140. Autriche

Hasard de la route, c’est par sa capitale Vienne que nous abordons le pays. Plus nous allons vers l’Ouest de l’Europe, meilleure est la qualité des infrastructures, mais en contrepartie, plus le coût de la vie et du gazole augmente. Et plus la différence avec la France en termes de paysages et de culture s’amenuise. Notre appétit de découverte sera-t-il satisfait ?

Notre parcours en Autriche
Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

Autri-chiens

Entre la frontière et la capitale, nous faisons un arrêt technique à une laverie en self-service. Nous avons la surprise de constater que la moitié des machines et séchoirs est réservée aux effets des animaux domestiques, ce qui est effectivement une bonne chose car nous avons déjà pu constater dans des séchoirs des boules de poils qui n’avaient rien d’humains, suite à un probable lavage de couverture canine ou féline. Ici les animaux ont même droit à un bac pour se laver. A quand les douches pour humains dans les lavomatiques ? A bien y réfléchir, dans autrichien il y a … chien. Ceci explique peut-être cela.


Roulez vieillesse

Nous abordons Vienne par l’Est, ce qui nous fait passer tout près de la grande roue qui tourne presque sans discontinuer depuis 1897. Cet emblème de la capitale doit sa célébrité au film Le 3ème Homme tourné ici en 1949 et ayant reçu la Palme d’Or du festival de Cannes la même année. Nous avons revu le film à cette occasion, eh bien il n’a pas pris une ride.


Pluie = musée

Notre équation habituelle nous conduit au Palais du Belvédère, joyau de l’art baroque inspiré de Versailles construit au début du XVIIIe siècle, conçu dès le départ pour allier architecture, art et nature. Traversant rapidement les jardins affadis par l’hiver, nous gagnons rapidement l’intérieur. C’est évidemment magnifique, tant les pièces par leur décoration que les collections qu’elles abritent. Les dix photos qui suivent ne résument en aucun cas ce que nous avons vu – rien ne vaut un déplacement sur site – mais s’arrêtent juste sur quelques œuvres qui nous ont marqués.

Gustav Klimt est le peintre préféré des Viennois. Né et mort dans la ville (1862-1918) il a marqué la période Art Nouveau avec ses peintures symbolistes, ses portraits ornés de motifs dorés et ses fresques décoratives. Klimt a créé un style unique marqué par sa sensualité, son symbolisme et son utilisation audacieuse de la couleur et de la texture. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent « Le Baiser », « Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I » et « L’Arbre de Vie ». Nous l’avons retrouvé exposé dans au moins 2 lieux distincts, le Palais du Belvédère et le Musée d’Arts Appliqués, mais ce ne sont probablement pas les seuls. Évidemment, les boutiques de ces musées fourmillent d’objets dérivés.


Des schnitzels aux knödels

Nous n’aurons que peu testé la cuisine autrichienne, et peut-être pas dans les restaurants les plus typiques, mais suffisamment pour en avoir une petite idée. En parcourant les menus, on voit bien que l’escalope viennoise, alias schnitzel, n’est pas un mythe et qu’elle peut se décliner avec toutes les viandes, du moment qu’elles sont coupées en tranches minces, panées et frites. Il est difficile de trouver un accompagnement sans pomme de terre, pâtes ou knödels, ces derniers étant proches de nos quenelles et pouvant être servis avec… des patates. Les saucisses sont également très représentées et volontiers servies avec du fromage, particulièrement dans les stands de rue. Les vins servis au verre que nous avons pu tester tiennent la route, tout comme la bière. Côté desserts, c’est l’opulence. Le plus emblématique est la sachertorte, inventée à Vienne en 1832 par un apprenti de 16 ans, Franz Sacher, qui remplaçait son chef pâtissier malade, pour être servie au prince de Metternich. Ce « gâteau de Sacher » est devenu une institution dans tout le pays et s’exporte même dans le monde entier. C’est une génoise au chocolat, fourrée de confiture d’abricot et recouverte d’un glaçage au chocolat, servie avec un peu de crème fouettée. Pour terminer le repas, le café reste incontournable, classiquement servi avec du lait.


Pluie bis = musée bis

Décidément la transition automne-hiver ne nous fait pas de cadeau. Alors nous changeons partiellement de registre pour nous intéresser au MAK, en Français le Musée des Arts Appliqués, installé dans un joli bâtiment néo-renaissance tout en briques. Les expositions sont très variées, aussi bien classées par période que par genre comme cet espace dédié au design ou cet autre à l’écoconstruction. Visite (partielle) en images :


Crèches insolites


Marchés de Noël

De plus en plus commerciaux, de plus en plus envahissants (Vienne en compte tout de même quatorze !), ils restent un endroit convivial et couru, y compris par des touristes étrangers qui débarquent par bus entiers. On vient à toute heure y déguster un vin chaud, ou plus typiquement un punsch de Noël, qui n’a rien à voir avec notre punch antillais. Il s’agit d’une boisson chaude associant un alcool quelconque avec un jus de fruit quelconque ou du thé quelconque, quelques épices et beaucoup de sucre. Elle est servie généralement dans un mug plus ou moins kitsch – les nôtres avaient la forme de bottes et une couleur rouge vif – consigné pour 3 ou 5 euros mais pas échangeable d’un marché à l’autre. Beaucoup de gens les récupèrent pour les collectionner. On grignote volontiers en accompagnement des marrons chauds, des amandes grillées, des galettes à l’ail, des pommes de terre au four ou des saucisses au fromage. Une particularité culturelle est qu’en Autriche, c’est plus souvent l’enfant Jésus, alias Christkindl, qui apporte les cadeaux que le Père Noël.


Sissi, emblème de l’Autriche

Nous visitons à Vienne un musée qui lui est consacré, et nous en donne une vision plus réaliste que le personnage interprété pourtant avec brio par Romy Schneider. Elisabeth von Wittenbach, une jeune fille de la noblesse allemande, épousa à l’âge de 16 ans François Joseph d’Autriche et devint rapidement impératrice d’Autriche et reine de Hongrie. L’adoration initiale des Autrichiens s’estompa quand ils découvrirent les difficultés de Sissi à respecter le protocole et ses fréquentes absences, et éventuellement sa passion pour la poésie, la mythologie grecque et …la gymnastique. L’impératrice ne se remit jamais par ailleurs du suicide de son seul fils (elle avait aussi 3 filles) et sombra dans la dépression avant de se mettre à voyager, notamment à Corfou où nous avions visité son palais : l’Achilleon. C’est après sa mort tragique à Genève que l’opinion publique commença à remonter, aidée en cela par le cinéma et l’analyse positive des historiens. Aujourd’hui les Viennois l’adorent de nouveau !


Crypte impériale

On y trouve les 149 tombeaux de la majorité des membres de la dynastie des Habsbourg, dont 12 empereurs et 19 impératrices (Sissi comprise). Pour tenir tout ce petit monde, il a fallu agrandir la crypte au fil des années et aller au-delà de la surface de l’église des Capucins située juste au-dessus. Les tombeaux largement sculptés, en zinc, cuivre ou fonte, renferment les corps sans le cœur (mis en urne et transporté dans la « crypte des cœurs » d’une autre église) ni les entrailles, inhumées dans les catacombes de la cathédrale de Vienne. L’endroit est évidemment emprunt d’une atmosphère étrange. Des visites nocturnes à la lueur d’une bougie seraient un must…


Cadeau de dernière minute

Les gadgets sont de plus en plus trompeurs. Parmi les cinq objets ci-dessous, lequel n’est PAS un ouvre-bouteille ?


Un petit tour à Steyr

Ni plus ni moins que la ville qui inspira La Truite à Schubert. Descriptif en images.


Steyr est aussi connue pour son musée de Noël, qui rassemblerait la plus grande quantité au monde de décorations de Noël, la collection d’une vie d’une Autrichienne locale : pas moins de 18 200 objets dont 14 000 destinés aux sapins, et 200 poupées et accessoires. Tout ça dans une petite maison de 3 étages dont les 2 derniers ne sont accessibles que par un petit train appelé « train de l’aventure ». Effectivement, les sièges-baquets qui basculent avant de prendre les escaliers sont un peu inquiétants !


Mauthausen

Même en cette période de fêtes, impossible de ne pas s’arrêter sur le site de Mauthausen, l’un des pires camps de la mort orchestrés par les Nazis. On envoyait ici non seulement les Juifs mais aussi les prisonniers politiques des pays occupés dans ce qui était appelé un camp de travail. Il s’agissait en fait de l’exploitation d’une carrière dans des conditions telles que la plupart des travailleurs mouraient pendant le travail, soit d’épuisement, soit par le jeu sadique de leurs gardiens nazis. 150 à 300 000 personnes ont été assassinées ici. Qui pense à eux pendant cette période festive ? Déjà que l’intérêt pour les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine s’essouffle, que les morts des deux Guerres Mondiales n’intéressent plus que les cinéastes. Combien de mes lecteurs vont prendre 2 minutes de leur temps si précieux pour lire ce texte jusqu’au bout ?


La crème de la technologie …et du chocolat chaud

Nous voici à Linz, 3ème ville d’Autriche, qui serait à la pointe du secteur des nouvelles technologies. Difficile de le vérifier à notre échelle, mais facile d’imaginer le côté pratique de la chose : ça permet de faire oublier qu’Hitler est né dans le coin et a fréquenté les écoles de la ville. Nous en avons peut-être un aperçu en visitant l’ancienne cathédrale St Ignace où l’on peut avouer ses péchés dans un confessionnal futuriste et probablement bien isolé phoniquement avant d’acquérir de l’eau bénite en mignonettes pour se faire pardonner. A noter que le compositeur et enfant du pays Anton Bruckner y a été organiste pendant une douzaine d’années. La nouvelle cathédrale Ste Marie, la plus grande d’Autriche, nous a valu à la fois l’occasion d’admirer ses superbes vitraux et un PV de 35 € pour avoir dépassé de 5 minutes notre temps de stationnement… Eh oui, les nouvelles technologies servent à ça aussi ! Du côté des bonnes choses, signalons l’association gustative parfaite d’un vrai chocolat chaud viennois (celui que nous avions tenté à Vienne était une misère) et d’une Linzer torte, tarte traditionnelle locale dont la recette date de 1653, faite de pâte brisée additionnée d’amandes et de cannelle, recouverte de confiture de groseilles, d’un quadrillage de pâte puis d’amandes effilées. Pour le plaisir de l’esprit, nous nous sommes régalés des œuvres de street-art parfois géantes du quartier du port de la ville.



Mozartmania

Mozart est à Salzbourg ce que Napoléon est à la Corse : un enfant du pays devenu célèbre, érigé parfois en demi-dieu, surtout lorsque la manne touristique suit. De la maison natale où il a vécu 17 ans à celle où il a déménagé ensuite, de sa statue surveillant sa place, des chaussettes aux Playmobil, des concerts régulièrement donnés à l’académie de musique ou dans les châteaux ou églises, tout rappelle que le compositeur prodige est bien d’ici. On aurait même retrouvé et conservé son crâne quelque part. Et nous autres gourmands avons en tout cas trouvé ses boules. Regardez-vite les photos !

La ville elle-même vaut le déplacement pour son décor de carte postale : nombreux édifices baroques répartis de part et d’autre de la rivière Salzach, montagnes, châteaux et flèches d’églises en arrière-plan. Et plein de petites curiosités détaillées ou pas dans les photos qui suivent.


C’est ainsi que se termine notre parcours autrichien. Il nous restera une bonne partie du pays à visiter, il faut bien en garder un peu pour plus tard. Nous allons passer maintenant en Allemagne pour rejoindre notre fille aînée à Berlin. A bientôt pour cette prochaine étape.

65. Six expressions de parlure québécoise

Le langage québécois coloré, appelé ici parlure, participe au bonheur de nos découvertes. Nous vous présentons ici quelques-unes de ces merveilles en parallèle avec nos visites de Montréal à Trois-Rivières.

Salut, tu vas bien ?

A Montréal aussi les gens ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors. Nous sommes très bien accueillis partout avec des « Bon matin » dans la rue, des « Salut, tu vas bien ? » ou même des « Allo » (ça signifie aussi bonjour !) à l’entrée d’une boutique ou d’un restaurant ou encore des « Bienvenue » lorsque l’on remercie le serveur (l’expression est employée en fait pour « de rien ») venu nous réchauffer (resservir du café) ou nous apporter la facture (l’addition). Les Montréalais semblent détendus et souriants, presque joyeux parfois, en contraste avec le temps gris, frais, venteux et bruineux lors de notre arrivée. De quoi ressortir la petite laine et ternir un peu les photos de cette première journée dans la vieille ville. Les seuls clichés colorés sont ceux pris en intérieur.


Il pleut à boire debout

« D’la pleu toujours, d’la pleu tout l’temps, d’la pleu les troè quarts de l’année », poétisait mon grand-père dans son patois solognot. En France on dit maintenant qu’il pleut des cordes, aux USA des chats et des chiens, mais ce mercredi, icitte à Montréal, il pleuvait à boire debout. Il mouillait beaucoup en quelque sorte. Nous ne sommes pas pour autant restés assis sur nos steaks (à ne rien faire), préférant aller magasiner (faire les boutiques) munis de nos parapluies, avant de nous réfugier au Musée des beaux-arts. Un grand complexe de 5 bâtiments reliés entre eux par des souterrains, hiver oblige, hébergeant tellement de collections que nous avons dû faire des choix drastiques. Nous nous sommes limités à celle sur l’art Inuit, pas si commun, à l’exposition temporaire très colorée de Nicolas Party, artiste peintre Suisse qui a réalisé plusieurs œuvres directement sur les murs du musée, et au bâtiment dédié aux arts décoratifs et au design. Il est toujours intéressant de voir comment les créateurs revisitent nos objets du quotidien. Après les photos légendées, un petit quizz vous est proposé pour trouver à quoi peuvent bien servir les 2 dernières machines.



Arts décoratifs et design


Quiz du jour : saurez-vous retrouver l’utilité de ces deux objets ?

Objet a deviner
Objet 1
1A – Un dictaphone ?
1B – Un inhalateur de solutions soufrées ?
1C – Un épilateur
?
Objet a deviner
Objet 2
2A – Un pétrin de boulanger ?
2B – Une machine à fabriquer des préservatifs ?
2C – Un moteur de hors-bord ?

Résultats à la fin de l’article


Et on termine la partie artistique par un peu de street-art à l’extérieur du musée

Pour info, Les foufounes électriques est le nom d’un bar branché de Montréal axé sur la culture punk, gothique et alternative. En québécois, foufounes signifie fesses…


C’est tiguidou !

C’est tiguidou, on est revenus aux belles températures ! Ma blonde et moi on a embarqué dans not’ roulotte pour aller au Mont Royal. J’ai chauffé Roberto jusqu’à un stationnement, ça m’a coûté 13 piasses, c’était pas dispendieux. Pis on a mis nos espadrilles et on est partis prendre une marche. Y f’sait chaud, pas besoin d’s’abrier. D’ailleurs le monde movait plutôt en camisole et gougounes qu’en chandail. Nous avons dîné dans la van, mais on aurait pu aussi bien manger des sous-marins sur une des tables de pique-nique, en faisant attention de bien tout mettre après aux vidanges au risque de se prendre un ticket. C’est de même icitte !

Chouette, le beau temps est revenu ! Ma chérie et moi avons pris notre van pour aller au Mont Royal (le point culminant de Montréal qui a donné son nom à la ville). J’ai conduit Roberto jusqu’à un parking, ça m’a couté 13 dollars la journée ce n’était pas cher. Puis nous avons mis nos baskets et sommes partis en randonnée. Il faisait chaud, pas besoin de se couvrir. D’ailleurs, les gens portaient plutôt des débardeurs et des tongs que des pulls. Nous avons déjeuné dans le van, mais nous aurions pu tout aussi bien manger des sandwiches sur une des tables de pique-nique, en faisant attention de tout mettre après aux poubelles, au risque de se prendre une amende. C’est comme ça ici !

(Traduction de l’auteur, en l’absence de cette fonctionnalité sur Google et autres Reverso)

Sur les photos, vous verrez les vues panoramiques qu’offrent le belvédère et les sentiers au sommet du parc, un chanteur français qui passait par là, la grande croix visible à 80km à la ronde et le lac aux castors qui contrairement à ce que son nom indique héberge des poissons rouges.


Une belle fin de semaine

Ah oui ici on ne dit pas week-end. La plupart des mots anglais sont bannis. Pour cette fin de semaine, donc, nous sommes allés rendre visite à nos amis de St Barth, Véronique et Pierre, qui ont acheté ici un petit châlet au bord d’un lac dans la belle région des Laurentides au Nord de Montréal. Une maison toute bleue qui m’a donné envie de pasticher une chanson bien connue de Maxime Le Forestier. Je ne suis qu’un poète de 4 sous, vous êtes prévenus !

Ce sont deux maisons bleues
Adossées à la colline
D’un lac oublié en plein Canada
L’une est toujours là, l’autre y a roulé.
On se retrouve ensemble après une année de route
Véronique et Pierre, Claudie et donc moi
Autour du repas, c’était comme hier.
Quand les étoiles s’allument
Quand apparait la lune
Le lac est beau là devant vous
Scintillant de cent mille et un éclats

Parlant jusque très tard
Échangeant sur tous nos rêves
On racontera nos meilleures histoires
Nos petits tracas jusqu’à la nuit noire.
Quand l’aube enfin se lève
Le canot quitte la grève
Le lac est beau, il est à nous
Glissons sur l’onde, n’attendons pas

Ce sont deux maisons bleues
Qui espèrent bien se revoir
Dans quelques années, celle qui reste là
Et l’autre qui aura fini sa tournée

Nous avons eu le plaisir de rencontrer chez nos amis leurs sympathiques voisins, Ninon et Laurent, de vrais Québécois qui nous ont appris plein de trucs sur le pays et donné des tuyaux sur nos futures visites. Nous étions ravis aussi qu’ils connaissent et apprécient la série québécoise que nous visionnons actuellement, Le temps d’une paix, une saga familiale qui se déroule dans le Québec rural entre la première et la seconde guerre mondiale. La première diffusion a eu lieu entre 1980 et 1986, mais a été suivie de nombreuses rediffusions tant les québécois en ont redemandé. Nous apprenons beaucoup sur la culture de cette époque tout en nous familiarisant avec les subtilités de la langue. Pour ceux qui voudraient s’y essayer, c’est disponible sur Youtube, voici le premier épisode. Il faut s’accrocher un peu pour comprendre au début, mais après ça vient tout seul.

https://www.youtube.com/watch?v=1_BHzWf_edE

C’est de valeur que tout soit fermé !

Depuis que nous sommes au Canada, nous constatons que beaucoup d’attractions, de musées ne fonctionnent pratiquement qu’en haute saison, soit de fin juin à fin août pour l’été. Nous aurions tendance à dire comme les locaux que « c’est de valeur », expression trompeuse qui signifie en fait « c’est dommage », mais d’un autre côté nous ne sommes pas si pressés de voir débarquer des hordes de touristes sur nos lieux de visites. Lors de notre passage à Trois-Rivières, entre Montréal et Québec, c’était un peu le cas. Sur la demi-douzaine de visites que nous projetions, nous n’avons pu en concrétiser que deux, celle du centre historique avec ses bâtiments très typiques de l’architecture canadienne, et celle de l’ancienne papèterie qui fut un temps la première productrice mondiale de papier. Il faut dire que la ville est idéalement située, au confluent de la rivière Saint-Maurice et du fleuve St Laurent, la première étant une excellente voie pour acheminer les arbres depuis leur zone de coupe dans l’arrière-pays tout en fournissant une eau d’excellente qualité pour fabriquer la pâte à papier (qui en contient à l’origine au moins 99%), le second étant propice ensuite à la livraison du produit fini dans le monde entier. Il est à noter que les habitants de Trois-Rivières s’appellent les trifluviens, alors qu’ils n’ont qu’un seul fleuve (le Saint-Laurent). Pire encore, ils n’ont qu’une seule riviève (la rivière Saint-Maurice). Le nom aurait été attribué par erreur par un navigateur malouin au XVIème siècle, qui ne se rendit pas compte que les 3 chenaux que forme la rivière Saint-Maurice à son embouchure proviennent du même cours d’eau. Pour une fois, honte à la France !


Elle se visite mais on peut aussi y tenter l’expérience de l’incarcération pour une nuit, avec tout le protocole (mise en tenue, photos de face et profil, etc.) et nuit en cellule sous la surveillance d’un gardien, lui-même ancien détenu. Pas sûr qu’on vous pique votre portable, mais d’un autre côté il parait que c’est assez répandu dans les vraies prisons…

Les dépanneurs au Québec n’ont rien à voir avec la mécanique. Ce sont de petites épiceries qui vous « dépannent » à des heures précoces ou tardives de fournitures alimentaires de dernière minute. Celui de droite, une ancienne institution dans la ville s’est reconverti en magasin bio et vintage. On y trouve aussi ces sodas bizarres aux goûts étranges. Bon enfin si c’est bio…


Tu trouves-tu ?

Au Québec, le pronom tu est fréquemment redoublé dans les phrases interrogatives, comme dans Tu m’aimes-tu ? Là où ça se complique, c’est quand le premier pronom n’est pas tu, par exemple dans Il vient-tu avec nous ?. Ce tu qui devrait être tu viendrait en fait de la contraction t’y également employée en vieux Français. Tu comprends-tu ?

Bon, je voulais plutôt vous parler de ces points d’interrogation bizarres, rencontrés à plusieurs reprises, qui ont attiré inévitablement notre curiosité. Il nous ont semblé dans un premier temps représenter une sorte de jeu de piste, jusqu’à ce que nous ayons eu l’occasion de les suivre et d’arriver …à l’office de tourisme. Ce point d’interrogation remplace en fait le « i » dont nous avons l’habitude et que la majorité des pays ont adopté. Je vous livre dans la foulée quelques panneaux amusants que nous avons rencontré sur notre chemin.



Cette première étape sur la province de Québec s’achève. Nous venons d’arriver à la ville éponyme qui va mériter certainement plusieurs jours de visite. A bientôt pour le récit !
P.S. Réponses au quiz : 1A et 2C

Comme d’habitude, ci-dessous notre parcours canadien actualisé puis les boutons pour commenter, pour nous suivre sur Instagram ou pour vous inscrire afin de ne rater aucun article.

49. Orizaba ville magique

La ville d’Orizaba est notre dernière étape avant Veracruz, là où nous devons retrouver Roberto. Elle est située dans une vallée entourée de volcans, dont le point culminant du Mexique : le Pico de Orizaba, 5 747 m d’altitude. Nous arrivons dans la brume, avec une température plutôt frisquette, mais il est déjà prévu que cela se lève dès demain. Tant mieux, nous allons pouvoir profiter de ce « Pueblo Mágico », une appellation qui n’a rien à voir avec Houdini ou Copperfield mais qui est décernée par l’office de tourisme mexicain aux villes « offrant aux visiteurs une expérience « magique » en raison de leur beauté naturelle, de leur richesse culturelle, de leurs traditions, de leur folklore, de leur pertinence historique, de leur cuisine, de leur art et de leur hospitalité ». Plus trivialement autre chose que des plages où s’entasser en buvant de la bière.


« Le dimanche c’est un jour autre. Même le soleil est différent » (Yves Montand)

Puisque c’est dimanche et que nous imaginons que tout sera fermé, et qu’en plus il fait grand beau alors que la météo n’est pas très optimiste pour les jours qui viennent, nous décidons de prendre un peu de hauteur et d’aller observer la ville du sommet de son teléferico, Il nous semble en arrivant aux caisses que la moitié de la ville a eu la même idée que nous. Plusieurs files se font puis se défont, ça resquille un peu, l’organisation parait un peu dépassée, mais nous finissons par monter dans l’une des cabines de 6 places qui, par groupe de 3 s’élèvent vers le Cerro del Borrego (la colliine des moutons), une petite montagne qui surplombe Orizaba de 320 m. Le teléferico a été construit par les étasuniens (ici on ne dit pas américains, ça n’a pas de sens) en 2013, mais les cabines sont françaises, cocorico (pourvu que ça tienne).

orizaba  ville magique

De la plate-forme à l’arrivée, nous avons évidemment un joli point de vue sur les environs et pouvons observer le quadrillage parfait de la ville sur lequel se distinguent ça et là quelques édifices religieux. Un petit sentier relie quelques attractions, dont les restes d’un fort et un petit musée historique qui nous apprend qu’à cet endroit, le 14 juin 1862, lors de l’intervention française au Mexique, une troupe de 150 de nos compatriotes « massacra » 2000 mexicains. Pas cocorico, ça, nous nous faisons tout petits et décidons d’être temporairement suisses si l’on nous demandait d’où nous venions. Au retour tout de même, nous vérifions les informations sur Internet. En fait « seulement » 250 militaires mexicains auraient perdu la vie, dont un certain nombre sous les balles amies ou en sautant dans le vide dans la confusion de cette bataille nocturne. La différence est un peu du même ordre que celle du décompte des manifestants en France, selon que l’on se place du côté des organisateurs ou de celui de la police. Pour les passionnés d’histoire et/ou de stratégie militaire, le récit de la bataille est ici.


Nous redescendons en ville pour flâner en son centre, vers la place principale, un grand jardin bordé par la cathédrale. L’autre moitié de la ville est ici, manifestement. Une personne harangue la foule au micro. Des enfants courent partout. Une vingtaine de stands de cireurs de chaussures est en pleine activité. Des vendeurs de fleurs, d’en-cas ou de confiseries tentent leur chance d’un banc à l’autre. Et les magasins autour de la place sont pour beaucoup ouverts en ce jour du Seigneur. Mais il y a du monde aussi dans la cathédrale, qui n’est pas exceptionnelle. Et aussi dans ce Palacio de Hierro (le palais de fer), un édifice conçu par Gustave Eiffel et acheté par le maire de la ville après l’exposition universelle de 1889 pour en faire (c’est le cas de le dire) une mairie. C’est en fait devenu un musée assez éclectique, exposant d’une salle à l’autre tout aussi bien la géographie locale, l’art préhispanique, les présidents mexicains, les grands scientifiques du monde, un planétarium, que la bière mexicaine et le foot.


« Lundi. Dans les pays chrétiens, lendemain du jour du tiercé » (Ambroise Bierce – Le dictionnaire du Diable)

J’aurais pu choisir en citation « Triste comme un lundi » car ce matin le ciel est tout gris. Toutefois il ne pleut pas et nous partons nous dégourdir les jambes, habillés chaudement car avec l’altitide il ne fait guère plus de 8 ou 10°C dehors. Nous rejoignons le « Paseo del arte », une voie aménagée le long de la rivière qui traverse la ville sur environ 3 km. Sur une bonne portion, les murs sont décorés de fresques. La qualité est variable mais l’ensemble rend bien et l’effort est louable. Vous en retrouverez un certain nombre ci-dessous, commentés ou non.


Nos pas nous amènent ensuite au Jardin botanique, un havre de paix joliment entretenu qui ne figurait pourtant pas dans notre guide papier. Nous nous immergeons dans une volière où circulent librement perruches et perroquets multicolores. Nous visitons la serre à orchidées, décevante par le fait que 3 ou 4 espèces seulement soient en fleurs sur les 1 200 présentes au Mexique, mais bon, quand ce n’est pas la saison… Nous tentons sans succès de nous perdre dans un labyrinthe végétal. Nous traversons un jardin japonais riche d’une cinquantaine de bonsaïs. Nous froissons sous notre nez les feuilles de plusieurs plantes de l’espace médicinal pour en retrouver l’origine (celle surnommée « Vaporub » ne nous laisse aucun doute). Nous rejoignons enfin la sortie sur une passerelle qui serpente entre haies de bambous et sculptures préhispaniques. Un bel endroit.


« Cette semaine, le gouvernement a fait un sans-faute. Il est vrai que nous ne sommes que mardi. » (François Goulard)

La grisaille a évolué en bruine, plus question de sortir sans parapluie, mais une bonne occasion de nous réfugier dans les musées. Ceux-ci sont souvent gratuits au Mexique. Malheureusement cela n’attire pas les foules pour autant, à l’exception peut-être du dimanche. A plusieurs reprises depuis notre arrivée dans le pays nous nous sommes retrouvés seuls à visiter, enfin pas vraiment seuls parce qu’une personne nous surveille dans chaque salle ou encore allume puis éteint les pièces au fur et à mesure de notre passage. Nous commençons par le Musée de l’Art de l’État de Veracruz, dont les façades sont étonnamment décorées de la même façon que l’église qu’il jouxte. Il est principalement consacré aux peintres célèbres de la région, tout en consacrant une salle entière à Diego María de la Concepción Juan Nepomuceno Estanislao de la Rivera y Barrientos Acosta y Rodríguez, qui préféra s’appeler Diego Rivera pour gagner du temps en signant ses toiles. 33 de ses œuvres originales sont exposées ici, permettant d’apprécier l’évolution de l’artiste au fil du temps. Une pièce est aussi consacrée à la construction de la première ligne de chemin de fer reliant Mexico à Veracruz, qui inspira beaucoup les peintres locaux.



Après une pause déjeuner, nous nous intéressons maintenant au musée de l’hôtellerie, installé sur le site où la première auberge du Mexique fut créée le 15 janvier 1525. On y admire les aménagements et les costumes de l’époque puis leur évolution dans le temps, comme ces tenues de « bell-boy », cet ascenseur ramené de New York datant des tout débuts de l’invention, ce vieux standard téléphonique dont on imagine l’ambiance sonore de son utilisation.


« Le conseil des sinistres, c’est le mercredi, le jour des gosses. Ils vont au sable, ils font des pâtés, c’est sympa. Le garde des sceaux est là. » (Coluche)

Mercredi est le jour des enfants peut-être en France, mais pas au Mexique puisque l’école est ouverte ici du lundi au vendredi, et plutôt assez tôt comme dans tous les pays chauds (7-8h à 13-14h, le repas se prenant au retour à la maison). Pour nous c’est jour de transfert puisque nous allons maintenant rejoindre Veracruz. Comme d’habitude, nous nous rendons simplement à la gare routière et prenons un ticket pour le prochain bus disponible. Départ 40 mn plus tard, à peine le temps de grignoter un sandwich. Le trajet de 136 km nous coûte 11 euros et nous prend environ 3 heures. Pas très rapide, mais il y a eu 3 arrêts en route. Une douce chaleur (enfin !) nous attend à l’arrivée et nous rejoignons notre hôtel en taxi pour 2,50€ et laissons généreusement 50 centimes de pourboire. Pas par radinerie mais pour ne pas casser le marché. Nous sommes logés près du port. Nous serons aux premières loges pour voir arriver Roberto. Nous ne sommes pas loin non plus du centre-ville, marqué par une petite place bordée par une cathédrale. Tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose ?



« Si la bourse continue à baisser, vendredi ça va être un jeudi noir » (Jean-Marie Gourio)

Eh bien justement, ça commence presque comme un jeudi noir. C’est aujourd’hui que nous avons rendez-vous avec notre agent portuaire, qui nous a convoqué à l’agence ce jour-là mais sans nous donner d’horaire précis. Vers 8h30, nous sommes prêts à partir tranquillement vers l’agence située à 3 km de notre hôtel. Une petite balade à pied nous fera le plus grand bien. Mais nous recevons un mail de Claudia, la responsable de l’agence, qui nous informe qu’après nous avoir attendus à 8h elle est déjà à la banque (probablement celle où nous devons régler le montant de notre permis de transit), que demain elle ne pourra pas s’occuper de nous, mais que peut-être nous avons encore une chance si nous allons tout de suite à l’agence sinon ce ne sera pas avant mardi (dans 5 jours !). Nous sautons dans un taxi et rejoignons l’agence en 10 mn. Là une autre employée nous prend en charge, photocopie en plusieurs exemplaires nos passeports, visas, carte grise et permis de conduire, puis nous emmène à toute berzingue à la fameuse banque. Une bonne cinquantaine de personnes attendent dehors. Les premiers sont arrivés à 7 heures alors que l’établissement n’ouvrait qu’à 8h30. Nous allons devoir faire preuve de patience.

Le dernier message inquiétant de notre agent portuaire…

Heureusement nous n’aurons pas à faire 3 heures de queue, l’assistante appelle Claudia qui est à l’intérieur avec un autre client et lui passe nos papiers. 20 à 30 mn plus tard, nous sommes invités à entrer, doublant la foule, pour aller à petit guichet apparemment dédié aux fameux permis. L’enregistrement prend du temps, il faut donner notre prochaine destination (on l’improvise car difficile de dire juste « vers le nord »), corriger les erreurs du premier projet qui nous est imprimé (il y en avait une sur mon prénom, une lettre en trop qui pouvait nous bloquer à une douane, on ne rigole pas là-bas) et revérifier la liste de tout ce que contient Roberto, que nous avions établie en anglais mais qui a été traduite en espagnol. Notamment nous avons beaucoup hésité à savoir si nous avions un « gato » ou pas. La seule traduction que nous connaissons pour ce mot est « chat » mais la description de la chose que nous fait l’assistante ne correspond pas. Elle nous fait le geste de soulever. Nous pensons à un toit ouvrant, un lanterneau mais ce n’est pas ça. L’assistante s’aperçoit que nous avons pourtant déclaré ce « gato » dans la liste initiale. Après une double traduction en passant par l’anglais, nous trouvons enfin que ce terme signifie aussi « cric ». Bien sûr que nous avons un cric ! Claro que sí (j’adore cette expression…). Après avoir réglé la somme de 55,68 € à la caisse, là aussi en shuntant la foule, nous voilà munis du précieux sésame : Roberto est autorisé à circuler librement au Mexique pendant une durée de 10 ans. Cela devrait suffire.

El Permiso de Importación Temporal de Casa Rodante, ou permis d’importation temporaire de maison roulante. Pour une voiture ou un fourgon non homologué, nous aurions dû payer une caution de 400$ et n’aurions eu le permis que pour 6 mois.

De retour à l’hôtel, une autre bonne nouvelle nous attend. Nos permis de conduire internationaux établis à Saint-Barth sont arrivés, grâce à l’aide de notre grand copain Laurent. Ils ne sont pas exigés au Mexique, mais seront nécessaires aux États-Unis.


La journée se termine avec Kilian, notre ami néerlandais dont le van fait chambre commune avec Roberto en ce moment et qui est donc venu attendre comme nous la livraison de son véhicule. Nous échangeons nos expériences avec plaisir. J’en profite pour rappeler le blog qu’il partage avec son amie Marcia et leur chat Binkie, accessible ici.

Le palais municipal, sur la place centrale, près duquel nous avons dîné.

Roberto se trouve au moment où nous écrivons, d’après le suivi réalisé sur le site MarineTraffic, quelque part entre les îles Caïman et la pointe du Yucatan. L’arrivée est prévue à Veracruz le 12 février, ou peut-être le 13. Nous devrions pouvoir vous décrire la réception dans le prochain article. D’ici là, nous allons devoir l’assurer, car bien entendu notre assurance française ne va pas au-delà des limites de l’Europe. Nous cherchons une compagnie qui couvre au moins les trois pays d’Amérique du Nord, mais ce n’est pas très simple. Nous vous raconterons. A très bientôt !

Le Yokohama et son passager Roberto en approche

46. Viva Mexico !

Maison de Frida Kahlo, Ciudad de Mexico

Nous voici enfin au Mexique, notre porte d’entrée pour les Amériques. C’est un vrai bonheur que de reprendre le chemin de la découverte. Il n’est pour l’instant pas total car notre compagnon de voyage nous manque. C’est bizarre de le dire mais nous y pensons chaque jour… C’est fou comme on s’attache, non. Pas étonnant en tout cas que la grande majorité des possesseurs de véhicules de loisirs leur attribuent un nom familier.

Bénit soit l’aéroport

Maquette de biplan au Musée de l’Objet (Mexico)

Notre arrivée à l’aéroport Benito Juárez de Mexico s’est déroulée au mieux, en tout cas de façon beaucoup plus simple que nous le craignions. Notre compagnie américaine nous avait demandé de remplir des documents en ligne (une sorte de carte d’immigration et un questionnaire de santé lié à la crise sanitaire) soi-disant exigés à l’arrivée dans le pays, mais la carte d’immigration en ligne était d’un modèle obsolète et nous avons rempli une fiche papier toute simple à l’aéroport. Quant au document sanitaire, nous ne l’avons pas rempli en ligne car le site buggait et de toutes façons il ne nous a pas été demandé. Les internautes sur les réseaux sociaux nous mettaient en garde par ailleurs sur l’obligation de présenter un billet retour pour pouvoir rentrer dans le pays. Nous n’avions évidemment qu’un aller-simple, mais nous avons pris par sécurité juste avant d’embarquer un billet annulable en 48h sur un site spécialisé (bestonwardticket). Pour 12 $, nous avons obtenu un billet Mexico-Amsterdam pour le 21 avril, avec un vrai numéro de réservation. Mais la précaution a été excessive car le douanier ne nous a rien demandé. Nous gardons l’adresse du site précieusement, car cela pourra se reproduire. Enfin, toujours selon les internautes, les officiers d’immigration mexicains feraient de plus en plus de difficultés pour accorder la totalité des 6 mois prévus pour le visa mexicain. Certains voyageurs avec billets de retour auraient même obtenu un visa de durée inférieure à leur durée de séjour ! Mais nous devons avoir une bonne tête puisque notre policier, qui baragouinait un peu de français d’ailleurs, nous a donné un peu plus que les 3 mois que nous demandions. A peine 15 mn après avoir débarqué de l’avion, nous avions déjà franchi l’immigration, et nos bagages nous attendaient sur le tapis. Quelques minutes plus tard nous achetions un billet de taxi prépayé et nous voilà en route pour un hôtel bien situé dans le quartier historique. Quelle organisation ! Au passage soulignons que Benito Juárez fut malgré ses 1,37m un grand président du Mexique (1858-1872), considéré comme le père du libéralisme mexicains, et qu’il a suffisamment marqué les mémoires pour que son anniversaire de naissance, le 21 mars, soit devenu un jour férié, un cas unique dans le pays.

Les présidents du Mexique – Benito Juarez au fond à gauche (Musée d’art populaire, Mexico)

On penche pour Mexico, et réciproquement

Ciudad de Mexico, le Zocalo
La place centrale appelée Zocalo et la Cathédrale métropolitaine, au coeur de la Ciudad De MeXico

Les constructions grimpent sur les montagnes alentour. La zone suburbaine fait 60 x 40 km !

La capitale mexicaine nous apparait d’emblée gigantesque. Vue d’avion, c’est un immense quadrillage qui s’étend à perte de vue. C’est qu’il faut de la place pour loger ses 23 millions d’habitants (en incluant la banlieue). Nous allons pouvoir néanmoins parcourir à pied le quartier où nous résidons, tout en nous rendant dans d’autres secteurs grâce à un métro bien développé. Les rues que nous arpentons sont très animées, plutôt colorées et très sonores. Les vendeurs ambulants installés sur les trottoirs tout comme les commerçants au seuil de leurs boutiques hèlent les passants. La musique latine est omniprésente. Les piétons traversent aux feux guidés par des bruits de coucous ou de rossignols. Les sirènes de police ou d’ambulances hurlent fréquemment. La circulation est dense certes, mais nous ne ressentons pas la pollution ni l’insécurité censées envahir la ville. Au contraire, nous nous y sentons bien et prévoyons d’y rester au moins une semaine. Nous commençons par le quartier historique, là où les Aztèques ont créé la ville sur un lac. Il ne reste quasiment plus rien de cette époque puisque les conquistadores ont tout cassé pour reconstruire à leur manière. Plus haut bien sûr pour impressionner leurs prédécesseurs, négligeant à tort l’histoire du lac. Du coup bon nombre de leurs bâtiments s’enfoncent dans le sol, leur donnant un air penché. Même la grande cathédrale qui a été munie d’une sorte de pendule pour suivre précisément son inclinaison







Nous nous déplaçons le plus souvent à pied, mais parfois en métro. Les wagons de tête sont réservés aux femmes et enfants. Le prix est dérisoire (25 centimes le trajet)

Le virus pris très au sérieux

Au premier abord, le pays parait d’une grande tolérance puisque son accès est libre sans test pour les étrangers, qu’ils soient vaccinés ou pas. En réalité, il suffit d’arpenter les rues pour s’apercevoir que la pandémie est prise très au sérieux. Le masque est systématiquement porté partout, en intérieur comme en extérieur. A chaque coin de rue des quartiers fréquentés, du personnel distribue gracieusement masques et gel. A l’entrée des boutiques, des restaurants, des expositions, des musées, des marchés, on vous prend la température, on vous asperge d’un spray virucide avant de vous donner du gel hydroalcoolique. Dans de nombreux endroits les efforts pour la désinfection sont très visibles : le personnel se lave souvent les mains, désinfecte les tables, les chaises et les comptoirs dès qu’un client s’en va. Et pas question de pass vaccinal ici, sans doute parce qu’à peine un peu plus de la moitié des gens sont vaccinés, plutôt par manque de moyens je pense. Et nous avons vu aux infos un reportage sur les manifestations anti-pass sanitaire qui semblaient beaucoup amuser les journalistes mexicains. Oui mais tout ça est-il efficace ? Il suffit de regarder les courbes de ourworldindata.com pour voir que le Mexique s’en sort plutôt bien par rapport à la France et aux USA (nos destinations précédente et suivante)


Varios museos

90% des touristes concentreraient leur visite sur le Yucatan, là où sont les plus belles plages, mais du coup ils se retrouvent entre eux dans un milieu aseptisé ou tout est fait pour eux et sans doute peu authentique. Beaucoup arrivent d’ailleurs directement à Cancun et ne visiteront jamais la capitale. C’est dommage car la ville est riche en curiosités et culture. Outre la découverte de la vie quotidienne des mexicains en déambulant dans les rues, nous avons visité un certain nombre de musées, tous de qualité, et par ailleurs gratuits le dimanche. En voici quelques-uns.

1. Musée des peintures murales de Diego Rivera  

On y trouve principalement la fresque « Rêve d’un dimanche après-midi à l’Alameda Central », l’une des plus célèbres œuvres de l’artiste peintre mexicain, époux de Frida Kahlo (voir plus loin). Réalisée sur le mur de la salle à manger de l’Hôtel Del Prado à Mexico, elle a été partiellement endommagée par un tremblement de terre en 1985. Précieuse par son caractère historique – elle relate des évènements marquants survenus dans le parc Alameda Central, juste en face de l’hôtel, elle a été déplacée, y compris évidemment avec le mur sur lequel elle a été peinte, ce qui n’a pas été une mince affaire vu ses dimensions (15 x 5 m) et son poids, dans le musée actuel.


La même fresque en faïence sur le mur extérieur du musée

2. Musée Franz Mayer

Ce financier et esthète mexico-allemand a collectionné des œuvres d’art pendant 50 ans de sa vie. Il s’agirait de la plus grande collection d’arts décoratifs d’Amérique latine. Varié, de qualité, mais difficilement racontable. Nous n’avons fait pratiquement de des photos extérieures, le bâtiment avec son patio arboré et reposant reflétant bien l’ambiance du musée.


3. Musée des arts populaires

La salle de spectacle du musée

Il y avait de la musique, et bien que nous soyions sur le retour vers notre hôtel après avoir marché une dizaine de kilomètres, nous y sommes rentrés un peu par hasard. Bien nous en a pris car ce musée regorge d’une multitude de curiosités, exposant l’art mexicain à tous ses âges et dans tous les domaines, des poteries précolombiennes jusqu’aux chars de carnaval. Une véritable floraison de couleurs vives et même des danses populaires ce jour-là.


4. La maison de Frida Kahlo et celle de Trotsky

La maison de Frida Kahlo ne se visite que sur réservation

Les mexicains vouent à cette artiste peintre réputée un véritable culte. Elle a produit une œuvre variée mais ou s’exprime souvent la souffrance liée à plusieurs traumatismes physiques et à sa vie mouvementée avec le peintre Diego Rivera avec qui elle s’est mariée 2 fois. Lui était plus spécialisé dans les grandes fresques murales. Leur histoire croise aussi celle de Trotsky, que le couple a hébergé quelques années pendant son exil. Une liaison entre Frida et lui a obligé le politicien russe à se loger quelques pâtés de maisons plus loin. Sa maison se visite aussi. On y trouve notamment les multiples impacts de balles sur le mur de sa chambre, témoins d’un attentat raté. Il sera néanmoins assassiné quelques mois plus tard. Dans le jardin de la maison, un monument abrite ses cendres. Nous avons visionné juste avant la visite le film biographique « Frida », totalement recommandable si vous voulez en savoir davantage sur le trio Frida Kahlo, Diego Rivera et Léon Trotsky.



Le lieu où les dieux sont créés

La pyramide de la Lune, Teotihuacan

C’est la traduction aztèque (merci Wikipédia car je n’ai pas réussi à télécharger le langage correspondant sur Google Traduction) de Teotihuacan, le premier site archéologique mexicain que nous avons visité. Il n’est situé qu’à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Mexico et a été le centre de la civilisation mexicaine entre les années 100 et 650 après JC. Sa pyramide du Soleil est la 3ème plus haute du monde après Keops et Chichen Itza. La pyramide de la Lune, celle du Serpent à Plume (Quetzalcoatl) et beaucoup d’autres plus petites bordent une allée appelée la chaussée des morts, non pas parce que les accidents de la route y sont fréquents mais parce que les Aztèques ont pensé que ces pyramides étaient des tombeaux. Effectivement cette partie-là avait été construite par une civilisation antérieure, peut-être les Toltèques ou les Zapotèques, les archéologues se tâtent. Ils éliminent en tout cas les Mayas, ce peuple qui n’élevait que des chiens et des dindes – et pourquoi pas des abeilles, craignant sans doute de se faire appeler Biftèques s’ils avaient élevé des bœufs.

Plus sérieusement la visite était impressionnante, un plongeon a pic dans l’histoire, une promenade en toute quiétude au milieu de ces bâtiments majestueux qu’on essaie d’imaginer habités. Nous craignions d’être enserrés dans une foule de touristes, mais nos congénères étaient moins nombreux que les vendeurs de souvenirs.




Et Roberto alors ?

A vrai dire nous ne savons plus vraiment où il se trouve. Les sites de suivi utilisent les informations AIS qui reposent sur des échanges radio de bateaux entre eux ou entre les autorités portuaires. Mais au milieu de l’Atlantique, cela ne fonctionne pas. Nous savons juste que notre fourgon fait route vers Pointe-à-Pitre, et qu’il devrait y parvenir le 3 février. L’escale suivante, qu’on espère toujours être la dernière, ne sera connue qu’au départ de la Guadeloupe.

Copie d’écran du parcours prévu par le Yokohama entre Vigo et Pointe-à-Pitre, sur le site MarineTraffic. On remarque avec satisfaction qu’il évite le triangle des Bermudes

Nous restons à Mexico pendant encore quelques jours, avant de prendre un bus pour Puebla. A bientôt et merci de nous suivre !