes approchés au plus près du lac Balaton via la péninsule de Tihany. La route qui longe d’abord la côte, sa végétation lacustre et ses pêcheurs, s’élève ensuite 80 m au-dessus du niveau de l’eau. Là, une abbatiale bénédictine de 1754 héberge quelques jolis autels, tandis que l’hôtel juste à côté héberge une jolie terrasse surplombant le lac. Devant un tel spectacle, les petites tables décorées de bouquets de lavande séchée – une production locale – étaient irrésistibles. Avec un petit café et une pâtisserie locale, ce fut un moment magique.


Hongrois pas si bien dire (de la poésie)

Le poète et homme de lettres Rabindranath Tagore, premier lauréat non européen du prix Nobel de littérature en 1913, n’aurait peut-être pas pu terminer l’œuvre qui l’a rendu célèbre s’il n’avait pas bénéficié de cures thermales à Balatonfüred. La station balnéaire huppée du lac Balaton lui a édifié un buste et nommé un grand parc en son honneur.

D’autres visiteurs célèbres sont honorés sur les murs du Panthéon de Balaton, juste en face de l’hôpital cardiologique de la ville, mais à vrai dire nous n’en connaissions pas un seul… D’autres statues nous ont davantage parlé – si l’on peut dire – comme ce pêcheur et ce capitaine de ferry qui gardent l’entrée du port, ce réalisateur hongrois immortalisé sur son dériveur, ou encore cette main qui sort tragiquement d’une colonne de béton en hommage aux victimes d’un naufrage de ferry en 1954 (voir ci-dessous).

Les 3 vies du Pajtas

Navire à vapeur construit en 1918 à Budapest pour transporter des passagers sur le Danube, le Pajtas y heurta malheureusement une mine au cours de la Seconde Guerre Mondiale et coula.

Renfloué après la guerre, il fut reconverti en ferry sur le lac Balaton, avec une capacité en passagers augmentée de 150 à 200 personnes sans aucun test préalable. Ce devait être excessif car le 30 mai 1954, après plusieurs mouvements de balancier, il coula de nouveau, faisant plusieurs dizaines de victimes, en souvenir desquelles ce monument a été érigé.

De nouveau renfloué, il reprit du service sur le Danube muni cette fois d’un moteur diesel et termina sa carrière en 1987 sur une rive du Danube. Pour couler des jours paisibles.


Hongrois que c’est fermé et puis non

Nous n’hésitons pas à nous éloigner du lac d’une quarantaine de kilomètres pour nous rendre à Herend, capitale de la porcelaine hongroise. Le temps est splendide, la manufacture est là devant nous, toute bâtie de briques comme une usine et toute décorée de porcelaines comme une manufacture de porcelaine. Nous entrons dans le hall d’accueil, très classe, ça s’annonce bien. Mais nous retombons de haut – sans rien casser – en apprenant que les visites sont interrompues et ne reprendront qu’au mois d’août prochain c’est-à-dire, euh, dans 5 mois ! Nous sortons dépités, dégoûtés de Google qui annonçait l’établissement ouvert, ce qui était malgré tout le cas puisque seules les visites étaient fermées.

Nous traînons le pas sur la petite place juste en face, dont le seul occupant est un superbe lion en céramique.

Nous nous approchons d’une vitrine où quelques belles pièces de vaisselle sont exposée, cherchant tant bien que mal à prendre des photos pour nous consoler, en collant les appareils à la vitre pour éviter les reflets. Claudie, déjà deux vitrines plus loin, me lançe : « Viens, c’est ouvert ! ».

Nous entrons alors dans une véritable caverne d’Ali Baba, avec des pièces plus merveilleuses, plus fines, plus délicates les unes que les autres. Nous passerons presque une heure dans cette grande boutique et repartirons avec deux petits animaux (oui parce que le service 12 couverts en porcelaine à stocker dans Roberto ç’aurait été plutôt osé) totalement consolés.


Hongrois être revenu à l’époque soviétique.

Amateurs d’urbex ou d’airsoft, voici un endroit incontournable à explorer : une ville fantôme complète avec barres d’immeubles, boutiques, bars, etc. Tout ça envahi à souhait par la végétation, s’effondrant peu à peu, encore accessible par des rues parsemées de nids-de-poules et partiellement couvertes d’herbes folles.

Il s’agit d’une ancienne base militaire soviétique construite dans les années 60 pour héberger les militaires et leurs familles. Tout ce petit monde est gentiment rentré chez lui après l’effondrement de l’URSS en 1980. Maintenant ce sont les bâtiments qui s’effondrent, c’est ce qu’on appelle la double peine.

L’endroit est facile à trouver, il suffit de taper sans vous tromper Szentkirályszabadja sur votre application GPS favorite. Si vous utilisez la dictée vocale ça va être un peu plus compliqué 😉


Hongroise personne ici non plus

A 15 km de là, une aventure similaire est arrivée à un bâtiment unique qui pourrait ressembler à un palais ou un château, mais qui est en fait une ancienne caserne destinée à un régiment d’artillerie. C’est un peu comme maintenant, il fallait mettre le paquet pour attirer les jeunes…

Pendant la 2ème Guerre Mondiale, les jeunes nazis sont venus goûter à la vie de château, remplacés par les jeunes soviétiques après la guerre. Et quand l’URSS s’est disloquée, ce sont les jeunes du quartier qui sont venus prendre le relais. Mais la caserne-château n’a plus sa superbe d’autrefois, loin de là.


Hongrois ce qu’on voit …et on a tort

Pecs serait la seconde ville de Hongrie à visiter après Budapest, mais nous a laissés d’abord dubitatifs sur son intérêt. Ce n’était peut-être pas une très bonne idée de nous garer pour la nuit près de la gare car nous avons dû traverser quelques quartiers affreux pour nous rendre au centre-ville, heureusement de meilleure facture, notamment les bâtiments autour de sa grande place principale.


Nous avons cru avoir la berlue en apercevant au sommet du toit de l’Église de la paroisse du centre-ville à la fois une croix chrétienne et un croissant de lune musulman. Et la confusion s’amplifie en pénétrant dans l’édifice, avec des fresques, des écritures, des éléments architecturaux et des symboles appartenant aux deux religions. On comprend bien que ce lieu de culte est passé de main en main au fil des siècles, passant d’église gothique à mosquée puis de nouveau église catholique. Lors de la dernière restauration, on a décidé de conserver une grande partie de son histoire et de ne pas faire table rase sur le passé comme à l’habitude. Intelligent et tolérant.


Nous avons cru voir non pas double mais quadruple en arrivant devant la façade de la cathédrale du 11ème siècle, qui laisse dépasser 4 tours. La nef, la crypte, les sols, tout a été merveilleusement décoré au fil des années. On peut monter dans la seule tour qui fait office de clocher pour apprécier le panorama sur la ville. Mieux vaut éviter de rester en haut lors de la sonnerie biquotidienne de la plus grosse cloche, véritablement assourdissante. L’accès est d’ailleurs fermé à ce moment-là, attention de ne pas se faire piéger !


Nous avons dû écarquiller les yeux devant les tableaux du maître de l’art abstrait géométrique Victor Vasarely, enfant du pays, joliment présentés dans un musée qui lui est dédié, ainsi qu’aux autres artistes de sa famille.


Nous avons du ravaler notre impression d’en avoir trop vu en visitant une nouvelle exposition sur la porcelaine. Mais à Pecs, on ne jure que par la manufacture Zsolnay, crée en 1853, la plus importante de l’empire austro-hongrois en 1914. Elle fut aussi à la pointe de l’art et du design européen, fournissant des carreaux de faïence pour orner les monuments dans tout le pays, influençant le mouvement art nouveau (notamment avec ses pièces de verrerie décorées à l’éosine). Elle connut malgré tout un déclin rapide, en seulement quelques années, en raison de l’occupation serbe et de l’introduction du socialisme. Une petite production persiste, se visite même, mais là encore, ce n’était pas le bon moment. Nous nous sommes néanmoins régalés dans le musée.


Hongrois que c’est fini, mais non !

Nous quittons provisoirement la Hongrie, mais nous y reviendrons dans quelques mois, sur le retour de notre circuit européen. Il nous reste encore beaucoup de choses à apprendre sur le pays et bien sûr visiter sa mythique capitale. J’espère que mes petits jeux de mots répétitifs ne vous auront pas trop agacés. Mais avouez que les possibilités étaient limitées. A bientôt !

Ci-dessous notre parcours en Hongrie, zoomable en cliquant ici.

119. Fin du parcours slovène

Nous quittons Bled et son lac de nouveau sous la pluie, en direction de la capitale qui sera riche en découvertes. De là nous nous dirigerons vers l’Est en direction de la Hongrie, admirant au passage Rogaska Slatina, ses thermes et sa verrerie, puis la charmante ville de Ptuj. Vraiment, la Slovénie nous aura conquis.


Ljubljana et ses dragons

La capitale de la Slovénie, dont le nom n’est pas si facile à prononcer que ça (i pour j et ou pour u, essayez-donc), se visite facilement à pied en 1 ou 2 jours, d’autant que son centre est largement piétonnier ..et que nous sommes en basse saison. Les façades baroques de nombreux édifices sont plutôt jolies malgré leurs couleurs très pays de l’Est (vert triste et jaune triste) que le temps un peu couvert ne flatte pas.

Nous étions heureusement en pleine éclaircie en passant devant le cyanomètre, un appareil qui mesure le degré de bleu du ciel (pas nouveau, c’est le Genevois Horace Bénédict de Saussure, bien connu de nous autres anciens voisins du Mont Blanc, qui l’a inventé) mais qui est ici une œuvre d’art doublée d’une subtilité technologique puisqu’il est capable d’adapter sa couleur, tel un caméléon, au bleu mesuré du ciel.


En avançant dans la ville, nous allons apercevoir des dragons partout. Ils sont en fait l’emblème de Ljubljana depuis que Jason et les Argonautes en auraient combattu un dans les environs, de retour de leur quête de la Toison d’Or. L’hôtel de ville et le premier pont en béton de Slovénie en furent naturellement ornés, ce qui entraîna ipso facto les restaurants et les boutiques du quartier.

La récupération la plus récente et la plus originale est celle du mystérieux artiste français Invader, dont je reparlerai un peu plus loin. Après quelques découvertes dans la ville et la visite de son château.


Street art au sens propre

Dans cette ruelle de la capitale slovène, le street art n’est pas sur les murs comme à l’accoutumée mais carrément au milieu de la rue. Au lieu de l’habituel caniveau central des rues moyenâgeuses, la rue des forgerons est parcourue de tout son long par une foule de petites têtes qui vous regardent. 700 visages aux expressions toutes différentes, comme les humains selon leur humeur. Il faut se pencher pour les dévisager, c’est peut-être ce qu’a voulu leur auteur, un célèbre sculpteur slovène, Jakov Brdar. A moins qu’il ne se soit contenté qu’on lui serre la main, celle qu’il a placée sur un poteau au début de la rigole. L’action déclenche paraît-il un flux d’eau qui transforme l’œuvre en fontaine, mais ça ne s’est pas produit le jour de notre passage. Le mécanisme était sans doute grippé, c’est de saison.


Vie de château

Présent depuis le XIIème siècle, le château a connu maintes transformations depuis, sous l’influence des différents envahisseurs du pays : Austro-Hongrois, Français (via Napoléon pendant 4 ans), Italiens, Yougoslaves puis touristes internationaux. Il abrite maintenant diverses attractions modernes, certaines incluses dans le billet d’entrée et d’autres pas, mais on peut visiter avec un bon audioguide la partie ancienne et aller au sommet de la tour apprécier le paysage urbain de la capitale.


Puppetry Museum

Pour en connaître toutes les ficelles, nous avons fait un petit tour au musée des marionnettes inclus dans notre visite du château. Car la Slovénie a une riche tradition dans ce domaine. Nous en suivons l’évolution au cours de l’histoire du pays, des marionnettes à gaine aux marionnettes à fils, avec une belle mise en scène des éléments exposés. Normal pour un art du spectacle.


Invader

Depuis le début de notre voyage, Claudie s’est mise à prendre des photos de petites mosaïques souvent discrètes découvertes par hasard en haut d’un mur lors d’une visite urbaine. Pas avec son appareil photo mais avec une application capable de reconnaître si l’œuvre photographiée est authentique, récompensant alors l’utilisatrice de quelques notes joyeuses et de points de bonus.

C’est l’histoire étonnante d’un artiste de rue français dont on connaît le nom mais pas le visage, qui appose sur les murs des mosaïques de Space Invaders, un jeu qu’il avait apprécié dans son enfance, ou d’autres personnages. Depuis 1996, il a « envahi » (c’est comme ça qu’il qualifie sa démarche, généralement faite sans autorisation) les murs d’environ 80 villes du monde entier, mais aussi des endroits insolites comme le Musée du Louvre (10 mosaïques posées en 1 seule journée, retirées depuis), la lettre D du panneau Hollywood à L.A., les fonds marins de la Baie de Cancun, et même dans la Station Spatiale Internationale !

Pour aider les explorateurs en herbe, certaines villes possèdent des cartes où sont localisées les petites céramiques. Celle de Montpellier permet de s’apercevoir (encore un des nombreux clins d’œil de l’artiste) que le parcours qui les relie dessine lui-même un Space Invader. Trop fort !

Ah au fait, l’appli s’appelle FlashInvaders et pour les fans, Invader expose à Paris jusqu’au 5 mai 2024.


Slovenian Ethnographic Museum

Nous terminons notre visite de Ljubljana, décidément très riche, et alors que la pluie commence à tomber, par ce superbe musée ethnographique qui est un excellent résumé de la traversée ce pays et nous donne plein de réponses à des interrogations que nous avions eues en cours de route. Il se présente comme un « musée des identités culturelles, un lien entre le passé et le présent, entre la culture traditionnelle et moderne ».

Nous y avons retrouvé, entre autres, les greniers à foin trouvés partout dans la campagne, les façades peintes des tiroirs de ruches, des costumes de carnaval, des spécialités culinaires, de l’artisanat, des éléments de l’histoire du pays.

Vraiment à conseiller à ceux qui veulent s’en imprégner.


Mon cher Watson (suite)

Voici un petit complément du sujet alimentaire évoqué dans l’article précédent, afin de contenter vos papilles avides.


Rogaska Slatina

Cette vile de l’est de la Slovénie est réputée pour son activité thermale et pour son artisanat du verre, autant dire deux grands pôles d’attraction pour nous.

Si le premier nous a déçus, l’activité en basse saison étant tellement ralentie que nous n’avons même pas pu goûter l’eau (il aurait fallu attendre plusieurs heures l’ouverture de la buvette), nous avons été conquis par le second.


Nous avons pu visiter la fabrique de verre en pleine activité, passant par toutes les étapes de l’élaboration du produit final, pour constater que chaque objet proposé ensuite à la vente était une œuvre d’art unique, faite à la main (ou à  la bouche pour la partie soufflage) de A à Z. Le travail par équipe nous a semblé à la fois répétitif mais nécessaire pour obtenir le juste enchaînement des actes pour arriver au produit fini. La fabrique aurait la plus forte production mondiale de cristal travaillé à la main (22 à 24 tonnes de verre par jour – 8 millions d’objets par an)


Us et coutumes


Pas un chat, ou presque

Poursuivant notre route vers l’Est slovène nous faisons une halte pour la nuit à Ptuska Gora, un village réputé pour sa basilique exceptionnelle.

Nous nous sommes sentis un peu seuls dans l’immense parking, certainement dimensionné pour une fréquentation accrue en haute saison. Et même pour la visite de la basilique le lendemain, nous étions encore seuls. Étonnant quand on lit que cette édifice « constitue le plus bel exemple d’église gothique à 3 nefs de Slovénie, érigée au rang de basilique en 2010 à l’occasion de son 600ème anniversaire ». Elle  héberge en outre sur son autel une sculpture unique de la Vierge de miséricorde abritant sous son manteau une multitude de personnages.

A la sortie, heureusement, nous avons trouvé un chat sur les marches, contredisant la solitude exprimée dans le titre.


Ptuj

Cette ville au nom d’onomatopée, peu fréquentée par les touristes, mérite pourtant le déplacement. Elle est réputée pour son château, son carnaval, ses vignes et ses thermes et pourtant nous ne visiterons rien de cela ! La description des intérieurs du château nous a paru ennuyeuse, le carnaval était passé, les thermes ressemblaient sur les photos à des piscines ordinaires. Quant aux vignes, elles étaient encore en hibernation.

Mais nous avons trouvé à la ville bien d’autres attraits. Une situation très photogénique sur la berge d’un fleuve (la Drava), un centre-ville très typé, des vestiges romains comme cette tour utilisée autrefois comme pilori, et un entrelacs de ruelles moyenâgeuses parsemées d’arcs reliant les maisons.

Et nous l’avons bien regardée parce qu’il s’agissait de notre dernière visite en Slovénie.


C’est parti pour la Hongrie, avec pour première étape le Lac Balaton si cher à Michel Jonasz. Mais chut, j’en ai déjà trop dit. Alors à bientôt !


Ci-dessous comme d’habitude la carte du parcours correspondant à cet article et les boutons de liaison si vous voulez nous laisser un petit message, vous abonner pour être prévenu à chaque nouvelle parution, ou encore nous retrouver sur Instagram ou Polarsteps.

118. Rendez-vous au Bled

Nous voici donc entrés en Slovénie, un pays où nous n’avions jamais mis les pieds ou les pneus. Des premières impressions jusqu’au Lac de Bled, avec une petite incursion stratégique en Croatie, revivez avec nous cette grande boucle slovène.

SLO travel

Après avoir traversé l’Amérique centrale et passé au moins une et parfois plusieurs heures aux frontières entre chaque pays, ça fait du bien de passer d’un pays européen à un autre en ralentissant à peine devant le poste où un douanier lève à peine les yeux de son téléphone portable. Donc nous voilà en Slovénie. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que l’on ne comprend plus rien à ce qui est écrit sur les panneaux. Un bon point, ça pour nous autres adeptes de dépaysement. Enfin du moment qu’on a un peu de réseau pour pouvoir utiliser Google traduction. Voulant goûter ce nouveau pays, nous roulons tout doucement en regardant partout, alors que les locaux nous talonnent avant de nous doubler d’un grand coup d’accélérateur, contredisant les lettres SLO qui figurent sur leur plaque minéralogique. OK les pressés, laissez-nous le slow-travel ! Parmi les autres premières impressions figurent le coût réduit du carburant (1,45 €/l de gazole) et des aliments, à contrebalancer avec le coût élevé du stationnement (souvent 3€/h) ou des aires pour camping-cars (minimum 35€/j soit le double de la France ou de l’Italie). Pour l’instant nous avons réussi à contourner ces endroits-là. Nous verrons par la suite.


La magie Koper

Dès le passage en Slovénie, le beau temps est revenu. Ça doit être un hasard, encore que nous avançons vers le Sud par rapport à nos destinations précédentes. Koper est l’une des rares villes côtières d’un pays dont la façade maritime n’a pas plus de 44 km de long. Autant dire que l’été ça doit être bondé. Imaginez la totalité des Français devant se partager les plages entre Narbonne et Perpignan au cœur de l’été ! En réalité, les Slovènes sont 34 fois moins nombreux, mais quand même.

Koper se présente comme un mignon petit port entouré d’un centre ville médiéval aux notes vénitiennes. L’opulence des édifices italiens n’est pas là, mais le charme opère tout de même.


Piran, reine de la reconversion

C’est l’autre ville côtière, sous forme d’une péninsule s’avançant dans la mer terminée par un ancien phare reconverti en clocher d’église. Il a tout de même donné son nom à Piran (ben oui, pyros en Grec ça veut dire feu). Comme à Koper, on retrouve une influence étrangère dans certaines constructions, comme ce palais vénitien, et cette petite statue aux airs danois (si vous séchez, regardez toutes les photos). Comme à Koper, la ville était autrefois construite autour d’un port presque intérieur, mais celui-ci a été reconverti en place parce qu’il en manquait. Quant à la cathédrale et au baptistère, ils semblent eux aussi avoir été reconvertis …en cages pour animaux si l’on en juge par la grille qui barre leur porte. Non sans avoir laissé juste derrière un tronc accessible aux fidèles, pas folle la guêpe !

Question subsidiaire : sur une petite place de Piran, on retrouve une sorte de chérubin portant des objets formant des cylindres creux (photo ci-dessus à droite). A quoi cela pouvait-il bien servir ? Réponse à la fin du sujet suivant.


Incursion en Croatie

Nous sommes loin d’avoir exploré toute la Slovénie. Nous y reviendrons plus tard. Mais nous avons trouvé plus pratique de compléter dès maintenant notre parcours en Istrie, cette péninsule triangulaire au bord de l’Adriatique et dont la majorité du territoire appartient à la Croatie. Le passage de frontière est plus marqué que le précédent, avec une transition brutale d’une zone assez peuplée (les 47 km de côtes slovènes) à un territoire très rural. Ça fait du bien de revoir des forêts, des champs, des montagnes. La première ville où nous faisons étape est de taille modeste et ne tranche pas forcément avec ce que nous avons vu en Slovénie. Un port, de jolies rues étroites et pavées, une basilique aux mosaïques scintillantes, des boutiques de souvenirs dont beaucoup de variétés de miel et de liqueurs.

Solution de l’énigme du paragraphe précédent :


Découverte inattendue

Nous faisons étape pour la nuit sur le parking du cimetière de Vodnjan, trouvé sur l’application Park4night que la plupart des voyageurs nomades utilisent pour trouver des endroits où se garer de jour comme de nuit et pour trouver quelques facilités comme l’eau ou les laveries self-service par exemple. Une fois l’endroit décrit, d’autres voyageurs laissent leur témoignage ou enrichissent la description initiale. C’est l’un de ces commentaires qui nous a incités à visiter la ville le lendemain, alors qu’elle ne figurait pas sur notre guide papier. Objet d’un festival annuel de street art, la petite ville de 6000 habitants, abhorre une trentaine de fresques sur ses murs et de vieux immeubles en pierre en son centre. Il y aurait aussi plusieurs centaines de momies de religieux dans l’église, mais celle-ci était malheureusement fermée. Heureusement, par définition, le street art c’est H24 !


Pula et ses vestiges romains

La pointe Sud de l’Istrie est occupée par la ville de Pula, dont la particularité est d’héberger de nombreux vestiges romains, comme un amphithéâtre, quelques temples, et quelques mosaïques. On pourra regretter que tout ça ne soit pas particulièrement mis en valeur. Ainsi ce chantier qui semble être là depuis un moment dans l’amphithéâtre, ces fondations de la maison d’Agrippine, protégées mais en plein dans la cour d’un immeuble, l’arrière du temple jumeau de celui d’Auguste utilisé comme mur arrière de la mairie, où encore cette mosaïque romaine vieille de 18 siècles, plutôt bien conservée mais que nous avons eu du mal à dénicher. Il a fallu traverser un terrain vague et contourner un parking avant d’oser s’aventurer dans une petite ruelle obstruée par un camion de chantier et un tas de gravats.


Champions de l’inutile


Rijeka

Nous n’avons pas trouvé grand charme à la 3ème ville de la Croatie : pas d’unité architecturale, beaucoup de circulation et peu de choses à visiter. Nous retiendrons tout de même 3 choses : une curieuse Cathédrale de Saint Guy toute en rond (pour danser peut-être ? ;)), un musée de l’informatique (voir plus loin) et la première fabrique mondiale de torpilles qui, faute de préservation, va finir par disparaître dans la mer. Ce serait pourtant dommage d’oublier que c’est ici, à Rijeka qu’ont été mises au point les toutes premières torpilles. La base pour les premiers essais a été bâtie en 1860, suivie de l’usine actuelle qui a fonctionné de 1930 à 1966. Aujourd’hui ce n’est plus qu’une carcasse de béton, mais ce bâtiment a révolutionné en son temps l’armement maritime, tout en étant sans doute responsable de milliers de morts. Alors, on le sauve ou on le sauve pas ?


PEEK & POKE

Ces commandes de programmation ne parlent qu’aux initiés, mais le sous-titre « Musée de l’informatique » est plus évocateur pour les autres. Mais j’estime faire partie des premiers, en ayant vécu toute la progression de l’informatique depuis le début. J’avais 10 ans quand la télévision familiale est passée du noir et blanc à la couleur, 20 ans quand j’ai soudé avec mes frères une centaine de composants sur un circuit imprimé pour en faire un jeu de ping-pong qui se branchait sur sur la télé, 22 ans quand j’ai eu mon premier ordinateur, le ZX81, une sorte de grosse calculatrice programmable en BASIC mais dont le programme, limité à 1000 caractères, s’effaçait lorsqu’on éteignait la machine. D’autres machines ont suivi, avec davantage de mémoire vive (RAM), la possibilité de stocker ou charger un programme sur une cassette audio, puis sur des disquettes et enfin des disques durs. J’avais 29 ans quand je me suis offert mon premier compatible PC (Amstrad PC2086) avec écran intégré et surtout un disque dur de 20 Mo (à l’époque c’était énorme, aujourd’hui le disque dur de mon ordi portable fait 1 To). A 30 ans, j’ai commencé à informatiser mon cabinet médical en développant un programme adapté à un fonctionnement en réseau. J’ai quasiment utilisé toutes les versions de Windows depuis la 3.1. J’ai vu apparaître Internet et les téléphones portables lorsque j’avais 40 ans. Alors oui, je suis vieux, j’ai l’impression d’avoir été un pionnier de l’informatique, et c’est sans doute pour ça que j’ai retrouvé avec plaisir un peu de toute cette progression fantastique dans ce musée, y compris un exemplaire de mon ZX81 !


Bouticocanardophilie


Le lac intermittent

Nous voici de retour en Slovénie, à Cerknika, dans une région au sol karstique, comprenez un gruyère de calcaire. avec beaucoup de grottes et de galeries souterraines. En été, ces formations absorbent bien l’eau et le lac se vide presque complètement. Pendant la saison des pluies, au printemps et à l’automne, le sous sol est vite saturé d’eau et le niveau du lac monte. Il peut passer en une seule journée de 0,1 km2, sa surface minimale, à 38 km2, sa surface maximale. C’est le plus grand lac intermittent d’Europe, et, lorsqu’il est plein, le plus grand lac de Slovénie.


Un château troglodyte

Construit directement dans une falaise à partir du XIIIème siècle, le château de Predjama était quasiment imprenable. Il fut tout de même assiégé vers la fin du XVè siècle par l’armée de l’empereur Frédéric III dont un parent avait été assassiné par l’occupant des lieux, le baron Erazem Lueger. Le siège dura plus d’un an, l’astucieux occupant continuant de s’approvisionner à l’extérieur grâce à un tunnel secret. La plaisanterie se termina le jour où, grâce à une complicité interne, l’armée envoya un boulet de canon sur le mur des toilettes à ce moment occupées par le baron, et qui s’effondra sur ce dernier. Mourir assis sur le siège après un an de siège, c’est un comble !

Nous avons pris plaisir à visiter ce château peu commun, grandement aidés par des audioguides en Français très bien faits.


Les grottes de Postojna

Nous avons pénétré dans le plus grand système de grottes de Slovénie, plus de 700 km de galeries sur une longueur de 20 km. D’abord en empruntant un petit train puis à pied.

Nous avions déjà vu un certain nombre de grottes dans notre vie, mais celles-ci sont véritablement exceptionnelles. D’abord par l’immensité du réseau, telle que dès les premiers mètres de voie ferrée apparait déjà une féérie de stalactites et stalagmites, certains ayant dû être coupés d’ailleurs pour que les têtes des passagers ne frottent pas trop au plafond. On nous a conduit dans des salles immenses, certaines pouvant accueillir des concerts avec 10 000 places assises. Tout est à la fois protégé et bien mis en valeur. Du grand spectacle, assurément.


Bébés dragons ou poissons humains ?

Dans les eaux profondes du réseau de grottes de Postojna, on trouve plusieurs espèces animales qui se sont bien adaptées à l’obscurité. Parmi elles, le protée anguillard, une sorte de salamandre aquatique à la peau rose pâle, dépourvue de tout pigment – devenu inutile dans le noir – et dont les yeux se sont atrophiés pour la même raison. Il arrive régulièrement que des grosses crues fassent remonter ces bestioles à l’extérieur des grottes, qu’à une certaine époque on imaginait peuplées de dragons. Le corps ondulé et les branchies rouge vif ont fait prendre les protées pour les bébés de ces monstres souterrains. Ceux qui ignoraient la légende ont plutôt parlé de poissons humains, en raison de l’aspect et de la couleur de la peau proches de celle des Slovènes.

La bête

A côté des grottes, nous avons pu voir, dans un vivarium plongé dans la quasi-obscurité, plusieurs exemplaires de cette espèce peu connue, capable de rester dix ans sans se nourrir, de régénérer ses membres perdus et de vivre une centaine d’années.

Alors, bébés dragons, poissons humains ou protées anguillards ? Quel nom préférez-vous ?


Le Lac Sauvage

Après le Lac Intermittent de Cerknica, voici le Lac sauvage. En ce jour de beau temps, ce tout petit lac a l’air tout tranquille, mais après une forte pluie, son niveau peut monter brusquement et même un geyser peut se former. C’est qu’il est relié à des galeries karstiques en profondeur, drainant l’eau d’un vaste territoire. Pour le voir dans cette phase, regardez cette vidéo sur Youtube.

Mais pour nous il est resté calme, et nous avons pu nous promener le long de cette rivière qui mène à Idrija, notre prochaine étape.

Juste au-dessus de la rivière, nous avons suivi un canal conduisant une eau limpide jusqu’à un bâtiment dans lequel nous avons pu entrer

A l’intérieur se trouve la roue géante d’un moulin, de 13 mètres de diamètre, dont l’action est d’animer …une pompe à eau. C’est que, juste à côté, se trouve l’entrée d’une mine. Mais une mine de quoi ?


Mercure l’insaisissable

En 1490 à Idrija, un fabricant de seaux a trouvé dans un ruisseau des petites gouttes de métal liquide. Ce fut le début d’une ère minière extraordinaire pour la ville qui a produit en 500 ans 13% du mercure mondial, le récoltant directement sous forme liquide ou le produisant à partir de minerai (cinabre). Si forcément Idrija s’est enrichie et a fait grandement progresser la science, ça n’a pas été aussi bénéfique pour la planète puisque les 2/3 du mercure produit ont servi à l’extraction de l’or et de l’argent en Amérique, avec la pollution qui s’en suit. Et ça n’a pas été si bon non plus pour les mineurs qui ont souffert de la toxicité du vif-argent, autre nom donné au précieux métal liquide. Aujourd’hui encore, les rivières locales restent polluées et la ville menace de s’effondrer sur le gruyère de galeries qui traversent son sous-sol.

Gouttes de mercure dans un cube de résine
(œuvre d’art du musée)
Miroir ô miroir, dis-moi qui est la plus belle…

Quant à l’origine du nom du métal, il aurait été associé des sa découverte à Mercure le messager des dieux romains connu pour sa rapidité qui le rendait insaisissable. Un peu plus tard, on donna le nom du métal à la planète la plus proche du soleil et donc la plus rapide à en faire le tour (88j). Par ailleurs, Mercure est le dieu des voyageurs, ce qui nous conviendrait parfaitement s’il n’était pas aussi le dieu des voleurs et des commerçants… Bizarre cette association !


Faire dans la dentelle

Les progrès technologiques dans l’extraction du mercure au XVIIè siècle a fait chuter la demande en main d’oeuvre à Idrija et, comme dans d’autres cités minières, ce sont les femmes qui ont pris le relais économique de leur famille en produisant de la dentelle, avec la technique des fuseaux qui demande un temps considérable mais offre une qualité exceptionnelle. La première école de dentellerie a ouvert ici en 1876 et est toujours en activité en 2024. On y accueille des jeunes filles de 6 à 15 ans, toutes volontaires, qui suivent une formation gratuite de 3 heures par semaine et qui dure 6 ans ! Une partie du musée municipal d’Idrija est consacrée à cet art et présente des oeuvres magnifiques, comme on peut en juger sur les photos.


…et 27 font douze

La petite ville de Škofja Loka a quelque chose de spécial en Europe : elle fait partie du douzelage (sic) initié par la cité normande de Grandville en 1991, en gros un jumelage avec 11 autres villes de l’Union Européenne. Seulement voilà, l’Europe entre temps s’est élargie à 28 pays, mais le terme de douzelage est resté.

Sinon Škofja Loka serait la ville slovène au centre médiéval le mieux conservé. Ce qui ne saute pas aux yeux d’emblée, mais le tremblement de terre de 1511 qui a dévasté la ville y est peut-être pour quelque chose. Nous y avons trouvé tout de même une architecture originale et visité dans son château un intéressant musée sur le patrimoine culturel slovène.




Alimentaire mon cher Watson

Juste un titre bidon pour introduire quelques spécialités trouvées dans les magasins. On ne peut pas dire pour l’instant que nous ayons été transcendés par la cuisine slovène.


Arrivés au Bled

Nous terminons notre remontée depuis la pointe Sud de l’Istrie avec le Lac de Bled. Une vague pluvieuse nous coince presque 48h dans Roberto, l’occasion de se reposer un peu et de rattraper notre retard qui dans la planification de notre itinéraire qui dans l’avancée du blog. Dès l’accalmie nous partons à la rencontre de ce lac très prisé des touristes en saison, mais quasi désert en février surtout avec la récente pluie. Partant pour un tour du lac à pied (6 km) nous prenons le temps d’apprécier ses éléments emblématiques : l’ilot central avec sa petite église, le château perché sur son rocher, la grande église de la ville et les bateaux au taud en toile rayée qui relient les quais à l’ilot. Notre promenade s’arrête après à peine 1 km, le sentier piéton étant fermé pour travaux sur 200 ou 300 mètres. Nous pensions emprunter la route, mais celle-ci, tout en étant autorisée aux voitures, est interdite aux piétons. En bon français, nous tentons tout de même le passage par la route, mais un vigile dans une voiture banalisée nous rappelle vite à l’ordre. Voilà comment sont traités les piétons à Bled. Est-ce pour nous forcer à reprendre notre voiture et nous garer à l’autre bout du lac pour 6 euros de l’heure ? Qui sait…



Carte


117. Italie, suite et fin

Notre parcours en Italie se termine, entre le lac de Côme et la petite ville de Muggia, près de la frontière avec la Slovénie. La grisaille et le temps pluvieux vont ternir quelque peu ce trajet et accessoirement les photos, ce sont les risques inhérents au tourisme hivernal, mais nous ferons tout de même de belles découvertes. Vous allez voir ça.

Le Lac de Garde a disparu !

Ce sont les aléas de la météo, annoncée médiocre pour toute une semaine. Nous attendions beaucoup du célèbre Lac de Garde, mais il est ce jour noyé dans la brume. Nous passons notre chemin. Pour les mêmes raisons et pour encore des difficultés de stationnement, nous shuntons la ville de Bergame si chère à Diane Tell.


Le secret de la chapelle

La petite chapelle de San-Martino-la-Bataille, au sud du lac de Garde, recèle une décoration bien spéciale derrière son autel. Point de jolies fresques ou boiseries ouvragées comme ailleurs en Italie, mais un empilement de plus de 1 200 crânes et plus de 2 000 os ayant appartenu à des soldats tombés lors de la bataille de San Martino. C’était en 1859, lors de la seconde guerre d’indépendance italienne qui opposait les royaumes de Piémont et de Sardaigne, aidés par la France, et l’Autriche. Les ossements ont été extraits d’une fosse commune où l’on avait enfoui les victimes de toutes les nationalités. Parmi les crânes empilés donc, des Français nous regardent. Impossible de les distinguer des autres. Quoi qu’en disent certains, il semble ici y avoir égalité devant la mort.


Les aimants de Vérone

Oui, ils sont bien là, au milieu des autres souvenirs, tous ces petits « magnets » en forme de cœur et portant les indissociables prénoms Roméo et Juliette (en Italien bien sûr). Forcément, la ville joue le jeu à fond, les enseignes de boutiques évoquant les héros de Shakespeare sont légion, des grappes de cadenas fleurissent sur tous les ponts. Signe des temps modernes, ils sont volontiers à combinaison, facilitant ainsi le retour sur la parole donnée, contrairement à la clef jetée dans l’Arno. La maison supposée de Juliette est particulièrement visitée, davantage que celle de son malheureux amant d’ailleurs, et nombreux sont les amoureux qui viennent se faire photographier sur le balcon (à 12€ par personne) ou en compagnie de l’effigie de l’intéressée dans la cour, tripotage de seins à l’appui au motif que cela porterait chance. Mais la palme de la récup revient sans hésiter à la police de la ville qui circule en Alpha-Roméo modèle Giulietta, à moins que ce ne soit la firme automobile qui ait eu en premier l’idée d’associer les deux prénoms.


Vérone et le test de pureté

Vérone a bien d’autres attraits que les héros de Shakespeare. Nous avons adoré la voir de haut émerger du brouillard, de notre parking gratuit au pied du château, la rejoindre grâce à un funiculaire que l’on pilote soi-même (ça se limite à appuyer sur l’un des boutons 0, 1 ou 2…) et un joli pont de pierre, la traverser via son labyrinthe de ruelles pavées et explorer ses curiosités. De piazza en piazzetta, nous découvrirons de superbes églises magnifiquement décorées, l’exceptionnelle cathédrale, les anciennes arènes pouvant recevoir 30 000 personne lors du festival annuel de théâtre, le marché et l’animation de la place de l’Erbe, et puis l’Arche de la Côte. Sous cette arche en briques est suspendue une côte de baleine depuis le XVIème siècle. Il parait qu’elle ne tombera que lorsqu’une personne pure et honnête passera dessous. Nous avons essayé au moins trois fois et elle est toujours là. C’est n’importe quoi cette légende !


Les mosaïques d’Aquilée

La ville d’Aquilée fut fondée en 181 av. J.-C. pour y développer un port permettant les échanges entre les romains et l’Europe centrale. Avec 200 000 habitants, elle était devenue la 4ème ville de l’empire Romain quant elle fut mise à sac en 452 par les Huns, ce qui profita aux autres comme Venise. Pour consoler les survivants, un évêque leur construisit une basilique dont le sol était entièrement couvert de mosaïques au symbolisme pro-catholique fort (combat d’un coq et d’une tortue évoquant celui du christianisme contre le paganisme, scènes des évangiles et grande scène marine avec 12 pêcheurs dont on devine qu’ils sont les apôtres). Ce sont donc 760 m² de mosaïques âgées de 1 700 ans que nous foulons de nos semelles impies. Non, en vérité, nous en sommes isolés par des barrières ou par des passerelles en verre. Les premiers donateurs ont aussi leur portrait en mosaïque à l’entrée de l’église, tandis que les 5 euros que nous avons versés à l’entrée ne nous donnent le droit à rien. C’est vraiment trop injuste !


Petit tour au Mont Saint-Michel

J’aurais rêvé de pouvoir me téléporter et déguster une omelette à l’Auberge de la Mère Poulard, mais c’est un tout autre Mont que nous avons visité. Le Monte del San Michele a été, lors de la Première Guerre Mondiale un haut lieu de l’affrontement entre les Italiens et les Austro-Hongrois dans une sorte de ligne Maginot locale de 600 km, avec des tranchées creusées dans le calcaire, des grottes et des tunnels comme seuls moyens de progression. Des moyens technologiques modernes, comme la réalité virtuelle et la réalité augmentée, en parallèle avec une découverte à pied des tunnels, tranchées et grottes à canons, nous ont d’abord permis de nous immerger dans la dure vie des soldats, particulièrement lorsqu’ils ont subi une des premières attaques au phosgène utilisées pendant la guerre. Mais surtout, nous avons eu droit à une passionnante explication des différentes stratégies employées par les opposants pour faire progresser leurs camps respectifs par un guide très pédagogue et développant des efforts de prononciation et de gestes pour que nous comprenions bien ses explications en italien. Une visite exceptionnelle animée par des passionnés, comme on aime.

Pour en savoir plus : https://www.atlantegrandeguerra.it/portfolio/monte-san-michele/ en faisant traduire si besoin en italien par Google.

Et nous avons eu l’honneur de figurer sur la page Facebook du Musée (que vous pouvez retrouver ici) ! Un grand merci !


Dernière étape en Italie

C’est encore dans la grisaille, qui ne nous aura pas lâchés depuis une semaine, que nous visitons Trieste. Si je voulais faire du mauvais esprit, je dirais que le principal atout de Trieste, c’est d’être à côté de Prosecco, un tout petit bled bien plus connu grâce à son vin pétillant. En vrai Trieste est un grand port sur la mer Adriatique, entouré de maisons souvent très hautes puis de montagnes encore plus hautes, les Alpes Juliennes. Comme tous les ports bien situés, elle a attiré la convoitise des autres pays, devenant tour à tour romaine, autrichienne, puis italienne. Les touristes se retrouvent habituellement sur sa grande place, entourée de palaces de styles variés avant d’aller grignoter un truc le long de son petit canal et de remonter dans leur bus. Au mieux ils auront visité un ou deux musées. Bon, vous avez compris, nous sommes un peu lassés de l’Italie, pas parce que le pays n’a plus rien à offrir, loin de là, mais parce que nous avons envie de changer de culture. Ça tombe bien, la Slovénie n’est qu’à quelques kilomètres de là.


Antonio Ligabue

Le nom de cet artiste ne nous disait rien, alors quand nous avons vu l’affiche d’une exposition lui étant consacrée dans ce musée de Trieste et que la bruine commençait à revenir, nous sommes allés nous réchauffer au sec une petite heure et nous immerger dans le monde de l’intéressé. Un style naïf, beaucoup d’animaux et d’autoportraits montrant un visage assez tourmenté, on sent l’homme un peu dérangé. Il connaît malgré tout un succès grandissant auprès des Italiens. Faites-vous votre opinion sur les œuvres ci-dessous et lisez ensuite cette belle présentation de Danielle Dufour-Verna.


La petite ville de Muggio, dans le golfe de Trieste, sera notre dernière étape italienne, mais juste pour y passer la nuit car il n’y a pas grand chose à voir ici. Demain, nous serons en Slovénie, avec du beau temps selon la météo. Chouette !


Ci-dessous la carte de notre parcours :

116. De l’île au lac

Un joli parcours depuis la dernière publication qui nous a amenés du point le plus austral de notre parcours italien jusqu’à la région des grands lacs. Nous avons découvert des merveilles, pas tant dans les paysages un peu ternis par l’hiver qu’au coeur des villes et d’édifices religieux ou encore dans des musées. Sienne, Florence, San Gimignano, Bologne, Milan, Modène, Côme nous ont comblés. J’espère que vous aussi serez conquis.

Nous en étions là…


10 mois où ?

Après sa première abdication en 1814, Napoléon fut contraint à s’exiler. On lui donna le choix entre Corfou et Elbe. Comme il n’avait pas envie d’aller se faire voir chez les Grecs, il choisit la seconde, peut-être aussi pour la ressemblance avec sa Corse natale.

Curieusement, alors qu’il avait annexé de force l’Italie, il fut plutôt bien reçu par les habitants qui y voyaient là une manière de se faire connaître. Imaginez que Napoléon ait séjourné à Saint-Paterne Racan, vous auriez entendu parler de Saint-Paterne-Racan, alors que là, non.

En arrivant là-bas, dans ce qui était devenu son royaume, il entreprit d’emblée de grands travaux pour moderniser l’île, notamment construire des routes et un hôpital (ben oui, pour les accidentés de la route, tiens) Les taxes et les impôts grimpèrent d’un coup et la sympathie des habitants descendit d’autant. Ils auraient bien bloqué les routes, mais elles n’étaient pas encore finies. Le temps que tout ça se mette en place et qu’ils constituent des stocks de lisier-à-projeter, Napoléon s’était déjà fait la malle puisqu’il ne resta dans l’île que 10 mois.

Il eut tout de même le temps d’acheter 2 maisons, que nous avons visitées. La résidence d’été est la plus spectaculaire, affichant un peu partout les symboles de l’Empereur, comme le N, l’aigle ou l’abeille. On y trouve bien sûr les pièces à vivre et du beau mobilier, ainsi que de nombreux tableaux. (suite au prochain épisode)


Tour de l’île

L’île d’Elbe fait 28 km sur 19 et possède un relief assez tourmenté. Roberto s’est fait plaisir en parcourant les petites routes parfois très étroites ou en corniche qui en font le tour. Au gré des criques et des arêtes montagneuses, on découvre de jolis petits villages, hébergeant qui un port de pêche qui une plage et quelques hôtels à taille humaine. La végétation est dominée par les pins parasols et les cactus raquettes, rappelant la Corse à ceux qui y sont allés (ses côtes sont à moins de 50 km de là). Nous sommes passés devant un étonnant télécages (comment appeler autrement cette sorte de télécabine utilisant un genre de cages à oiseaux pour transporter les gens) que nous aurions bien essayé s’il n’était pas fermé. Enfin, le climat est doux, tempéré par la mer Tyrrhénienne. Il a l’air de faire bon vivre ici. Napoléon aurait mieux fait d’y rester au lieu d’aller faire le malin à Waterloo. (suite au prochain épisode)


La fuite organisée

Le départ de l’Empereur était un peu expliqué dans la seconde résidence de Napoléon, que nous avons visitée à Portoferraio. C’est de là qu’il dirigeait son île, accompagné d’une cour de fidèles, et soutenu dans la logistique (euphémisme pour parler des bals, banquets et autres teufs) par sa sœur Pauline. Comme dans la résidence d’été, on y trouve du mobilier d’époque, de nombreux livres ramenés de France, et l’on admire la décoration à l’italienne où tout du sol au plafond est en trompe-l’œil.

Loin de l’évasion sophistiquée de Franck Morris à Alcatraz, le départ de Napoléon était tout de même réfléchi. Il profita du départ de son surveillant anglais, parti rejoindre sa maîtresse à Livourne et des réparations d’un navire de 18 mètres qui s’était échoué dans la rade de Portoferraio la capitale de l’île. Il réarma le navire de canons et de vivres, fit grimper à bord une armée réduite (sic) de 673 hommes et quitta les lieux un soir, acclamé par la population et après avoir serré la main du maire… 3 jours après, il abordait à côté de Cannes et filait à la capitale pour reprendre le pouvoir. Pour un CDD de 100 jours comme chacun sait.


Sienne de vie

Je ne connaissais jusqu’ici de Sienne que la couleur de terre figurant sur mes tubes de gouache au collège ou au lycée, sans d’ailleurs me poser la question de l’origine à cette époque. Il faut dire que les cours de dessin ne m’ont jamais intéressé. Ça ne doit pas être génétique parce que mon frère cadet a fait toute sa carrière comme prof de dessin ! Toujours est-il que nous voilà rendus à Sienne, en Toscane, et que la couleur de la terre récemment labourée dans les champs est effectivement d’une belle couleur marron. Cela dit, il parait qu’aujourd’hui on utilise davantage des oxydes de fer synthétiques qui ont à peu près la même couleur. Ça permet d’éviter de piquer de la terre aux agriculteurs, ils ont assez de problèmes comme ça.

C’est donc plutôt la ville que nous allons visiter. Encore une cité médiévale très haut perchée et piétonnisée. La forte pente des ruelles pourrait être dissuasive, aussi la municipalité met-elle à disposition des touristes et des habitants des escalators en chaînes afin qu’ils puissent parvenir au sommet. Il y a aussi pas mal de défibrillateurs au cas où…

Le point fort de la visite, loin devant tout le reste, est la superbe cathédrale, dont on découvre d’abord la façade de marbre principalement blanc qui éclate au soleil de ce début d’après-midi. D’allure plutôt plane, elle est ornée d’une multitude de sculptures très détaillées sur les angles et autour des portes. Il faut se déplacer sur le côté pour apercevoir le grand campanile noir et blanc et le dôme qui surplombe la nef. A l’intérieur, l’émerveillement se poursuit : grandes colonnes noires et blanches, mosaïques de marbre au sol, grandes fresques murales sur les parois. La bibliothèque en est totalement revêtue, des murs au plafond. Vraiment du beau boulot. Éclipsant les autres attraits proposés par la ville.


Dis-moi qui a la plus grosse…

Oui, San Gimignano est encore une cité médiévale haut perchée et piétonnisée comme la précédente. Mais chacune à sa particularité qui fait qu’on s’y arrête. Là, ce sont les tours qui dominent, 13 sur les 75 d’origine, provenant de cette époque du XIè – XIIème siècle ou les notables construisaient des tours au-dessus de leur palais, voulant montrer chacun aux autres qu’ils avaient la plus grosse. Orgueil mal placé ne profite jamais, la peste et la crise économique du siècle suivant ont fait partir beaucoup d’habitants, vers le cimetière pour les uns et vers la riche Florence voisine pour les autres. Quand on se balade dans les rues étroites de la petite ville, on se demande bien comment on avait pu faire tenir 62 tours supplémentaires. En tout cas, le caractère médiéval est bien conservé et pas trop perverti par le tourisme.


Cachez ce Saint…

Un autre point d’intérêt à San Gimignano est l’église Santo Agostino, ou plutôt ses fresques bien mises en valeur par une grande luminosité qui fait souvent défaut dans nombre d’édifices religieux. Et dans le détail, notre guide papier pointe une curiosité : sur le tableau appelé « Saint Sébastien miséricordieux », au-dessus du Saint en question la Vierge Marie a les seins nus, ce qui est assez rare dans les images liturgiques. Et le plus étonnant parait-il (le second lieu était fermé), dans la cathédrale de San Gimignano figure un autre tableau réalisé par le même artiste, Benozzo Gozzoli, un an plus tard où cette fois c’est Saint Sébastien qui est (presque) nu. La raison est que cette fois il joue le rôle de martyr pour implorer Dieu de protéger les hommes de l’épidémie de peste qui est en cours (1465).


Canem fabula


Fierté


Bellissima Firenza

En se baladant au cœur de Florence, on a l’impression d’être dans une œuvre d’art. Les façades des immeubles et surtout des palais ont un style mi-médiéval mi-renaissance, affichant volontiers des statues dans de petites niches, tandis que les édifices publics comme religieux sont couverts de fresques sur leurs murs comme sur leurs plafonds. Comme nous l’avons déjà constaté ailleurs dans le pays, plus l’aspect extérieur des bâtiments est richement décoré, plus l’intérieur est sobre et réciproquement. Ainsi, l’immense et merveilleuse cathédrale toute de marbres polychromes vêtue est presque vide à l’intérieur. Au contraire, le Palazzo Vecchio, assez sobre à l’extérieur, est presque totalement couvert de fresques sur plusieurs étages à l’intérieur. Nous verrons bien sûr quelques incontournables, comme le Ponte Vecchio, la Galerie des Offices, où l’un des David de Michel-Ange sur la place du même nom offrant un panorama sur toute la ville. Nous dégusterons quelques spécialités locales dans une petite osteria (auberge) du quartier historique. Pour éviter de perdre du temps dans les embouteillages, nous avons trouvé un petit parking tranquille au nord de Florence et pris le tramway 2 jours de suite pour gagner le centre. Florence mérite sans doute un séjour plus long, mais nous avons un long chemin devant nous.


Florence côté face


Jeu d’arcades et tours en péril

Nous quittons Florence et la Toscane pour Bologne, une jolie ville de la région d’Émilie-Romagne. Belle harmonie de façades aux dominantes ocres, grand centre historique aux rues presque entièrement bordées d’arcades, population jeune grâce à son université renommée de longue date, palais et églises richement décorés : la ville n’a pas grand-chose à envier à Florence. Ni à Pise d’ailleurs, grâce à ses deux tours qui penchent méchamment. Certes l’inclinaison de la plus penchée (3,8°) est plus faible que celle de Pise (5,6°) mais, à l’inverse de cette dernière, elle continue de s’aggraver au point que les abords immédiats du site sont fermés depuis cet automne.


Le mythe des spaghettis bolognaise

Levons tout de suite un mythe, la grande spécialité culinaire de la ville n’est pas les spaghettis bolognaise. Je n’en ai trouvé sur aucun menu et il paraît que ça viendrait des américains, ce qui ne m’étonne pas. La sauce bolognaise par contre existe bien. Elle est la base des lasagnes (dire lasagnes bolognaises est un pléonasme) et peut aussi traditionnellement accompagner des tagliatelles. A Bologne, nous avons vu aussi fabriquer un autre mets local, les tortellinis, sortes de raviolis savamment tordus. En cherchant d’autres plats typiques sur un site internet, je tombe d’abord sur un étrange message : « ce site héberge des cookies »… Non non ! les cookies ne sont pas bolognais ! Trève de plaisanterie, j’apprends que la mortadelle, la soupe anglaise (un dessert fait d’un biscuit cuiller trempé dans une liqueur à la cannelle et aux clous de girofle, auquel on adjoint crème pâtissière et chocolat noir) et le gâteau de riz sont aussi des spécialités de Bologne.


La vengeance du sculpteur

Sur la Plazza Maggiore de Bologne trône une statue de Neptune dont l’histoire mérite d’être contée : Elle fut commandée au XVIème siècle par le pape Pie IV au sculpteur Giambologna. Jugeant que l’artiste avait un peu exagéré la taille des organes génitaux, le pape lui ordonna de les rendre plus modestes. Le sculpteur fut bien obligé de s’exécuter mais trouva le moyen de se venger. En effet, lorsque l’on se place à l’arrière droit de la statue, le bras de Neptune brandi à l’horizontale lui redonne une belle virilité !


Ma nuit au musée

Certes, il ne faisait pas réellement nuit, mais après une belle matinée ensoleillée, le ciel s’était bien obscurci l’après-midi et nous nous sommes consolés en entrant visiter un musée un peu spécial dans la vieille université de sciences de la ville. Dans des locaux très sombres accompagné de sons bizarres (je dirais des baleines un peu enrouées pour vous donner une idée) nous longeons des vitrines dont le contenu semble avoir été choisi pour être dérangeant : animaux chimériques ou bicéphales, parties effrayantes d’animaux comme cet intestin d’éléphant ou cette tête toute tordue avec des dents de requin. La pièce suivante est consacrée aux humains, squelettes plus ou moins couverts de muscles comme on peut en voir dans les salles d’anatomie, mais toujours mis en scène : avec une faux, avec des yeux brillants, etc. On y trouve aussi dans un bocal de formol l’avant-bras d’un moniteur d’anatomie accidentellement tranché, selon les dires de l’étiquette, lors d’une séance de dissection. A côté, une tête en cire avec un œil exorbité est censée avoir un intérêt pédagogique, que l’on retrouve d’ailleurs un peu plus loin avec tous les muscles autour de l’œil épinglés sur une planche comme on le ferait pour des insectes. Dans une autre vitrine, une femme pose devant un crâne ouvert le cerveau apparent, avec cette légende : « Auto-portrait »… Il s’agit bien d’une scientifique réputée de l’université ! Last but not least, on découvre dans la dernière salle des dizaines d’utérus en poterie montrant l’évolution des bébés à tous les stades de la grossesse, que celle-ci soit normale, gémellaire ou pathologique, ainsi que les différentes interventions manuelles ou instrumentales pour se sortir des situations difficiles. J’ai adoré, mais je ne suis pas sûr que ce soit pour tout public !


Les ténors de Modène

Tous deux sont originaires de la ville mais ont choisi d’habiter en périphérie, tous deux ont travaillé le moteur de leur carrière, en cherchant à marier au mieux la puissance et la souplesse, tout en développant leurs gammes. Tous deux étaient passionnés de chevaux, l’un comme cavalier et comme organisateur de courses d’obstacles, l’autre en fondant une écurie de course, et tous deux ont accumulé les grands prix. Et tous deux bien sûr aimaient les belles italiennes. Vous avez reconnu Luciano Pavarotti et Enzo Ferrari, dont nous avons visité la maison pour le premier, pleine d’émotion et de souvenirs, et l’exposition-musée pour le second, riche de l’histoire peu commune de l’entreprise et de modèles magnifiques.


I have a dream


J’ai deux Milan

Alors, Claudie et le fan de Michel Sardou que je suis, comme le titre l’indique, avons visité Milan en 6 heures chrono. D’abord parce que nous étions un dimanche et que tout n’était pas forcément ouvert. Et puis parce que nous voulions sortir avant le lundi matin de la ZTL, alias Zone à Trafic Limité, qui, à l’image de nos ZFE limite l’accès des véhicules au centre-ville. Le problème est que les limites sont aussi floues que leurs caméras sont redoutables pour flasher les contrevenants ? Beaucoup de touristes s’en plaignent, bien que l’envoi de la contravention en France ne serait pas aussi systématique que pour les excès de vitesse. En tout cas nous n’avons pas voulu prendre de risque. Et puis nous avons voulu fuir la foule dense qui se pressait dans le quartier historique.

Cela dit, nous avons vu des édifices magnifiques, comme la cathédrale plus jolie en extérieur qu’en intérieur mais dont on peut accéder aux toits, l’église San Maurizio, dont le béton austère de la façade cache, à l’inverse de la cathédrale, un intérieur merveilleux presque totalement couvert de fresques de qualité. Nous avons traversé le célèbre passage Victor Emmanuel, couvert d’immenses verrières. Nous avons visité le musée de la tout aussi célèbre Scala de Milan. Et une bonne partie de la zone historique en marchant une dizaine de kilomètres. L’attraction la plus célèbre, la Cène originale de Léonard de Vinci, n’était visible que sur rendez-vous, avec 3 semaines de délai… Tant pis !




Sauvées de Napoléon

Lorsque l’Empereur de Français envahit l’Italie, bouffeur de curé qu’il était, il fit dégrader nombre d’ouvrages religieux, bâtiments comme œuvres d’art. Parmi ceux-ci, deux ont réchappé à l’Empereur d’une façon singulière.

La statue du pape Grégoire XIII sur le palais municipal de Bologne, trônant là depuis deux siècles, fut déguisée en Saint-Pétrone, le saint patron de la ville, qui attirerait moins l’attention qu’un pape. On lui rajouta une mitre et une crosse en bronze, et on inscrivit au-dessus pour parfaire le stratagème la mention « Divus Petronius Protector et Pater » (Saint-Pétrone Protecteur et Père). La statue du pape échappa ainsi à la fonte et à la transformation en boulets de canon. Aujourd’hui les attributs du Saint ont été retirés mais la mention relative à Saint-Petrone est toujours là. On ne sait jamais.


La Cène de Plautilla Nelli à Florence fut une tout autre histoire. D’abord parce qu’il s’agit de la première Cène peinte par une femme, une religieuse qu’on avait trouvé douée dans ce domaine et à qui l’on avait demandé de peindre une Cène sur un mur du réfectoire de son couvent, à l’instar de la célèbre version de Léonard de Vinci. Mais elle n’avait toujours peint que des tableaux sur toile et ne se sentait pas de réaliser une fresque. Alors elle composa son œuvre à l’huile sur une grande toile et l’accrocha au mur du réfectoire, au côté de fresques classiques. Quand deux siècles et demi plus tard Napoléon ordonna la démolition de son couvent, toutes les fresques furent perdues, mais la toile put être sauvegardée puis restaurée pour être aujourd’hui exposée au public. Ouf !


Côme ci Côme ça

C’est bien la première fois que ça nous arrive en presque 3 ans de voyage : nous avons failli abandonner la visite d’une ville faute de pouvoir y stationner. Après presque une heure à tourner en rond, nous avions renoncé et décidé de poursuivre jusqu’à la ville suivante quand une place de parking s’est soudain libérée sur notre route. Ce qui nous a permis d’apprécier la  jolie ville de Côme, au pied du lac éponyme, et de grimper sur les hauteurs grâce à un funiculaire. Le petit temple au bord du lac et le phare tout en haut sont dédiés à Volta, inventeur de la pile électrique et honoré par l’utilisation de son nom comme unité internationale de tension. Autant dire que les Comasques sont fiers de cet enfant du pays !


Surprise

Faisant le tri parmi mes photos, j’allais jeter le cliché ci-dessous quand soudain…

… mon attention a été attirée par quelque chose de bizarre :

Mais oui, il y avait bien une baleine sur ma photo, créée fortuitement* par la superposition exacte d’un candélabre, d’un arbre taillé en cylindre et d’un cyprès qui dessinaient respectivement la tête, la bouche, le corps et la nageoire caudale de l’animal ! Comme quoi faites toujours gaffe avant de supprimer vos photos.

* certes j’aurais pu vous dire que c’était totalement calculé, mais il faut être honnête de temps en temps !


C’est avec cette heureuse superposition que se termine cet article. Nous allons poursuivre la route vers l’Est en direction de Trieste, ville qui clôturera notre périple italien avant de passer en Croatie. Ci-dessous pour les amateurs de cartes le parcours suivi dans cet article. A très bientôt !

115. Cap Sud-Est

C’est reparti ! Après cette longue pause métropolitaine, nous entamons la 3ème boucle de notre périple vers le Sud-Est de l’Europe. Partant d’une petite excursion au pays de Cervantes, il nous faudra d’abord traverser toute la France pour rejoindre l’Italie, avec forcément au passage quelques visites intéressantes malgré le temps plutôt froid et maussade. Au fait, c’est quand le réchauffement climatique ?

Escapade ibérique

cap sud-est à partir de maintenant
La baie et la plage de San Sebastian

Stationnés au Pays Basque pour le réveillon, nous avons profité de l’unique journée de beau temps – bien qu’un peu frisquet – pour faire un rail-trip en Espagne jusqu’à San Sebastian. Le soleil qui nous a attirés a eu malheureusement même effet sur les (autres) touristes. N’ayant pas prévu initialement de nous baigner pour cause de mer gelée, nous avons tout de même été contraints de nager dans la foule. Avec pour effet de pénaliser la beauté du lieu.


Réveillon gastronomique

Entre amis, à St Jean de Luz, au restaurant L’instinct où travaille notre grande fille – c’était l’occasion de tout de même la voir ce soir-là, nous avons dégusté un délicieux repas gastronomique. Il ne fallait pas se laisser impressionner par le menu, bien plus axé sur la qualité que la quantité. Un délice. Et une très bonne adresse si vous passez par là 😋

port de st jean de luz
Le port de pêche de Saint-Jean-de-Luz

Bonne année !

voeux roberto 2024
Bonne Année 2024 à tous les nomades, à tous ceux qui rêvent de le devenir,
et à tous ceux qui voyagent avec nous via les réseaux !

Roberto en redemande

Iveco Fiat Cayla S.A. Rodez
J’adore le style de la salle d’attente d’Iveco-Fiat à Rodez. En plus ils sont super gentils

Nous avons rendez-vous à 8h ce matin-là au garage Iveco-Fiat de Rodez pour une dernière réparation avant notre boucle sud-est-européenne. Lors d’une précédente révision à Agen, le garage Fiat de là-bas avait décelé une « importante fuite d’huile » et proposé comme seule solution de déposer le moteur pour voir d’où ça venait, rien que ça. N’ayant rien remarqué jusqu’ici, un peu suspicieux sur la réparation proposée (un peu comme si un médecin disait à son patient : vous avez un peu de tension, il faudrait sortir votre cœur pour voir si ça ne vient pas de là) et surtout ayant d’autres projets à court terme, nous avions décliné et repris la route. Tout en surveillant un peu le sol après nos stationnements et en surveillant le niveau d’huile. Sans remarquer de d’anomalie après plusieurs mois. Toutefois, lors de la précédente visite à Rodez, nous en avions parlé et ils ont confirmé un certain degré de fuite. Habitués à entretenir les camping-cars basés sur Ducato, ils avaient déjà rencontré le problème, qui venait selon eux d’un bouchon du carter d’huile qui s’était partiellement dévissé. L’accès en était difficile, il fallait démonter un phare et puis un autre truc dont je ne me souviens plus, mais en tout cas pas le moteur ! La réparation a été faite en 2h30, pendant lesquelles on nous a gentiment proposé d’attendre dans une petite salle au chaud (températures négatives dehors ce jour-là), café à disposition si besoin. Roberto est maintenant fin prêt pour la 3ème boucle de son tour du monde.


Intermède vanlife


Poète poète stéphanois

Il ne faut pas s’mentir,
Avec ce temps neigeux
Pas trop envie d’sortir.
Nous avons préféré
Aller voir c’était mieux
l’expo des passementiers

Il ne faut pas s’mentir
Les passementiers d’Saint-É
Plutôt que de mourir
Dans les mines de charbon
Ont su bien exploiter
Un tout autre filon

La passementerie c’est l’art
De tresser quelques fils
Pour en faire des Damart,
Des ceintures, des rubans,
Des franges torses graciles.
Et même des sous-vêtements

exposition rubans
Le tissage des rubans aujourd'hui

Romans-photos

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De boulanger à cordonnier…

…ou l’histoire étonnante du facteur Cheval, architecte de l’étrange. Il consacra 35 années de sa vie à bâtir son extravagant « Palais idéal » à l’aide de matériaux qu’il trouvait pendant ses tournées quotidiennes de 43 km et qu’il ramenait après son travail avec une brouette. Le palais fut achevé en 1914, mais il fallut attendre 1969 pour que l’oeuvre soit classée aux Monuments historiques. Ferdinand Cheval n’a pas toujours été facteur. Il commença sa vie active comme boulanger, et c’est peut-être le pétrissage de la pâte qui l’incita à malaxer les différents mélanges composant son palais. Contrairement à ce que pourrait suggérer mon titre, il ne fut jamais cordonnier. C’est juste que, malgré avoir fait plusieurs fois le tour du Palais, je n’y ai pas trouvé de boîte aux lettres. Et comme on dit, les cordonniers sont les plus mal chaussés…


On termine par la boutique, avec une récupération un rien tendancieuse de l’un des textes du palais. Jugez-en…


Plutôt dessous que dessus.

Le pont d'Avignon
Le Pont Benezet à Avignon

Visiter Avignon sans voir le pont si célèbre était impensable. Maintenant je mourrai moins bête en sachant que ce pont n’atteint plus l’autre côté du Rhône depuis longtemps, avec seulement 3 arches subsistantes sur les 22 d’origine, et surtout qu’on n’y a jamais dansé tous en rond, l’étroitesse du passage ne le permettant pas. Par contre il est probable qu’on y ait dansé au-dessous, au niveau de l’île centrale qui abritait une guinguette. La comptine mériterait d’être corrigée, mais tant qu’elle permet d’attirer 400 000 visiteurs par an, la ville d’Avignon ne se presse pas. Les beaux messieurs et les belles dames du conseil municipal font cooomme ça.

Le pont d'Avignon

Retenue à la source

Voilà une expression qui conviendrait bien à ce lieu étonnant que nous a fait découvrir Françoise, notre amie l’isloise. Nous sommes à Fontaine de Vaucluse, à l’endroit précis où nait la Sorgue, pas si connue mais pourtant la 1ère source de France métropolitaine et même la 5ème mondiale avec un débit moyen équivalent à 17 800 litres de rhum par seconde. Ou d’eau si vous voulez, mais ça fait tout de suite plus impressionnant avec le rhum 😉

Au pied d’une falaise, un gouffre qui n’a pas encore fini d’être exploré laisse apparaître une jolie nappe vert émeraude qui semble tranquille. L’eau passe ensuite sous des rochers avant de laisser place à un fort courant aussi vert que limpide.

Françoise nous montre des photos prises 3 semaines auparavant, où l’on voit que l’eau du gouffre était plus haute d’une dizaine de mètres et que les rochers aujourd’hui à sec étaient noyés sous un vif courant. Dès qu’il a plu un peu ou beaucoup, toute l’eau du coin se retrouve retenue ici.

J’espère qu’à vous aussi mon petit topo aura plu un peu ou beaucoup.


Argent public


France-Italie


San Remo sans Milan


Hemingway sur le carreau


Peinture à l’eau

D’abord, la petite ville de Portofino, surnommée la perle de la Riviera italienne, se mérite. Une première tentative d’y accéder avec Roberto a échoué : bien que respectant le gabarit autorisé (max. 6m de long et 2m30 de large) nous avons été sans ménagement invités à faire demi-tour, les places de parking étant peut-être déjà complètes à 10h du matin. Nous avons alors rejoint, par la petite route aussi étroite que sinueuse, le parking le plus proche, à 5 km de la ville, rejoignant cette dernière en bus.

Mais le désagrément est vite oublié devant cette merveille : autour d’un petit port aux eaux bleu-vert se dresse une ceinture de façades alternant les couleurs chaudes et munies de volets verts comme c’est classique en Italie. Mais là, c’est la tranquillité du lieu qui fait la différence (précisons que nous sommes en basse saison) et les petits sentiers sillonnant la forêt alentour, menant qui au Château Brun qui au phare, avec des vues magnifiques sur le port et la baie.

Au retour de balade, nous fêtons dignement mon anniversaire dans l’un des rares restaurants du port, appréciant de notre table, outre des mets délicieux, la vue sur les façades colorées et leurs reflets ondoyant sur la rade. Vraiment un bel endroit, qui nous fait réaliser la chance que nous avons de pouvoir voyager.


Ne pas tomber dans le panneau

Où ne pas se laisser impressionner par le paysage !


Un bisou s’il vous plaît !

Assis à la terrasse de ce café à Gênes, ça m’a fait bizarre de demander au serveur un bisù (prononcer bisou) et il a eu d’ailleurs un petit sourire en coin…

C’était notre premier contact avec la pâtisserie italienne, plutôt raffinée et appétissante. Nous en avons aperçu bien d’autres par la suite, dans les vitrines des pasticcerie, mais difficile de goûter à tout !


La terre du milieu


À Élisa et Achille

Cette dédicace n’est pas pour la seule Élisa que je connaisse (désolé @elisaroland mais je te promets de t’en rédiger une lorsque je serai au Brésil) mais elle est bien pour Achille mon fils, passionné de Napoléon. Car l’Élisa en question, c’est bien la sœur de Napoléon, à qui il a offert la ville de Lucques en 1809 après avoir annexé la Toscane en 1805. À l’époque, les habitants les plus riches de la ville, comme ailleurs en Toscane, faisaient construire une tour sur leur palais, la plus haute possible évidemment. Le problème est qu’elles étaient particulièrement ciblées lors des différentes attaques, et aujourd’hui il n’en reste plus que 9 sur les 250 initiales. La Tour Guinigi, avec ses 45 m de haut, a été choyée par la grande-duchesse de Toscane, Élisa, sans doute en raison de son jardin au sommet qu’elle a bien entretenu. Les chênes qui y poussent font la fierté de la ville et représentent une attraction étonnante, pour peu qu’on veuille bien gravir les 230 marches qui mènent au sommet. Avec une vue époustouflante à la clef bien sûr.



Transition

L’évocation de la sœur de Napoléon me permet une transition facile avec notre étape suivante : Piombino, port d’embarquement pour une destination spéciale, que vous découvrirez dans la prochaine publication… A bientôt !

Et la carte du trajet, ne perdons pas nos bonnes habitudes ! Vous pouvez avoir une version zoomable en cliquant ici

114. Fêtes seulement

Les fêtes de fin d’année sont l’acmé des relations familiales et amicales. Le temps qui y est consacré réduit d’autant la rédaction du blog, limitée à quelques articles ce mois-ci. Mais c’est pour mieux rebondir l’année prochaine, promis !

À couteaux tirés

Sur fond d’une neige tombante, qui est probablement la première que rencontre Roberto, une énorme main munie d’une arme blanche émerge d’un brouillard à couper au couteau. Elle signale l’entrée du musée que, joie du tourisme hors saison, nous sommes les premiers à visiter ce matin.

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On nous montre d’abord une petite vidéo où un présentateur à l’humour bien aiguisé nous fait l’historique de la marque, de la découverte du concept en 1829 jusqu’aux ateliers d’aujourd’hui. Pour couper court, le laguiole (oui, c’est bien de lui dont on parle et oui, c’est bien devenu un nom commun) est né du mariage entre le capuchadou, un petit couteau à lame fixe fabriqué localement, et la navaja au manche courbé que les scieurs de long du pays ramenaient d’Espagne après leur saison.

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La visite se poursuit par l’ancienne forge, où l’on découvre les faibles moyens dont disposaient les couteliers au XIXème siècle, puis par les ateliers modernes, fonctionnant en open space car chaque artisan fabrique son couteau de A à Z, se déplaçant de poste en poste. Dans des vitrines sont exposés des couteaux Laguiole de différentes périodes ou de différentes fonctions (de l’œuvre d’art pure aux couteaux de chasseurs).

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La boutique est magnifique, les lames de centaines de couteaux étincelant sous les leds, sur des présentoirs où toutes les matières des manches sont décrites, de la corne de buffle à la dent de mammouth en passant par de multiples essences de bois. Un certificat d’origine est remis pour chaque achat, préservant du risque de tomber sur une des nombreuses contrefaçons, qui émanent majoritairement d’entreprises chinoises contre lesquelles les deux ateliers laguiolais luttent …à couteaux tirés.


Intermède météo


IA IA OH !

Si vous ne connaissez pas la comptine « Dans la ferme de Mathurin » qui tourne en boucle sur le jouet électronique de ma petite fille d’un an, alors c’est tant mieux, parce que vous ne vous endormirez pas avec la ritournelle « iha iha oh » dans la tête (pour les incrédules, allez écouter ça sur YouTube) et parce que, malgré la similitude phonique, ça n’est pas du tout le sujet.

Nous allons parler ici d’intelligence artificielle (IA pour les intimes) que je me suis laisser tenter à essayer. Je connais bien sûr le fameux ChatGPT, outil intéressant mais qui ne produit que du texte. Or depuis le mois d’octobre, le moteur de recherche de Microsoft, Bing, intègre une IA performante appelée DALL-E 3. Il suffit d’avoir un compte Microsoft, genre une adresse Outlook, pour commencer à s’amuser. Les photos ci-dessous montrent les différentes requêtes que j’ai pu faire, et les images (4 propositions à chaque fois) créées en quelques secondes. Même si les propositions sont encore perfectibles, c’est bluffant, non ?



Le quizz du mois


L’énigme du mois

La scène se passe à Issoire, une jolie cité d’Auvergne célèbre pour son abbatiale que vous trouverez photographiée plus bas. Un médecin de famille installé là depuis longtemps se rend d’abord à Hérange, un hameau voisin pour y consulter Sam, un petit garçon de 3 ans qui s’est tordu le poignet en jouant trop fort à la console. Dans la même journée, l’après-midi à son cabinet, il reçoit un autre petit garçon étonnamment du même âge et portant le même prénom que celui du matin. Sauf que celui-ci a 39° C de température depuis 4 jours et que cela inquiète bien sa maman. Sans même avoir encore examiné l’enfant, le médecin a déjà sa petite idée… Et vous ? (réponse à la fin de l’article suivant)

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Une crèche sympathique dans l’autel mais surtout des colonnades et des vitraux très fouillés

Réponse au quizz du mois : il s’agissait de Clermont-Ferrand, le chef-lieu du Puy-de-Dôme. Vercingétorix, en bon Gaulois résistant, y a vaincu les Romains (en fait à Gergovie, juste à côté). Le pape Urbain II a été le premier du genre à y lancer une croisade pour défendre les chrétiens d’Orient. Blaise Pascal y est né. Les indices étaient les pierres volcaniques des édifices, le musée Bargoin, en service depuis 1905 et le numéro du département sur une plaque minéralogique.


Question à deux balles

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Il y a ceux qui sont dans le trou et les autres. Alors, une petite idée ? Réponse à la fin de l’article suivant

Réponse à l’énigme du mois : Il s’agissait bien sûr de la fièvre du Sam d’Issoire


Roberto retrouve son lieu de naissance

Nous avions depuis plusieurs mois remarqué que notre batterie cellule ne se rechargeait plus en roulant. Nous n’étions plus alimentés que par les panneaux solaires, c’est à dire pas grand chose en hiver (soleil bas, mauvais temps, etc.). Le câble venant de l’alternateur montrant une tension correcte, le problème ne pouvait survenir que du chargeur incorporé à notre batterie. Nous profitons de l’occasion pour aller faire une petite visite à notre aménageur de Rodez, Stephan de Loisirs 12. Après rapides vérifications, il conclut que notre alternateur devenu moins vigoureux au fil du temps ne fournit plus à notre batterie cellule une tension suffisante pour déclencher le fonctionnement du chargeur. Heureusement, le cas est prévu : il « suffit » de relier un « plus après contact » au chargeur pour l’informer qu’il faut charger la batterie cellule dès que le moteur est en marche. J’ai mis « suffit » entre guillemets, car le passage de ce petit câble une fois l’aménagement terminé a donné un peu de fil à retordre – c’est le cas de le dire – à la concession Fiat/Iveco voisine à qui nous avons confié l’opération. Mais depuis, nous avons le bonheur de voir notre batterie se charger de nouveau, même pour 10mn de circulation en ville. Il n’y a pas de petit plaisir, lorsqu’on vit en fourgon aménage, l’autonomie est vitale.

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La jolie ville de Rodez
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Réponse à la question à deux balles : Nous sommes à Bozouls, en Aveyron, célèbre pour son cirque en fer à cheval, appelé Trou de Bozouls, dû à la lente érosion du calcaire par un petit affluent du Lot, le Dourdou.


La découverte culinaire du mois

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On n’arrête pas le progrès, les oignons qui ne font plus pleurer sont bien là sur les étalages ! Mais pourquoi n’y avait-on pas pensé plus tôt ?

Cela dit, ça m’a donné une idée pour un autre produit, pour l’instant encore dans mon imagination :

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M. et Mme ont une grande famille

Allez, juste pour le plaisir, et notamment parce que la seconde est d’actualité, je vous retransmets ces deux devinettes qui ne sont bien sûr pas de moi. Mais je m’y mettrai peut-être un jour, qui sait.

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Betty, Baba, Noëlle, Candice et Sandra

La trêve des voyageurs

Encore une quinzaine de jours et nous terminerons cette longue pause métropolitaine en reprenant la route en direction de l’Europe du Sud-Est. De l’Italie à la Turquie dans un premier temps, en longeant le flanc Est de la Mer Adriatique. Grâce aux polos superbement imprimés avec notre logo, cadeau attentionné reçu à Noël, la team Roberto est parée pour de nouvelles aventures. Rendez-vous fin janvier pour les premières étapes. En attendant, nous souhaitons à tous nos lecteurs une joyeuse et festive fin d’année.

113. Novembre

Un titre court pour un mois court. Encore bien occupés par la famille, quelque peu restreints par le mauvais temps dont nous avions perdu l’habitude, nous avons tout de même sillonné encore et encore le quart sud-ouest de la France et fait quelques découvertes. Le mois sera tout de même marqué par l’adoubement d’une jeune vanlifeuse. A voir plus bas !

De saison


Sarladaises, comme les pommes

Nouvelle découverte sur notre route au cœur du Périgord noir, la jolie ville médiévale de Sarlat, dont nous n’avions connaissance que par les menus des restaurants servant des pommes de terre tantôt « sarladaises » tantôt « salardaises », qui se distinguent dans les deux cas par une cuisson dans la graisse d’oie ou de canard et un assaisonnement d’ail et de persil. Afin de lever tout doute sur l’orthographe, je suis allé consulter un forum ad-hoc. Je suis tombé sur une discussion typique en 45 messages perturbée dès le début par un intrus qui se fait malmener joliment. Je vous la laisse en pâture.

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Sinon Sarlat est une petite ville moyenâgeuse très photogénique, même par temps maussade, avec une belle homogénéité dans la couleur (ocre clair) et l’architecture bien restaurée. Hors saison, la circulation dans l’entrelacs de ruelles est facile, mais vu le nombre de restaurants et de boutiques, on imagine sans peine la foule dense qui doit piétiner ici l’été.

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Faudrait savoir…

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Il existe en fait une explication à cette apparente confusion : le côté « non potable » est celui où les campingcaristes déversent leurs cassettes de WC chimiques et les rincent. Des projections pourraient souiller le robinet et rendre ainsi l’eau non potable. Merci en tout cas au joli village corrézien de Sadroc de mettre gracieusement à disposition des voyageurs nomades cette installation. Une prise électrique est même disponible. Chapeau, c’est rare !


Une faille dans la laïcité ?

C’est la question que nous nous somme posé en traversant Villedieu-sur-Indre, une petite commune de 2800 habitants. L’église qui trône au centre du bourg porte sur son fronton la mention « République Française ». Le bâtiment aurait-il été désacralisé et racheté par la mairie pour y installer ses services ? Nous rentrons pour voir l’intérieur : pas de doute, il s’agit bien d’une église. Alors ? L’explication figure sur un panneau pas loin de l’entrée. En 1835, l’association qui gérait l’église bâtie sur un terrain communal demanda l’autorisation d’y effectuer des travaux de rénovation et d’y installer un clocher. N’obtenant pas de réponse, elle entreprit tout de même les travaux, faisant alors réagir le conseil municipal qui décida de s’y opposer. Quelques années plus tard, un compromis fut trouvé, permettant le maintien du clocher en contrepartie de l’apposition de la mention « République Française » bien en vue au-dessus de la porte d’entrée et de l’obligation de faire sonner la cloche tous les 14 juillet. La morale était sauve et la querelle de clocher résolue.


Le musée du compagnonnage, enfin

Vous vous rappelez peut-être de notre « cassage de nez » il y a 2 mois lors de notre première tentative de visite de ce musée. La seconde fut la bonne et nous avons pu enfin admirer les chefs d’œuvres exposés, pour la plupart des œuvres dites « de réception », réalisées par chaque compagnon pour sa propre cérémonie d’intronisation. A ouvriers d’exception, formés par des maîtres d’exception, œuvres d’exception.

Le musée retrace aussi la longue histoire du compagnonnage, difficile à retranscrire en quelques lignes, mais que le site du musée résume bien par « l’existence, depuis le Moyen-Âge, de groupements de jeunes ouvriers qui voyagent, s’entraident, pratiquent des rites en diverses circonstances et possèdent des attributs et un vocabulaire identitaires ». Pratiquement tous les corps de métiers sont représentés, du moment qu’ils sont « manuels, liés à la transformation de la matière lors d’un processus complet ». Les œuvres du musée sont d’ailleurs classées par matière : le bois, la pierre, les métaux, le cuir et les textiles, l’alimentation. C’est très humblement que mes photos suivront cette classification, après une courte partie sur les débuts du compagnonnage.

  • Histoire et légendes
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Le Père Soubise, Salomon et Maître Jacques, les 3 fondateurs légendaires du compagnonnage. Ils auraient pu participer à l’édification du Temple de Jérusalem (ou Temple de Salomon) au Xème siècle av. J.-C.
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  • Les métiers du bois (charpentiers, menuisiers, charrons, sabotiers, vanniers, etc.)
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NB Les sabots du haut et les anneaux de bois qui les relient sont faits d’une seule pièce de bois !
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Connaissiez-vous cet alphabet ? (l’explication est au bas de l’image…)

  • Les métiers de la pierre (tailleurs de pierre, maçons, plâtriers, couvreurs, etc.)
Z

  • Les métiers du métal (forgerons, mécaniciens, serruriers, maréchaux-ferrants, carrossiers, chaudronniers et plombiers-zingueurs)
Z
Grille de parc à l’échelle 1/10 constituée de 2325 pièces et ayant nécessité 14 ans de travail !

  • Les métiers du cuir et du textile (cordonniers-bottiers, selliers-bourreliers, maroquiniers, tapissiers, etc.)

  • Les métiers de l’alimentation (boulangers, cuisiniers, pâtissiers, confiseurs, bouchers, etc. Seules les œuvres en pastillage (sucre glace, eau, gélatine et jus de citron) ou en pâte à nouilles peuvent être conservées)(oui parce que le Taj Mahal en steak haché du XIXème siècle n’est plus présentable)
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Composition en sucre sur le jeu d’échecs (1981, restaurée en 2018) (1 an de travail)
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Vielle en sucre (1978) (seules les cordes ne sont pas en sucre…)
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Hospices de Beaune (1978) (20 kg de pâte à nouilles, colorants alimentaires – 20 000 tuiles pour le toit) (800 h de travail)

Se tenir au courant


Une ville mal nommée ?

Nous quittons la Touraine en direction de la Loire (les zigzags, vous vous rappelez ?). L’alternateur a bien maintenu la charge et c’est en toute autonomie que nous pouvons faire étape pour la nuit sur les rives de l’Allier à Moulins.

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La silhouette de la ville apparaît au petit-jour. « Moulins« , vous avez dit ??? Et pourquoi pas plutôt « Églises » ?


Bouthéon, le château-zoo

Ayant la garde de notre petite fille pour l’après-midi, nous cherchons une destination un peu champêtre proche de l’agglomération stéphanoise, idéalement une randonnée compatible avec les poussettes. Mais les sites qui recensent ou qui offrent ce critère de sélection ne sont pas légion. Créateurs d’applications sur smartphone, voilà une idée à prendre. C’est ainsi qu’à défaut de pouvoir trouver une rando-poussette à proximité, nous nous retrouvons au Château de Bouthéon. Nous nous sommes limités aux extérieurs, parce que les escaliers en colimaçon et les portes étroites auraient eu raison de la poussette de compétition aimablement prêtée avec la jeune fille. Mais les extérieurs se sont révélés plutôt agréable, baignés dans un joli soleil automnal. Jolis jardins bien dessinés et bien entretenus aux pieds du château, Et deux circuits d’allées accessibles aux poussettes bordés d’animaux fermiers de toutes sortes, en cage, en enclos ou en liberté, qui ont bien fasciné notre petite visiteuse de 11 mois.

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Voyager à Grand Frais

N’allez pas imaginer que nous nous sommes lancés à voyager de palace en palace laissant notre Roberto aux bons soins d’un « valet parking ». Non, c’est juste que nous venons de découvrir l’enseigne spécialiste des aliments frais qui a fêté l’an dernier ses 30 ans d’existence. Le nom ne nous était pas inconnu pour autant, mais nous avions ce préjugé que l’on n’y trouvait que des fruits et légumes et qu’il nous fallait obligatoirement pour le reste de nos courses recourir à un autre magasin. Par ailleurs l’enseigne n’existe pas partout. Elle est notamment curieusement absente de Paris et ne se trouvait pas non plus sur la minuscule île où nous avons habité ces 12 dernières années. Quoi qu’il en soit, nous avons franchi la porte de l’un des magasins et avons été très impressionnés par la qualité des produits et de leur présentation, par leur grande diversité. Pourtant grands voyageurs et connaisseurs de beaucoup de fruits et légumes « exotiques », nous avons découvert en une demi-heures davantage d’espèces inconnues pour nous jusque là que lors d’un voyage d’un mois en Amérique ou en Asie. Vous qui avez soif de découvertes, venez-donc goûter au paradoxe de voyager à Grand Frais pour des prix raisonnables !


Vanlifeuse à 11 mois

Notre adorable petite Mélissandre a été adoubée vanlifeuse après quelques nuits et kilomètres d’essai dans Roberto. Comme beaucoup de jeunes enfants, elle aime quand ça roule (c’est vrai aussi pour la poussette…) et semble captivée par le paysage qui défile quand ce ne sont pas les vibrations qui l’endorment. A 11 mois, un équipement minimum est nécessaire comme le siège auto adapté, qui nous a été prêté par les parents. Nous avons investi de notre côté dans un lit parapluie spécial vanlife qui est maintenu par quatre sangles aux parois ou au plafond du véhicule. Pour la nuit, il est placé sur les sièges avant retournés, tandis que pour les siestes diurnes il est posé sur le lit à l’arrière. Dans les deux cas, la porte du cabinet de toilette une fois ouverte isole les deux espaces du bruit et de la lumière : nous faisons notre vie de notre côté pendant que la demoiselle dort. Pour le reste ça n’est pas bien compliqué, le sol moquetté et les lits font d’excellents tapis d’éveil. Le galop d’essai étant validé, nous passerons à l’étape suivante mi-décembre pour plusieurs jours de voyage avec notre jeune passagère qui aura tout juste soufflé sa première bougie. L’aurons-nous convertie à une future vie nomade ou plus simplement aux voyages ? Seul l’avenir nous le dira… Mais ce que nous pouvons retenir est qu’il n’est pas si compliqué de voyager en van ou en fourgon avec un très jeune enfant et qu’il serait dommage de se fixer des barrières si l’on aime ce mode de vie.

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Préparation du lit pour la nuit

On a touché le fond (du puits)

De passage au Cap Ferret, nous tombons sur ce qui ressemble à un puits de pétrole sur fond de paysages de dunes. Damned, aurions-nous emprunté un trou de ver (une faille dans l’espace-temps) qui nous aurait téléporté en Arabie Saoudite ou au Texas ? Mais non, un panneau bienvenu nous permet à la fois de toucher du bois pour nous ramener à la réalité et de confirmé qu’il s’agit bien d’un pompage de pétrole sur le sol français. Plus surprenant, nous apprenons que c’est une entreprise canadienne qui gère ce forage, comme la majorité des forages français d’ailleurs. Pour parodier un slogan célèbre, en France on a du pétrole, mais ce sont les canadiens qui ont des idées. Sinon le coin est joli, rendu très sauvage par l’interdiction de marcher sur les plages et sur 99% des dunes. Il offre tout de même une belle vue sur la Dune du Pilat, de l’autre côté du bassin d’Arcachon

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Les plages ici sont interdites, mais apparemment pas pour tout le monde
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Sur le chemin du retour, jolie vue sur la Dune du Pilat, de l’autre côté du bassin d’Arcachon

La maison de l’huître

Poursuivant notre tour du bassin d’Arcachon, nous nous arrêtons à la Maison de l’Huître, en plein coeur de la zone ostréicole. Nous profitons d’une visite VIP par un ostréiculteur passionné pour (presque) tout apprendre sur son métier et sur l’histoire et l’origine des huîtres que nous consommons aujourd’hui. Plein de petits restaurants juste à côté sur le port nous permettront de passer de la théorie à la pratique avec le petit vin blanc qui va bien. Et vous, savez-vous combien d’espèces d’huîtres sont exploitées en Europe ? Connaissiez-vous les huîtres triploïdes et savez-vous pourquoi vous avez plus de chances de les retrouver dans votre assiette en été ? Bien sûr vous pouvez demander les réponses à votre ami Google, mais pourquoi ne pas venir les chercher ici à la Maison de l’Huître ? Vous pourrez ensuite aller tester vos connaissances dans un des petits restaurants voisins. Autour du petit verre de vin blanc qui va bien.

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La belle époque

Nous voilà partis à la découverte d’Arcachon. Nous commençons par la ville d’hiver, un quartier qui concentre un grand nombre de somptueuses demeures d’un style dit « pittoresque » mélangeant des éléments de chalets suisses, de demeures coloniale ou de palais mauresques. Elles ont toutes été construites à la « belle époque », une période de plusieurs décennies de paix interrompue en 1914, pour être vendues ou louées à de riches familles. Le thermalisme et les bains de mer étaient alors en plein essor, réputés efficaces pour soigner toutes sortes de maladies dont la tuberculose, largement répandue jusqu’à l’arrivée des antibiotiques en 1945. Et même alors, les riches bien-portants ont succédé aux riches malades. La ville d’Arcachon recevait régulièrement des hôtes célèbres, de Gustave Eiffel à Sissi l’Impératrice, lui conférant une renommée internationale.

Elle fut aussi remarquée pour une installation sportive insolite. A votre avis laquelle ?
1) une piste de ski sur aiguilles de pins ?
2) des courts de tennis en coquilles d’huîtres concassées ?
3) un bassin de hockey subaquatique ?

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Et pour départager les ex aequo, quel est l’arbre sur la dernière photo ?


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sa promenade en bord de mer,
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ses grands hôtels,

Ce n’est que Justiz

Notre aînée Amandine basée  à St Jean de Luz nous emmène de l’autre côté de la frontière, en Espagne, randonner dans un site superbe dont le point de départ est le hameau Justiz. Suivant quelques minutes la petite route, nous devons l’abandonner car elle est occupée par un attroupement de chevaux sauvages qu’on croirait entrain de manifester. « Laissez les routes aux chevaux, vous les avez suffisamment occupées et vous nous avez suffisamment exploités. Justice pour les chevaux sauvages » croirait-on entendre. Alors nous coupons à travers champs, de grands espaces ou broutent tranquillement chevaux, vaches et moutons. Nous rejoignons le littoral que nous allons longer plusieurs kilomètres sur une sorte de sentier des douaniers (pas sûr que ça existe en Espagne). Côte sauvage et rocheuse, petites criques, piscines naturelles : que du bonheur !

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Retour à St Jean de Luz avec quelques clichés du très photogénique port de pêche
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Débit de poissons

Encore un jeu de mots foireux dont j’ai le secret. Je n’ai pas trouvé mieux pour introduire notre dernière visite de Novembre à l’aquarium de Biarritz. Un bel ensemble de bassins bien entretenus classés par régions : Atlantique Nord, Caraïbes et Indo-Pacifique. Coraux magnifiques, belle collection de méduses, espèces rares. Un régal pour les yeux et toujours 2 ou 3 trucs à apprendre pour les grands enfants que nous sommes.


Ainsi se termine notre mois de Novembre. Nous nous dirigeons maintenant vers la période des fêtes. Notre projet actuel reste de repartir sur les routes début Janvier, en direction de la côte Adriatique et de la Turquie.

Merci de nous suivre et à bientôt.