131. Turquie

Premières impressions

Des formalités d’entrée relativement simples et rapides, de belles routes, de l’essence pas chère et même de l’AdBlue à la première pompe venue, des magasins modernes : tout porte à penser que, paradoxalement, la Turquie est économiquement plus développée que la Grèce. Cela va-t-il se confirmer dans la durée ?


Le Mémorial des Dardanelles

La bataille des Dardanelles a été un moment fort du début de la 1ère guerre mondiale. La France et la Grande Bretagne, alors alliés de la Russie, souhaitaient protéger son approvisionnement qui transitaient par le détroit des Dardanelles, entre la Mer Égée et la Mer Marmorata, contrôlé par l’Empire ottoman aidé des Allemands. Tout étant barré côté terrestre, ils organisèrent un débarquement, aidés aussi des Australiens et des Néozélandais. Mais, mal organisés, ils échouèrent et le conflit se termina au profit des Ottomans, chaque camp perdant au passage 56 000 soldats. Le succès permit tout de même à la Turquie de proclamer son indépendance, et en reconnaissance d’élever un grand mémorial en hommage aux victimes. Curieusement, le fait d’avoir participé rendit très fiers les Australiens et Néozélandais fraîchement libérés de l’emprise britannique. Le 25 avril, anniversaire du débarquement, est chez eux un jour férié et bien davantage célébré que le 11 novembre. Nous avons visité aussi l’un des cimetières français, mentionnant notamment la perte des 4 sous-marins et de leurs équipages qui avaient été engagés dans le conflit. Indispensable devoir de mémoire.



Un de Troie

Il nous aura fallu venir en Turquie, aussi bien Claudie que moi, pour apprendre que la ville de Troie était ici, sur la côte Ouest du pays. Et pas en Grèce comme nous le pensions. Et pas dans l’Aube non plus, je vous vois venir. Le site est presque aussi vieux que les pyramides d’Égypte, mais n’a été mis au jour qu’à partir de 1871. Il est bien sûr célèbre pour avoir été le théâtre de l’affrontement entre les rois grecs, dont Achille, venus récupérer la belle Hélène volée au roi de Sparte par le prince troyen Pâris. Après 10 ans de siège et une ruse chevaline que l’on connait tous, les Grecs ont fini par remporter et la guerre et l’épouse du roi.

Il ne s’agirait pas simplement de la légende rapportée par Homère dans l’Iliade, les fouilles archéologiques réalisées à Troie confirmeraient une partie du conflit. Nous avons trouvé sur les lieux un musée moderne mais cher (2 fois le prix du déjeuner que nous avons pris après la visite) et un site archéologique agréable à parcourir sur de petites passerelles en bois. Notre vraie déception a été que la réplique grandeur nature du Cheval de Troie était … en travaux. De quoi ruer dans les brancards.



Nulle autre qu’Assos…

Qu’Assos me fasse sourire n’étonne pas Claudie, habituée à mes jeux de mots vaseux. J’espère tout de même transmettre ce sourire par contagion à quelques lecteurs.

Pour le reste, le site que pourtant notre guide préférait largement à Troie nous a déçus. Accès mal indiqué, longue file de boutiques de souvenirs et de bars-restaurants avant de parvenir à l’entrée, édifices ressortant peu du paysage en raison d’une couleur similaire au sol, stigmates encore très présents du dernier incendie. Quant au « magnifique » temple d’Athéna perché sur sa colline au-dessus de la Mer Égée, il n’avait pas toute la superbe promise.

Dommage pour un site fondé au 1er millénaire av. J.-C. par des Lesbiens et des Lesbiennes. Les habitants de Lesbos, l’île grecque juste en face, vous pensiez quoi ?

Deux heures de route plus tard, nous trouvons un chouette endroit pour dormir. Une aire de pique-nique dans une petite forêt dont les arbres ont les pieds peints en blanc. L’ambiance tranquille à l’arrivée ne durera pas. Vers 19h les voitures ont commencé à défiler, haut-parleurs vrombissants et glacières pleines de bouteilles. Misère…

Nous avons vite laissé ce petit monde à leur soirée animée pour rejoindre un spot plus paisible jouxtant un cimetière. Las, à 21h, deux voitures sont arrivées et ont commencé à sortir les bouteilles et les chaises. Re-misère !

Mais la sono était discrète cette fois, au point que nous nous sommes endormis avant leur départ. À se demander le matin si nous n’avions pas rêvé. Mais les bouteilles et papiers gras étaient bien là sur le sol à l’emplacement des voitures…


Immersion

Parmi les choses que nous aimons le plus en voyage, il y a le fait de se retrouver au milieu d’une population qui ne nous ressemble pas et qui vit sa vie normalement, sans être pervertie par un quelconque attrait touristique, ni éventuellement par nous-mêmes. Cela ne nous était pas encore vraiment arrivés depuis notre arrivée en Turquie, jusqu’à ce que nous visitions Bursa, la 4ème ville du pays. Une journée de marche citadine qui nous aura conquis, nous menant des bazars très animés aux superbes mosquées et mausolées appelés ici turbë. Dans les deux cas nous avons eu l’impression d’être les seuls touristes du jour, du moins non turcs. Avec tous nous sens en éveil car très sollicités. La vision de cette architecture ottomane, d’un grand nombre de femmes voilées, des couleurs vives des boutiques de soie installées dans un ancien caravansérail. L’ambiance sonore des camelots, des klaxons et des appels à la prière mélangés. L’alternance des parfums d’encens, de savons ou encore de café. Alors que les lieux de cultes musulmans nous sont souvent refusés en Europe tout en étant par ailleurs assez austères dans leur décoration jusqu’ici, nous sommes entrés sans problème – du moment que le dress code était respecté – dans de grandes et magnifiques mosquées merveilleusement bien décorées. Une véritable immersion que nous attendions depuis un moment.

Nous prenons la route de la station de ski située au sud de Bursa, sans monter jusqu’au sommet (2545 m d’altitude) pour dormir au frais dans une petite forêt déserte trouvée par hasard à environ 1100 m. Nous décidons d’y rester 2 nuits. La Turquie s’avère aussi hospitalière que la Grèce pour les véhicules aménagés, et c’est une bonne nouvelle.


Cumalikizik

Ce petit village au nom rigolo est l’exemple typique des conséquences désastreuses de la surpopulation touristique. Bien conservé depuis le moyen-âge, il attire forcément les citadins lassés du béton de leurs façades et du bitume de leurs rues. Mais les citadins ça a besoin de manger, de boire et de faire pipi. Alors on leur construit des bars et restaurants. Et puis un ou deux parkings. Et puis pourquoi ne pas les appâter avec des babioles multicolores ou des sirops de fruits locaux ? Alors les boutiques poussent et cachent les façades moyenâgeuses, empiètent sur les rues pavées.

Par chance, le village est assez grand et en pente. Vers l’extérieur et les hauteurs, les chalands se font plus rares et les maisons redeviennent accessibles. Et les boutiques sont plus intimes, comme celle où nous avons pris notre premier thé turc. Une seule table au milieu d’une grande pièce en désordre, à laquelle sont déjà attablés la patronne et quelqu’un de la maison. Mais ils s’écartent un peu et nous rajoutent 2 chaises, nous invitant à leurs côtés. Nous avons échangé un peu et bu notre thé, servi noir et dans de tout petits verres. 35 centimes le çay, comme on l’appelle là-bas. L’expérience valait le jus, si on peut dire.


Ça rime

Oui, Iznik ça rime avec céramique. L’activité a été prédominante entre le XVIe et le XVIIe siècle, au point que l’on retrouve de jolies faïences créées dans la ville sur les plus grandes mosquées du pays. La demande est moindre maintenant, mais de nombreuses boutiques restent dédiées à l’activité, dont un pôle de créateurs dans une ancienne école coranique. Du très beau travail qu’on aimerait rapporter avec nous. Mais il faudrait atteler une remorque à Roberto.


Limite : 82 km/h

Impressionnés par la qualité du réseau routier au départ, nous révisons peu à peu notre opinion. Il est vrai que le large temps dont nous disposons et notre quête des bivouacs en altitude et en nature nous conduisent fréquemment à emprunter les axes secondaires. Et là force est de constater que le niveau d’entretien n’est pas extraordinaire et rejoint en bien des points, on pourrait même dire en bien des trous, celui des derniers pays traversés. L’absence de revêtement est par ailleurs fréquente sur ces routes, et Roberto est presque en permanence recouvert de poussière. Le côté amusant de ces petites routes, c’est le nombre d’animaux qui y circulent en liberté, vaches principalement, mais aussi moutons, chèvres, chiens et chats. Il faut être vigilant.

Sur les grands axes, nous empruntons habituellement la route à 2×2 voies qui longe l’autoroute – que par principe nous ne prenons pas, même si en Turquie le coût est modeste. La limite de vitesse y est extrêmement variable, passant de 110 km/h par défaut à 50 km/h au moindre croisement, les deux panneaux correspondants pouvant se suivre à quelques mètres seulement. Autant dire que personne ne respecte, d’autant plus que la fin du 50 n’est jamais annoncée. Le plus compliqué, c’est que la limite est variable selon les véhicules. Apparemment, c’est 100 pour les fourgons comme le nôtre ou 90 pour les camions. Quand la 2×2 voies traverse des villes, la limite descend à 82 km/h pour les voitures (il parait que c’est pour pouvoir flasher à 90…) et 50 à 60 km/h selon la ville et la taille du véhicule pour les autres.

Mais le pire, c’est la mise en place depuis quelques années du contrôle de la vitesse moyenne, qui peut se faire sur plusieurs dizaines de kilomètres avec aussi des sections plus restrictives. On trouve des portiques avec caméras un peu partout, difficile de savoir si elles sont juste pour le contrôle de sécurité ou pour celui de la vitesse. Nous n’avons pas perçu de flash pour le moment, il n’y en a peut-être pas d’ailleurs. Mais il parait que pour les étrangers, la note tombe à la frontière, au moment de quitter le pays…


La ville du safran

Difficile de cacher son passé quand on s’appelle Safranbolu. Cette ville a été un poste caravanier important entre l’Orient et l’Occident du XIIIe au XVIIIe siècle, où l’arrivée du chemin de fer a mis fin à ce type d’activité. Entre autres commerces, on y vendait du safran, la ville en étant le principal producteur en Turquie. De ce passé, Safranbolu garde une architecture ottomane remarquablement conservée, qui l’a faite inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous n’aurons pas le plaisir de voir les champs de crocus en fleur ni d’assister à la récolte, le tout se produisant à l’automne, mais nous pourrons déguster un « thé » au safran chez Mehmet, un commerçant réputé de la vieille ville. J’ai mis thé entre guillemets car de thé il n’y en a point : l’eau chaude est directement versée sur une pincée de pistils rouges de safran au fond d’un petit verre, le liquide prenant immédiatement une magnifique couleur jaune d’or.  En parlant d’or, le safran est l’épice la plus chère du marché, se vendant entre 30 et 45 000 € le kilo, soit à peine moins que le métal précieux (54 000 € le lingot)


Thé ou café ?


Le repos du gosier

Bien sûr, nous avons craqué pour un petit assortiment….


Noir c’est bleu

Nous voici arrivés sur le littoral de la Mer Noire, et vous savez quoi ? Eh bien elle est toute bleue, parfois même d’un joli turquoise dans les zones de hauts fonds ! Encore un mythe qui tombe… Certes, tard le soir ou même la nuit, une couleur sombre apparait, mais la nuit, toutes les mers sont grises, c’est bien connu. Le pire, c’est que l’origine du nom n’a pas été élucidée. Il se pourrait que « noire » désigne le « nord », cette mer se situant au nord de la Turquie, mais ça n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Ce qui est admis, c’est que cette mer était autrefois un lac d’eau douce, 150 m au-dessous du niveau actuel. L’élévation suite à une fonte glaciaire aurait fait monter le niveau de la Méditerranée, qui se serait déversée par le détroit des Dardanelles dans la Mer de Marmara, qui se serait déversée par le détroit du Bosphore dans la Mer Noire. En profondeur, c’est toujours ce qui se passe d’ailleurs : l’eau y est très salée alors que très peu en surface.

Nous avons longé la Mer Noire d’Ouest en Est sur plusieurs centaines de kilomètres. C’est parfois très sauvage avec une petite route tranquille qui se faufile entre une végétation abondante – favorisée par le microclimat – et de jolies petites criques, ou plus urbanisé avec des cités portuaires ou des stations balnéaires aux constructions quelconques, reliées par une route côtière à 2 x 2 voies souvent envahie de camions.


Sinop, en bref


Les mythes tombent comme des mouches

Après la Mer Noire toute bleue, nous découvrons la ville de Samsun, qu’on imaginait plutôt sud-coréenne que turque. D’accord, c’est juste pour rire, il manque quand même le g final. Mais dans un parc de la ville, en bord de mer, nous tombons sur la statue d’une jeune guerrière, arc à la main, jupe et mocassins en daim, et la mention « Amazone » en dessous. Mais les Amazones ne sont-elles pas originaires d’Amazonie ? Eh bien non, je me suis encore fait piéger. Un panneau explicatif nous apprend qu’un peuple de femmes guerrières aurait vécu ici entre 2000 et 1000 av. J.-C. ce que les historiens jugent peu probable selon d’autres sources, aucun vestige archéologique correspondant n’ayant été retrouvé. Par contre, des traces tangibles de femmes guerrières ont été retrouvées en Ukraine et en Russie. Autant dire que le conflit actuel remonte à loin. Ç’est quand même drôle de voir réunis ici Samsun et Amazon.

Et un petit chez soi reconstitué. Admirez au passage l’intégration du déshumidificateur d’air ! Tout ça était un peu kitsch et sujet à controverse historiquement parlant, mais bon à 0,40 € l’entrée, on n’a pas demandé à être remboursés !


Ainsi s’achève cette première partie de la Turquie. Le pays est grand, prévoyez au moins 2 ou 3 autres articles sur le sujet. Alors à bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici pour les passionnés et ci-dessous les boutons pour commenter, pour vous abonner ou pour nous retrouver sur les réseaux sociaux

129. Grèce, la suite

Nous poursuivons notre route vers le Sud, d’abord en traversant la Grèce centrale, sauvage et oubliée des touristes, puis en explorant la péninsule du Péloponnèse. Sa géographie variée et ses nombreux sites archéologiques, dont celui d’Olympie, s’avèrent en parfait accord avec les très proches J.O. de Paris.

La Grèce sauvage

Quasiment ignorée des touristes, la Grèce centrale mérite pourtant le déplacement. Constituée de massifs montagneux avoisinant les 2000 m d’altitude, elle se traverse sur de petites routes étroites, peu entretenues et parfois dangereuses, nécessitant une grande vigilance dans la conduite. Outre les troupeaux d’animaux qui peuvent surgir à tout instant, il faut slalomer entre les roches tombées des parois non protégées, les effondrements de chaussée, sans s’approcher trop près des bords car aucune barrière de sécurité ne sépare du ravin. En contrepartie, les automobiles se font très rares, les paysages sont splendides et la fraîcheur relative permet d’échapper à la canicule qui sévit actuellement dans le pays.


Le monastère de Kipina

Avec les Météores, nous avions pris l’habitude de rechercher les monastères au sommet des montagnes ou des pics rocheux, mais celui-là est carrément incrusté dans une falaise, à mi-hauteur. Construit au XIIIe siècle par des moines qui se seraient fâchés avec le monastère de la ville juste en face, il est relativement bien conservé. Nous n’étions pas certains de pouvoir y accéder car notre guide parlait d’une clef à récupérer dans un bar à 1 km de là, pas toujours ouvert. Mais de temps en temps, une association locale vient vendre des icônes, rendant donc accessibles les lieux sans la clef, ce qui était le cas le jour de notre passage. Suivant un sentier le long de la falaise, nous avons franchi la porte d’entrée via un pont-levis puis pénétré dans une sorte de caverne aménagée, avec église orthodoxe couverte de fresques et coin habitation. Difficile tout de même d’imaginer comment se passait la vie monastique au XIIIe siècle.


Arapis Beach

Après une dizaine de jours en montagne, nous rejoignons le littoral pour une courte pause nocturne sur une plage. Le sable, la mer et le ciel se confondant dans la même teinte grisâtre, nous n’avons pas été tentés par la baignade, mais la brise marine soutenue nous a permis de bien supporter la température, forcément montée d’un cran depuis que nous sommes retournés dans les plaines.


Missolonghi et sa lagune

Nous arrivons sur la lagune de Missolonghi, la plus grande du pays, intéressante à la fois écologiquement puisqu’hébergeant nombre d’oiseaux migrateurs mais aussi historiquement. En effet, la lagune peu profonde a longtemps protégé la ville des agresseurs par voie maritime dont les bateaux ne pouvaient parvenir jusqu’à la ville, pourtant convoitée en raison de sa situation stratégique aux portes du Péloponnèse. Missolonghi a même été le principal centre de résistance à l’occupant ottoman au début du XIXe siècle, pendant la guerre d’indépendance de la Grèce entre 1821 et. Son attitude héroïque a même réussi à émouvoir quelques associations « philhellènes » européennes qui ont mandaté le poète et voyageur anglais Lord Byron pour aider les résistants. Même si l’intéressé est mort à Missolonghi 4 mois après son arrivée, il a été érigé en héros national grec pour sa participation en tant qu’étranger à la libération du pays.

Aujourd’hui, outre les ornithologues et quelques touristes, la lagune attire les pêcheurs traditionnels ou piscicoles tout en produisant, grâce à ses marais salants, 80% du sel marin du pays. Un musée du sel, unique en son genre en Grèce, raconte l’exploitation de la ressource depuis le XVe siècle, évoque les 14000 usages du sel et expose une intéressante collection de 1500 salières.


Kryoneri, un port au pied d’une falaise

Nous poursuivons la route côtière jusqu’au petit village de Kryoneri, au pied d’une falaise, intégrant un petit port et une plage dont l’eau transparente cette fois nous a conquis. Une halte parfaite pour la nuit.


Naupacte, encore un port, mais vénitien


Andravida Kyllini

Nous sommes parvenus au Péloponnèse, une presqu’île du sud de la Grèce qui n’est séparée du continent que par l’isthme de Corinthe. En fait, depuis le percement du canal en 1893, on pourrait vraiment parler d’une île. Notre premier point de chute est une jolie plage sauvage, difficile d’accès car on roule un peu dans le sable à la fin. Mais Roberto et ses occupants s’en sont bien accommodés. En tout cas nous avons passé là une nuit tranquille, avec une bonne brise qui nous a reposés de la chaleur continentale.


Moni Skafidias, le monastère aux loukoums

C’est un petit monastère orthodoxe comme tant d’autres, que nous sommes allés visiter parce qu’il était sur notre route et notre guide. Ce dernier d’ailleurs évoquait la possibilité qu’une nonne vienne vous faire la visite et vous offre des loukoums. Ça n’a pas raté, une nonne est venue nous faire la visite et nous offrir des loukoums… Nous avons retrouvé cette pratique ultérieurement en Grèce. Sinon le monastère comporte une jolie chapelle couverte de fresques, peu photographiables avec un loukoum entamé dans la main.



Olympie, en phase avec les J.O.

Voici le premier site de l’Antiquité grecque que nous visitons, et il colle plutôt bien à l’actualité. Nous sommes en effet à Olympie, là où furent créés les premiers Jeux Olympiques en 776 avant J.-C. Avant cela, les lieux,  habités depuis la préhistoire, étaient devenus un grand centre religieux axé sur le culte de Zeus, le père des 12 dieux de l’Olympe. On y trouvait une des plus grandes concentrations de chefs-d’œuvre du monde antique. Ce lieu empreint d’inspiration et de créativité a été jugé le plus apte à intégrer des jeux basés sur une harmonie physique et mentale, une saine rivalité. Les jeux olympiques antiques ont duré plus d’un millénaire avant que le site ne tombe dans l’oubli et disparaisse sous la végétation. Il n’a été redécouvert qu’en 1776. Les fouilles se poursuivent encore aujourd’hui. On y retrouve en extérieur des vestiges à la fois de temples et d’installations sportives, puis dans des musées une impressionnante collection de statues, d’éléments architecturaux et autres artefacts, avec bien entendu l’histoire de ces premiers jeux.


Les jeux olympiques antiques

Ils seraient nés de la victoire à Olympie du prince phrygien Pelops sur le roi Oenomaos. Celui-ci organisait régulièrement des courses de chars où il concourait face à un opposant qui gagnait d’épouser la fille du roi en cas de victoire et d’être exécuté en cas de défaite. Le prince Pelops fut le 14ème à tenter sa chance, mais se fit aider à la fois par son copain Poséidon qui lui fit bénéficier d’un char en or attelé de chevaux ailés, et par la fille du roi qui sabota le char de son père, tué dans l’accident, pour être plus sûre d’épouser ce beau prince. Pelops gagna en outre une grande région de Grèce à gouverner, qui prit ensuite le nom de Péloponnèse, et surtout organisa des jeux non truqués afin d’expier la mort du roi Oenomaos, encadrés par la religion antique grecque, notamment le culte de Zeus dont un temple et une statue monumentale étaient érigés au centre d’Olympie.

Les premiers jeux en 776 av. J.-C. ne comportaient qu’une seule épreuve : la course à pied. Mais s’y sont ajoutées rapidement les courses de char (forcément) et d’autres disciplines comme la lutte, le pugilat, le saut en longueur, le lancer de disque ou de javelot. Les femmes en étaient exclues, y compris comme spectatrices. Les athlètes s’entraînaient nus sous la surveillance et les coups de fouets de leurs juges/entraîneurs. C’était spécial… Le rythme quadriennal a été adopté d’emblée. Tout ça a perduré un bon millénaire avant qu’un roi chrétien, Théodose 1er, décide d’abolir toutes les fêtes païennes, dont les jeux, en 393 ap. J.-C.

Pour les curieux, ce lien vous en apprendra davantage


Retour de flamme

A l’heure où vous lirez ces lignes, la flamme olympique aura peut-être terminé son parcours. Elle a été allumée le XX avril dernier à Olympie, sur un site que nous avons pu voir, près du temple d’Hera. Traditionnellement, elle est allumée avec les rayons du soleil mais cette année le temps nuageux n’a pas permis que la magie opère. Une magie toute relative d’ailleurs, car il faut savoir que le parcours de la flamme olympique n’a pas toujours existé, et surtout que c’est une invention de l’Allemagne nazie lors des jeux de Berlin en 1936. Elle devrait rejoindre Paris pour la cérémonie d’ouverture des J.O. 2024 le 26 Juillet. Il faut savoir aussi que si les relayeurs restent bénévoles, les villes paient leur place pour être sur le parcours. Tout comme le tour de France. Business is business.


Etymologie

C’est plus fort que moi, j’aime bien connaître l’origine des noms. Et là, en Grèce, je suis plutôt gâté. La démarche y est même inverse avec, autour de moi, une multitude de noms qui me rappellent quelque chose et qui m’incitent à vérifier s’ils n’en sont pas la racine. Ainsi, dans le joli musée du site d’Olympie, qui héberge toute la statuaire et tout de qui a été retrouvé dans les fouilles sur place, je tombe sur cette élégante statue ailée de la déesse Niké. N’aurait-elle pas inspiré la célèbre marque à la virgule ? Je cherche rapidement et …bingo ! C’est bien la déesse grecque, connue pour sa rapidité à se déplacer grâce à ses ailes, qui est à l’origine du nom de marque, et probablement aussi du logo. Par contre, les dirigeants ont bien fait attention à retirer l’accent final, parce que chez les francophones, courir avec des chaussures Niké, ça ne le fait pas !


Apollon au camping

A des dizaines de kilomètres de toute agglomération d’envergure, au beau milieu d’une chaîne de montagnes verdoyantes, se dressent les pointes de toile blanche de ce qui pourrait apparaître comme un camping. Mais force est de constater, dès que l’on s’approche, que l’abri est unique. Il n’héberge rien moins qu’un temple bâti au Ve siècle av. J.-C. possiblement par l’architecte du Parthénon à Athènes. Depuis tout ce temps, il a perdu de sa superbe et la couverture actuelle permet à la fois d’éviter la poursuite des dégradations et d’entreprendre la restauration. Le chantier est d’envergure puisqu’il faut déplacer des colonnes entières pour remplacer leur base ou les frontons qu’elle soutiennent. Ce temple dédié à Apollon Épicure a la particularité d’associer les 3 types architecturaux de colonnes : dorique, ionique et corinthien, sculptées dans 2 pierres différentes : calcaire pour le péristyle et marbre pour le reste. Malheureusement, toute la statuaire est exposée au British Museum. Nous n’aurons que les photos.

Le gouvernement grec vient d’émettre des pièces de collection de 50 euros portant justement l’emblème du temple d’Apollon Épicure, au prix de 179,50 €. Si vous trouvez ça un peu cher, j’ai une meilleure proposition : je peux vous proposer quelques billets de 50 euros à peine usagés pour le prix modique de 70 euros chacun. Une affaire à ne pas laisser passer !


Colonnes cannelées

Saviez-vous que l’on écrit canelé (avec un seul n donc) lorsque la pâtisserie vient de Bordeaux et cannelé si elle vient d’ailleurs. Un « canelé bordelais », comme on voit souvent sur les boîtes, est donc un pléonasme.


Messène

Ce serait l’une des 3 villes les mieux conservées de la Grèce Antique. Bien que bâtis il y a plus de 2400 ans, théâtre, fontaine, marché, temples, stade, gymnase et habitations possèdent encore de nombreux murs et colonnades debout, un réseau d’irrigation apparent et même des latrines quasi-fonctionnelles ! Quoique manquant un peu d’intimité… (7è photo)


Les cigales et les chacals

Non, ce n’est pas une fable d’Ésope, l’équivalent grec de notre La Fontaine, mais simplement l’environnement sonore de notre lieu de bivouac du jour. En cette fin d’après-midi, nous avons trouvé refuge contre les rayons ardents du soleil sous une oliveraie en pleine campagne. Aucun bruit de voiture audible, mais nous avons été baignés dans le chant des cigales jusqu’à la nuit (n’oubliez pas de mettre le son sur la vidéo ci-dessous), après quoi quelques cris de chacals dorés ont pris le relais. C’était plus épisodique et donc difficile à enregistrer. Et évidemment impossible à photographier. Cet animal intermédiaire entre le loup et le renard commence à se faire rare en Grèce mais ferait quelques apparitions en France. En attendant que son installation hexagonale se confirme, vous pouvez toujours venir l’écouter ici, dans ce lieu appelé Pilos Nestor.

Pour en savoir plus sur les chacals dorés, cliquez ici


Horaires aléatoires

Nous pourrions nous attendre, en cette période de saison touristique, à trouver la majorité des lieux ouverts. Mais ce n’est pas toujours le cas. Outre les jours de fermeture hebdomadaires officiels, nous nous heurtons volontiers aux fermetures pour sieste (14h-17h en général) ou aux fermetures aléatoires, la raison étant rarement indiquée. Ça a été le cas pour la citadelle médiévale de Methoni, une des plus belles de la Grèce selon le Petit Futé. Nous devrons nous contenter des vues extérieures de cette forteresse avançant sur une mer aux couleurs … euh … grecques.


Koroni la carte postale

Nous avons l’impression ici d’entrer dans une carte postale de la Grèce : maisons blanches, petites ruelles en pente vers une mer azuréenne, boutiques aux façades peintes, églises orthodoxes entourées de bougainvillées et pour finir un très joli port. A noter que la ville a été un site de lancement de fusées entre 1966 et 1989. Koroni … Kourou … y aurait-il un lien ?


T’as de beaux yeux tu sais

La ville de Kalamata est dominée par une ancienne forteresse dont il ne reste plus que les murs et une petite église du VIe siècle qui a plus d’importance qu’elle n’en a l’air. On y a retrouvé en effet, à l’époque où la ville s’appelait Farai, une icône de la Vierge Marie possédant, selon ce qui a été décrit, les plus beaux yeux noirs jamais vus sur une icône. On jeta alors sur la ville un tout autre regard. Reconnaissante de cette célébrité soudaine, la ville décida alors de s’appeler « Beaux Yeux ». Mais oui, c’est la traduction en Français de Kalamata. Nous avons naturellement cherché à voir cette icône, mais impossible de la trouver ni sur place (en théorie dans la cathédrale de la ville où elle aurait été déplacée) ni sur Internet. Le trésor reste bien caché.


Coup franc

Eh oui, la ville grecque de Mystra  a été fondée par des Francs. Pas ceux qui ont précédé l’euro et qu’on a tous oubliés alors qu’on imaginait devoir effectuer la conversion toute notre vie, mais des Francs bien de chez nous venus ici pour les croisades au XIIIe siècle. Guillaume de Villehardouin et ses acolytes ont néanmoins été dépossédés de la ville 10 ans après leur arrivée. Pas de quoi se cocorigausser donc. Les nombreux successeurs ont tenté de faire mieux, faisant tout de même de Mystra le centre spirituel et culturel de l’empire byzantin, mais la ville au passé moyenâgeux a fini par sombrer dans l’oubli jusqu’à ce qu’on lui trouve un intérêt pour le tourisme et qu’on commence à la restaurer. Les restes de ces palais, églises, ou monastères étagés sur les pentes d’une petite montagne ont, outre l’intérêt historique, l’avantage d’être très photogéniques et d’offrir une belle vue sur les environs. À condition d’assumer la grimpette sous 38°C ambiants.


A musée la galerie

Tout près de là, à Sparte, nous avons visité le Musée de l’Olive et de l’Huile Grecque. Un musée, c’est toujours assez difficile à décrire et la description est probablement tout aussi rébarbative à lire. Alors je vous ai fait un petit questionnaire à ma manière.

Juste 3 petites photos de présentation : une œuvre d’art sur le thème de l’olive, un vieux pressoir et la zone géographique de culture des oliviers.

Et donc le fameux questionnaire :

A quel autre usage peu orthodoxe bien qu’orthodoxe a pu servir ce genre de pressoir ?

A quel artiste vous fait penser cette mise en scène ?

Bah pour la première question la réponse en photo est explicite. St Artemios était un Saint orthodoxe mais je n’ai pas pu retrouver ce qu’il a fait pour mériter ça. La croix était mise sur le savon lors de la phase délicate de la solidification pour favoriser celle-ci « avec l’aide de Dieu ». Enfin, ceux qui me connaissent auront peut-être trouvé Jean-Michel Jarre…

Bon ok, tout ça était difficile et un rien tordu. La prochaine fois je vous ferai la description du musée !


Vamos a la playa


Monemvassia

C’est comme pour la face cachée de la lune, il faut savoir faire le tour de cette presqu’île rocheuse pour découvrir une jolie ville médiévale accrochée sur son flanc dirigé vers la mer. Toutes les constructions adoptent exactement la couleur de la roche en arrière-plan. On se demande si c’est intentionnel pour se dissimuler aux intrus ou si tout simplement les matériaux viennent de là. En s’aventurant dans les ruelles étroites, on distingue tantôt la mer bleu azur, tantôt la citadelle qui trône au sommet. A condition de braver la pente, le soleil et le vent, on peut se hisser jusqu’à l’intérieur des murailles et visiter divers bâtiments d’époque dont une magnifique église ou encore observer le superbe panorama. Il ne reste plus qu’à redescendre et regagner la petite route qui relie le rocher au continent.


Mezzé

Ils font partie intégrale de la culture culinaire grecque. Ces entrées que l’on partage sont en général servies au milieu de la table dans de petits récipients pour que chacun puisse se servir à sa guise. Mais les restaurants touristiques ne s’offusqueront pas que nous autres, habitués à l’individualisme occidental, commandions ces mezzé séparément et les serviront dans des assiettes un rien plus grandes. L’huile d’olive, le yaourt grec, le pain pita, les légumes sautés ou macérés et les herbes fraîches sont la base de ces plats délicieux et sains. Dans Roberto, le tzatziki est roi et quasi quotidien (yaourt grec + concombre + ail + huile d’olive + aneth + sel)


Nauplie

Cette ville côtière fut la première capitale de la Grèce après l’indépendance en 1834. Il est resté de cette période quelques bâtiments administratifs dont l’ancien parlement, ainsi que trois édifices fortifiés dont une  forteresse trop haut perchée pour nos petites jambes et un fortin sur une île trop touristique pour nos petites têtes. En plus, ce fortin a servi après l’indépendance grecque à héberger les dirigeants du pays encore fragile puis les bourreaux de l’époque, dans tous les cas des personnages (pas si différents ?) auprès desquels personne ne voulait vivre. Nous avons préféré flâner dans les rues agréables et fleuries du centre et visiter deux curiosités qui ne figuraient pas dans notre guide (par précaution nous multiplions nos sources d’information) : une église construite dans un rocher géant et un lion sculpté dans un rocher géant. La première a la particularité d’avoir été la seule restée ouverte pendant la période ottomane, probablement parce qu’elle était la plus éloignée du centre. Et le second est un hommage aux soldats bavarois venus sécuriser le pays juste après l’indépendance (le premier roi grec était le fils de Louis 1er de Bavière) mais victimes d’une épidémie de typhoïde. Ce lion endormi est une réplique du Lion de Lucerne, érigé lui en mémoire des Bavarois tués à Paris pendant la révolution française. A noter que la France a été l’un des principaux soutiens à la Grèce lors de son indépendance. Un mémorial dans le centre-ville est dédié à nos soldats.


Épidaure, un iceberg grec ?

Le site antique d’Épidaure est célèbre pour son superbe amphithéâtre, remarquablement conservé malgré ses 2000 ans, ce qui n’empêche pas la poursuite des travaux de restauration. Il pouvait et peut encore accueillir 14000 spectateurs, faisant le plein lors du festival annuel de théâtre classique hellénique. L’acoustique est parait-il remarquable : tout ce qui est lâché sur scène, de la pièce de monnaie au discours à voix basse en passant par ce que vous êtes en train d’imaginer, s’entend jusqu’au dernier gradin, grâce au nombre d’or utilisé par les architectes. Le problème est qu’avec les cars de touristes qui débarquent sans cesse, le fait est peu vérifiable. On visite en même temps le sanctuaire d’Asclépios, mieux connu en France sous le nom d’Esculape, le dieu de la médecine. À l’époque, en dehors de quelques plantes et d’un peu de chirurgie, on soignait plutôt par la persuasion : les patients étaient reçus par un prêtre qui vantait les pouvoirs d’Asclépios, et la plupart du temps ça suffisait ! Le dieu de la médecine n’intervenait que pour des problèmes sérieux. Ses pouvoirs allaient jusqu’à ressusciter les morts, mais ne rêvez pas, vous ne le trouverez pas sur Doctolib.

Levons tout de suite un doute : nous parlons bien du célèbre site de la Grèce antique, et non de la non moins célèbre marque d’huile et de biscottes…

Mais le plus surprenant à Épidaure est son site caché, qui nécessite de se rendre sur une plage et d’enfiler son maillot de bain pour être vu. Car à l’image d’un iceberg, le plus spectaculaire est sous la mer. Oh, pas loin, à quelques dizaines de mètres du rivage et à moins de deux mètres sous la surface. Il faut juste bien repérer sur la carte l’endroit à explorer car l’accès est étonnamment libre pour un site de cette valeur et le seul panneau d’information est complètement effacé par le soleil. Là, muni d’un masque et d’un tuba, on découvre de vieux murs engloutis, un alignement d’amphores dont on ne voit plus que la base, et des petits poissons qui se promènent au milieu de tout ça. Arrivés de bonne heure, nous étions les seuls pendant un moment et avons pu lancer le drone pour une autre vision tout aussi magique. Et réfléchir à la cause de l’engloutissement de cette cité. Personne n’a encore trouvé l’explication.


Équation à plusieurs degrés

En ce mois de juillet, les températures sont plutôt élevées en Grèce. Au moins un jour sur deux nous sommes en alerte jaune ou orange canicule avec un mercure qui frise les 38°C à l’ombre en milieu de journée. Si la climatisation de Roberto rend l’ambiance agréable lorsque l’on roule, ce n’est évidemment plus le cas dès que l’on s’arrête. Aucune solution miracle ne peut résoudre cela. La climatisation permanente nécessiterait une seconde batterie de bonne capacité et l’augmentation de nos capacités de recharge, ou alors l’arrêt dans un camping, ce que nous souhaitons éviter. Mais une série de petits moyens nous aide à rendre la température supportable. Se garer à l’ombre d’abord, tout en sachant que cela réduit fortement la production des panneaux solaires, dans un endroit si possible venté comme une colline ou un bord de mer. Et puis quand cela ne suffit pas, le sésame c’est de prendre un peu d’altitude afin de profiter de la chute mathématique de 6,5°C à chaque fois que l’on s’élève de 1000m. C’est la solution que nous avons choisie à l’approche d’Athènes en allant dormir près d’un refuge sur le Mont Mpafi à 20 km au nord de la capitale. Outre le calme et la fraîcheur, nous aurons la visite d’un petit renard.

et puis nous avons eu de la visite !


Athènes

Les J.O. encore et encore

Compte-tenu de l’actualité, notre première visite dans la capitale grecque a été consacrée au Musée de l’Olympisme qui, ouvert à l’occasion des J.O. d’Athènes en 2014, retrace toute l’aventure.

Je passerai brièvement sur les Jeux Olympiques Antiques, dont j’ai parlé plus haut, même si le musée les détaille bien et rappelle qu’à l’époque de l’Antiquité, la Grèce était le seul pays où la promotion du sport de compétition était érigée en institution, chaque ville grecque possédant des installations sportives pour l’exercice quotidien comme pour les compétitions. « Sois toujours premier et devance les autres » disait Pélée à son fils Achille en partance pour la guerre de Troie.

Quand le site d’Olympie a émergé de l’oubli aux XVIIIe et XIXe siècles, quelques tentatives de rétablissement des Jeux ont eu lieu dans divers pays, mais c’est la ténacité de Pierre de Coubertin et ses idéaux de promotion des valeurs éducatives et universelles du sport qui a permis la relance de Jeux Olympiques dits modernes en 1896. Le début était initialement prévu en 1900 à Paris, mais Athènes a eu la préséance 4 ans plus tôt pour des raisons historiques et diplomatiques.

Si l’on a l’impression que le déroulement des J.O. modernes suit depuis toujours un rite bien précis (parcours de la flamme, allumage, cérémonies d’ouverture et de fermeture, défilé et mixité des athlètes, etc.) il n’en est rien et l’exposition nous rappelle ces avancées une par une, jeux par jeux.

Des panneaux fourmillent d’informations et d’anecdotes sur chacun des Jeux Olympiques depuis 1896

Vous avez déjà lu que les tout premiers J.O. ne comportaient qu’une seule épreuve, réservée aux riches mâles Grecs de pure souche, mais saviez-vous qu’il a fallu attendre :
– 1900 pour que les premières femmes puissent concourir (Paris – qui aura aussi la primeur de la parité parfaite en 2024)
– 1904 pour qu’apparaissent les médailles destinées aux 3 premiers (St Louis)
– 1908 pour la première parade des athlètes derrière leur bannière (Londres)
     – 1912 pour que les cinq continents soient représentés (Stockholm)
     – 1912 pour qu’une épreuve d’art et littérature soit introduite (Stockholm)
     – 1920 pour que le serment olympique soit prononcé par un seul athlète au nom des autres (Anvers)
     – 1920 pour que les médailles d’or ne soient plus en or massif
     – 1924 pour la première tenue de J.O. d’hiver (Chamonix)
     – 1924 pour que le pays organisateur n’obtienne aucune médaille (Chamonix – France…)
     – 1924 pour que les J.O. soient retransmis à la radio (Paris)
     – 1928 pour que lors de la parade les Grecs défilent en 1er et le pays organisateur en dernier (Amsterdam)
     – 1932 pour qu’une femme soit porte-drapeau (Lake Placid – Les seules athlètes anglaises étaient 4 femmes…)
     – 1932 pour que les médaillés d’or écoutent leur hymne national sur un piédestal (Los Angeles)
     – 1936 pour que la flamme olympique soit allumée lors de jeux d’hiver (Garmisch Partenkirchen)
     – 1936 pour que le relais de la flamme olympique soit instauré (Berlin)
     – 1948 (il n’y a pas eu de jeux pendant 12 ans à cause de la guerre) pour qu’un athlète américain gagne une médaille d’or à des J.O. d’hiver
     – 1948 pour que les jeux soient retransmis à la télévision (Londres)
     – 1952 pour que l’Union Soviétique et Israël participent (Helsinki)
     – 1956 pour que l’Union Soviétique participe à des jeux d’hiver (et rafle la majorité des médailles)
     – 1960 pour qu’on utilise des skis autrement qu’en bois (Jean Vuarnet, Squaw Valley)
     – 1960 pour qu’un Africain remporte une médaille (en courant pieds nus au marathon)(Rome). On attend encore qu’un pays africain organise les J.O.
     – 1964 pour que les J.O. se tiennent en Asie (Tokyo)
     – 1968 pour l’apparition de la première mascotte olympique (Grenoble)
     – 1976 pour voir instaurer un marathon féminin (Los Angeles)
     – 1981 pour que les premiers professionnels soient admis à participer
     – 1988 pour la première annulation de médaille pour cause de dopage (Séoul)
     – 1992 pour que les J.O. d’hiver et d’été alternent tous les 2 ans (Albertville)
     – 2000 pour la première épreuve de triathlon (Sidney)
     – 2002 pour que des athlètes chinois, australiens ou noirs remportent l’or à des J.O. d’hiver (Salt Lake City)
– 2024 pour qu’une cérémonie d’ouverture se déroule en dehors d’un stade (vous savez où…)

On y trouve aussi quelques anecdotes. Parmi d’autres :
      – En 1924 à Paris, un athlète participera et jouera peu après au cinéma le rôle de Tarzan. Vous avez reconnu Johnny Weissmuller
      – Lors des J.O. de Berlin en 1936, Hitler voulait démontrer sa théorie de la suprématie aryenne. Ne lui en déplaise, Jesse Owens, un sprinter afro-américain, remporta 4 médailles d’or et devint très populaire lors de ces Jeux
      – Aux J.O. de St Moritz, juste après la guerre, les Américains prêteront des skis aux Norvégiens pour qu’ils puissent concourir
      – En pleine guerre des Balkans, la Bosnie-Herzégovine a envoyé aux J.O. de Lillehammer (1994) un équipe de bobsleigh composée d’un Croate, de 2 Bosniens et d’un Serbe, faisant triompher le sport sur la guerre. Après notre visite de ces pays, ça nous parle bien.


L’impossible Bercy Madeleine


Τι άλλο (What else en Grec)

Athènes est une ville immense, comptant plus de 4 millions d’habitants sur son aire urbaine. La circulation y est dense et peu adaptée à Roberto, aussi nous avons choisi, comme en pareil cas, de laisser notre maison roulante dans un « storage » en périphérie et de gagner le centre par le métro. Nous avons joué les touristes lambda (l’adjectif grec s’imposait) et visité les grands classiques : le quartier pittoresque d’Anafiotika et ses petites maisons cubiques colorées ; la Tour des Vents, une horloge hydraulique antique ; la Stoa d’Attale, un précurseur antique des centres commerciaux ; le quartier des antiquaires, graffité à tous les goûts mais plein de curiosités ; la colline de Philopappos offrant une superbe vue sur la ville et l’Acropole ; l’église orthodoxe Saint-Dimitri, sauvée d’un commandant turc qui voulait la détruire au canon mais périt juste avant dans l’explosion par la foudre de la poudrière stockée dans l’Acropole ; la « prison de Socrate », une grotte où le philosophe n’aurait jamais mis les pieds mais dans laquelle on a muré les trésors du musée national pour les préserver d’Hitler ; le restaurant Mélina, dédié à l’actrice ; la Porte d’Hadrien, érigée à l’occasion de la visite de l’empereur romain, et bien entendu l’Acropole, dont nous avions réservé une tranche horaire pour la visite dès le matin. J’ai été personnellement déçu par le Parthénon, défiguré par les grues et les échafaudages – permanents paraît-il – et les mélanges de pierres neuves et anciennes. J’ai préféré l’Érechtéion et ses caryatides, ainsi que l’Odéon d’Hérode, mieux restaurés à mon goût et sans grue.

On termine par une petite vidéo d’un duo musical, comme on en trouve beaucoup dans les rues du centre et qui complètent parfaitement l’ambiance. N’oubliez pas de lancer le film et de mettre le son !


Pause-enfants

Le moment est venu de faire une petite pause. Voilà plusieurs mois que nous n’avons pas vu nos enfants et notre petite fille. Tous nous manquent et nous sommes très heureux d’aller les retrouver pendant 3 semaines, tout en donnant un coup de main à divers évènements, déménagements et lancements d’entreprises entre autres. Nous laissons Roberto dans notre parking sécurisé et ombragé de la banlieue d’Athènes, non sans lui avoir fait un petit cadeau de consolation : de beaux pneus tout neufs à l’avant. Nous voilà donc partis pour la France. 3 petites heures de vol. Nous nous retrouverons au retour. A très bientôt !

Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

128. La Grèce de Corfou aux Météores

Une fois n’est pas coutume, nous arrivons dans un nouveau pays via une île. En même temps, les îles, ce n’est pas ça qui manque en Grèce. Mais Corfou avait un côté mythique et romantique qui nous attirait. Sans parler du lien avec Achille…

Premier contact corfiote.

À peine débarqués à Corfou, nous sommes saisis par une avalanche de couleurs. Celles de l’eau bien sûr, qui nous rappellent celles de nos Caraïbes, mais aussi celles du décor à terre qui n’est pas en reste. Les maisons et les villages sont très fleuris par leurs habitants, mais la nature se débrouille pas mal toute seule et les bouillées multicolores des lauriers et des bougainvilliers parsèment la campagne sur un fond de cyprès, d’oliviers et de montagnes suffisamment élevées pour accrocher les nuages. La route côtière longe tantôt des rochers abrupts, tantôt d’adorables criques plus ou moins sablonneuses. Nous finissons par succomber au charme d’une plage de graviers blancs, peu fréquentée, et décidons d’y passer notre première nuit. Avec un superbe coucher de soleil à la clef.


Prolongations

Au petit matin, nous sommes seuls avec les voiliers ancrés dans la baie. L’eau est cristalline. Pourquoi bouger ? Rien ne presse ! Nous restons là toute la journée dans le secteur, profitant à la fois de cette plage agréable avec une eau pas trop fraîche et des sentiers de randonnée qui conduisent, à l’exclusion de toute route, à d’autres plages dans le coin. Croisant très peu de randonneurs, nous les pensions désertes, mais c’était sans compter sur l’accessibilité par la mer. De fait, elles étaient toutes occupées. Dont l’une par un de ces bateaux de croisière à la journée avec musique rythmée à fond, boissons à volonté et tous les cris qui vont avec. Beurk. Nous retrouvons avec bonheur notre petite plage pour une seconde nuit et ouvrons pour l’occasion notre bouteille d’ouzo.


L’effet Ouzo

Non ce n’est pas ce que vous croyez, nous n’avons abusé de cette boisson nationale grecque, un double distillat d’alcool neutre mélangé à divers aromates dont principalement l’anis. Incolore, le liquide prend un bel aspect blanc laiteux lorsqu’on y ajoute des glaçons et de l’eau. Cette transformation, liée à la précipitation des microgouttelettes d’huile essentielle d’anis dans l’eau, est appelée effet ouzo, même lorsqu’on l’obtient à partir du pastis, n’en déplaise aux Marseillais. Qui ne vont pas aimer non plus l’origine du nom : il serait lié aux inscriptions faites sur les caisses d’ouzo que l’on expédiait à Marseille « Uso Massalia » (à l’usage de Marseille). Et qui vont encore moins aimer, en adorateurs de leur savant fou, que ceux qui ont su résister à la tentation de l’hydroxychloroquine en se faisant vacciner ont pour la plupart profité de l’effet ouzo utilisé pour fabriquer les nano-vecteurs d’ARN messager anti Covid-19.


Étapes sur la côte

1. Le Cap Drastis

Une avancée spectaculaire de falaises toutes blanches sur une mer bleu azur. L’accès par des routes étroites n’est pas si facile, surtout lorsque les gens s’y garent n’importe comment, mais le lieu est très photogénique.

Toujours adeptes du synchronisme films ou séries / lieux visités, nous avons regardé La Folle Aventure des Durrell, l’histoire autobiographique d’une famille anglaise venue s’installer à Corfou, précisément dans le coin du Cap Drastis. Le ton est léger et humoristique, les personnages sont attachants. Surtout, l’ambiance de l’île est bien rendue. De quoi se détendre si l’été est pluvieux…


2. La plage Saint-Stéphane

Bien plus fréquentée que celle que nous avons quittée le matin. Nous y avons stationné sur le sable le temps d’une petite baignade. Bien qu’il soit étonnamment possible d’y rester la nuit, nous avons préféré la tranquillité d’un petit surplomb rocheux un peu plus loin.


3. La baie Saint-Georges

Une grande plage de galets et de sable aux eaux cristallines attirant beaucoup de familles, le bruit et les commerces qui vont avec. Mais vue de loin, c’est magnifique.


4. Le petit village traditionnel de Krini

C’est l’un des plus vieux villages de Corfou, avec sa typique place circulaire centrale où les habitants aiment se retrouver, voire s’asseoir des heures à regarder ce qui se passe. Souhaitant respecter leur intimité, nous n’avons pas fait de photo. Mais nous avons retrouvé la petite place est ses habitants sur Google Street View, dont le véhicule muni de caméras multiples a eu moins de scrupules. Imaginez tout de même que nous sommes passés là avec Roberto, en essayant de n’écraser personne !


5. Le château byzantin d’Angelokastro

On ne peut aller le voir qu’en traversant le village précédent. Il a fière allure, perché au sommet de son rocher. L’intérieur est plutôt en ruines mais offre un magnifique panorama sur la grande bleue 300 m au-dessous et sur le nord de l’île.


6. La zone touristique de Paleokastritsa

Elle est probablement l’un des endroits les plus spectaculaires de Corfou, avec ses criques turquoise entourées de collines vertes et fleuries. Avec la contrepartie d’une fréquentation maximum genre serviette contre serviette sur les plages et bouée contre bouée dans l’eau, sans parler de la circulation difficile. Nous nous sommes contentés d’admirer le paysage et de prendre quelques photos avant de fuir.


7. Le raté des plages de Limni

Ce sont deux plages jumelles qui se tournent le dos de part et d’autre d’un isthme. Aucune route n’y mène. On y accède soit par bateau, soit par un sentier très pentu. Le ciel devenant menaçant, nous nous garons au plus proche du sentier, dans le virage d’une route très peu fréquentée et remettons la balade au lendemain. Mais le temps n’était pas bien meilleur, alors nous nous sommes épargnés le sentier raide et devenu du coup potentiellement glissant. Nous avons repris la route.


8. Un petit restau à Pelekas

Nous étions venus dans ce petit village pour voir un panorama à 360° depuis l’observatoire du Kaiser. Mais le temps toujours grisâtre ne m’a pas donné envie d’immortaliser le paysage depuis cet endroit. Il nous  est resté le village, pas extraordinaire, mais doté de quelques restaurants dont l’un nous a donné envie de goûter à la cuisine grecque. Rien d’exceptionnel pour commencer, juste deux petites spécialités courantes mais surtout locales. C’est comme pour le ti ‘punch : il n’est jamais meilleur que consommé aux Antilles !


9. L’Achilleion

Elisabeth d’Autriche, la fameuse Sissi, était passionnée par la culture hellénique et notamment la mythologie. Son personnage préféré était Achille, auquel elle s’identifiait en raison de sa propre nature rebelle et indépendante. Lorsqu’après plusieurs drames familiaux et une sorte de road trip en Europe elle décida d’établir résidence à Corfou, c’est tout naturellement qu’elle dédia son palais au héros d’Homère, le baptisant Achilleion. Elle décora l’intérieur et le jardin de multiples œuvres d’art. Le premier étant en travaux, seul le second nous était accessible le jour de notre visite. Nous avons entre autres été impressionnés par la grande statue d' »Achille triomphant » de 6 mètres de haut (11 m avec le piedestal). A ceux qui souhaiteraient savoir si Sissi a fini ses jours à Corfou, je dis non non non, elle est morte assassinée à Genève 7 ans après la fin de la construction de l’Achilleion.


Visite de la ville de Corfou

Corfou, comme Oléron, est la capitale de l’île éponyme. Reste à savoir qui a commencé le premier. La vieille ville, bien conservée ou restaurée, est un melting pot des influences des différents occupants des Vénitiens aux Grecs en passant par les Français et les Anglais. Récit en images.




Passage en Grèce continentale

Nous reprenons le ferry pour la ville d’Igoumenista. Cette fois le navire est de grande taille et Roberto n’a aucun mal à y rentrer, même si la marche arrière est encore de mise. Si la soute est quasi pleine de véhicules, les passagers sont en petit nombre. Comme si personne n’avait envie de quitter Corfou… Mais c’est que nous avons beaucoup de choses à voir, nous !


Les montagnes du Nord-Ouest

Dans la logique de l’itinéraire et parce que nous avons envie de prendre un peu le frais, nous nous dirigeons vers la région des Zagoria, toute proche de l’Albanie, alternant montagnes toutes vertes, vallées profondes et quantité de roches calcaires, le tout traversé par des petites routes étroites et particulièrement sinueuses.

Notre première route, en cul-de-sac, nous amène aux villages de Micro Papigo et Mégalo Papigo, dont les maisons aux murs de roches calcaires et aux toits de lauzes sont typiques de la région, formant de beaux ensembles homogènes, entourés de falaises montagneuses impressionnantes. Entre les deux, nous passons la nuit près d’un petit canyon bordé de piscines naturelles, encore un peu fraîches pour la baignade au moment de notre visite.


Nous gagnons ensuite les Gorges de Vikos, formant le canyon le plus profond du monde si l’on en croit l’inscription sur le Livre Guinness des Records. Dans ce cas précis, c’est en tenant compte de la profondeur (900m) proportionnée à sa largeur. Parce que le Grand Canyon dépasse tout de même les 1300m de profondeur si je ne m’abuse. A ce tarif là, Roberto est le plus vaillant fourgon du monde si l’on se limite aux Fiat Ducato bleu impérial ayant parcouru 32 pays en 3 ans avec 2 trous bleus au côté gauche (si vous avez envie de relire « Le baptême du van », cliquez ici). Mais revenons à notre canyon qui est tout de même assez impressionnant, surtout lorsque l’on s’avance jusqu’au bout de l’étroit chemin à flanc de falaise qui se termine dans le vide sans aucune protection.


Sur la route du retour, nous nous arrêtons au bord d’une autre curiosité de la région : la forêt de pierre. En fait des colonnes de couches de calcaires empilées parsemant une vraie forêt. Curieusement l’endroit est moins visité que le belvédère du canyon, et nous le trouverons suffisamment calme pour y passer la nuit. Le terrain était en légère pente, mais autant dire que nous n’avons pas eu de mal à trouver de belles pierres plates pour horizontaliser Roberto. Beaucoup de voyageurs nomades transportent avec eux des cales à cet effet, mais c’est assez encombrant et nous nous accommodons volontiers d’inclinaisons jusqu’à environ 3%, d’autant que nous n’avons pas de frigo à gaz qui supporte mal les pentes.


Perte de latin

Une des grosses difficultés du voyage en Grèce est la langue. Pas tant l’oral, beaucoup de Grecs parlant Anglais, voire Français dans les lieux touristiques, que l’écrit qui apparaît pour nous comme des hiéroglyphes. La lecture des panneaux routiers est délicate. A la vue d’un panneau d’avertissement, nous nous demandons toujours sur quoi nous allons tomber, pourquoi pas sur une bombe nucléaire qui vient d’exploser, qui sait. Tout est possible ! Et nous ne pouvons même pas compter sur les cartes de Google Maps, envahies elles-aussi par les caractères grecs. Quant au traducteur de Google qui marche plutôt bien dans pas mal de langues, il apparaît ici assez limité. Bon, pour l’instant on se débrouille, mais nous avons totalement intégré l’expression « y perdre son latin » !


Le tour de Jannine

Ok, la ville s’appelle Ioannina, ce qui veut tout de même dire Jannine en Grec. Elle est située au bord du plus grand lac de la région, au niveau d’une péninsule de forme carrée que recouvre une citadelle. Une jolie route arborée longe le lac sur toute la limite de la ville, permettant aussi bien aux promeneurs et autres joggers de s’y promener qu’aux voitures de se garer à l’ombre. Et gratuitement qui plus est, comme cela semble être la règle dans la majorité du pays pour l’instant. Un très bon point pour la Grèce. La circulation, bien que raisonnable n’est pas compatible avec un bivouac, aussi nous prenons un peu de hauteur pour aller contempler la ville de haut et dormir au frais. Avec une vue splendide aussi bien à la nuit tombée qu’au petit matin. Le récit de nos visites – dont un superbe Musée de l’Orfèvrerie – en photos.



Transition saisonnière

Le printemps vient de se terminer, c’est l’occasion d’une petite pause florale avec nos dernières découvertes


Incitation à fumer

Encore une petite ville de montagne appelée Metsovo. Notre guide disait « Avant d’y arriver, vous sentirez peut-être un entêtant mélange de pin, de viande grillée et de feu de bois. Vous distinguerez ensuite des gracieux panaches de fumée s’élever au-dessus des toits de tuile (…) ». Eh bien c’était exactement ça ! La fumée au-dessus de chacun des restaurants alignés sur la rue principale semblait être la meilleure publicité du lieu. Plus ça fumait, plus grand était le nombre de gens attablés.

Ce n’était pas l’heure du repas pour nous, alors nous nous sommes contentés de fouiner dans quelques boutiques, de découvrir quelques spécialités fromagères et liquoreuses locales, et d’aller jeter un œil à une galerie artistique qui nous en faisait, de l’œil. Bon, ça ne se raconte pas trop, ça, alors je vous ai préparé un petit jeu des légendes.

a) Un bateau avec des Grecs ?
b) La conquête du Péloponnèse ?
c) Vacances en famille ?


a) L’heure de l’insuline ?
b) Bain oriental ?
c) Le Hammam des Caryatides ?

a) L’universalité de la sieste ?
b) Homard m’a tuer ?
c) Nature morte avec une femme ?


a) Portrait de la Reine Deinej ?
b) Portrait de la Reine Denim ?
c) Portrait de la Reine Sofia ?


a) Les ravages de la peste
b) Les ravages de l’alcool
c) Auto portrait

Réponses (avec les auteurs)


Compagnons d’abreuvoir

Encore un petit bivouac sympathique, juste à côté d’abreuvoirs en pierre. Ça n’a pas manqué, un troupeau de chèvres est venu nous y retrouver. Et puis le fermier qui habite juste au-dessus. Nous pensions nous faire virer, mais c’était juste pour discuter. Avec l’aide pas terrible de Google Traduction car il ne parlait pas plus Anglais que nous Grec. Nous avons tenté de lui offrir un petit verre de liqueur locale, mais il nous a dit qu’il fallait qu’il aille travailler et que ça n’était pas raisonnable…


Les Météores

Un incontournable de la Grèce que nous ne pouvions manquer : sur la région d’un ancien delta se sont formées de multiples colonnes de grès pouvant aller jusqu’à 400m de hauteur. Au Xe siècle, des moines se sont dit qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour s’isoler du monde et prier en paix. Ils avaient d’abord occupé des grottes, mais finirent par trouver le moyen d’ascensionner certains de ces pitons rocheux à l’aide de cordes et d’échelles. Et d’y bâtir des monastères pour tenir dans la durée et mieux se défendre. Certes l’approvisionnement et les déplacements étaient ardus, principalement basés sur des filets que l’on montait avec un treuil, hissant aussi bien de la nourriture que des humains. Sur plusieurs dizaines de constructions, seuls 6 monastères fonctionnent encore et sont accessibles à la visite. Compte-tenu de la réputation et de l’originalité du lieu, nous ne sommes évidemment pas seuls. Mais les cars de touristes se contentent des monastères les plus accessibles, c’est-à-dire avec le moins de marches. Ça reste un lieu magique, tant par le décor que par l’histoire.


Le Monastère Varlaam, ci-dessous, porte le nom de l’ermite qui s’y installa pour la 1ère fois au XVe siècle. Malgré la petite chapelle et les quelques cellules qu’il avait aménagées, il y resta seul pendant 10 ans avant de mourir. Après plusieurs années d’inoccupation, deux frères vinrent s’y installer et transformer les lieux en profondeur grâce à des dons. Aujourd’hui on y trouve, outre le monastère, deux églises, un musée qui expose quelques œuvres d’art religieux et surtout explique les difficultés de la vie monacale dans les premiers temps.

L’approvisionnement et l’accès se faisaient uniquement via un treuil et des filets, pour les marchandises comme pour les humains !

C’est avec cette vue sur les Météores que s’achève ce premier chapitre sur la Grèce. Le pays est grand, nous avons encore beaucoup à découvrir. Et donc à partager. A bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

127. Albanie

Ce 32ème pays de notre périple n’est pas un enième pays balkanique. Il a son caractère bien à lui. Déjà parce que ses origines sont différentes, les Albanais descendant des Illyriens, comme en témoigne leur langue unique indépendante des dérivés du serbo-croate parlés autour. Et puis parce que son histoire est particulière, faite d’une succession d’envahissements et de dictatures. Mais les Albanais sont résilients et bien plus attachés à leur nation qu’à leurs diverses religions.


La cathédrale transformée en salle de gym

La cathédrale de Shkoder, au Nord-Ouest de l’Albanie, a connu bien des tourments liés au passé mouvementé du pays. Née dans un château au Moyen-Âge, elle fut transformée en mosquée au XVe siècle après l’invasion des Ottomans, qui autorisèrent finalement sa reconstruction entre 1858 et 1867. Endommagée par un séisme en 1905, puis par un bombardement en 1913, elle fut reconvertie en palais des sports en 1967, sous le régime du dictateur Enver Hoxha. Il a fallu attendre la chute du Rideau de Fer en 1990 pour que la cathédrale retrouve sa fonction initiale, avec les honneurs de la visite de Mère Teresa et du pape Jean-Paul II en 1993. Le Dieu du ciel a repris sa place aux dieux du stade.


Photo-nostalgie

Toujours à Shkoder se trouve une exposition de photographies anciennes rassemblées par une famille albanaise, un témoignage exceptionnel du passé limité bien sûr à la date d’apparition de la technologie. Si la galerie de clichés commentés est intéressante, elle s’accompagne aussi d’une collection de matériels de prise de vue et de laboratoire qui ont fait ressurgir en moi l’époque où, adolescent, j’étais passionné par la photographie argentique, du découpage des bobines de films dans le noir complet au séchage des tirages sur la machine à glacer en passant par toutes les étapes de la prise de vue et des manipulations en laboratoire sous lumière rouge. Ceux qui sont passés par là apprécieront.

P.S. La dernière image est celle d’un appareil photo à 15 objectifs. A l’époque où l’on ne pouvait avoir qu’un seul exemplaire de chaque photo prise (pas de négatif), cela permettait d’en avoir 15 d’un coup !


Ponts et chaussées

La période ottomane, qui a duré environ 4 siècles, de 1478 à 1819, a laissé pas mal de souvenirs dans le pays. Parmi eux ces gracieux ponts de pierre munis d’arches en ogive et parfois décorés de motifs géométriques ou de calligraphies arabes. Nos préférés sont le pont de Mes, le plus long des Balkans avec ses 108 mètres et ses 13 arches, le pont des Tanneurs de Tirana, devenu inutile faute de rivière à traverser suite à des remaniements urbains, et le Pont de Bënjë, enjambant une rivière toute bleue et des sources thermales formant de jolis bassins, tout là-haut dans la montagne.

Dans les villes ayant réussi à conserver leur centre historique, comme Berat ou Gjirokaster, les rues sont pavées de pierres multicolores formant des motifs géométriques du plus bel effet. L’association de plusieurs types de pierres avec des rugosités différentes avait aussi pour but d’empêcher les chevaux de glisser.


Skanderberg ce héros

Peu de personnalités ayant vécu au XVe siècle ont encore une grande popularité aujourd’hui. C’est pourtant le cas de Georges Castriote dit Skanderberg, qui réussit toute sa vie durant à repousser l’invasion de l’Albanie par les Ottomans, pourtant bien plus nombreux et mieux équipés. C’est que l’homme avait du charisme et de la diplomatie à revendre, suffisamment pour fédérer les différentes tribus du pays qui pourtant ne s’entendaient guère. Ardent défenseur de la chrétienté, il bénéficiait du soutien des États pontificaux. Le pape Pie II l’avait même qualifié d' »athlète du Christ ». Les successeurs de Skanderberg n’ont pas eu le même succès : 10 ans après sa mort, les Ottomans envahissaient le centre et le sud de l’Albanie…

Nous avons vu à Lezhë, lieu de son décès, le mausolée englobant les ruines de la cathédrale St Nicolas où repose sa dépouille. Nous avons admiré son imposante statue équestre à Tirana. Nous avons visité le musée qui lui est consacré à Krujë, ancienne capitale du pays qui fut aussi son quartier général. Krujë … QG … Y aurait-il un lien ?


Les dictateurs

À la fin de chaque guerre mondiale, l’Albanie a été la proie des nations voisines qui profitaient du chaos ambiant pour s’en emparer, favorisant pour les mêmes raisons l’ascension d’hommes politiques albanais à ego élevé. C’est ainsi que le président de la république Ahmet Zogolli s’auto-proclama roi du pays en 1928,  et qu’après ses débordements, le politicien Enver Hoxha le destitua au profit d’un régime communiste pur et dur dont il était le seul maître, ce qui revenait quasiment au même. Le premier, outre un train de vie excessif, avait pratiquement vendu son pays à Mussolini, qui d’ailleurs finit par l’envahir. Le second, après s’être cherché des liens avec les pays idéologiquement proches (Yougoslavie, URSS, Chine), les a tous rompus, isolant l’Albanie du reste du Monde à la manière de la Corée du Nord aujourd’hui. Craignant le contre-pouvoir religieux, Enver Hoxha fit fermer et/ou détruire tous les lieux de cultes, tout en proclamant en 1967 l’Albanie comme le « premier état athée du monde ». Craignant des représailles aussi bien externes qu’internes, il fit installer 700 000 bunkers dans tout le pays, qu’on retrouve encore un peu partout, et mit en place un système fortement répressif basé sur l’espionnage massif de tout le pays via une police politique appelée Sigurimi. En découlèrent 40 années d’isolement total, d’appauvrissement économique et surtout une répression parmi les plus sanglantes d’Europe. La « maison des feuilles » et le « bunk’art » (un ancien bunker reconverti en musée) à Tirana relatent ouvertement cette période sombre qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et conduit à l’incarcération et à la persécution d’à peu près autant d’autres.


Tailler la route

La route est une partie importante de notre vie nomade. Elle est souvent un bon reflet de ce que nous trouverons plus tard dans le pays. En dehors des grands axes, les routes sont étroites et leur revêtement nécessite une attention permanente tant il est parfois endommagé, manquant ou affaissé. Les automobilistes sont tantôt excessivement lents, tantôt trop rapides. A l’inverse du klaxon, les clignotants sont rarement utilisés. Nous n’avions pas rencontré jusqu’ici de stationnement aussi anarchique : la double file est d’usage courant, mais aussi le stationnement en épi là où les autres sont alignés le long de la chaussée et réciproquement. Un jour, alors que nous voulions nous garer sagement sur un emplacement bien délimité au sol, les habitants nous ont fait signe de nous garer de l’autre côté de la rue, en plein sur la voie de circulation. Peut-être parce que c’était à l’ombre ? Il nous est arrivé aussi de devoir faire marche arrière dans des petites rues bloquées par un stationnement inadapté. Les voitures sont pourtant de belle taille, le modèle le plus répandu étant la Mercedes, ce qui pose question dans l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Parmi les explications possibles, le fait que les dirigeants de l’époque communiste étaient les seuls à pouvoir en posséder en fait un signe de prééminence sociale ; la réputation de solidité de la voiture allemande lui confère aussi un avantage sur les routes défoncées et stimule le marché de l’occasion, d’autant que les voitures neuves sont très taxées dans le pays. Pour terminer, mentionnons la rue Egnatia qui traverse toute l’Albanie. Venue de Constantinople (maintenant Istanbul), elle mène tout droit à Rome. Contrairement au dicton, c’est bien la seule ici.


Avantagée par la nature

La nature en Albanie est immense et sauvage, c’est un grand point positif pour le pays. Le nord-est de l’Albanie est très montagneux et difficilement accessible faute de routes. Il y a sans doute largement de quoi satisfaire les découvreurs en herbe. Pour le reste, nous avons vraiment trouvé de jolis coins, que ce soit pour la visite ou pour y dormir. A deux reprises, nous avons été entourés le soir par des chevaux sauvages. Un matin, nous nous sommes réveillés avec un troupeau de moutons et avons pris le café avec son berger. Pour nos deux seules nuits en camping, des animaux de basse-cour se promenaient autour de nous. Et puis nous avons randonné dans des endroits grandioses, dormi près de rivières toutes bleues, observé les locaux traverser des lacs en barque, remonté un canyon avec de l’eau jusqu’aux genoux. Jamais nous n’avons senti déranger les habitants, qui au contraire, voyant que nous hésitions à rejoindre un « spot » nous en indiquaient le chemin. Ici, traditionnellement, le sens de l’accueil est élevé. Jamais autrefois on ne refusait le gîte et le couvert à des voyageurs qui se présentaient. Je ne sais pas si c’est encore vrai aujourd’hui, faute d’avoir tenté l’expérience.


Cuisine locale

Nous avons été surpris de voir aussi peu de fruits et légumes dans les supermarchés, jusqu’à comprendre qu’ici on les achetait plus volontiers au bord des rues ou sur les marchés. La cuisine locale ressemble à celle des pays voisins, alliant toujours des influences italiennes et turques, mais rajoutant ici une touche de grec. La viande est volontiers grillée, en boulettes ou cuite en ragout. Le yaourt est dans presque toutes les sauces. Les deux plats les plus typiques portent le nom de leur récipient : le tavë, un plat en terre cuite qui passe directement du four à l’assiette, contenant morceaux de viande, légumes et sauce au yaourt un brin épicée. Et le saç, un plat métallique avec un couvercle pour cuire divers ingrédients sur la braise. Nos desserts se sont essentiellement composés de fruits, les pâtisseries locale, d’influence orientale, bien que très tentantes, étant trop sucrées. Le raki, une eau de vie de fruits, accompagne aussi bien les entrées que le café après le repas ou même celui du matin… Les bières locales, notamment la Korça, tiennent la route.


La religion

Peut-être parce qu’ils ont été privés du droit de culte pendant les 40 années de dictature communiste, les Albanais déclarent presque tous une religion. Mais pour avoir subi ces nombreuses invasions, ils sont bien davantage attachés à leur nation qu’à une religion particulière. Il en résulte une grande tolérance religieuse malgré le caractère largement majoritaire de l’islam. 70% de la population est musulmane, mais cela ne se voit pas. Le voile n’est presque jamais porté, les appels à la prière sont extrêmement discrets, les pratiquants réguliers sont en fait assez rares. 25% sont chrétiens, orthodoxes ou catholiques. Et 5% sont un peu musulmans un peu chrétiens en ayant adopté la religion bektache. Ils prient dans des tekkes, sans sièges ni bancs comme dans les églises, mais richement décorés et hommes et femmes réunis contrairement aux mosquées. Il est courant en Albanie d’avoir deux ou trois lieux de culte différents qui se font face.


Mais qu’est-ce qu’il a ce George ?

Si vous pensiez que j’allais parler de cette chouette chanson de Salvatore Adamo et Olivia Ruiz, j’en suis désolé. Mais là, nous allons parler de George W., dont nous avons curieusement trouvé une statue sur notre route, dans une petite ville du centre de l’Albanie dont vous n’avez probablement pas entendu parler, Fushë-Krujë. Et mieux encore, un café et une boulangerie à proximité de la statue portent aussi son nom ! Mais qu’a donc fait l’ex-président des États-Unis pour mériter cela ? Eh bien déjà il est venu en Albanie, ce qu’aucun président américain n’avait fait auparavant, pour exprimer le soutien des États-Unis non seulement aux Albanais du pays mais aussi à ceux en grande difficulté au Kosovo. Et sûrement aussi pour y investir quelques dollars une fois la région stabilisée.

L’insolite de la statue attire aussi les commentaires sarcastiques des voyageurs sur les avis Google Maps, presque plus amusants à lire que l’histoire de la visite elle-même. En voici quelques-uns.



Tenir sa langue

L’albanais est une langue indo-européenne sans parenté avec les autres, formant une branche à elle seule. Elle pourrait être dérivée de l’illyrien antique. La première conséquence pour nous est que cette langue s’écrit en caractères latins, plus compréhensibles que le cyrillique qui envahissait de plus en plus les panneaux en descendant vers le sud. Et que nous retrouverons de toutes façons lorsque nous passerons en Grèce. Alors pour l’occasion, voilà juste un petit florilège d’enseignes locales et un petit quiz pour exercer votre sagacité


Trois villes incontournables

1. Tirana, pour son dynamisme et son architecture

Tout le modernisme de ce pays qui est l’un des moins riches d’Europe semble se concentrer dans sa capitale, avec un nombre impressionnant de gratte-ciels esthétiquement réussis qui semblent faire la nique aux bâtiments austères et mastocs de la période communiste. Les commerces du centre-ville diffèrent peu de ceux des autres capitales européennes, les rues sont larges et bien aérées. La grande place Skanderberg est le cœur de la ville, toute carrelée de blanc et bordée d’édifices religieux et publics de belle facture, dont le musée d’histoire nationale et son emblématique mosaïque en façade. De nombreux personnages presque tous armés marchent vers la gloire et la victoire (libération du pouvoir ottoman) entourant une jeune femme symbolisant la mère patrie. Un peu plus loin, une cloche fondue avec des milliers de douilles retrouvées après l’insurrection de 1997 qui a conduit à la chute du gouvernement communiste rend hommage cette fois aux victimes de cette dernière lutte pour la démocratie. Évoquons aussi la pyramide Hoxha, qui a failli tomber dans le même oubli que son dictateur éponyme, avant qu’on décide de la rénover. Enfin, curiosité unique, Tirana possède 2 rues Georges W. Bush…


2. Berat, pour son magnifique ensemble de maisons ottomanes et son château

De part et d’autre d’une rivière s’alignent en terrasses une multitude de maisons ottomanes aux façades blanches percées de nombreuses ouvertures toutes pareilles, qui font surnommer Berat « la ville aux mille fenêtres ». Au-dessus, perchée sur un immense rocher, trône une citadelle hébergeant de nombreux édifices classés à l’UNESCO, mais aussi encore pas mal d’habitants et de commerces. Berat mérite aussi la visite pour ses nombreux édifices religieux dont le plus emblématique est l’église St Michel, accrochée à mi-hauteur sur le rocher de la citadelle, et qui figure en couverture de notre édition du guide Lonely Planet.


3. Gjirokaster, pour ses maisons fortes remarquablement conservées

C’est dans cette ville du sud de l’Albanie que naquit la rébellion contre l’empire ottoman sous la férule d’Ali Pacha. Il réussit là où Skanderberg avait échoué en déclarant de façon unilatérale l’indépendance de l’Albanie en 1819, mais n’eut pas le temps d’être populaire, décapité en représailles par les Turcs 2 ans après. Notre Alexandre Dumas national l’a tout de même immortalisé dans son roman éponyme. A cette époque, rien de tel pour se défendre que des maisons fortifiées, dont on peut encore retrouver et visiter quelques exemplaires dans la vieille ville. Une façon idéale de s’imprégner des coutumes ottomanes du XIXe siècle, notamment celles liées aux mariages et au sens de l’hospitalité (des pièces étaient réservées exclusivement à ces usages dans chaque maison). Nous avons visité aussi la forteresse qui surplombe la ville, comme à Berat, mais qui présente moins d’intérêt.


Une claque à l’odomètre

C’est en Albanie que l’odomètre de Roberto va afficher désormais six chiffres, soit 100 000 km, après avoir parcouru 32 pays différents en un peu plus de 3 ans. Notre monture se porte plutôt bien. Mis à part cet agaçant voyant « faire contrôler moteur » qui s’affiche puis disparait spontanément sans que l’on n’ait jamais trouvé de cause précise, et bien sûr ce souci vite réparé de démarreur et de batterie au Monténégro, nous n’avons pas connu de panne bloquante. Pourvu que ça dure !

Et 100 000 km, sur cartes, ça donne quoi ? Ces petites animations permettent de bien réaliser les distances parcourues

2O21 – Europe du Nord

2023 – Amérique Centrale
2022 – Amérique du Nord

2024 – Europe du Sud-Est

Vamos a la playa


Souvenirs souvenirs


En route pour la Grèce

Ça ne nous était pas arrivés depuis le Panama, nous allons quitter le pays par bateau. Car nous ne passons pas de suite vers la Grèce continentale mais nous allons l’aborder par une île : Corfou. C’est dans un ferry modeste que nous allons traverser, avec une porte d’entrée à peine plus grande que Roberto et pour corser la chose – c’est une première – un embarquement en marche arrière. Mais bon, il y a des marins pour vous guider (en albanais ou en grec…) et ça s’est bien passé. A suivre, donc.


Et la carte du parcours pour finir, zoomable en cliquant ici

126. Les merveilles du Monténégro

Nous arrivons au début du mois de mai au Monténégro, le 31ème pays depuis le début de notre vie nomade il y a un peu plus de 3 ans, alors que nous approchons des 99000 km parcourus. Ce petit pays a été l’un des derniers avec la Serbie à quitter la Yougoslavie, les deux contrées partageant une religion orthodoxe prédominante et une affinité pour le communisme. Nous ignorons tout du Monténégro, la découverte est totale et va s’avérer pleine de belles surprises. Alors que nous pensions le traverser en une semaine (le pays a la taille de l’Île de France), il nous en faudra au moins deux avant de nous décider à en sortir.

Les Bouches de Kotor

Nous abordons le Monténégro par les Bouches de Kotor, un ensemble étonnant de 4 baies profondes entourées de hautes montagnes, s’apparentant un peu aux fjords nord-européens, mais débouchant sur la Mer Adriatique. La route qui en épouse le moindre contour offre des vues spectaculaires à chaque virage et traverse de charmants petits villages. Après un arrêt dans la cité balnéaire d’Herceg Novi, qui nous intéressera davantage par son monastère orthodoxe que par son centre historique très touristique, nous nous arrêtons à Lipci observer quelques peintures rupestres datant du VIIIè siècle av. J.-C., d’accès étonnamment libre. L’étape suivante est Risan, où nous décidons de passer la nuit sur une jetée en attendant l’ouverture le lendemain d’une maison ornée de mosaïques romaines du IIè siècle ap. J.-C. C’était sans compter sur le fait que le 2 mai était encore la fête du travail au Monténégro. Ils doivent sans doute travailler beaucoup pour avoir 2 jours de congés à cette occasion. Nous gagnons ensuite Perast, peut-être le plus beau village de la baie bien qu’envahi par la foule, venue en partie visiter 2 îles minuscules hébergeant l’une une église l’autre un monastère. La route se termine par la ville fortifiée de Kotor. Après, si l’on ne veut pas faire le tour complet, il ne reste plus qu’à s’échapper par l’une des nombreuses petites routes en lacets qui partent à l’assaut des montagnes.



Une route à dessein

Au lieu de poursuivre le tour des bouches de Kotor, nous prenons la direction des montagnes au Nord. Alors que la pente n’est encore que très modeste, nous rencontrons une petite succession de lacets qui sur notre GPS et sur Google Earth dessinent une sorte de M. Eh bien ça n’est pas un hasard. Cette sinuosité inutile – la route aurait pu aller tout droit compte tenu de la faible pente – est l’acte volontaire de l’architecte austro-hongrois en charge de la construction de cette route en 1878, tombé amoureux d’une monténégrine dénommée Milena, à qui il a pu offrir cette belle preuve de son affection. Et dans M il y a aussi aime, n’est-ce-pas ?

Un peu plus haut, nous partons à l’assaut d’une impressionnante succession de lacets, 25 virages en épingles à cheveux sur quelques kilomètres, cette fois tout à fait justifiée. De plus, cette route appelée Serpentine est très étroite et assez fréquentée. Croiser les véhicules en sens inverse était presque un challenge à chaque fois. Particulièrement quand il s’agissait de bus. Nous en avons tout de même rencontré trois, nous donnant l’occasion d’apprendre la bonne technique pour que ça passe dans les virages : toujours laisser le bus à l’extérieur !


Purée de poisse

Montés bien haut avec ces routes délicates mais superbes, nous finissons dans le brouillard, et c’est bien dommage parce que notre destination du jour est un petit sommet censé procurer une vue époustouflante à 360° sur la moitié du pays et même les pays limitrophes. A l’arrivée au parking ça n’est pas gagné. Mais il nous reste l’espoir que ça se dégage après avoir gravi les 491 marches qui mènent au Mont Lovcen. Ne croyez pas pour autant que toutes les montagnes du Monténégro soient dotées d’escaliers. C’est qu’ici, au sommet, se trouve le mausolée du prince-évêque préféré du pays, qui a régné de 1830 à 1851, avant que le Monténégro ne devienne une vraie monarchie un peu plus tard. Pierre II Petrovic Njegos était un leader aussi bien politique que culturel, connu pour ses œuvres poétiques et philosophiques. Après que la petite chapelle où il était enterré ait été endommagée par les guerres, le pays reconnaissant l’a transformée en un mausolée étonnant. La démocratie est maintenant de mise au Monténégro, mais un prétendant au trône attend son tour en Bretagne où il est né après l’exil de la famille.

Le brouillard ne se lèvera pas, nous décidons de repartir. Mais Roberto non. Toujours ce démarreur qui ne se lance pas, alors que pourtant tout ce qui est électrique fonctionne. Nous branchons le logiciel de diagnostic sur la prise ODB. Il dit que tout va bien. Et bien sûr, avec une boîte automatique, pas question de tenter de démarrer en prise. Comme ça s’était résolu tout seul il y a 3 jours, nous patientons un peu. Et Roberto finira de bouder. Alors nous changeons nos plans et partons vers la capitale qui n’est qu’à une heure de route et qui possède un garage Fiat-Iveco.


Bagdad Café

Nous trouvons facilement ce tout petit garage qui ne paie pas de mine. À 17h15, un quart d’heure après la fermeture officielle, il est encore ouvert. Nous entrons et cherchons quelqu’un dans ce tout petit local ne pouvant pas recevoir plus de 3 voitures, où règne un certain désordre ambiant et où la télé semble tourner en continu. Je déniche un mécano, branché avec son ordi sur une voiture. J’explique notre problème. Il commence par me dire que c’est encore férié pendant 5 jours (nous sommes le vendredi de Pâques orthodoxe…) avant de me donner, devant mon air dépité, rendez-vous à 8h30 demain matin. Ouf ! Nous dormons sur un terrain vague loin de nos standards habituels mais proche du garage. Roberto démarre correctement et nous sommes pile à l’heure au rendez-vous. Après quelques essais, ils nous disent que le démarreur a peut-être un problème, mais que la batterie aussi. Ils nous démontent le premier, nettoient et graissent tout mais ne trouvent pas grand-chose. La batterie semble moins en forme et il est probable qu’après 3 ans et près de 100 000 km elle soit en fin de vie. Nous acceptons la proposition de la changer. En attendant que la commande arrive d’un stock voisin, on nous amène des chaises puis on nous propose du café, de l’eau, un jus de fruit. Nous déclinons gentiment tout, mais quand ils nous proposent du brandy (!) nous acceptons finalement le café… Que nous dégustons avec eux pendant leur pause. Ils sont vraiment aux petits soins pour nous, nous font visiter le garage, nous montrent où ils en sont, etc. Finalement la batterie arrive et vers 11h, nous repartons avec un Roberto tout fringant et démarrant au quart de tour.


Fuir la foule

Avant que Roberto nous fasse le coup de la panne, nous avions prévu de visiter un monastère orthodoxe très connu dans le pays. Mais pas très facile d’accès. Nous nous sommes dits qu’y aller un week-end pascal n’était pas une si bonne idée et nous décidons de partir du côté opposé, vers une région montagneuse peu visitée. C’est une route magnifique qui nous y mène, longeant d’abord un canyon spectaculaire puis traversant des zones ressemblant un peu au massif des Causses chez nous. C’est de nouveau une voie étroite, par endroits mal revêtue, mais le côté sauvage nous va bien et nous ne croisons que rarement d’autres véhicules. Nous arrivons le soir au village de Gusinje, au cœur d’une vallée bucolique avec ruisseaux, pentes herbeuses, cimes enneigées tout autour et ce qu’il faut de vaches et de moutons pour compléter l’ambiance campagnarde.


Les pieds dans le Plav

Dans le même secteur se trouve le lac de Plav. Encore un décor magnifique avec des couleurs qui n’auraient pas manqué d’inspirer Monet. Mais une fraîcheur – nous sommes à plus de 900 m d’altitude – qui n’incite pas à y tremper autre chose que les pieds. Le village lui-même, sans être exceptionnel, mérite qu’on jette un œil à sa tour en pierre construite au XVIe siècle pour mieux se défendre des invasions ottomanes et à ses mosquées en pierres ou en bois qui montrent que ça n’a pas été si efficace…


Vers le grand oeil bleu

Nous faisons maintenant cap au Nord-Est vers d’autres montagnes, celles du parc naturel du Durmitor. De hauts plateaux, de jolis petits lacs et une couronne de montagnes dont certaines enneigées. Pas moins de 50 sommets à plus de 2000 m d’altitude nous attendent. De décembre à mars, le parc est d’ailleurs une station de ski réputée. Le reste de l’année, il semble que ces grands espaces soient peu visités et c’est bien dommage.


Presque noir


Scenic Road

Nous avions rencontré ce concept lors de notre visite des parcs américains : beaucoup d’entre eux sont dotés d’une « scenic road », une route qui mène à différents points de vue ou départs de randonnées et qui permettrait même de visiter un parc sans descendre de sa voiture. Au parc du Durmitor, nous avons emprunté cette route panoramique sur à peu près les 2/3 de ses 75 km. Bien moins aménagée que ses homologues américaines, elle est particulièrement étroite, jouxte sans protection de nombreux précipices et côtoie des parois à risque élevé d’éboulement si l’on peut en juger par les roches jonchant la route à certains endroits. Elle est à double sens et il est ardu de s’y croiser. Il faut parfois reculer de quelques centaines de mètres pour trouver un petit élargissement approprié. Curieusement, le prospectus recommande une circulation en sens antihoraire SAUF pour les (petits) camping cars à qui il est conseillé l’autre sens… Raymond Devos trouverait certainement que ça n’en a pas. De sens.


Gorge profonde


Le monastère d’Ostrog

Ce monastère isolé en plein centre du Monténégro, est le plus vénéré des chrétiens orthodoxes du pays, la religion majoritaire. Il se compose d’un monastère supérieur, le plus emblématique du fait de son encastrement dans une falaise de 900 m de hauteur, recevant un million de visiteurs par an, d’un monastère inférieur, situé 2 km plus bas, beaucoup moins visité, et de deux petites églises. Le tout premier aurait été créé par Saint-Basile, un évêque d’Herzégovine, qui aurait amené tous ses moines dans 2 grottes présentes dans la falaise après qu’ils aient été chassés de leur monastère initial d’Herceg Novi par les Ottomans. Son corps est maintenant enchâssé dans le mur de la petite église attenante et continuerait de guérir toutes sortes de maladies. Ce qui est bien c’est que toutes les confessions sont acceptées. La santé n’a pas de religion n’est-ce-pas ? De magnifiques fresques ornent l’intérieur, mais les photos sont interdites. Les superbes mosaïques de l’étage supérieur sont par contre accessibles. Une belle ambiance en tout cas et pas tant de monde que ça.


Podgorica

La jeune capitale du Monténégro – elle ne l’est devenue qu’en 2006, à l’indépendance du pays – est le reflet du passé chaotique du pays. Après les divers envahissements plus ou moins destructeurs qu’elle a subis, la ville s’est reconstruite de façon assez hétéroclite en une sorte de melting pot architectural quelque peu déconcertant. Nous y avons flâné une journée et fait tout de même quelques découvertes, démentant ceux qui racontent sur les réseaux qu’il n’y a rien à voir.


Le Temple de la Résurrection du Christ est une superbe cathédrale orthodoxe presque neuve – elle n’a été consacrée qu’en 2014 – avec ses larges dômes surmontés de croix dorées, ses murs en pierres taillées et son intérieur couvert de fresques. Une cérémonie de mariage était en cours lors de notre visite, mais un groupe de touristes ayant été invité par leur guide à rentrer, nous avons suivi le pas. Nous n’avons néanmoins pas pu tout explorer, et nous n’avons pas réussi à dénicher la fresque la plus célèbre, une petite saynète montrant Tito, Marx et Engels brûlant ensemble en enfer. Une vengeance des orthodoxes sur l’interdiction de culte ordonnée par le régime yougoslave. Je vous mets quand même une photo prise sur Internet.


Stara Varos, le vieux quartier ottoman, en dehors de ses ruelles pavées qui tranchent avec les larges avenues de la ville nouvelle, ne possède pas de construction bien typique à part peut être la tour de l’horloge peu mise en valeur et le vieux pont romain. Nous avons été intrigués par contre par de multiples graffitis dans ses rues montrant des vikings et la date 1987. Après recherches, il s’agit d’une référence à la date de création d’un club de fans de l’équipe de foot locale. Ils se sont nommés les « barbares » et sont connus pour être très turbulents, responsables de nombreuses interruption de matches après avoir envahi le terrain, lancé des fusées éclairantes, des gaz lacrymogènes et des objets contondants. Y compris lors de compétitions européennes. Les hooligans monténégrins en quelque sorte.


Du vin de bonne garde

Pas très loin de Podgorica, nous nous arrêtons visiter une cave à vin qui possède une histoire particulière : elle est en effet installée 30 mètres sous terre dans des anciens hangars top secret abritant les avions de l’armée populaire yougoslave. 1 million de litres de vins vieillissent juste sous le vignoble dont ils sont issus. Deux cars de touristes arrivés juste avant nous ont dissuadé de tenter la dégustation, mais c’est une option sur place, y compris avec restauration et accord mets-vins si ça vous tente.


C’est une surprise mais chut !

Peu de gens le savent, mais les chutes du Niagara sont à 10 minutes de Podgorica, au Monténégro. On ne peut pas en douter, c’est écrit dessus. Plus modestes que leurs homologues nord-américaines, elles sont néanmoins de belle prestance et méritent véritablement la visite. A part peut-être au mois d’août où elles auraient tendance à se dessécher, la comparaison n’étant alors plus de mise.


Le Lac de Skadar

La plus grande étendue d’eau des Balkans sert aussi de frontière entre le Monténégro et l’Albanie. Elle est alimentée par une rivière sinueuse bordée de nénuphars, dont on peut observer les magnifiques méandres depuis la route panoramique qui traverse le parc. Plus loin, c’est le lac presque entier que l’on peut observer. Sa faible profondeur, 5 m en moyenne, explique la présence de nombreuses plantes aquatiques lui donnant de belles couleurs, et attirant surtout une faune exceptionnelle. 256 espèces d’oiseaux notamment, dont le rare pélican frisé que nous n’aurons pas le bonheur de rencontrer alors qu’il avait une tête sympathique sur les photos. La route panoramique est aux « normes » monténégrines, c’est-à-dire étroite, tortueuse, mal limitée, sans marquage au sol évidemment, et dont les glissières de sécurité sont remplacées par de simples rochers posés en équilibre au bord du précipice. L’attention nécessairement soutenue du conducteur limite un peu l’observation des paysages pourtant exceptionnels. Heureusement que des arrêts sont ménagés ça et là !


Cetinje

La capitale du pays de 1481 à 1918 est un peu plus chargée d’histoire que sa successeure Podgorica. Elle conserve nombre de bâtiments Art nouveau datant de l’époque où la noblesse européenne rendait visite à celle du Monténégro. D’opulentes demeures d’habitation – dont celle du président, mais aussi des administrations, des ambassades, etc. La construction effrénée noie tout ça un peu plus chaque jour dans des immeubles plus ou moins modernes, mais il persiste suffisamment de bâtiments de caractère pour rendre la visite de la ville agréable. D’autant qu’un certain nombre de ces édifices ont été transformés en musées.   


Laisse béton

« Une petite Dubrovnik, le calme en plus » disait notre guide à propos de Budva, la première ville que nous retrouvons sur la côte. Après la visite de la « perle de l’Adriatique » en Croatie, il nous fallait aller le vérifier. Eh bien nous avons été très déçus. La citadelle qui crève les yeux dans la version croate est ici difficile à apercevoir ici, presque constamment dissimulée par des constructions récentes hideuses. Et une fois passées les murailles, on retrouve la même concentration de boutiques et restaurants, mais sans l’harmonie et la richesse architecturale de la grande sœur croate, définitivement bien supérieure. Le seul point sur lequel nous sommes en accord, c’est le moindre nombre de touristes. Mais il ne faut pas chercher bien loin l’explication.


Un peu plus loin, la presqu’île de Sveti Stefan, certes hyper photogénique, confirme la vente du littoral aux promoteurs immobiliers : là c’est la totalité de cet ancien village, dont les habitants ont été expulsés par le régime communiste, qui a été privatisée, les maisons ayant été reconverties en chambres d’hôtel de luxe. L’accès via l’étroite route est réservé exclusivement aux résidents, tout comme l’une des 2 plages qui l’entourent tandis que l’autre est payante. Du coup, le site touristique le plus photographié au Monténégro est aussi le moins visité. Quel paradoxe !

Et à proximité, de nouvelles constructions sortent déjà de terre, une tendance au bétonnage intensif que nous ne pourrons malheureusement que confirmer en poursuivant la route côtière. C’est décidé, nous repartons vers les montagnes !


Une vie de châteaux

Nous allons trouver sur notre route quelques-uns de ces nombreux châteaux, perchés stratégiquement au sommet de montagnes pour assurer la défense des envahisseurs actuels contre les envahisseurs futurs. Le Monténégro a, malheureusement pour lui, fait l’objet de beaucoup de convoitises dans le passé.

La forteresse de Haj Nehaj fut construite au XVe siècle par les Vénitiens pour se protéger des Ottomans. On y accède par une belle randonnée dans la forêt. Au sommet, on s’étonne de la taille de la construction et on compatit pour les travailleurs qui ont assemblé toutes ces pierres au bord d’un précipice. On distingue encore bien la silhouette de la petite église qui disposait autrefois d’un autel catholique et d’un autre orthodoxe. Nous avons eu la surprise de voir un père et sa fille, ayant gravi comme nous le sentier, venir y prier. La nature envahit délicieusement les lieux et le panorama est bien sûr splendide.


La citadelle de Stari Bar, alors qu’elle est située en plein centre-ville, a le mérite de ne pas être habitée et envahie de commerçants, lesquels sont sagement alignés à l’extérieur des murailles. L’intérieur est dans son jus et fait l’objet de travaux de restauration permanents. On y découvre des restes des différentes civilisations qui ont occupé les lieux, des Illyriens en 800 av. J.-C. aux Monténégrins depuis 1878, en passant par les Slaves, les Vénitiens, les Ottomans. Paradoxalement, ce sont les Monténégrins qui ont le plus abîmé les bâtiments en les bombardant pour récupérer leur bien. Un gros tremblement de terre en 1979 a aussi fait beaucoup de dégâts. Ayant eu la bonne idée de démarrer de bonne heure, nous avons la chance d’avoir le site presque rien que pour nous. C’est en redescendant vers 11h que nous avons croisé quelques « groupeaux », comme nous les appelons…

L’olivier bimillénaire

La région de Bar est couverte d’oliviers, il y en aurait plus de 100 000, et la majorité aurait plus de 1000 ans. Celui-là serait le doyen de toute l’Europe avec ses 2 000 ans d’âge. S’il a résisté aux dégradations des différentes guerres qui ont secoué le pays, il a été un partiellement brûlé par un incendie accidentel : un joueur de cartes qui profitait de son ombre a jeté accidentellement une allumette et l’un des troncs a pris feu. Sans doute un flambeur de poker.


Dernier stop nature dans les ajoncs

Nous n’aurons au cours de cette traversée du Monténégro passé qu’une nuit dans un camping, car nous étions un peu juste en électricité, et une autre en ville, près du garage Iveco dans lequel nous avions rendez-vous le lendemain. Tout le reste a été en pleine nature. Le pays en est largement doté et est plutôt tolérant sur le sujet. Jamais nous n’avons été dérangés ni n’avons craint pour notre sécurité.


La frontière

Nous en avons donc terminé avec ce beau pays qui nous aura réellement émerveillés. Nous nous dirigeons maintenant vers l’Albanie. Une autre aventure commence. Nous allons de nouveau changer de monnaie (vous ai-je dit que, bien qu’il ne fasse pas partie de l’Union Européenne, le Monténégro utilisait l’Euro ?) et devoir composer avec un nouvel opérateur téléphonique, notre forfait Free de 35 Go mensuels ne fonctionnant pas là-bas. Mais si tout était facile, il n’y aurait plus d’aventure ! A bientôt !


Carte