De taille modeste puisqu’il ne représente qu’un dixième de la surface de la France, le Costa Rica est assez vite traversé. Nous parcourons cette fois la région au Sud-Est de la capitale, avec sa zone montagneuse à plus de 3000 m d’altitude, avant de revenir vers la capitale pour y prendre l’avion. Car oui, nous allons faire une courte escapade vers la France pour aller voir grandir notre petite fille.
La colline de la mort
Nous poursuivons notre route vers le sud-est du pays, toujours dans la chaîne montagneuse de la cordillère de Talamanca. Roberto décroche même son record d’altitude au point de stationnement du Cerro de la Muerte à 3440m, tout près du point le plus élevé de la route panaméricaine à 3335 m
Nous allons passer là une nuit très tranquille au milieu de nulle part, profitant d’un paysage sublime à 360° et de couleurs extraordinaires au coucher du soleil. En l’absence de brume à l’horizon, on peut apercevoir ici à la fois l’Océan Pacifique et la Mer des Caraïbes. Mais nous n’aurons pas cette chance, bien que le ciel au-dessus de notre tête ait été parfaitement dégagé.
Le Cerro de la Muerte, ou colline de la mort, tient son nom des pionniers venus de la vallée centrale, autour de San José, planter du café et élever du bétail dans la vallée d’El General de l’autre côté du col. Mais le froid lié à l’altitude en a tué quelques-uns.
Contrairement aux apparences, le Cerro de la Muerte n’est pas un volcan. C’est juste une montagne avec une végétation rase et plein de myrtillers
De notre côté, nous avons survécu, mais nous avons préféré mettre le chauffage pendant la nuit, ce qui n’était pas arrivé depuis le nord des États-Unis !
Justin Schmidt, l’homme un peu beaucoup piqué
C’est en visitant l’insectarium du Jardin des Papillons de Santa Elena que l’on peut remarquer cette affiche posée pas loin d’un bocal à scorpion, intitulée « Index de la douleur par piqûre d’hyménoptères de Schmidt ». Cette échelle insolite a été créée par un entomologiste américain qui, pour la science et par curiosité personnelle (il aurait débuté dès l’âge de 5 ans…) s’est laissé piquer par plus d’un millier d’insectes aux fins de classifier et d’en décrire la douleur ressentie.
L’échelle de Schmidt (désolé pour les non anglophones)
On part du niveau 1 avec par exemple la fourmi de feu, que Claudie et moi avons expérimentée aux Antilles, et dont la piqûre est décrite comme « pointue, soudaine et légèrement alarmante ». Au niveau 2, celle des abeilles est vécue comme « riche, copieuse et légèrement croustillante ». Un cran au dessus, la fourmi rouge moissonneuse provoque une douleur « audacieuse et implacable, comme un ongle incarné attaqué à la perceuse ». Enfin au niveau 4, le maximum, on trouve la guêpe Pepsis, avec sa piqûre « aveuglante, féroce, électriquement choquante ». Plus de 80 espèces différentes d’hyménoptères ont été comparées ainsi pour établir cette échelle.
A gauche, une photo de l’auteur publiée avec son interview sur le site theconversation.com.
L’auteur s’est évidemment piqué au jeu et a cherché tout au long de sa vie professionnelle le rôle et les mécanismes des piqûres et de la douleur provoquée chez les insectes piqueurs. Ce grand homme est décédé au début de cette année à l’âge de 75 ans, d’une maladie indolore. Dans le cas contraire, il n’aurait certainement pas hésité à demander à se faire piquer,
Une araignée de belle taille (celle d’une main) à Tortuguero et une abeille inoffensive chez un producteur de miel de San Juan de Atitlan
Flora Rica
Décor floral en bordure d’un champ de caféiers
Le Costa Rica ne brille pas tant par sa population, qui nous semble perdre ses traditions pour adopter celles des occidentaux, que par la richesse de sa nature, vraiment exceptionnelle. Pour rappel, 6% de la biodiversité de la Terre est concentrée ce petit pays qui n’en occupe que 0,0003% de sa surface émergée. Et qui fait maintenant beaucoup d’efforts pour préserver ce patrimoine après avoir laissé s’étendre la déforestation pendant des décennies. Tant mieux pour nous qui profitons de cette nature exubérante et belle, qui découvrons chaque jour des espèces que nous ne connaissions pas, et pas seulement animales. Les arbres ici sont géants, les feuilles sont immenses au point de servir d’abri en cas de pluie, les fleurs sont plus belles les unes que les autres. Et nous découvrons encore, malgré nos multiples voyages antérieurs, des fruits que nous ne connaissions pas. Mais pourquoi partout ailleurs fait-on pousser du béton ?
Série sur le thème du rouge et du vert
Série feuilles géantes : ici, pas de risque de perte en eau, mais par contre forte compétition pour recevoir de la lumière, donc tout est grand. Celles du milieu s’appellent le « parapluie du pauvre »
Série sur le thème « assortiment de couleurs et de formes réussi »Série sur le thème « fleurs bizarres »Série « fruits exotiques » : des tamarillos, des fruits de kapokier et des narangilles…
Le grand bleu
En cette période festivalière à Cannes, le sujet aurait pu concerner le célèbre film de Luc Besson qui y a été présenté en 1988 (toute ma jeunesse…), pour y être plutôt mal accueilli d’ailleurs par les professionnels alors que le public en fera un film culte et que 33 ans plus tard nous en tirerons le nom de notre fourgon (si vous avez oublié pourquoi, revenez sur le menu A propos/Qui sommes-nous ? ou cliquez directement ici)
Le film Le Grand Bleu présenté à Cannes en 1988 (photo du site premiere.fr)
Non, le grand bleu c’est le Morpho, ce grand papillon si typique de l’Amérique centrale avec ses ailes brunes et parées d’yeux de rapaces lorsqu’on les regarde de dessous, et d’un bleu étincelant et métallique en vue du dessus. C’est le plus souvent en vol solitaire qu’on le voit en randonnant en forêt ou près d’un cours d’eau, apparition magique et furtive qui ne laisse que rarement la possibilité de sortir son appareil photo. Heureusement pour nous, mais un peu moins pour lui, les fermes à papillons permettent de l’observer de plus près, et elles sont nombreuses dans le pays.
Le fameux Morpho bleu
Le plus étonnant est que ce papillon ne possède pas l’once d’un pigment bleu sur lui. La si jolie couleur est due à la réflexion spécifique des rayons bleus du spectre solaire par des couches d’écailles microscopiques espacées précisément de la longueur d’ondes correspondant à cette couleur. Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici.
Un vol de Morpho capturé en pleine nature
La face ventrale des ailes : ce n’est pas le même bleu !
Compétition alimentaire sur un Heliconia et gros plan sur l’œil qui sert à effrayer les prédateurs
Escapade
Notre seul souci dans ce périple est d’être éloigné de la famille et des amis. Les économies réalisées (involontairement) lors de notre vie nomade nous permettent de rentrer de temps en temps en France et de compenser ce manque. Nous nous sommes donnés une grosse semaine pour voir notre seconde fille, notre gendre et notre petite-fille de 5 mois à Saint-Etienne. Que du bonheur de voir grandir cette petite merveille, si tonique et si sage à la fois, et de la voir maintenant nous rendre nos sourires. Nous rentrons reboostés sur San José, prêts pour reprendre la route.
Nous dormirons ici les nuits qui précèdent et suivent notre vol. Peu glamour par rapport aux spots nature de ces derniers jours, cet endroit s’est avéré étonnamment tranquille (il n’y passe aucun train la nuit, et assez peu dans la journée).
Puis c’est le départ pour Lyon, avec Air France cette fois, ça va nous changer d’Iberia (en mieux !)
A l’arrivée à St Etienne, l’ambiance est loin du Costa Rica ! Bon, c’est juste la vue de notre logement. En vrai la ville a quand même de beaux atouts…
Mais nous ne sommes pas venus pour l’ambiance, nous sommes venus voir notre petite merveille. Mélissandre a maintenant 5 mois. Elle est aussi sage que tonique, nous parle et nous sourit volontiers
Bref nous sommes des grands-parents comblés !
Escapade terminée, c’est déjà l’heure du retour et de la reprise du voyage
Le parcours modeste de Roberto pour cette 3ème décade, en version zoomable ici
En contraste avec les pays précédents, le Costa Rica s’affirme d’emblée comme orienté vers la nature. Le tourisme vert est d’ailleurs sa première source de revenus. De fait, après une dizaine de jours, 90% de nos activités auront eu pour thème la nature, une heureuse exception dans notre parcours.
Quel autre pays peut mettre des paresseux sur ses billets de banque ?!
Plaque minéralogique du Costa Rica
Frontière chaotique
L’entrée au Nicaragua avait déjà été un peu chaotique, mais la sortie encore plus, confirmant la bureaucratie intense dans ce pays. Sans vouloir entrer dans les détails, la procédure pour quitter le pays aura nécessité 2h40 tandis que l’entrée au Costa Rica ne prendra que 20 mn. Bon, chaque pays fait comme il veut, et la procédure parait plus simple pour les véhicules particuliers, mais nous plaignons les chauffeurs de poids-lourds qui, d’après les longues files de plus d’un kilomètre que nous avons pu observer de part et d’autre de la frontière ont dû perdre au moins une demi-journée à la traverser.
Sur la photo à droite, on peut voir une file de chauffeurs de poids-lourds qui attendaient le passage de leur véhicule au scanner. Assez résignés, ils m’ont gentiment laissé passer devant eux (c’est le cas aussi pour le passage en douane, nous sommes autorisés à doubler les camions). Ils trouvaient d’ailleurs bizarre qu’avec mon véhicule particulier j’aie dû y passer aussi. Apparemment, un petit billet au policier aurait permis d’éviter cette tracasserie, mais nous ne nous sommes pas pliés à ça !
Premières impressions
Quelquefois, l’entrée dans un nouveau pays se traduit par un choc culturel, comme lorsque l’on passe des USA au Mexique par exemple, mais entre le Nicaragua et le Costa Rica, formalités administratives exclues, c’est le sentiment de continuité qui prédomine. Même végétation abondante, mêmes routes en relativement bon état, même circulation tranquille. Il a fallu attendre de parcourir à pied la première ville, Liberia, pour voir quelques différences. C’est bizarre à dire, mais ce qui frappe le plus est de voir des vitrines devant les magasins, alors que depuis plusieurs mois nous côtoyions des boutiques donnant directement sur la rue ou en en étant séparées d’une simple grille. La plus grande richesse se confirme par la présence de bus électriques, même si les vieux bus scolaires américains retapés sont encore légion, et nous sommes ravis aussi de voir notre carte bancaire refonctionner après un black out au Nicaragua. A l’inverse, les couleurs du pays précédent ont presque disparu, l’église (moderne) est hideuse et le parc central est loin d’être verdoyant. Nous espérons que ce ne seront que des exceptions, la réputation du pays est au-dessus de tout cela.
Sous l’arbre à oreilles d’éléphant
Une première pause dans un petit camping à Liberia, sous les arbres et bien aérés, nous a permis de retrouver une semi-fraîcheur qui nous manquait depuis une quinzaine de jours. Le lendemain, nous avons grimpé à 650m d’altitude vers un premier volcan, pour nous installer sur le parking d’un « lodge » (hôtel isolé en pleine nature) acceptant les voyageurs nomades. De là, nous avons suivi un petit chemin de randonnée dans la forêt tropicale sèche, menant à une source chaude soufrée. Un endroit étonnant où un petit cours d’eau transparent devient brusquement blanc laiteux à la rencontre d’une source chaude émanant du volcan voisin. La balade était bien agréable malgré les 8 km aller-retour, dans l’ombre de la forêt mais accompagnés d’une multitude d’oiseaux, toujours difficiles à photographier. En raison de leur fugacité d’une part et de la modicité de notre équipement (smartphones) d’autre part. Les clichés seront rares mais les souvenirs resteront marqués dans notre tête. Nous avons aussi ramassé quelques fruits dont celui (en étoile) du pommier baumier). Il y a de la post-production à prévoir ! En tout cas, la nuit à l’ombre de notre « guanacaste » (l’arbre national du Costa Rica, appelé aussi arbre à oreilles d’éléphant en raison de la forme de ses fruits) et avec une température descendant enfin sous les 25°C (21° même au plus frais) a été des plus réparatrices.
Roberto à l’ombre d’un guanacaste
Du lodge, nous avons accès à un sentier qui mène à des sources soufrées. Chouette !A gauche, l’une des « oreilles » qui tombent du guanacaste. A droite, je ne sais pas…Le fruit du pommier baumier (à gauche) est très prisé des oiseaux (à droite : un geai à face blanche)Et voici nos sources soufrées… J’ai emmené mon maillot de bain pour rien !
2 ans !
Le 19 avril 2021, nous découvrions notre Roberto pour la première fois chez notre aménageur. Les premiers kilomètres parcourus avec furent un mélange d’appréhension et d’euphorie. L’appréhension de la conduite d’un véhicule de ce format et peut-être celle de réaliser qu’il allait devenir notre nouvelle maison pour plusieurs années. L’euphorie de cette liberté nouvelle et du grand voyage qui nous attendait.
19 avril 2021, Roberto vient de parcourir son premier kilomètre à Rodez
Ce 19 avril 2023, nous avons fêté les 2 ans de Roberto, nos 2 ans de vie nomade, et si l’on ne peut plus parler d’appréhension ni d’euphorie, nous restons dans une dynamique très positive. Ces deux années se sont écoulées à un rythme intense, parfois trop même au point que nous ressentons régulièrement le besoin de ralentir, de nous poser quelques jours sur un point de notre parcours pour souffler, pour digérer nos découvertes quotidiennes, pour nous reposer physiquement aussi des kilomètres de marche et même des kilomètres de route. Nous restons heureux de vivre notre rêve, notre seul manque étant l’éloignement de la famille et des amis, que nous essaierons de compenser avec des retours peut-être un peu plus fréquents. Le retour technique de Roberto en Europe va sans doute arranger un peu les choses, mais ne changera absolument rien à notre désir de poursuivre notre vie nomade.
19 avril 2023, Roberto est parvenu au Costa Rica, après un joli parcours de 73 000 km !
Le sentier des casseroles
Nous sommes dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja, le premier que nous explorons au Costa Rica. L’organisation est un peu à l’américaine, avec « rangers » à l’entrée, plan des randonnées, parcours parfaitement délimités et cimentés avec points d’observation clairement indiqués, boutique de souvenirs à la sortie. Nous choisissons une boucle de 3 km traversant en grande partie une superbe forêt tropicale avec des arbres magnifiques et quelques animaux, dont des iguanes, quelques oiseaux, des tapirs, des singes araignées et d’autres à tête blanche. L’attraction tourne autour du volcanisme secondaire et nous observerons beaucoup de ces « casseroles » géantes et fumantes emplies de boue ou d’eau en ébullition, dans lesquelles on cuirait bien ses spaghettis ou ses œufs, et qui justifient parfaitement en tout cas l’appellation du sentier (sendero de las pailas). Nul doute que l’activité géothermique est intense ici, et l’on comprend très bien l’installation récente d’une usine pour l’exploiter sur le site. Vraiment un bel endroit, et une fréquentation très raisonnable.
Début de la randonnée dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja. Nous nous amusons de ce panneau indiquant la route à suivre en cas d’éruption (aurions nous le temps d’échapper à quoi que ce soit ?) et puis ce volcan a l’air bien tranquille…
Le volcan Rincon de la Vieja, 10h38…
Nous n’apprendrons que le lendemain le réveil soudain de la bête quelques heures après notre passage. Mais à ce moment-là, nous étions déjà à une trentaine de kilomètres de là. Dommage ou pas ?
Il est vrai que l’activité volcanique secondaire était bien présente
L’attrait était aussi dans la luxuriance de l’environnement. Pas beaux ces arbres qui s’enlacent ?
Et nous ne nous lassons jamais de découvrir de nouvelles textures végétales ou autres merveilles de la nature !
Pura vida
riche en animaux sauvages…
et en phénomènes naturels
N’est-elle pas belle notre pura vida ?
Le Rio Celeste
La tentante traduction française, « rivière céleste », pourrait faire penser à une combinaison exceptionnelle du mah-jong ou encore au plat n° 116 du restaurant chinois d’à côté, mais « celeste » en Espagnol signifie bleu ciel. Et le qualificatif n’est en rien usurpé. C’est en traversant un pont que nous découvrons cette rivière d’un bleu étonnant, tranchant sur la végétation environnante. Forcément la couleur attire, et le lieu est quelque peu envahi de touristes et locaux qui viennent s’y rafraîchir, discuter ou même méditer. La concentration humaine et la localisation sous le pont ne sont pas très glamour, nous nous contenterons de deux ou trois photos. Car nous avons prévu de visiter le lendemain le parc national traversé par cette rivière, l’hébergeant sous ses meilleurs aspects. Et nous ne sommes pas déçus ! Un sentier de 6 km aller-retour mène jusqu’à l’origine de la couleur bleue, apparaissant étonnamment à la rencontre de 2 rivières transparentes, l’acidité de l’une se conjuguant aux particules en suspension de l’autre pour les faire gonfler et leur faire réfléchir ainsi la lumière bleue du spectre solaire. Mais vous préférerez peut-être la version plus poétique qui dit que la rivière aurait pris cette couleur lorsque Dieu y trempa ses pinceaux après avoir peint le ciel… Tout au long du sentier traversant une forêt exubérante, nous admirons les méandres bleutés, les petits lacs d’un bleu extraordinaire, des zones en ébullition et une magnifique cascade. Nous croisons aussi un petit lézard dont la queue est aussi bleue que la rivière. Je l’aurais volontiers baptisé « lézard céleste » mais pas sûr que les herpétologues soient d’accord !
Tout commence par cette rivière d’un joli bleu sous un pont, qui attire manifestement du mondeLa couleur est vraiment surprenante et incite à la baignade
J’espère juste ne pas me transformer en Schtroumf !
Pour en découvrir davantage, il faut entrer dans le Parc National du volcan Tenorio
Un sentier assez ardu mène le long du Rio Celeste et permet d’en apprécier toute sa beauté
Mais quelles couleurs magnifiques ! Nous n’avions jamais rien vu de tel !
On pourrait en oublier de s’extasier devant la flore environnante…
Puis vient l’endroit où la magie s’opère : 2 rivières transparentes se transforment en 1 rivière bleue !
La visite se termine par une cascade de toute beauté. On a longtemps accusé ceux qui en diffusaient la photo de truquer les couleurs, mais nous pouvons témoigner qu’il n’en est rien !
Ah et j’allais oublier mon petit « lézard céleste » dont la queue reproduit tellement bien le Rio !
Aux pieds du volcan Arenal
Ce volcan à l’imposante silhouette cônique est né il y a 7000 ans. Il est considéré comme l’un des plus actifs du Costa Rica. Sa plus grosse manifestation remonte à 1968, comme en France d’ailleurs, alors que de gros pavés incandescents ont été projetés à plus de 5 km, d’où l’expression costaricienne bien connue « sous les pavés la lave » qui a été reprise, un peu déformée, dans l’hexagone à la même époque. Lol. Entre 1968 et 2010, les explosions et coulées pyroclastiques ont été très fréquentes. Depuis, le volcan semble souffler un peu (des fumerolles surtout) mais ne demande qu’à se réveiller, ce qui ne semble inquiéter en rien les villages installés à ses pieds, profitant tous de la manne touristique attirée par la riche faune et flore locale et par les nombreuses sources chaudes.
Le village de La Fortuna, aux pieds du volcan Arenal
Nous avons trouvé à nous loger pour la nuit dans un camping en cours d’aménagement, mais déjà riche en faune et flore. Le patron nous a montré quelques paresseux accrochés assez haut dans les branches au-dessus de nous et une petite grenouille rouge vif qu’il a tranquillement posée sur son bras tout en nous expliquant qu’elle était vénéneuse. Il suffirait de ne pas la manger et de ne pas mettre les mains à la bouche ou se frotter les yeux pour ne pas avoir d’ennuis… Nous avons aussi rencontré un Français qui fait le chemin du Mexique à la Colombie …en vélo. De quoi donner matière à réflexion à tous ceux qui pensent que nous sommes des aventuriers !
Paresseux dans les arbres et grenouilles sur les bras à notre petit camping de La Fortuna
Le lendemain matin, c’était étape sources chaudes. Mais plutôt que d’aller nous tremper comme la plupart de nos congénères dans les bassins artificiels d’un grand hôtel, nous avons choisi la version naturelle en allant tester la rivière Tabacón, plus connue des locaux que des touristes, notamment pour son caractère gratuit. Au premier abord, l’aspect est celui d’un torrent de montagne, assez vif. Mais la grosse différence c’est que l’eau avoisine les 30°C et que se baigner dans ce courant assez puissant est à la fois tonifiant (autant qu’un torrent alpin à 10°C…) et relaxant (comme tout bain chaud). Le réchauffement brusque de la rivière Tabacón avait été l’un des premiers signes de l’éruption de 1968.
Depuis 2010, l’activité du volcan Arenal se traduit essentiellement par des fumerolles et par des sources chaudes, largement exploitées par les professionnels du tourisme
Mais le côté artificiel et commercial nous gênait, nous n’avions pas envie de nous retrouver dans ce genre d’environnement, avec musique et/ou gosses braillards et sauteurs
Alors nous avons trouvé cette rivière d’accès libre, juste à côté d’un grand hôtel, tonifiante de part son courant et relaxante grâce à sa chaleur. Et totalement naturelle bien sûr !
L’après-midi a été euh …canopique. C’est-à-dire consacrée à la canopée (j’avoue découvrir l’adjectif). Le Costa Rica recueille 6% de la biodiversité mondiale, soit davantage que les USA et énorme par rapport à sa superficie (0,03% de la planère). Les arbres ne sont pas en reste avec 295 espèces différentes au km² contre 35 en Colombie et 6 au Brésil. Alors se promener dans une forêt, c’est déjà écarquiller les yeux devant tant d’espèces végétales que nous n’avons pas l’habitude de voir. Et se tordre le cou pour regarder vers les cimes des arbres souvent très hauts, compétition vers la lumière oblige. Mais il est possible d’agrémenter encore tout cela en regardant la forêt du dessus, à l’aide de passerelles traversant ou surplombant la canopée. C’est très en vogue dans le pays et, même si nous avions déjà vécu ce genre d’expérience, nous avons souhaité la renouveler. Dans ce parc près du superbe volcan Arenal, un parcours de 3 km compte 12 ponts et 6 passerelles suspendues pour observer la nature sous un angle différent. Si nous avons apprécié ces différences de vues et découvert de nouvelles fleurs dont ces héliconies poilus, nous avons bizarrement été déçus par cette attraction, par le manque de faune et flore visible notamment, trouvant que les installations ne justifiaient pas le droit d’entrée assez élevé. Peut-être avons-nous été trop gâtés dans les jours qui ont précédé ?
Un programme alléchant : pas moins de 18 ponts et passerelles pour aller voir la nature de près !
De jolis ponts suspendus en effet et des chemins bien tracés, avec même des racines en guise de main couranteLes premiers, c’est pour voir les arbres du dessus, et les autres le contraire !C’est une forêt tropicale humide, la nature y est luxuriante
La mousse pousse même sur les feuilles, c’est dire…
Nous y avons découvert quelques fleurs qui nous étaient jusqu’ici inconnues, comme cet heliconia poilu à gauche et ces fleurs que je n’arrive pas à identifier à droite. Les connaissez-vous ?
Puis nous avons repris la route sur les rives du Lac Arenal, de jolis lacets asphaltés et en bon état qui nous ont amenés à un parc accessible gratuitement au public et à tout véhicule en fait. Nous y avons passé une nuit très tranquille, sans personne autour, avec un joli spectacle au réveil.
Le soleil joue à cache cache avec les nuages en fin d’après-midi au-dessus du lac. Quelques éclairs mais pas de précipitation. Aussi incroyable que cela paraisse, nous n’avons pas eu une goutte de pluie depuis que nous sommes retournés au Mexique début février.
Nuit super calme au bord de ce lac. Nos seuls « voisins » ont été ces pêcheurs venus mettre leur bateau à l’eau le matin vers 7 h.
La cordillère de Tilarán
Nous poursuivons le tour du lac Arenal dans le sens antihoraire, en direction de cette chaîne de montagne. La route change brusquement de qualité, des trous apparaissent dans le bitume avant que celui-ci ne finisse par disparaître. Sur plusieurs dizaines de kilomètres. Il parait que les habitants s’en plaignent depuis longtemps sans jamais être entendus. Manifestement la « pura vida » n’est pas universelle au Costa Rica… Pas de surprise, nous sommes toujours dans la nature, à une altitude de 1300 m qui fait du bien, au village de Santa Elena plus précisément. C’est très touristique, malgré la difficulté d’accès, et nombreux sont les restaurants, hôtels, magasins de souvenirs et tours-organisateurs. Nous en apprécions d’autant notre liberté de mouvement et notre autonomie en logement et restauration : pas besoin de subir tout ça, nous savons ce que nous voulons et nous nous rendons directement dans les endroits concernés.
Juste une photo sur la route de Santa Elena (bien trop occupé à éviter les trous…) : le jardin de ce sculpteur végétal qui accueille les automobilistes de passage
Notre premier arrêt est pour une ferme de papillons, élevés dans des serres reproduisant cinq microclimats du pays. Quelques insectes sont aussi collectionnés. Nous avons droit à une visite guidée VIP par une jeune naturaliste. Nous observons bien sûr de jolis spécimens, dont les célèbres morphos bleus, un peu plus faciles à approcher que ceux, fugaces, que nous avons croisé lors de nos balades.
La présentation au guichet d’accueil laisse penser que plusieurs centaines d’espèces sont présentes. Mais ça sera beaucoup moins !
On commence par nous montrer et nous faire prendre en mains quelques insectes, puis nous entrons dans les serres à papillonsL’intérêt de la serre, c’est que l’on peut photographier ou filmer de près sans trop de difficulté
On trouve forcément quelques chenilles. Quand elles dévorent une jeune feuille encore enroulée sur elle-même, ça donne ce joli découpage (à droite)Et vous reprendrez bien un peu de flore pour le dessert ?
L’autre attraction du jour est le « ranario », qui pourrait se traduire par « grenouillerie » en Français. Un rassemblement de terrariums où sont élevées et protégées plus de 25 espèces de batraciens locaux, souvent des grenouilles minuscules ne dépassant pas les 2 cm et aux couleurs vives indiquant aux autres espèces leur dangerosité. Le plus est la possibilité avec le même billet de réaliser une double visite permettant dans l’après-midi d’apprécier les espèces diurnes et à la tombée de la nuit celles nocturnes. Nous avons adoré ces mignonnes petites grenouilles multicolores, pas si faciles à photographier toutefois en raison de leur taille.
Le Ranario de Santa Elena, qui a bien voulu nous accueillir pour la nuit sur son parking
Pour la visite, on nous remet des lampes torches et nous partons à la recherche des grenouilles dans les différents vivariums, à l’aide des indications qui figurent au-dessus de chacun. Naturellement, nous ne trouvons l’après-midi que les espèces diurnes, et encore pas si facilement car certaines grenouilles font à peine 2 cm de long, comme celle de droite (l’avez-vous vue ?)Pour les espèces nocturnes, il nous faut revenir le soir une fois la nuit tombée, vers 18h30. Là encore, il nous faut débusquer de tout petits spécimens ou d’autres plus imposants mais qui se cachent bien
A trop chercher les grenouilles dans les vivariums, on en oublie parfois de regarder autour. Et là, juste devant nous, la lampe-torche tombe sur cette chose. Bon, il paraît que les scorpions costariciens ne sont pas mortels, ça rassure !
Souvenirs souvenirs (1)
Nous sommes maintenant à Sarchi, une petite bourgade à l’ouest de la capitale San Jose. Spécialisée dans le travail du bois depuis le début du XXe siècle, elle a produit beaucoup de meubles mais aussi les charrettes à traction bovine nécessaires au transport du café à l’époque, typiquement décorées de motifs géométriques en couleurs vives semblables aux mandalas. L’arrivée du train et des camions aurait pu éteindre cette production, mais les artisans ont su se reconvertir et produisent peut-être maintenant davantage de charrettes qu’avant ainsi que beaucoup d’autres objets qui plaisent aux touristes. La ville est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité pour avoir été le berceau de l’artisanat costaricien. En tout cas, si vous cherchez des souvenirs à rapporter de votre séjour, vous n’aurez que l’embarras du choix ici !
Sarchi, berceau de l’artisanat costaricien
Spécialisée initialement dans le travail du bois et la construction de charrettes coloréesmais aujourd’hui dans toutes sortes d’artisanat
L’entrée des toilettes est particulièrement soignée !
A l’extérieur, on voit les artistes à l’oeuvre
Sarchi est aussi connue pour sa magnifique église, malheureusement fermée à l’heure de notre passage
Souvenirs souvenirs (2)
La ville suivante, Zarcero, avec son église et ses arches de cyprès si typiques, éveille en nous le souvenir de notre premier voyage au Costa Rica il y a maintenant 14 ans, en compagnie de deux de nos enfants et en mode sac au dos. En fouillant un peu dans nos archives, j’ai retrouvé le blog que nous avions réalisé alors, rédigé à quatre plumes. Sachant qu’il serait tôt ou tard retiré des serveurs faute d’être mis à jour, j’en avais fait une copie sur Word, avec une mise en page sommaire mais qui a le mérite de toujours exister. Elle est disponible en lecture ou au téléchargement ci-dessous pour ceux que cela intéresserait.
Nous avons eu plaisir pour notre part à nous replonger dans ce récit et à examiner le parcours d’alors que nous avions un peu oublié. Démontrant au passage l’intérêt au moins personnel à long terme de la rédaction d’un blog de voyage.
Notre parcours en 2009, essentiellement en transports en commun
L’église de Zarcero et son étonnant jardin sculpté
20092023Un petit pêle-mêle de photos prises dans ce jardin en 2009 et en 20232009202320232023
Mais voilà que la route nous appelle. Il nous reste encore beaucoup à découvrir au pays de la Pura Vida. Alors à très bientôt pour la suite !
Parcours Costa Rica première décade, en version zoomable ici
Pour ce centième article du blog, nous rejoignons le Sud du Nicaragua. Tout aussi riche en paysages volcaniques que la précédente, avec des lacs de cratères et des volcans en activité, dont le célèbre Masaya où nous observerons pour la première fois un superbe lac de lave en fusion. Les villes aussi ont leur intérêt, de la capitale Managua et sa forêt d’arbres lumineux à son ancienne rivale Granada qui n’a pas besoin du miroir de son lac pour dire qu’elle est la plus belle, en passant par les Villages blancs, pas si blancs que ça. Un beau programme, non ?
Managua-la-forêt
C’est depuis le début de notre voyage l’un de nos plus jolis spots urbains pour passer la nuit. Nous sommes sur la Place de la Foi, en plein cœur de Managua, la capitale du Nicaragua. La place a été baptisée ainsi suite aux passages de Jean-Paul II dans le pays en 1983 et 1996, et est centrée par un grand obélisque en l’honneur du pape. Mais la particularité du lieu est liée à l’installation en nombre croissant d’arbres de vie, reproduisant le design créé par l’autrichien Gustav Klimt. Ces structures métalliques géantes, de 12 à 17 m de hauteur, déjà fort esthétiques dans la journée, s’illuminent merveilleusement la nuit.
D’étranges reflets sur les phares de Roberto…
C’est que nous sommes garés au pied d’un arbre, ou plutôt d’une forêt…
…un des plus beaux endroits que nous ayons trouvé en ville pour passer la nuit
Mais le mieux, c’est le soir. Ces « arbres de la vie » s’éclairent tous les uns après les autres
et plus le ciel s’assombrit, plus les arbres ressortent, y compris sur la carrosserie de Roberto
A la nuit noire, quel spectacle ! A 22 000 $ l’arbre, ça peut !
Nous serions admiratifs sans réserves s’il n’y avait LA polémique. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, les détracteurs sont nombreux à dénoncer la multiplication dans toute la ville de ces structures à 22 000 $ pièce, 170 actuellement, et qui consommeraient 1 million de $ en électricité chaque année. Ils sont à l’initiative de la première dame du pays, également vice-présidente, connue pour d’autres excentricités comme la construction de patinoires dans un pays où la température moyenne est de 35°C, son allocution quotidienne de midi sur l’une des 4 chaînes gouvernementales, ou encore la récupération de la religion pour son propre compte. Elle est tantôt surnommée la sorcière, tantôt la seigneure des anneaux en raison de la trentaine de bagues qui ornent ses doigts. Le site elle.fr en fait une description éloquente ici. Ces arbres sont devenus la cible des manifestants dès lors que l’on veut toucher à la sécurité sociale ou aux retraites. 30 d’entre eux ont été abattus ainsi lors des émeutes de 2018. Plus efficace ici que de bloquer les dépôts de carburant ou les incinérateurs d’ordures.
Si la nuit a été calme, nous avons été réveillés au lever du soleil (5h30…) par une manif qui passait
Du coup le spectacle a un goût amer, tout en étant sublîme à la fois. Étrange sensation…
Le reste de la ville parait fade à côté, entre vieille cathédrale abandonnée suite à 2 tremblements de terre majeurs, grands bâtiments publics et statues en l’honneur de quelques personnalités dont le poète Ruben Dario mais surtout en l’honneur des révolutionnaires et du parti au pouvoir dont on peut même lire le sigle sur une colline voisine. Hollywood en version nicaraguayenne…
Une avenue de Managua, et encore des arbres de métal
Une grande place quasi déserte, bordée de bâtiments publics, de statues et de la vieille cathédrale abandonnée pour cause de séismes à répétition
Ici le palais du gouvernement… transformé en musée
Un peu de propagande ne fait pas de mal… Notez la signature sur l’afficheUn lac de cratère en plein coeur de la capitale. Théoriquement très couru par les habitants. Mais personne ce jour làLes couleurs et l’effigie de Sandino dominent la ville. Le char qui lui a été offert par Mussolini en personne aussi.
Malgré tout un beau panorama de là-haut, malgré la brume. On voit nos fameux arbres en haut à gauche et les drapeaux de l’assemblée nationale à droite
Que ce soit sur une colline au loin ou sur les drapeaux qui flottent partout, le sigle du parti sandiniste est partout. Le Hollywood en version locale.
Tiens, sauriez-vous déchiffrer cette inscription mystérieuse ?
Un lac de lave accessible au public !
Je ne crois pas qu’il existe beaucoup d’endroits au monde où de la lave incandescente est à la portée de non-vulcanologues comme nous. Malgré nos multiples voyages, jamais nous n’avions rencontré cette situation en tout cas. Et la cerise sur le gâteau est que l’accès est simplissime : une bonne route asphaltée mène directement au bord du cratère, à 600 m d’altitude. Aucun effort !
Par la route au-dessus, on arrive directement au bord du cratère Santiago du Volcan Masaya
L’entrée se fait en fin d’après-midi, pour un prix modique (compte-tenu de la rareté de la chose) de 10 $ par personne. Une jolie petite route serpentant entre les coulées de lave (la dernière date de 1999) mène d’abord à un petit musée donnant toutes les explications nécessaires, puis à un parking où des employés s’affairent à vous mettre en bonne place. Déjà, juste avant d’arriver, on aperçoit une fumée gris-orangée – elle a pris les couleurs du soleil couchant – s’élever au-dessus du bord du cratère. En s’approchant, nous constatons qu’elle sort d’une espèce de puits cylindrique, bizarrement sans odeur. Il faut dire que le vent souffle dans le bon sens, c’est-à-dire pas vers nous. Il est trop tôt pour voir la lave, alors nous allons faire une petite balade sur les cratères voisins.
Une belle route pour monter, un parking pile poil où il faut et de superbes volutes de vapeurMême avant la nuit, c’est déjà du grand spectacle que cet immense chaudron !
Le temps que la nuit tombe, une petite visite au cratère San Fernando, celui par où tout a commencé ici
Une vingtaine de minutes après le coucher du soleil, les premières lueurs rougeâtres apparaissent au fond du cratère, variant en intensité selon la quantité de vapeurs. C’est déjà impressionnant, mais plus la nuit va s’installer, plus le lac de lave va devenir visible. Il est à une cinquantaine de mètres de nous environ, mais on voit bien les mouvements de la lave visqueuse, les fractures plus claires qui se forment. Aux jumelles, c’est encore plus fascinant.
Il ne reste plus qu’à reprendre notre petite route en sens inverse. Les gardiens du site, qui veillent sur l’accès 24h sur 24, autorisent les voyageurs nomades à stationner la nuit juste devant l’entrée, gratuitement qui plus est. Ils ne sont pas venus nous border mais c’était tout comme. Et pas besoin de raconter d’histoire ce soir-là, elle était dans notre tête.
L’enseigne lumineuse à l’entrée du site
P.S J’oubliais l’histoire de cet acrobate américain qui en 2020 a traversé le cratère sur un fil tendu au dessus du lac de lave. Moi ce que j’adore, c’est le gilet de sauvetage…
Roberto au château
Le portail de pierre ne déparerait pas dans un village médiéval français, mais une fois franchi, c’est une tout autre affaire. Roberto doit se mouvoir sur une route asphaltée qui a perdu plus de la moitié de son revêtement, heureusement pas très longue, et se garer tant bien que mal sur l’unique place au pied du château, par chance inoccupée. Le château lui-même, la Fortaleza El Coyotepe, n’a strictement rien à voir avec ceux de la Loire. Il s’agit plutôt d’une forteresse en béton érigée à la hâte en 1893 d’abord pour protéger la ville de Masaya des assaillants américains, avant d’être récupérée ensuite par le régime du dictateur Somoza pour incarcérer et torturer ses opposants. Une courte visite guidée nous permet d’imaginer cette période terrible, où des personnes emprisonnées pour leurs seules opinions politiques pouvaient être enfermées en nombre dans des cellules sombres, voire totalement privées de lumière pendant des périodes pouvant aller jusqu’à cinq ans. Roberto et nous en sommes repartis tout tremblants. Et pas seulement à cause des trous sur la route.
Nous avions envie de voir un château, mais rien à voir avec ceux de la Loire
Plusieurs centaines de prisonniers politiques ont été incarcérés ici, dans des conditions épouvantables, sous le régime de Somoza. Cachots infâmes, salles de torture, sang sur les murs, la visite a de quoi émouvoir
Heureusement un beau panorama en guise de bouffée d’oxygène !
Bon, nous sommes allés voir un château au Nicaragua…
Les villages blancs
C’est un petit groupe de villages dans la région du volcan que nous venons de visiter. Appelés ainsi en raison de la teinte initiale de leurs murs qui ont largement repris depuis les couleurs vives du pays. Chassez le naturel, il revient au galop. En tout cas le blanc était rare, touriste compris. Rien qu’à Catarina, village d’horticulteurs dont les productions multicolores inondent joliment les rues et dont les « miradors » donnent sur le bleu intense du Lac Apoyo. Ses voisins ont tous leur particularité, de ceux spécialisés dans la fabrication des chaises à bascule, d’objets en osier ou de poterie à celui qui s’enorgueillit d’avoir vu naître le « sauveur de la nation » Augusto Sandino, parti en guerre contre les occupants américains avec seulement 29 hommes. Il a fini par gagner, tout en perdant la vie, deux bonnes raisons pour que sa popularité soit au sommet et que les drapeaux rouge et noir de son parti flottent encore largement dans tout le pays. Y compris dans les villages blancs.
Certes la fleur du frangipanier, fleur nationale du Nicaragua, est d’un blanc éclatant. Mais c’est bien la seule. Le premier village blanc, Catarina, est la ville des horticulteurs, c’est dire si les rues sont colorées !
Quant au Lac Apoyo, un lac de cratère, c’est un oeil bleu qu’il partage avec ses villages blancs riverains
Et si, à gauche nous sommes loin de la semaine du blanc (c’est courant ici que les boutiques de vêtements s’étalent sur les façades des bâtiments), à droite ce sont plutôt les couleurs rouge et noir de la bannière sandiniste qui envahissent les villages « blancs »
Granada, une des plus belles villes coloniales d’Amérique centrale ?
C’est ce qu’en dit notre guide en tout cas, mais rien ne vaut la vérification par soi-même. Déjà la ville a une histoire tumultueuse. Fondée en 1524 par les Espagnols, elle se développa rapidement, du fait d’une position géographique favorable pour le commerce, entre le grand Lac Nicaragua et l’Océan Pacifique. Devenue riche, elle attira malheureusement la convoitise des bandits en tous genres, dont de nombreux pirates qui l’ont occupée tour à tour, l’incendiant à chaque fois qu’ils en furent chassés. Mais la ville est résiliente et, si elle a laissé quelques plumes, comme la perte de sa fonction de capitale ou les traces de fumée sur les façades de ses églises, elle s’est à la fois reconstruite et maintenue. Ce qui nous laisse aujourd’hui un grand nombre d’édifices de style colonial en bon état, des rues larges et colorées à souhait, une ambiance paisible à part peut-être celle du marché, et pratiquement sans touriste occidental, ce qui la distingue d’autres villes de charme comme nous avons pu en voir au Mexique mais dénaturées par le tourisme excessif. Ici pas de magasins de souvenirs ou de bars à gogo(s), pas d’agressivité des marchands, pas de conversations anglo-européennes dans les rues. Nous nous sommes sentis en pleine immersion, et ça nous adorons.
Il ne faut pas se laisser influencer par le marché en pleine rue passante et très animé,
…au point que ces bus ont du mal à se frayer un chemin dans la foule. Et remarquez à la fin de la vidéo de gauche ce commerçant qui remet sa marchandise à vendre sur la route après le passage du véhicule
Vraiment, je n’aimerais pas être à la place de cet agent de circulation !
Les tickets de loterie sont vendus en plein marché à l’aide de conseils numérologiques ou astrologiques
Mais toutes les rues de Granada ne sont pas si agitées, c’est même plutôt le contraire. La plupart sont très calmes, larges et colorées
On ne se contente plus d’une couleur différente par façade, le bi-ton est de rigueur. Et les fenêtres grillagées sont la règle ici, tandis que la végétation urbaine reste assez présente malgré la chaleur et la sècheresse
Les guides n’en faisaient pas mention, mais nous avons bien aimé cette Capilla Maria Auxilliadora
La façade ne laissait pas supposer une aussi riche décoration intérieureJe me suis demandé pourquoi, alors que la lumière naturelle était généreuse, ce tableau derrière l’autel était allumé en permanence. Eh bien la réponse était dehors. Regardez la main du petit Jésus !Entre autres situations dangereuses, nous avons été effarés de voir ce jeune garçon enrouler le fil de son cerf-volant (la petite tache près d’un fil du poteau de droite) si près des lignes électriques, tandis qu’à droite, dans l’escalier du campanile que nous grimperons juste après, les fils de courant plus ou moins rafistolés au scotch longeaient la main courante !Le campanile, c’était celui de cette jolie église ci-dessus, richement décorée elle aussi. La grimpette permettait d’apprécier la ville de haut, avec ses toits en tuiles et le volcan Mochambo au fond
Un petit jardin superbement aménagé aux pieds de l’église
A gauche, la façade de l’église de la Merced, noircie par les incendies à répétition. A droite, la façon singulière ici de disposer les tuiles …sur de la tôle !
Nombreux bâtiments coloniaux autour du Parque Central, quelques calèches pour touristes mais peu ou pas de touriste dedans
La cathédrale de Granada, fermée à l’heure de notre passage
La mosaïque du patio de la Casa de los Tres Mundos, peu parlante à hauteur d’homme mais si différente vue de haut ! Cette fondation expose des oeuvres contemporaines et possède des ateliers de peinture et une école de musique.
Une grande rue piétonne qui part de la cathédrale. Ce n’est pas vraiment la cohue. Nous y avons tout de même déniché un petit restaurant. Pas celui de l’Hôtel Dario qui n’en possédait pas, sinon ça nous aurait bien tentés !Terminons par ce double duo, un mignon câlin des chevaux d’une calèche et les 2 bières les plus typiques du Nicaragua
C’était une belle façon de terminer notre visite du Nicaragua. Un pays plein d’attraits que nous sommes ravis d’avoir découvert. Mais nous avons hâte de rejoindre demain le Costa Rica, d’une part pour le plaisir de changer de pays et d’autre part pour retrouver un peu de fraîcheur en prenant de l’altitude, car en ce dernier mois avant la saison des pluies, les températures très élevées dans la journée, tombant à peine le soir, commencent à nous peser.
Fin du parcours au Nicaragua. Version zoomable ici
Découvrir le Honduras nous tentait bien, mais le pays est déclaré en « État d’exception » jusqu’au 6 octobre 2023 suite à la recrudescence de l’activité de bandes criminelles violentes (maras) liées au trafic de stupéfiants. Le Ministère des Affaires Étrangères déconseillant jusqu’à nouvel ordre tout déplacement dans le pays sauf raison impérative, nous nous sommes donc limités à le traverser pour rejoindre le Nicaragua, en essayant de le faire dans la journée pour ne pas avoir à passer une nuit sur place.
En orange, tout ce qui est « déconseillé sauf raison impérative par le Ministère des Affaires Etrangères. Autant dire qu’il ne reste plus grand chose. Nous attendrons que le pays se calme pour y retourner un jour.
La difficulté était l’incertitude temporelle non pas tant sur la distance à parcourir (160 km sur des routes réputées plutôt bonnes – relativement à l’Amérique centrale) que sur les formalités administratives aux frontières réputées, elles, plutôt fastidieuses. Comme d’habitude, nous nous étions informés sur l’expérience des autres voyageurs sur les réseaux sociaux, mais pour une fois elles ne semblaient pas standardisées. Nous avons aussi évité la traversée le Vendredi Saint et le Dimanche de Pâques, connaissant l’importance de ces fêtes dans ces pays.
Voici un petit résumé illustré du déroulement de la journée :
Il n’y a pas foule au contrôle de sortie du Salvador mais l’unique douanier est parti prendre son petit-déjeuner. Une fois la sortie validée, nous pouvons franchir le pont qui mène au Honduras.
8h00 : Nous quittons la station-service où nous avons passé la nuit. Pas très glamour comme stationnement, mais situation idéale à 5 km de la frontière. D’autres voyageurs garés non loin de nous étaient partis 20mn plus tôt. Nous les retrouvons à attendre au premier poste de contrôle. On leur a dit que l’unique douanier était parti prendre son petit déjeuner… Nous en profitons pour faire connaissance. Vanessa et Josh qui habitent dans l’Ouest du Canada ont l’intention de relier Ushuaia en 6 mois. Un beau challenge. L’employé finit par arriver et valide la sortie du pays de nos véhicules (annulation du permis d’importation).
8h20 Nous enregistrons notre sortie du Salvador en tant que personnes cette fois.
8h30 : Nous franchissons le pont qui mène au Honduras et nous nous garons à son extrémité. Dans un petit bâtiment, on nous insère un bout de papier dans notre passeport. C’est censé valider notre conformité vis-à-vis du Covid, mais aucun document ne nous a été demandé…
8h40 : Un poil plus loin, nous faisons la queue à l’immigration. Une dizaine de personnes devant nous mais ça avance assez vite. L’agent prend nos empreintes digitales, une photo de chacun de nous et une taxe de 3$ avant de compléter 2 ou 3 trucs sur son ordi et de nous rendre nos passeports dûment tamponnés.
Attente au bureau des permis d’importation de véhicules. Beaucoup de voyageurs en profitent pour laisser une trace. Et nous aussi du coup : avez-vous trouvé Roberto ?
8h50 : Nous devons maintenant obtenir notre permis d’importation pour que Roberto puisse circuler au Honduras. Nous avions préparé les photocopies et les 35$ nécessaires, mais cela prend un peu plus de temps que pour les visas. Mais au final l’employée nous tend le document et nous gratifie d’un « Bon voyage » en Français. Globalement, tout le monde a été très gentil et accueillant.
9h30 : Nous entamons notre traversée du Honduras. Le pays n’est pas très différent du Salvador dans la petite portion que nous avons pu apercevoir. Pas de bande armée à déplorer sur le bord des routes.
Notre itinéraire pour une traversée express du Honduras…
13h00 : Après 2h30 de route et une pause déjeuner, nous parvenons à la frontière avec le Nicaragua. Ça commence par un pré-contrôle de notre permis d’importation de Roberto, puis une fumigation avec un appareil qui ressemble à une soufflette à feuilles. Nous sommes taxés pour cela de 5$ (était-ce le seul but de la manœuvre ?)
13h05 : Nous nous garons un peu plus loin aux douanes honduriennes pour valider notre sortie du pays. Autre coup de tampon sur nos passeports qui sont déjà bien chargés. Nous allons finir par manquer de pages ! Voilà, nous sommes autorisés à quitter le pays.
Début des hosti.. euh formalités au Nicaragua : pré-contrôle avant les douanes, passage au scanner pour Roberto
13h15 : Un km plus loin, nous parvenons à l’immigration nicaraguayenne. Un douanier nous prend en charge et remplit sur son propre téléphone une demande de visa que nous aurions du préparer sur Internet. Il nous pose des questions multiples auxquelles nous ne savons pas toujours répondre, du genre combien de jours resterez-vous dans le pays, quels endroits allez-vous visiter, combien avez-vous d’argent sur vous, etc. Puis il nous renvoie vers les guichets, où nous apercevons nos passeports passer de main en main avant que quelqu’un finisse par nous appeler et nous réclamer 13$ chacun pour les visas. Encore un peu d’attente avant que le reçu soit établi sur une liasse carbonée en 3 exemplaires dont une partie détachable de l’un d’entre eux finira dans nos passeports. Où sera stocké le reste et pendant combien d’années, c’est mystère… Munis de nos précieux documents, nous pouvons passer à l’étape suivante qui concerne Roberto.
13h30 : Arrivés au guichet des permis d’importation de véhicules, on nous envoie directement vers le scanner. Roberto se fait transpercer de rayons X. Je me dis que ça serait bien si ça pouvait accidentellement désactiver le système AdBlue mais nous n’aurons pas cette chance…
13h40 : Retour au guichet. Nous attendons le verdict du scanner. Roberto n’ayant rien à se reprocher, on nous tend maintenant un papier pour l’inspection douanière, charge pour nous de trouver l’inspecteur (tous les agents sont habillés pareil…). Nous finissons par le dénicher. Il demande à entrer dans Roberto, s’asseoit sur le lit, ouvre 2 placards, réclame sans insister un petit pourboire avant de signer le document.
13h50 : 3ème passage au guichet. Cette fois tout est saisi sur l’ordi, validé par l’employée juste à coté puis par un supérieur (on imagine) dans une autre pièce. On nous remet enfin le précieux sésame, valide pour 30 jours, gratuit si on ne le perd pas : on nous prévient que cela nous coûtera 100$ si nous ne le présentons pas à la sortie !
Libéréééés…
14h00 : Un dernier contrôle à la barrière de sortie des douanes et nous voilà enfin libres de circuler au Nicaragua ! Tout compris, la traversée du Honduras nous aura donc pris 6 heures, formalités, route et repas compris. Pas trop mal. En son temps, Jules Vernes en aurait peut-être fait un roman !
Désolé si cette énumération vous a paru longuette. Ce n’était pas pour nous plaindre mais juste pour vous donner un aperçu des joies des formalités douanières, très variables d’une frontière à l’autre. Un bon point est que le visa nous est accordé à chaque frontière sans avoir besoin de passer par une ambassade. C’est déjà ça !
plaque minéralogique nicaraguayenne, pour ma collection…
Nous nous arrêtons quelques kilomètres après la frontière chez Michel, un Français retraité venu s’expatrier ici avec son épouse nicaraguayenne après avoir fait sa fin de carrière dans un établissement universitaire au Mexique. Il a ouvert une petite maison d’hôtes et fait un peu de place dans son jardin pour accueillir quelques véhicules de loisir. Nous y rencontrons une famille française avec 2 enfants, partis en vadrouille dans leur camping car pour une durée initialement prévue de 2 ans. Comme nous, ils ont fait un bout d’Europe avant de traverser l’Atlantique pour découvrir les Amériques. Nous avons passé de bons moments ensemble et avec notre hôte et il est probable que nous nous reverrons avant le Panama.
Une faille dans le système
Il y a 5 à 10 millions d’années, une activité volcanique intense dans cette région frontalière avec le Honduras a laissé une épaisse couche de lave. Elle a eu largement le temps de refroidir et de sécher, au point de se fissurer. Juste une petite faille de 6 km de long sur quelque centaines de mètres de large au fond de laquelle s’est infiltré le Rio Coco, une rivière dont le nom ne fait pas très sérieux mais qui est pourtant la plus longue du Nicaragua. Ce Cañon de Somoto, puisque c’est son nom, nous allons l’appréhender de 2 façons différentes : d’abord par le dessus, via le chemin des miradors, une belle randonnée de 2h aller-retour, puis par le dessous, si l’on peut dire, en suivant le cours de la rivière à pied …et à la nage. Courageusement, nous commençons par le chemin…
Caminadar
Le site du Cañon de Somoto, s’il était connu par les locaux depuis bien longtemps, n’est exploité que depuis 2004, pour son intérêt archéo-géologique d’une part, et pour son attrait touristique actuellement croissant. C’est vrai que la randonnée aquatique – le titre de ce post en est une tentative personnelle de traduction, contraction de caminar (marcher) et nadar (nager) – est à la mode, comme nous avions pu le constater au parc de Zion aux États-Unis. Sauf que là-bas, la foule était dense et l’eau glacée et nous nous sommes contentés de regarder s’enfiler les touristes à la queue-leu-leu dans le canyon. Ici c’est complètement différent. Sur la plupart du parcours nous sommes restés seuls avec notre guide, rencontrant sur la fin une famille locale, un père qui y apprenait à nager à ses 2 enfants !
Notre parcours au fond du canyon de Somoto
Nous avons donc parcouru les 7 kilomètres, pour moitié à pied et pour l’autre moitié à la nage, le chemin disparaissant lorsque les parois devenaient abruptes. Il a même fallu à un moment se jeter dans l’eau d’une petite plateforme …d’un mètre de hauteur. Mine de rien c’était assez éprouvant physiquement, notamment lors des marches sur les rochers glissants. Mais l’expérience en valait la peine et le spectacle de cette rivière émeraude encadrée de falaises de basalte était à la hauteur. C’est le cas de le dire 😉
Les berges du cañon sont parfois praticables, parfois non : à un moment, il faut se mouiller !
et quand il n’y a plus pied, il faut nager !
Mais c’est rafraîchissant et le paysage est magnifique !
Une toute petite partie se fait en barque, mais nous aurons tout de même marché 3 km et nagé tout autant. C’était au final assez physique. Mais nous avons adoré le concept !
Écoroutes ?
Notre pause cañon tout près de la frontière ne nous ayant pas vraiment permis de nous faire une idée sur le Nicaragua, la reprise de la route aujourd’hui va nous donner un meilleur aperçu du pays. Et la première impression est excellente : les routes sont non seulement bonnes, mais aussi très belles. On dirait presque des allées avec leurs bordures d’arbres un peu en tonnelle qui à la fois agrémentent le paysage et procurent un peu d’ombre. Les bas-côtés sont bien entretenus, l’herbe est tondue et les déchets brillent par leur absence après plusieurs mois en Amérique latine. Tout est relatif, on en trouve quand même quelques-uns par moments, mais la différence est flagrante par rapport aux pays antérieurement visités. Les alentours des maisons et les places des centres-villes suivent la même règle, ce qui signifie soit une incitation politique, soit une volonté spontanée des habitants. Puisqu’on parle de politique, la propagande est très présente dans les rues. C’est un sujet à éviter sur les réseaux sociaux – du moins tant qu’on est dans le pays – et, paraît-il, dans la conversation avec les habitants. Les peintures murales abondent dans les rues, tandis que le décor de la campagne est constitué de champs de caféiers et de plants de tabac sur un fond de montagnes et de volcans, du moins dans la région nord-ouest où nous sommes. Il ne pleut pourtant pas (encore) mais tout est plus vert que dans les pays précédents. L’accueil de la population est toujours aussi chaleureux, au risque de ne plus nous étonner. Au total nous nous sentons vraiment bien dans ce pays. J’espère que la suite confirmera cette première impression. Le seul bémol est l’impossibilité pour l’instant de retirer de l’argent (des Cordobas ici) ou de régler les commerçants avec notre carte Visa habituelle. Mais notre carte American Express de secours heureusement fonctionne, avec davantage de frais toutefois.
Des routes bien tracées, parfois pavées mêmes, et aux abords bien entretenus, tout comme les jardins dans les centres-villesLa propagande politique est très présente dans les rues, mais chut ! on n’en parle pas !
Les abords des églises sont bien entretenus aussi, les façades un peu moins…
mais l’intérieur méritait le coup d’oeil
Nous vous emmenons maintenant visiter l’église la plus vieille du Nicaragua selon le Petit Futé, terminée en 1878. Mais d’autres sources plus futées disent que c’est celle de la Merced à San Jorge, construite entre 1560 et 1570. Y a pas photo ! Sinon, dans le beau jardin, les voyageurs nomades auront peut-être remarqué le détail qui tue. Et vous ? (solution après les photos du paragraphe)
A part les portes, l’intérieur ne fait pas son âge
Bon, le « détail qui tue » dans le jardin c’est le robinet d’eau. L’un de nos réservoirs était vide, alors nous avons gentiment demandé au jardinier si nous pouvions nous servir et il a accepté. Sûrement pas de l’eau potable mais nous rajoutons 2 comprimés de chlore à chaque plein et un désinfectant spécial quand nous souhaitons boire cette eau.
A l’assaut de la « colline noire »
Le soleil éclairait pourtant joliment ce champ de canne à sucre ce matin-là, mais pas la cascade objet de notre visite. La baignade n’était du coup pas très tentante alors nous avons repris la routeEn fait de route, elle a fini par se transformer un chemin de sable volcanique. Sans 4×4 c’était un peu gonflé, mais nous nous sommes fiés sur d’autres qui y étaient passés avant nous. Maintenant, chaque véhicule est différent et chaque conducteur aussi. Nous avons parcouru 25 km sur ce genre de piste en priant pour que ça ne s’aggrave pas ou que ça ne grimpe pas trop !
Nous n’avons pas rencontré beaucoup de véhicules, mais croisé plusieurs charrettes comme celle-ci et pas mal d’animaux de ferme
Le summum a été ceux-là. Indubitablement, ils étaient prioritaires !
Mais avec patience et doigté, nous sommes arrivés sains et saufs au parking du centre des visiteurs du Cerro Negro. Nous avons été le seul véhicule de loisirs à dormir ici ce soir-là. Des fois on se demande si nous ne sommes pas trop inconscients… Enfin je parle de la piste, pas du lieu qui était parfaitement sûr.
En tout cas, après ces émotions, la petite bière locale bien fraîche et le chausson à la goyave ont été très appréciés. Mais l’aventure ne fait que commencer, nous sommes venus ici pour ascensionner le volcan et le redescendre d’une façon originale.
Éruption du Cerro Negro en 1968 (image d’archives Wikipedia)
Le petit cratère dans le grand. Ce n’est toutefois pas le plus récent qui est à l’extérieur.
Mais la cerise sur le gâteau, c’était la redescente en luge en 2 minutes chrono (un peu trop court d’ailleurs !). Voilà la raison de notre étrange équipement à la montée. Nous avions aussi une combi en jean, des gants et des lunettes car la descente soulève pas mal de poussières et de gravillons. Un must !
Et le plus d’avoir dormi sur place, c’est que nous avons pu prendre une bonne douche au refuge pour éliminer tout le sable volcanique qui avait bien pénétré partout malgré les combis. Et puis nous avons pris la même route sablonneuse du retour, en essayant de ne pas surfer avec Roberto !
León, première capitale du Nicaragua
Lorsque le Nicaragua a proclamé son indépendance en 1821, deux villes s’autodéclarèrent capitale du pays : León, plutôt libérale voire révolutionnaire et Granada, plutôt tranquille et conservatrice. Elles se partagèrent le pouvoir pendant plusieurs années, sans que l’une ou l’autre prennent franchement le dessus. Granada, opulente, était fréquemment prise pour cible par les pirates, tandis que León, mal située, était victime …des volcans. Devait arriver ce qui arriva, en 1852, le gouvernement désigna comme capitale Managua, alors un petit village de pêcheurs ayant l’avantage de se trouver pile entre les 2 villes rivales qui avaient par trop pêché !
León reste une ville agréable à parcourir au travers de ses rues aux maisons basses et colorées, aux ouvertures parées de grilles en fer forgé, dans le plus pur style colonial espagnol. Elle possède pas moins de 16 églises richement décorées, plusieurs musées intéressants dont ce musée d’art détenu par une fondation privée, présentant une collection de qualité notamment d’artistes latino-américains. Fief de la révolution sandiniste, la ville en met à l’honneur tous ses acteurs dans les rues ou quelques salles d’exposition dédiées. Les couleurs noir et rouge du parti sont omniprésentes. Stendhal serait venu qu’il en aurait sûrement fait un bouquin…
Ville de la révolution sandiniste, León affirme ses valeurs !
15 églises et une cathédrale, toute de blanc vêtue, et sur le toit de laquelle on peut monter pour apprécier le panorama sur la ville. On ne sait pas si Jean-Paul II (en effigie à l’intérieur) ou ses collègues y sont montés. D’après Renaud, « p’têtre qu’être trop près du ciel y z’aiment pas »
La ville recèle beaucoup de portes de ce genre. Nous sommes entrés pour voir ce qu’il y avait derrière…
eh bien un joli musée d’art très bien aménagé avec de ravissants patios fleuris
Au programme, collection de poteries précolombiennes,
pas mal d’oeuvres de peintres locaux,
encore d’autres patios,
et quelques oeuvres plus contemporaines…
Ici, cette autre façade d’un ancien hôpital cache un bel intérieur, si l’on veut bien se donner le mal d’y entrer (assez souvent, il suffit de demander…)
Rafraîchissement
La température ambiante est torride, dans les 36 à 38°C en début d’après-midi, et nous avons fréquemment besoin de nous hydrater et/ou de nous rafraîchir. La tentation est grande devant les marchands de glace ou de smoothies, mais les risques ne sont pas négligeables, comme ont pu le constater amèrement plusieurs familles de voyageurs que nous suivons, victimes d’amibiase, et qui nous font redoubler de prudence. Au vendeur de jus de fruits frais qui a précédé celui de la photo, nous avons demandé innocemment si l’eau utilisée pour la boisson ou la glace mixée dedans était purifiée, et la réponse a été négative ! Ils utilisaient de l’eau du robinet, réputée peu sûre ici… Nous avons décliné la commande et sommes allés voir ailleurs. Ici chez Jugoso, il est clairement explicité sur la machine à glaçons que l’eau est 100% purifiée. Nous avons dégusté en confiance de délicieux cocktails de jus de fruits frais mixés avec de la glace (alias smoothies) et nous y sommes même retournés le lendemain tellement c’était bon. A recommander aux voyageurs qui passent à León, c’est à deux pas de la cathédrale.
Après cette bienfaisante pause artistique, nous nous dirigeons maintenant vers la vraie capitale, Managua. Surprise de la découverte d’une ville dans laquelle nous n’avons jamais mis les pieds et dont nous n’avions gère entendu parler jusqu’ici. A suivre…
Le Salvador est le plus petit pays d’Amérique centrale, de la taille de la Gironde et des Landes pour vous donner une idée. Les premières routes que nous parcourons sont en excellent état, ce qui tranche avec le Mexique ou le Guatemala. Les premiers paysages que nous traversons sont montagneux, volcaniques, et aussi très verts avec beaucoup de plantations de café et de fleurs tropicales. Les maisons sont nettement plus soignées qu’au Guatemala, où elles sont curieusement abandonnées à leur état de parpaings bruts. Les couleurs vives sont partout, mais ce n’est pas vraiment une surprise, et les fresques murales sont courantes. D’une manière générale, le Salvador semble avoir un meilleur niveau de vie que ses voisins, et cela se ressent dès la première visite au supermarché. Et ce n’est pas qu’une impression liée au fait que les prix soient en dollars américains, la monnaie officielle du pays.
Pour changer de la présentation habituelle du blog et rompre avec une éventuelle monotonie, cet article sera présenté uniquement en photos ou vidéos commentées
Passage de frontière : Les formalités n’ont pris qu’une cinquantaine de minutes et nous y avons reçu un accueil plus que chaleureux. De l’autre côté du pont qui sépare le Guatemala du Salvador, des panneaux de bienvenue s’étalent partout et la première démarche, pour l’importation de Roberto, s’est faite sur une petite table en extérieur avec chaise en plastique, où un employé jovial nous a rempli un formulaire que nous aurons ensuite à remettre à un autre employé plus ordinaire et dans un bâtiment plus conventionnel pour l’établissement du document définitif. Pas de tampons sur nos passeports. Nous savons juste que nous sommes autorisés pour 90 jours sur l’ensemble du territoire allant du Guatemala au Nicaragua. Cela devrait suffire, ces pays ne sont pas bien grands.
Ahuachapan est la première ville sur notre route. Une place où flânent les habitants, où subsistent quelques édifices publics d’architecture coloniale,et dont les murs sont volontiers décorés de fresques aux couleurs vives, certaines réalisées par les frères Fabru’s dont nous reparlerons plus tard.
Procession des Rameaux : Une grande église blanche trône devant la place, très fréquentée en ce dimanche des Rameaux. Nous avons la chance d’observer une procession et de pouvoir faire la photo de famille des pénitents du jour.
Géothermie active : La région du Salvador par laquelle nous sommes entrés est riche en sources chaudes, geysers et fumerolles. Cette énergie naturelle est d’ailleurs parfaitement exploitée puisque l’usine d’Ahuachapan, la première ville que nous avons rencontrée, fournit 40% de toute l’électricité du pays en exploitant 28 fumerolles. A deux autres endroits, l’eau très chaude sera récupérée pour alimenter des piscines que les salvadoriens fréquentent tout particulièrement le week-end. Une raison suffisante pour que nous ne nous y rendions pas, particulièrement en ce dimanche des Rameaux et début de semaine sainte. Mais une zone de fumerolles tout près du centre-ville est accessible au public, et celle-là, nous nous y rendrons avec plaisir. Toujours impressionnant de marcher sur ce sol teinté de soufre et craquant sous les pas, de humer l’air brûlant à l’odeur d’hydrogène sulfuré, d’observer cette eau qui bout bruyamment et cette vapeur qui s’échappe de partout.
Concepcion de Ataco : davantage de fresques murales que la ville précédente. Quant aux couleurs vives, même les voitures et la végétation s’y emploient !
L’art est jusque dans l’église, avec de beaux autels sculptés par un des habitants et quelques murs peints aussi.
Normal car nous sommes ici dans le fief des frères Fabru’s, deux salvadoriens très connus ici pour leurs personnages fétiches : des femmes métisses aux grands yeux appelées « memitas », des hommes avec de grandes moustaches horizontales, des chiens et des chats. Ils étaient malheureusement absents de leur atelier.
Rien de tout cela n’était exceptionnel, mais cela ne nous a pas laissés de glace non plus.
Notre parking pour la nuit à Juayua, dans une petite cour qu’il fallait atteindre en traversant un couloir. Assez tranquille si ce n’était le gros criquet de 15 cm qui voulait grimper sur Roberto !
L’église de la ville est rouge et blanche à l’extérieure, tandis que son sol en damier et ses décorations de palmes donnent une petite ambiance caribéenne.
Là aussi, des murs peints un peu partout
Les rutilants bus salvadoriens n’ont rien à envier aux chicken bus guatémaltèques. Ils sont tout aussi impétueux et produisent la même fumée bien noire.
Une petite boutique de jus de fruits sur le marché qui accepte les Bitcoins : on n’est pas aussi modernes en France ! Et ces clés incrustées dans le béton devant l’entrée de la quincaillerie : indubitablement des clés de sol… 😉Santa Ana la seconde ville du pays ne nous a pas convaincus : nous n’y sommes restés qu’une heure, près de la place centrale avec son théâtre et son exceptionnelle cathédrale gothique (ça change du style hispanique habituel !). Mais 4 petites scènes ont attiré notre attention :
1. Ce palanquin déplacé d’un camion vers la cathédrale par 5 hommes seulement. Et dire qu’il en fallait 80 et qui paraissaient souffrir le martyr pour porter ceux que nous avons vus à Antigua. Certes il y avait quelques statues en plus mais quand même, chiqué !
2. Cette petite fille que son père amène faire des bulles dans la cathédrale comme s’il s’agissait d’un jardin public. Lui aurait-il parlé des bulles du pape ?
3. Cette « statue de la liberté » devant le palais municipal devant laquelle on a installé une tente abribus, la privant de toute vue. Mais où est la liberté ?
4. Santa Ana, la patronne de la ville, aurait inhabituellement les yeux bruns. Mais pas de chance pour nous, impossible de le vérifier en cette unique période de l’année (Rameaux) où les effigies de la cathédrale sont voilées de mauve !
Vous avez sous les yeux le plus haut volcan du Salvador, culminant à 2381 m d’altitude. D’en bas ça fait moins volcan que son jeune copain d’en face (image à droite ci-dessous) mais la pancarte du sentier nous annonce un joli lac de cratère en haut. Et aussi l’accompagnement obligatoire par un guide et des policiers, mais on fera ceux qui n’ont commencé l’Espagnol qu’avant-hier…
Nous nous sommes levés tôt pour échapper à la foule et à la chaleur, tout en essayant d’arriver avant les nuages. A 7h45, nous étions les premiers à signer le registre, et nous sommes arrivés en haut les premiers en doublant le seul autre randonneur matinal : ce vendeur de glaces qui montait sa glacière de 45 kg comme chaque matin. Quel boulot ! L’environnement est un peu étonnant, associant cactus et coulées de lave, association que l’on avait du mal à imaginer.Peu avant l’arrivée, le sol devient franchement basaltique, et un panneau vient nous récompenser de nos efforts. Il est 9h10, nous sommes les premiers et les seuls au sommet. Youpi !Nous découvrons le spectacle époustouflant de ce lac bleu-vert tout au fond du cratère, bordé de fumerolles dont on entend bien le souffle et parcouru de fines brumes mobiles. Si la température du lac (20°C) est compatible avec la baignade, il n’en est pas de même de l’acidité qui se situe entre le contenu de votre batterie et celui de votre estomac (pH de 1). De toutes façons, il est interdit de s’en approcher et le sol instable incite à la prudence. Pas envie de plonger dans la Trempette !
Un petit selfie s’impose, à défaut de guide pour prendre la photo (ce doit être son utilité car il est impossible de se perdre sur l’unique sentier)
Fumerolle sur le rivage jaune
Pendant la redescente, nous croisons des hordes de touristes qui grimpent à leur tour en file indienne et ce sympathique tatou, hésitant à traverser le chemin tellement le trafic est dense !Nous visitons maintenant un site maya unique en son genre, Joya de Cerén. Unique parce que c’est le seul en Mésoamérique où l’on a retrouvé des maisons d’habitation, à l’inverse des palais princiers et lieux cérémoniels habituels qui d’habitude, étant construits en dur, sont seuls à résister au temps. Si les maisons en bois et torchis ont survécu ici, c’est grâce à l’intervention d’un volcan en l’an 590. Tel le Vésuve, il a recouvert ce petit village d’agriculteurs d’épaisses couches de cendre (14 au total).Il n’a été retrouvé qu’en 1976, par hasard, lors d’une tentative de construction de silos à grains. Rapidement sécurisé, le site est progressivement mis à jour depuis. L’unicité de ce témoignage de la vie des agriculteurs mayas l’a fait classer au patrimoine mondial de l’Unesco en 1993. C’est le seul site classé du SalvadorIci, la maison d’un chamane. On a identifié aussi des entrepôts, une salle de réunion, un sauna, une cuisine. On a trouvé beaucoup d’objets et même des aliments intacts laissés lors de la fuite des habitants.On a dégagé aussi des squelettes de souris dans les entrepôts, un canard attaché par une corde à une barrière (ci-dessous à droite), prouvant la domestication, mais heureusement aucun humain. Ouf !Les extérieurs sont relativement bien aménagés, avec de nombreuses fleurs tropicales et pas mal d’arbres fruitiers. Peut-être va-t-on reconstituer les champs de ces agriculteurs ?A gauche, des pommes-cajou. A droite, un panneau d’informations en Français, c’est si rare ici ! La France a manifestement participé aux travaux. Si vous aviez un doute sur l’utilité de vos impôts…Visitons ensemble la capitale du pays, San Salvador. Avec près de 250 000 habitants, c’est la 2ème ville la plus peuplée d’Amérique centrale après Guatemala Ciudad. Un développement anarchique commun dans la région fait qu’elle a peu d’intérêt pour les touristes, si ce n’est son centre-ville colonial et animé.A gauche le drapeau du Salvador avec comme ses pays voisins 2 bandes bleues entourant une blanche. Sauf que chez ces derniers les bandes bleues représentent les océans qui les bordent, mais comme le Salvador n’a qu’une frontière maritime, on dira ici que le bleu du haut est celui du ciel. Sinon au milieu, un blason avec 5 drapeaux et 5 volcans évoquant les 5 états de l’ex-fédération de l’Amérique centrale, un triangle maçonnique symbolisant l’égalité, une couronne de laurier à 14 feuilles (1 par département) et une devise : Dios, Union, Libertad. A droite, l’arbre national du pays, un Tabebuia rosea alias Calice du pape, que l’on voit fleurir partout avec un joli rose.Nous visiterons surtout les vieux quartiers, avec ici un hôpital (toujours en activité !) et la fac de médecine (toujours en activité ?)Une première église un peu particulière de par sa structure. A son époque, l’architecture en bois était couverte ensuite de plaques de fer. Ici, le travail n’a jamais été terminé et une grande partie du bois reste apparent.Le centre historique. Un autre temps…La cathédrale de San Salvador, plutôt massive, tremblements de terre à répétition obligentIci, vraiment l’église la plus moche que nous ayons jamais vue. Mais de l’extérieur seulement, car l’intérieur est conçu tout en jeux de lumières, que ne rendent pas très bien les photos.Le marché central. Le seul endroit de la capitale où l’on trouve encore des habitants en tenue traditionnelle. Nous y avons aussi goûté aux « pupusas », la spécialité nationale, une sorte de crêpe à base de farine de maïs ou de yucca fourrée à la viande et/ou aux légumes. Bon mais pas extraordinaire.Ah, un cimetière de 35 ha en plein centre-ville. Voyons comment ça se passe. D’emblée, les couleurs n’ont rien à voir avec celles des cimetières guatémaltèques. Les tombes sont d’une grande « diversité », pour ne pas employer un autre mot.Certaines font dans la grandiloquence…d’autres dans l’authenticité, d’autres encore se vendent (c’est la crise ?),et d’autres enfin sont le lieu manifeste de festivités ou bien … d’essais ???Le petit village de Panchimalco est sur notre route. On s’arrête visiter son église coloniale et l’atelier du peintre et sculpteur Miguel Angel Ramirez, peut-être poussé à la vocation par son prénom. Son travail est exposé dans un joli jardin. Il a le mérite d’être très actif auprès des jeunes de la région et anime beaucoup de formations.
Des ailes de papillon avec des pinceaux, il fallait y penser…
Quelques clichés de la cour intérieure. Admirez les chaussures en guise de pots de fleurs !
Un exemple du travail des enfants. On sait qu’ils adorent crayonner sur les murs !
Des ailes de papillon avec des photos de gens devant des ailes de papillon, il fallait y penser…
Il commençait à faire très chaud sur les plaines du Sud (36° C à l’ombre…) alors nous avons pris un peu d’altitude. Ce petit lac dans un cratère près d’Alegria était parfait pour nous. 24°C le soir (1250m d’altitude) et bizarrement pas un chat. En pleine semaine sainte, les locaux étaient peut-être occupés ailleurs. En tout cas la nuit a été super tranquille et quel spectacle le matin au réveil !
L’image panoramique rend mieux compte de notre solitude…
J’ai même eu tout loisir de chercher un joli reflet !
Par contre la couleur de l’eau n’incitait pas trop à la baignade. Sans être chaude, l’eau était peut-être relativement acide. Et puis il paraît qu’une sirène ensorcelle les hommes qui s’y plongent…
Nous terminons notre parcours salvadorien par la ville d’Alegria, curieusement décorée de passoires en plastique censées sans doute représenter des méduses. Nous n’avons pas osé demander la raison de peur de s’entendre répondre « c’est pour faire joli, pourquoi ? »
Les petites boutiques sont très pittoresques
Pour rappel, une pupuseria est une boutique où l’on vend des pupusas, si jamais…
Sur quelques maisons, on trouve des pensées de l’écrivain local Alberto Masferrer. Du bois aussi mais ça n’a rien à voir. Ça montre juste qu’on est en altitude…
Les seules choses « inquiétantes », ce sont ces poudres colorées et ces pochoirs, qui signifient que l’on va sous peu décorer les chaussées d’alfombras pour les prochaines processions. Et que Roberto risque d’être coincé dans le centre-ville pour plusieurs jours. Go go go !
En cette période de week-end pascal, très suivi ici, tout ou presque est fermé. C’est le bon moment pour quitter ce pays auquel nous avons trouvé un certain charme, un côté paisible et de jolis paysages. Il aura juste eu la malchance de passer immédiatement après le Guatemala, ce qui nous a fait manquer un peu d’objectivité pour l’apprécier à sa juste valeur.
Notre prochaine étape est de traverser le Honduras en une journée (le pays est réputé peu sûr en ce moment et la plupart des voyageurs nomades n’y passent que très peu de temps) pour parvenir le soir même au Nicaragua. A bientôt !
Parcours au Salvador, zoomable ici pour les adeptes du détail
J’espère que cette version toute en légendes d’images (et de vidéos) vous a plu. N’hésitez pas à me dire en commentaires si vous préfériez l’ancienne forme.
Le Guatemala génère pour nous une émotion particulière. C’est là en effet qu’il y a vingt-cinq ans nous avons adopté notre quatrième enfant. Nous n’avions pas vu grand chose du pays à l’époque, concentrés sur l’ancienne et la nouvelle capitale et les démarches administratives. Nous avions ce regret qui va bientôt être comblé de ne pas connaître suffisamment le pays d’origine de notre fils.
Achille, cet article t’est évidemment dédié. Merci pour tout l’amour que tu dégages, pour tout l’amour que tu nous a donné et pour tout l’amour que tu nous donnes encore
Frontière express
Guidés par l’expérience des voyageurs qui nous ont précédés et par un jeune homme qui a trouvé là le moyen d’arrondir ses fins de mois, nous avons passé une à une les différentes étapes du passage de la frontière, assez similaires à celles de la précédente. La seule difficulté était de trouver les bons bâtiments, les bons guichets, l’endroit où faire les photocopies non anticipables et même la dame qui paye la banque à votre place pour le permis d’importation du véhicule et vous évite ainsi de marcher 2 km jusqu’à la ville la plus proche. En à peine une heure, nous étions au Guatemala !
Passage de la frontière guatémaltèque. De l’autre côté, nous sommes de suite dans l’ambiance !
Le drapeau du Guatemala avec au centre son oiseau-emblème, le quetzal, qui est aussi sa monnaie
Les aventuriers de la cité perdue
Tikal est LA cité maya du Guatemala. A son âge d’or, entre 500 et 900 ap. J.-C., sa population avoisinait les 100 000 personnes, sur un territoire très étendu que l’on a du mal à se représenter car presque totalement envahi par la forêt tropicale aujourd’hui. Seuls en émergent les bâtiments qui ont été dégagés depuis le XIXème siècle après une longue période d’oubli. Et ces bâtiments, on les découvre peu à peu grâce au Lidar, une sorte d’écho-radar-laser qui permet de voir depuis un avion ce qui est enfoui sous la forêt.
Les temples de Tikal enfouis dans la forêt
Plus que dans toutes les autres cités mayas que nous avons visitées nous ressentons à la fois cette grandeur passée et l’excitation des archéologues qui de monticules de terre et de forêt informes dégagent des palais et des temples grandioses, des stèles gravées qui sont de véritables livres de pierre, des tombes et leurs offrandes, des objets de la vie quotidienne. De nombreux chantiers sont en cours, ce qui ne gêne pas forcément la visite mais démontre au contraire les efforts qui ont été nécessaires pour que nous puissions voir ces lieux aujourd’hui.
Dès l’entrée du site, la faune se manifeste : ici un dindon ocellé, oiseau élevé par les Mayas
On s’enfonce ensuite dans la jungle…
Arbres géants et entrelacs de lianes abondent
Au détour d’un sentier, des constructions apparaissent…
A Tikal plus qu’ailleurs la nature est très présente, les chemins tracés dans la jungle dépassent volontiers le kilomètre pour se rendre d’un édifice à un autre, la flore est superbe et la faune bruyante et variée. Les oiseaux gazouillent ou crient autour de nous, les singes araignées graciles se baladent de branche en branche, les colonies de coatis reniflent le sol entre les temples, la queue dressée en forme de point d’interrogation, et les dindons ocellés multicolores se baladent tranquillement sur l’herbe. Et nous profitons d’autant mieux de tout cela que la densité de visiteurs est faible et que le site n’est pas envahi de vendeurs de souvenirs.
Murs, pyramides, stèles légendées, masques parsèment la Grande Place
En voici une vue d’ensemble
Certaines pyramides peuvent se gravir à l’aide d’escaliers en bois judicieusement placés à l’arrière des édifices. Les escaliers sacrés sont ainsi préservés. Mais les marches en bois sont tout aussi raides que celles en pierre. D’ailleurs, en Espagnol, monter se dit « subir »…
La vue den haut est forcément spectaculaire
Au fur et à mesure de notre progression, les édifices sont plus sauvages, et nous sommes quasiment seuls
De quoi apprécier encore mieux certains temples excentrés,
l’exubérante végétation tropicale ainsi que la faune, comme ce groupe de coatis qui fouine dans les ruines
A propos de faune…
Flores, l’île plutôt coule
Cette petite ville située sur une île du Lac Petén attire paraît-il de nombreux touristes. Peut-être espèrent-ils y voir des fleurs, mais le nom provient d’un médecin espagnol qui a pourchassé les indiens Itza venus du Mexique pour se réfugier ici. Mal lui en a pris car il a fini par se faire lyncher. Alors peut-être les visiteurs s’attendent-ils à voir ici des descendants de ces indiens dans leurs beaux habits aux couleurs chatoyantes ? Aucune chance, car ils ont préféré quitter l’île plutôt que de se soumettre à la religion catholique. Alors pour que les touristes viennent quand même, on leur a construit plein de restaurants et d’hôtels sur la petite route qui fait le tour de ce qui entre-temps est devenu une presqu’île. Le problème c’est que l’eau du lac monte et envahit peu à peu la chaussée. Bien qu’on veuille leur faire croire à une autre Venise, les gens ne sont pas dupes. En tout cas ils ne semblaient pas si nombreux le jour de notre visite, un week-end pourtant. Pas cool, Flores coule !
EFDans les petites rues tranquilles et colorées de Flores, certains habitants portent des gilets de sauvetage, vous voulez savoir pourquoi ?
Eh bien c’est parce que le niveau du lac monte et inonde peu à peu la route périphérique
Du coup pas grand monde dans les rues !
Les habitants fuient en bateau,
le joli artisanat coloré se vend moins bien,Certains voudraient en faire la Venise du Guatemala, mais on ne peut pas faire gober n’importe quoi aux touristes…Pour nous consoler, nous avons goûté à la nourriture de rue du coin : bananes cuites dans leur peau, beignets au fromage, crêpes fourrées nappées de sauce rouge et de guacamole, tamales au poulet. Les boissons sont une « crème de lait » et un jus d’ananas frais. Contrairement aux apparences…
Le cratère bleu
La ville de Sayaxché possède à la fois un nom imprononçable et une rivière intraversable par la route : il faut prendre un bac, une grande barge de bois tractée par 2 moteurs de hors-bord protégés par un palapa au toit en palme. Roberto a pu embarquer avec un bus scolaire, 2 camions et 3 voitures et traverser la rivière sans souci. Sayaxché (non, je n’y arrive toujours pas) est aussi l’un des points de départ pour aller en lancha (barque à moteur) jusqu’au Crater Azul, que rien que le nom donne envie de visiter. Nous n’avons pas résisté. La balade commence par la descente du Rio de la Pasion (tout un programme) pendant une petite heure, après laquelle on bifurque sur un affluent qui ne figure même pas sur la carte. Et c’est là la partie la plus belle du parcours : l’eau verte et trouble du rio devient d’un coup bleue et transparente, les bords se parent tout du long de nénuphars en fleurs, tandis que l’étroitesse et les hauts fonds rendent la navigation plus sportive. Il paraît que certains jours ça se termine à la rame, mais cela n’aura pas été le cas pour nous. Nous avons adoré ce paysage à la fois sauvage et bucolique et les couleurs magnifiques de l’onde. Le soufflé est un peu retombé à l’arrivée, la zone naturellement arrondie d’eau bleue qui donne son nom au site (rien à voir avec un cratère en fait) étant envahie de touristes, essentiellement locaux, barbotant en bouée ou gilet de sauvetage. Rien de plus normal pour un dimanche mais un peu décevant pour nous qui, après avoir navigué quasiment seuls jusqu’ici, espérions trouver le lieu désert. Nous n’avons pas pour autant boudé la baignade ni notre pique-nique. L’impression au retour restait sur un moment exceptionnel.
BCA Sayaxché, la route s’interrompt : il faut prendre le bac, une barge propulsée par deux petits moteurs de hors bord
Sur l’autre berge, nous passons la nuit seuls dans un petit camping avec un son et lumière spécial fait de singes hurleurs et de lucioles : magique mais intranscriptible en photo !
Le lendemain nous garons Roberto derrière les lettres de la ville pour embarquer dans cette lancha (barque à moteur)
La partie la plus belle est quand la rivière devient bleue transparente et se borde de nénuphars
Le cratère bleu est un peu envahi en ce dimanche, mais nous profiterons tout de même de la baignade
Changement de programme
Les joies de la vie nomade, c’est que rien n’est jamais fixé à l’avance. Après notre mini-croisière fluviale, nous avions prévu de passer la nuit sur place puis de rouler toute la journée du lendemain jusqu’aux grottes de Lanquin afin d’y être présents pour la sortie des chauve-souris vers 18h, puis de les visiter le lendemain et de programmer une excursion vers le site de Semuc Champey, très prisé des touristes français sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’une rivière d’une jolie couleur bleutée qui à cet endroit forme des bassins dans lesquels on peut se baigner. La seule difficulté est l’accès par un chemin en très mauvais état, qu’il est préférable de parcourir en « collectivo » une sorte de bétaillère où tout le monde s’entasse (et se tasse aussi au fil des ornières) ou en pick-up privé. Dans tous les cas, au moins une heure de route défoncée à l’aller comme au retour. Mais bon, il paraît que le lieu en vaut la peine.
Sauf que notre lancha nous a déposés à Sayaxché plus tôt que prévu. Pas assez pour les grottes de Lanquin mais suffisamment pour atteindre celles de La Candelaria avant la tombée de la nuit. Alors changement de programme, nous visiterons ces grottes-là le lendemain matin. Moins connues, elles sont moins fréquentées, et nous les avions pour nous seuls. Un site de toute beauté, découvert de plus par un Français, resté sur place pour les préserver et les faire visiter par des guides de l’ethnie locale Q’eqchi. De salle en salle, de stalactite en stalagmite, de colonne festonnée en drapé sonore, d’araignées en chauve-souris, nous nous sommes extasiés tout du long.
L’entrée des grottes de la Candelaria
Des concrétions intéressantes,une faune pour certains inquiétante,mais pour nous c’était trop tôt la sortie. Mais quelle sortie !
Nous sommes sortis de la grotte dès 9h30. Le timing était suffisant pour nous rendre sur le site de Lanquin, mais nous n’avions pas trop envie d’aller voir une nouvelle grotte dans la foulée, d’autant que les commentaires des visiteurs, bien qu’élogieux sur l’entrée et la sortie des chauve-souris, l’étaient beaucoup moins sur la grotte elle-même. Nous étions trop juste par ailleurs pour rejoindre Semuc Champey et en faire l’excursion en transport en commun dans la journée. Qu’à cela ne tienne, nous sommes libres, et nous changeons encore de programme pour nous rendre aux cascades de Las Conchas, nommées ainsi en fonction des retenues d’eau à l’allure de coquillages que forme la rivière. Un site tout à fait comparable à Semuc Champey, la couleur bleue en moins (nous avons vu mieux à Tolantongo au Mexique), mais l’accessibilité en Roberto en plus et l’intimité en prime (nous devions être une dizaine de visiteurs en tout sur ce grand site, tous locaux à part nous). Après avoir parcouru le petit chemin qui donne divers points de vue sur les cascades et profité de deux des bassins pour nous baigner, il nous restait encore un peu de temps pour reprendre la route et rejoindre notre destination suivante.
Las Conchas ça se présente comme ça…
Une succession de cascades qui donne à certains envie de sauter…
D’autres se satisfont des bassins au débit plus calme !
A propos de flore…
Livingston
Ce village de pêcheurs a un charme fou. D’abord par son histoire particulière : il est né à l’arrivée du peuple Garifuna, né de l’union entre des Africains ayant échappé à l’esclavage grâce à un naufrage qui les a amenés sur l’île de St Vincent et les indiens autochtones de cette île, les Caraïbes et les Arawaks. Ils en furent chassés par les anglais au début du XVIIème siècle et se réfugièrent sur les côtes caraïbes du Belize, du Guatemala et du Honduras. Aujourd’hui, ils ne représentent plus qu’une petite part de la population, mais leur culture et l’ambiance caraïbe restent prédominantes. L’autre intérêt est que le village n’est accessible que par bateau, aucune route ne le reliant à l’intérieur du pays. C’est donc en lancha que nous y sommes parvenus, traversant au passage le magnifique Rio Dulce, une rivière d’eau douce, comme son nom l’indique, qui relie le grand Lac Izabal à la mer, en longeant la forêt tropicale où se dissimulent des maisons plus ou moins luxueuses toutes munies de leur ponton d’accès, de très nombreux oiseaux, de jolies étendues de nénuphars multicolores et quelques grottes. Nous y avons pris un déjeuner typique, comportant ceviche, tapado (soupe de poisson et fruits de mer au lait de coco et aux épices) et guifiti (rhum macéré avec des plantes).
C’est reparti pour une nouvelle croisière en lancha sur le Rio Dulce
une rivière plus ou moins large reliant le lac Izabal à la mer des Caraïbes, bordée d’une faune et d’une flore magnifiquesde grottes maya encore utilisées pour les rituels et par quelques araignées (c’est le meilleur anti-moustiques),
et de maisons qui font envie…
Tout ca pour arriver à Livingston,
pas celui du goéland Jonathan, mais peut-être celui des pélicans.
Le petit port est accueillant, les boutiques typiques et colorées
L’ambiance est assurément caribéenne
ABLes Garinagu (le pluriel de Garifuna), bien que devenus minoritaires, sont encore très présentset l’on retrouve leur culture dans l’assiette (voir descriptif dans le texte)
Les stèles de Quiriguá
Nous l’avons dit antérieurement, chaque site Maya a son style propre. Ici à Quirigá, au sud du Lac Izabal, ce sont les stèles qui dominent, et pas qu’un peu puisque la plus grande de ces pierres gravées, avec ses 11 mètres, détient le record de hauteur des stèles mayas. Elles mettent presque toutes en scène le roi Cauac-Ciel qui régna ici du 2 janvier 725, après avoir capturé puis décapité le roi prestigieux de la ville rivale de Copán, jusqu’à sa mort le 27 juillet 785. Ça méritait bien quelques stèles, la seule forme de propagande de l’époque. On sait tout ça grâce au déchiffrage des glyphes mayas sur les parois latérales. La précision des dates est impressionnante, mais il manque quand même l’heure. Ou alors ils n’avaient pas assez de place.
La particularité de ce site ce sont les pierres gravées bien conservées et/ou restaurées
sous forme horizontale comme ci-dessus ou sous formes de stèles de belle hauteur
Ce véritable livre à ciel ouvert donne une multitude de renseignements sur les rois qui se sont succédé jusqu’au déclin du site, sur d’autres dates comme celle de la création du monde maya (le 13 août 3114 av. J.-C.) et sur les us et coutumes de la population, dont le fameux jeu de pelote. Apparemment, deux équipes de 5 joueurs s’y affrontaient, renvoyant une balle en caoutchouc de 3 kg à l’aide exclusivement des hanches, des coudes ou des genoux. Cette balle symbolisant le mouvement du soleil ne devait en aucun cas toucher le sol, considéré comme l’accès au monde souterrain des ténèbres. Proches des rites religieux, les parties étaient accompagnées de sacrifices dont on n’est pas totalement certain qu’ils concernaient les gagnants, les perdants ou encore des animaux.
Lorsqu’elles ont été découvertes, elles ressemblaient à ça (ici en 1970)(photo extraite du dépliant fourni à l’entrée)Ce qui est formidable, c’est que toutes ces stèles sont légendées. Il suffit de savoir lire le Maya
Il est par exemple écrit ici que le monde des Mayas a débuté le 13 août 3114 av. J.-C.
Pour faciliter la lecture des pierres, certains en font de belles représentations graphiques
La plupart des stèles sont à l’honneur du 1er roi. Sauf celle de gauche qui représente le dernier et quelques unes comme à droite qui sont zoomorphes
Le reste du site est plus classique avec ici l’esplanade des bâtiments administratifs et du palais royal
La taille des pierres est assez précise mais n’atteint pas la perfection des Incas
Comme presque partout on trouve un terrain de jeu de pelote Maya, mais ici il n’a pas encore été dégagé. La documentation en donne toutefois quelques illustrations et on peut retrouver quelques reconstitutions vidéo sur internet. Cliquez ici par exemple
Pour les solutions, si besoin, passez un message !
Hors des sentiers battus
Depuis que nous sommes au Guatemala, hormis une famille française rencontrée pour la première fois à Yellowstone et que nous avons eu le plaisir de revoir à Flores, et hormis cet endroit et Tikal, nous avons l’impression d’être les seuls touristes occidentaux dans le pays.
Sur la plupart des spots nocturnes nous sommes seuls
Une explication possible à cette faible fréquentation touristique est l’état des routes. Dès que l’on sort des nationales, qui sont excellentes et en bien meilleur état qu’en Amérique du Nord, les routes sont rarement revêtues, et nous comprenons que beaucoup puissent s’en effrayer. Cela dit, elles ne sont pas impraticables pour autant, du moins pendant la saison sèche actuelle. Nous avons parcouru au total une cinquantaine de kilomètres sur ce genre de route et, malgré quelques montées parfois difficiles sans 4X4, malgré les 4 gués traversés sur le dernier trajet, Roberto s’en est toujours bien sorti. La bonne nouvelle aussi concernant la route, c’est le prix du carburant toujours bien plus bas qu’en France, avoisinant les 0,98 € le litre. Tant mieux, car c’est notre principale dépense !
C’est vrai que nous prenons souvent les petites routes, parfois excellentes mais parfois non !
Le temps prévu par le GPS, déjà bien long, doit encore souvent être réactualisé à la hausse. Par contre, le diesel à 0,98 € le litre, ça aide ! (29,95 Queztales pour 1 gallon)
Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard parce que nous tentons dans la mesure du possible de fuir les zones les plus conventionnelles, au profit des plus authentiques. Lorsque nous lisons les blogs de voyageurs, peu se sont rendus aux grottes de Candelaria, aux chutes de Las Conchas, à Livingston ou encore au site maya de Quiriguá, pourtant tous des endroits spectaculaires.
Mais ces petites routes nous font traverser d’adorables petits villages, avec édifices coloniaux bien préservés,
églises parées de violet en préparation de la semaine sainte,
ou pas du tout parées d’ailleurs
Et que dire de tous ces adorables petits villages que nous traversons en revenant vers l’ouest du pays. Partout où nous allons, nous sommes encore les seuls touristes et nous nous régalons de ces marchés colorés, de la gentillesse des locaux qui nous sourient, nous saluent, nous renseignent spontanément. Nous les trouvons beaux, aussi bien physiquement que dans leurs habits multicolores qui leur vont si bien. Nous sommes si ternes à côté !
Les cimetières aussi débordent de couleurs et de décorations
Nous venons d’arriver dans la ville de Nebaj, fief du peuple maya Ixil. Mais chut, gardons-en un peu pour la prochaine fois ! A très bientôt.
Parcours 1ère semaine au Guatemala – Pour agrandir c’est ici
Avec l’arrivée dans l’état du Chiapas, nous entrons sur le vaste territoire qu’occupaient les Mayas au premier millénaire. Nous allons tenter de comprendre peu à peu cette culture et découvrir parallèlement une nature riche et sauvage.
Carnaval mystérieux
En route pour les cascades d’El Chiflon (voir plus loin), nous traversons la petite municipalité de Las Rosas, en pleine effervescence : des danseurs déguisés d’une manière très particulière (voir les photos) s’agitent au son d’une musique latino. Nous nous arrêtons observer, photographier, filmer. Malheureusement, notre niveau d’Espagnol ne nous permet pas de comprendre ce qui se passe précisément. Tout au plus une inscription sur une statue fait état d’un carnaval spécifique à cette ville. J’attends d’avoir du réseau pour interroger mon « ami » Google, qui ne trouve que des documents en langue ibérique et qui les traduit très mal. Du texte confus, j’arrive à deviner qu’il s’agit d’une tradition remontant à 150 ans, que les personnages sont des « Tancoy » et représentent les indigènes présents avant l’arrivée des conquistadores et qui se moquent de ces derniers. Si vous avez mieux, je prends !
Le carnaval de Las Rosas
Des déguisements assez singuliers
Connaissiez-vous ce carnaval des Tancoys ?
Pour le ti’posh on repassera
Sur la route, nous croisons ou doublons beaucoup de camions chargés au maximum de canne à sucre. Au Chiapas, on en fait du pox ou du posh (c’est pareil, le second est la prononciation du premier). Rien à voir avec le rhum, la canne est mise à fermenter avec du maïs et du blé avant d’être distillée. Et donc pas de « ti’posh » ici, la boisson étant davantage utilisée pour des raisons rituelles ou médicinales que pour la convivialité. Ce sont principalement les ethnies amérindiennes qui le consomment.
Un camion tellement chargé de canne à sucre qu’il en perd à chaque « tope » (un bon moyen de les repérer du coup)
Un chiffon font font
Les cascades d’El Chiflon sont un incontournables lorsque l’on visite le Chiapas. C’est un ensemble de 5 chutes d’eau de 25 à 120 m de hauteur disposées sur une rivière d’un joli bleu turquoise. Si les cascades possèdent des noms assez poétiques (le soupir, aile d’ange, voile de mariée, arc-en-ciel, quinze ans), je n’ai pas compris pourquoi l’ensemble s’appelait aussi trivialement « le chiffon ». Sinon la balade est courte et agréable, un chemin ombragé monte gentiment dans la forêt le long du cours d’eau, et les différents points de vue se dégagent les uns après les autres jusqu’à la chute finale (c’est le cas de le dire) et ses 120 mètres de hauteur. La plus grosse difficulté est de choisir dès le départ entre le chemin de droite et celui de gauche. Car les deux existent, ne se rejoignent jamais et mènent tous à la chute finale. Comme en politique, tiens !
Le chemin d’accès aux cascades, plutôt agréable. C’est celui de gauche. Moins de barrières à droite il me semble…
L’eau est vraiment d’un joli bleu. En haut à droite la cascade du soupir, en bas celle de l’aile de l’angePause méritée devant la cascade du voile de la mariée, avec un bel effet arc-en-ciel en bas
Le débit était trop fort pour la baignade… et la température bien fraîche !
De quoi se faire gondoler les vénitiens
La région de Montebello, dans le sud-est du Chiapas, est connue pour ses multiples lacs entourés d’une forêt dense. Chacun a sa personnalité et notamment sa couleur. Il est étonnant d’ailleurs d’observer deux lacs voisins séparés par une bande de terre ou une route, abhorrant deux teintes complètement différentes. Une autre particularité pour plusieurs de ces étendues d’eau est de pouvoir être traversées en radeau. De bons vieux radeaux tout simples faits de troncs d’arbres assemblés dans le sens de la longueur par d’autres troncs faisant office de bancs. Les touristes mexicains viennent s’y faire promener. Ceux que nous avons vu, de loin, semblaient avoir les pieds dans l’eau… Pas très rassurant tout ça. Mais contrairement à Venise, les gilets de sauvetage sont obligatoires. C’est sûr, ça fait beaucoup moins romantique !
Un premier lac vert émeraude,
Le second est bleu glacier, tandis que le troisième est plutôt caca d’oie…
Un bouquet de barques…
Ce dernier lac se traverse en radeau… d’un modèle quelque peu rudimentaire !
Nous avons préféré le voir de loin
et finalement on a regretté les barques !
Le jour où le singe araignée vint manger dans ma main
Ces singes graciles ont la queue et les membres à la fois noirs, velus et démesurés par rapport à leur corps, leur donnant quelque peu l’apparence d’une grosse mygale, ce qui leur a valu leur qualificatif arachnoïde. Ils sont nombreux dans la région et nous avions d’ailleurs pu en observer à peine quelques jours auparavant lors de notre traversée du canyon de Sumidero. Mais ils étaient à bonne distance. Ici, dans ce petit lodge du village de Reforma Agraria, nous avons pu les voir de tout près. Deux d’entre eux ont en effet pris l’habitude de venir y quémander leur dessert. L’un, assez farouche, attend que l’on s’éloigne pour aller ramasser quelques morceaux de banane placés au creux d’un arbre, mais l’autre plus hardi descend carrément chercher sa friandise favorite dans la main de ceux qui veulent bien se prêter au jeu. Je n’ai pas hésité. Un grand moment.
C’est d’abord la patronne qui s’y colle et nourrit son visiteur du soir. Non non ce n’est pas moi à droite !Puis vient mon tour. Premier essai raté avec le plus timide. Mais le copain plus hardi vient se servir dans ma main
Sinon les abords du lodge (qui accepte aussi bien les hébergements en chambres que les vans) sont magnifiques, avec cette rivière paisible et sa jungle verdoyante
A la recherche des guacamayas
Vous connaissez sans doute, surtout si vous êtes cruciverbistes, les guacamayas sous un autre nom : les aras rouges. Ce centre où nous avons passé la nuit, en compagnie des singes araignées puis des singes hurleurs est en fait un lieu de préservation de l’espèce, créé par une quarantaine de familles indiennes (ethnie nantèque) venues s’installer là. En 1991, ils ont installé 30 nids très haut dans les arbres, et apparemment ça marche, les aras viennent s’y reproduire. Malheureusement pour nous, ce n’est pas la bonne saison pour les voir, nous devrons nous contenter que quelques spécimens en cage. Mais nous aurons bien sûr l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ces volatiles aux couleurs spectaculaires.
Au Centro ecotouristico de Las Guacamayas, nous avons trouvé notre future maison (encore) : elle aura un jardin plein de fleurs et d’arbres fruitiers tropicaux. Si on finit à Romorantin, vous aurez le droit de rigoler !
Mais parlons des aras : ce sont surtout eux que nous sommes venus voir
Le centre en héberge quelques uns, initialement blessés peut-être, mais a surtout vocation à favoriser leur retour dans leur habitat naturel, en installant et en entretenant des nids. 40m minimum, c’est haut !ABNous sommes hors saison, les aras sont en balade assez loin, nous devrons nous contenter des pensionnaires, très beaux tout de même, et très bruyants aussi
Le plus grand des perroquets (jusqu’à 95 cm de long !) ne vit plus au Mexique qu’à cet endroit précis du Chiapas, après avoir été victime d’un braconnage abusif et d’une raréfaction de son milieu naturel (jungle avec de hauts arbres). Entre 4 et 8 ans, il choisit un partenaire à qui il sera fidèle toute sa vie. Ils vivront heureux et auront, on leur souhaite, beaucoup de petits aras.
Bonampak, notre premier site Maya
Depuis leur arrivée dans la région quelques millénaires avant JC – les historiens sont incapables de s’entendre sur une date exacte – les Mayas ont conquis peu à peu un empire centré sur la péninsule actuelle du Yucatan, allant du Chiapas jusqu’au Honduras, soit environ 300 000 km2. C’est quatre fois moins que les conquêtes de Napoléon, mais ce dernier avait l’avantage de posséder la roue, les chevaux et la Banque de France pour soutenir ses campagnes.
Vue générale du site de Bonampak
Grands architectes, les Mayas ont construit d’immenses cités, avec comme pour nous des bâtiments publics et religieux qui résistent au temps grâce à une main d’œuvre bon marché et soumise aux impôts, et des maisons d’habitation beaucoup moins solides qui s’effondrent au premier coup de marteau-piqueur dans la rue. Seuls les premiers persistent partiellement ce jour, mais donnent une bonne idée de l’ensemble. Encore faut-il imaginer ces vieilles pierres couvertes de stuc (un enduit à base de chaux et de sable) puis décorées de motifs multicolores.
Des édifices qui ont surmonté presque 2 millénaires. Claudie donne l’échelle et la verticale…
Bonampak, notre premier site Maya, est justement celui qui possède les plus belles peintures murales. Elles sont à la gloire des dynasties qui ont régné ici et vont de la présentation des descendants aux scènes de batailles et tortures qui s’en suivent. Le reste des structures a le charme suranné des vieilles bâtisses envahies peu à peu par la jungle et l’humidité. On se demande bien d’ailleurs comment les fresques ont pu résister si bien à ce climat.
La particularité de Bonampak, ce sont ces peintures murales. Ci-dessus et ci-dessous à gauche une procession de musiciens, en bas à droite scènes de guerre et de sacrifices
Le fin fond du Mexique
Dans cette région frontalière avec le Guatemala, la route traverse une végétation dense et humide. Les topes, ces ralentisseurs infernaux, sont fréquents et imprévisibles, tout comme les nids de poules redoutables, surtout lorsqu’ils sont cachés dans l’ombre des arbres. La conduite exige une grande vigilance. Les stations-services classiques ont disparu, au profit de petits revendeurs de carburant, étalant sur quelques planches des bidons de 5 litres qu’ils déversent dans votre réservoir si vous avez confiance dans le contenu. Nous avons préféré prendre nos précautions avant. Le réservoir rempli, Roberto a une autonomie de près de 1000 km ! Aussi, dans cette région, le réseau téléphonique mexicain disparaît. Lorsque l’on capte quelque chose, cela provient des opérateurs guatémaltèques. Nous l’avons appris à nos dépends, le Guatemala ne faisant pas partie des pays inclus dans notre forfait Free. A 9 euros le méga-octet de données, la facture grimpe vite. Nos 25 Go mensuels nous reviendraient à …euh …225 000 euros ! Heureusement qu’une sécurité bloque les dépassements. Claudie a doublé son forfait en quelques secondes et moi triplé avant que tout ne se bloque !
Station-service dans l’est du Chiapas et stigmates de l’état de la route pour Roberto
Couverture de Free via AT&T au Chiapas : surtout des zones blanches !
Même les arrêts nocturnes sont sauvages
Juste à côté de nous, une passerelle sommaire qui balançait bien
Palenque, à la recherche du temple perdu
Le nom de ce second site maya de notre périple signifie « entouré d’arbres », ce n’est pas pour rien et cela participe à son charme. Les édifices accessibles au public ne représentent, malgré leurs 2,5 km², que 2% de la surface réelle de la cité, les 98% restant enfouis dans la jungle environnante. Un paradis pour les Indiana Jones en herbe. Si majestueux qu’ils soient, ces bâtiments donnent surtout une idée de leur grandeur initiale, permettent de bien se dégourdir les jambes (les escaliers qui mènent au sommet sont particulièrement raides et leurs marches semblent conçues pour des géants) et d’apprécier le paysage. Mais les sculptures et peintures originelles sont pratiquement effacées ou ont été déplacées à fins de conservation vers les musées environnants. Dont celui du site, très intéressant, qui nous apprend beaucoup notamment sur l’écriture maya, gravée dans la pierre, qui a permis de donner un sens et même des dates précises à toutes les découvertes. J’en fais un petit chapitre juste après.
Le site de Palenque dans sa partie dégagée
Pas mal de vendeurs de souvenirs et de touristes mais ça restait raisonnable
Il était possible de pénétrer à l’intérieur de certains bâtiments, notamment pour voir la tombe où a été découverte la « reine rouge », un squelette attribué après des années d’enquêtes à l’épouse d’un souverain
La reine rouge, telle que découverte dans son cercueil de pierre (maquette au musée du site)
Il était possible également d’accéder au sommet des édifices (ce n’est pas toujours autorisé)
l’occasion d’observer quelques glyphes et bas-reliefs plus ou moins bien conservés
et de profiter d’une vue panoramique sur le site et la jungle environnante
Après avoir visité le site principal, nous sommes partis à la recherche d’un temple « perdu » dans la jungle. Le petit sentier est très spectaculaire avec sa végétation tropicale, ses fromagers aux racines immenses, ses lianes qui donnent envie de s’y pendre en poussant le cri qu’il faut, ses rivières à moitié couvertes de fougères, et sa faune bruyante. Le plus impressionnant a été un véritable dialogue de singes hurleurs au-dessus de nos têtes. Si vous n’en avez jamais entendu, allez voir ici et imaginez ça juste au-dessus de Roberto en plein milieu de la nuit… Au point donné (oui, nous avions une carte…), pas de temple en vue… Il a fallu bien observer pour trouver une petite entrée derrière les racines d’un gros arbre. Nous avons retrouvé ce temple perdu !
BAlors nous nous sommes enfoncés dans une jungle épaisse, sous les cris des singes hurleurs, à la recherche du temple perdu, que nous avons fini par dénicher derrière la racine d’un arbre
Pas de squelette ni de trésor à l’intérieur, dommage !
Écriture maya
Les Mayas connaissaient l’écriture au moins depuis le IIIème siècle, époque du plus ancien texte retrouvé. Ils utilisaient un système complexe dit logosyllabique qui n’a été clairement identifié qu’entre 1960 et 1980. Il a fallu beaucoup de perspicacité pour déterminer que ces dessins carrés juxtaposés, peints sur des supports ou gravés dans la pierre, n’étaient ni les lettres d’un alphabet, ni des mots ou des verbes, mais une association de notions (la retraite, l’agriculture, la peur, etc.) et de syllabes (ga, bu, zo, meu, etc.), un même mot ou une même expression pouvant s’écrire en combinant plus ou moins les deux formes, et différemment selon la sensibilité du scribe du jour ou du public cible.
Pour savoir ce que raconte la stèle de gauche, il « suffit » de déchiffrer les blocs carrés de glyphes qui sont autour, tels une légende
La lecture se fait de gauche à droite et de haut en bas, mais par groupes de 2 colonnes ! Il fallait le trouver !
Chaque bloc peut être un concept unique ou bien être un assemblage de syllabes. Exemple à droite : un groupe maya bien connu
Et maintenant, passons à la pratique !
Ce bloc a été photographié sur l’un des piliers du temple du soleil à Palenque.
Un cadre forme une sorte de chemin tout autour, une route en quelque sorte.
Au centre on devine une sorte de véhicule avec des fenêtres et trois roues, la dernière étant peut-être la roue de secours.
En bas à droite ce ne peut être que le le phonème « avec ». Alors, vous avez deviné ?
Campeche miraculeuse
C’est dans cette ville de l’état éponyme que nous avons déniché un concessionnaire Fiat pour la révision de Roberto. Il a fallu anticiper un rien. D’abord parce que si la marque Fiat est distribuée dans presque toute l’Amérique, très peu de pays commercialisent le modèle Ducato. Ensuite parce que les pièces détachées européennes y sont rarement disponibles d’emblée. Le Mexique vend une version 130 CV, avec un moteur diesel sans AdBlue et sans boîte automatique. Ils n’ont pas la valise diagnostique pour les modèles européens. Mais si l’on apporte les pièces détachées, ils interviennent sans problème. Nous nous sommes présentés en fin de journée, avons été reçus douillettement (petit salon, bouteille d’eau…) le temps d’expliquer ce que nous voulions et avons eu d’emblée, sans doute grâce aux filtres à huile et diesel que nous avions apportés, un rendez-vous pour le lendemain matin. Pendant que Roberto se faisait refaire une santé, nous en avons profité pour visiter la ville de Campeche, très agréable. Un message sur WhatsApp en milieu d’après-midi nous apprenait que tout était prêt et nous avons pu retrouver Roberto presque neuf, tous contrôles faits, lavé, pneus et plastiques lustrés (y compris le tapis de sol…), prêt à rouler 48 000 km supplémentaires jusqu’à la prochaine révision.
Campeche, capitale de l’état du même nom
avec de jolies plaques minéralogiques pour une fois
Nous avons confié Roberto aux bons soins du réseau Mopar, qui entretient les véhicules Fiat
et pendant ce temps nous sommes allés visiter la ville, très agréable avec ses maisons aux couleurs pastels ne dépassant jamais deux étages
Campeche fut un temps fortifiée, les portes et les murailles en témoignent
Un petit musée archéologique est consacré à l’architecture Maya
Un marché ouvert à tous les goûts
a fini par nous ouvrir l’appétit, avec ces plats mexicains typiques
Uxmal
Uxmal est l’un des plus beaux sites archéologiques du Mexique, particulièrement bien préservé et restauré. 25 000 habitants y vivaient à son apogée entre les années 600 et 900. La ville commerçait avec de nombreux sites avoisinants, dont le célèbre Chichen Itza que nous verrons bientôt. Les bâtiments sont construits sur plusieurs niveaux, avec à la base des murs de pierres non décorées mais particulièrement bien ajustées, sans mortier aucun, et plus haut de riches décorations architecturales : mosaïques et dentelles de pierres, angles sculptés, colonnades, voûtes triangulaires. On retrouve de nombreux masques du dieu Chaac, avec son nez en trompe d’éléphant, divinité de la pluie appréciée ici dans ce secteur aride.
La pyramide du devin et sa base ovale
Les édifices les plus spectaculaires sont la pyramide du devin, avec ses 35m de hauteur et sa base inhabituellement ovale, le palais du gouverneur, immense et richement décoré, la maison des tortues avec sa frise de carapaces, et le carré des nonnes. La grande pyramide, un peu moins élevée que celle du devin, était autrefois escaladable, permettant de profiter d’un beau panorama, mais elle est interdite au public depuis la pandémie. Le prétexte sans doute pour éviter désormais les dégradations. Fichus touristes, va !
Détails architecturaux de la pyramide du devin et du palais du gouverneur, en entier ci-dessousUn grand nombre de varans nous accompagnent tout du long
Le carré des nonnes. On ne sait pas si elles s’occupaient à défiler, à danser ou à découper les prisonniers
ABCAutres illustrations de la richesse architecturale. A gauche les masques du dieu Chaac
Avec Uxmal nous sommes entrés dans la province du Yucatan, que nous allons probablement traverser au pas de course compte-tenu de sa fréquentation touristique. Enfin nous verrons bien, rien n’est jamais fixé ! A très bientôt pour la suite.
Eh oui, après cette escapade familiale et amicale d’environ 2 mois, il nous tardait de reprendre les routes du Mexique et notre vie nomade. Voilà qui est fait !
Retour à la maison
C’est effectivement la sensation que nous avons eue en prenant ce vol de retour, un peu comme lorsque nous avions déménagé à St Barthélemy. Là où auparavant la traversée de l’Atlantique vers l’Ouest était synonyme de route des vacances, elle était devenue le symbole du retour à la maison. Mais quand on parle de maison aujourd’hui, la première qui nous vient à l’esprit est notre maison roulante Roberto.
Après un vol long et sans fioriture sur Iberia – reconnaissons tout de même à la compagnie le mérite de sa ponctualité – nous voici donc arrivés à l’aéroport Benito Juarez de Mexico, où nous avons décidé de passer la nuit vue l’arrivée tardive. L’immigration nous octroie le visa sans problème, sans exiger comme parfois de billet d’avion de sortie. La douane à la sortie décidera par contre de fouiller nos bagages. Après 16 heures de trajet depuis Bordeaux, à 23 h heure locale et 7 h du mat heure du départ, nous n’avions pas besoin de ça ! Bon, ils n’ont rien trouvé, vous croyiez quoi ? 😉
Le taxi pasjusqu’auboutiste
Dans le taxi pour Tepotzotlan
Le lendemain, nous prenons un taxi depuis l’aéroport pour rejoindre Tepotzotlan là où nous attend Roberto. Le trajet prépayé coûte 37 € pour 55 km, c’est raisonnable. Sauf que pour une raison inconnue, le taxi est censé nous déposer au centre-ville, et non pas à notre destination qui en est éloignée de 2 km. Au guichet de l’aéroport, on nous propose un supplément de 20 € pour ces 2 km restants. Nous déclinons cette offre généreuse et partons avec l’idée de négocier avec le chauffeur une fois rendus sur place. Bizarrement (peut-être avait-il été mis au courant de notre refus ?) il nous propose le même supplément. Nous refusons et le laissons nous déposer au centre-ville. De là, nous appelons un Uber qui finira notre trajet pour 3,50 €
Roberto : les retrouvailles !
Nous retrouvons enfin notre Roberto, sagement stationné là où nous l’avions laissé (manquerait plus que ça qu’il se soit déplacé ne serait-ce qu’à la place voisine !), couvert d’une épaisse couche de poussière, de feuilles et d’épines de pin. Quelques mois de plus et les arbres avoisinants auraient pu l’entourer de leurs racines à la manière d’un temple cambodgien. Je m’installe au volant et lance le démarreur, sans grand espoir que le moteur se lance au quart de tour. Il faudra effectivement plusieurs essais et quelques toussotements avant que le doux bruit (du moment que ça marche c’est doux à nos oreilles) du moteur diesel ne se fasse entendre. Je déplace Roberto de quelques mètres vers Claudie, le sourire jusqu’aux oreilles. Nous sommes tellement contents de le revoir ! Nous l’aurions volontiers embrassé, mais il y avait quand même la poussière.
La joie des retrouvailles !
Le reste de la journée et une partie du lendemain sont consacré à la remise en service : déballage et rangement de nos affaires, dépoussiérage et lavage, reprise de nos repères. Nous profitons de la propreté de la carrosserie pour installer nos nouveaux autocollants (voir la fin de l’article précédent).
La remise en route est nécessaire
Mexique : les retrouvailles
Nous ne résistons pas au plaisir de partir en vadrouille vers le centre-ville de Tepotzolan. C’est dimanche mais presque tout est ouvert. Nous tombons d’abord sur un défilé d’une centaine de cavaliers, puis sur une sorte de fête sur la place centrale. De nombreux stands proposent artisanat et surtout nourriture et boisson. La foule est dense et presque tous ont un verre à la main et une friture à grignoter. Les terrasses des restaurants autour de la place affichent complet. Il est pourtant plus de 16h. Un groupe de métal anime un kiosque au milieu, mais n’arrive pas à estomper la musique latino des stands. Un grand Christ couché de 16 tonnes marque l’entrée de l’église très achalandée elle aussi. Les touristes locaux viennent se faire photographier devant la cathédrale ou les lettres en couleurs du nom de la ville. Nous sommes en pleine (ré)immersion !
Procession de cavaliers et grand Christ couché : nous sommes en pleine immersion !
Stands de maïs, arbres carrés, drapeaux géants…
En fait juste un dimanche ordinaire à Tepotzotlan
Monarchie absolue
La dernière génération des papillons monarques née à la fin de l’été au Canada ou dans le nord des USA a reçu de son peuple (de son programme génétique en vrai) des privilèges extraordinaires : non seulement elle va pouvoir partir en voyage vers le Sud et passer l’hiver au chaud au centre du Mexique, mais en plus sa durée de vie a été sextuplée, passant de 5 semaines à 6 mois. Comme quoi les monarques peuvent être les élus du peuple et comme quoi les voyages forment la jeunesse. La contrepartie est que leur système reproducteur a été mis en sommeil afin d’économiser de l’énergie pour ce périple. Ce n’est qu’à la fin de leurs vacances mexicaines, vers le mois de Mars, que cette génération va pouvoir se reproduire avant de mourir heureuse. La route du retour sera plus complexe pour les jeunes, qui n’auront pas les mêmes privilèges et devront sacrifier plusieurs générations pour revenir à leur point de départ. Étonnant comme tout cela colle à l’ambiance politique actuelle, vous ne trouvez pas ?
Les photos ne rendent pas hommage à l’ambiance vécue, mais bon…
Il y avait possibilité de faire une partie du trajet à cheval. Nous commençons à y prendre goût !
La petite puce des Mexicains
Nous croisons sans cesse au Mexique des exemplaires plus ou moins bien entretenus de la voiture la plus vendue de tous les temps, la coccinelle Volkswagen. Si sa longévité semble plus grande ici, c’est parce que l’usine de Puebla en a fabriqué jusqu’en 2019, soit plus de 40 ans après la fin de la production en Europe. Elle avait alors l’exclusivité mondiale.
La « voiture du peuple » voulue par Hitler a rapidement trouvé des surnoms, peut-être pour faire oublier ses origines. Ainsi, quand les Français ou les Portugais l’appellent « coccinelle », les Italiens et les Belges préfèrent la dénommer « hanneton », tandis que les Allemands et les Américains emploient le terme « scarabée ». Les Mexicains ont choisi l’affectueux « petite puce ».
Mais qui se rappelle du prénom attribué par les studios Disney à sa célèbre coccinelle ?
Deux amours de coccinelles ?
Valle de Bravo
Ce lieu de villégiature très prisé des habitants de la capitale (il n’en est distant que de 156 km) a vu grandir Arielle Dombasle et Emiliano Zapata. Curieusement 😉 personne ne nous a parlé de la première. La ville est entourée de montagnes, mais les touristes mexicains viennent davantage pour les activités nautiques sur son lac artificiel et la vie nocturne parait-il intense. Nous avons été attirés pour notre part par la promesse de jolis paysages et surtout par un centre historique colonial bien conservé, avec toits de tuiles rouges reposant directement sur des chevrons en bois brut, rues pavées, balcons garnis de pots de fleurs multicolores et d’oiseaux en cage, et bien sûr l’immanquable grand-place centrale. J’y ai pour la première fois de ma vie fait cirer mes chaussures, bien empoussiérées par la balade de la veille à la rencontre des monarques. Après 10 mn de soins intensifs, elles brillaient tellement que l’on aurait pu se voir dedans. Et puis, blague à part réservée aux hispanophones, le cirage de chaussures au pays de Zapata, ça me parlait…
Le sanctuaire des monarques est sur le territoire de la ville, normal qu’elle en reprenne le thème
Les jolies rues du centre historique
Deux religions locales…
La classique place centrale, toujours animée
Décors et personnages hauts en couleur
J’allais oublier de parler du lac, qui concentre la plupart des touristes (mexicains)
Taxco
Classée monument historique national, cette ville entièrement construite à flanc de colline a commencé à se développer lors de la découverte de mines d’argent en 1528 par les colons espagnols. Son nom signifie « lieu du jeu de balle » en nahualt, la langue des aztèques. Ces derniers devaient avoir beaucoup d’humour, car pratiquer un jeu de balle quel qu’il soit dans une ville aussi pentue était une gageure. Circuler avec Roberto dans les rues pentues et étroites du centre historique a tout autant relevé du défi. Il a fallu à plusieurs reprises rentrer les 2 rétroviseurs pour nous faufiler au centimètre près au milieu des étals de marché, des piétons et des taxis-coccinelles VW (encore !) jusqu’à notre lieu de stationnement. La suite s’est faite à pied, et l’exploration du centre colonial parfaitement conservé grâce à des règles strictes d’urbanisme nous a ravis. Les petites ruelles tortueuses du marché tout en étages également. Nous avons pu visiter 2 petits musées, l’un consacré à l’art sacré et l’autre aux collections précolombiennes et créations en argent de l’orfèvre William Spratling, très connu dans la ville pour y avoir développé le travail de l’argent, encore très actif aujourd’hui même si les mines ont cessé leur activité. Aucune photo n’était autorisée dans ce dernier musée mais vous trouverez tout ce qu’il faut sur votre moteur de recherche préféré.
La ville de Taxco, toute à flanc de colline, avec ses toits en tuiles
Ancienne mine d’argent, elle possède encore beaucoup de joailleries spécialisées. A droite argent et quartz souvent liés.
Derrière les vitrines des boutiques ou des églises, de belles pièces
L’église sur la place centrale et une coccinelle à la manœuvre dans les petites rues
Oui, des coccinelles partout ! Elles sont utilisées comme taxis en fait.
Architecture sympathique. La terrasse de La Parroquia nous tente bien pour le déjeuner…
Une petite visite de l’église et voilà qui est fait !
Là, c’est la façade du musée d’art sacré
Encore un aperçu des animations de la ville
Notre cabane au Canada au Mexique
Il est probable que nous n’allons pas parcourir le monde toute notre vie et qu’un jour nous allons nous poser. Notre périple nous donne l’occasion de réfléchir à la fois au lieu où nous aimerions habiter, mais aussi à l’aménagement de notre future maison. Et celle de Robert Brady à Cuernavaca nous a bien plu. Cet artiste et collectionneur américain ayant vécu ici 24 ans après avoir parcouru de nombreux pays. Sa maison aux styles multiples bien que majoritairement hispaniques est décorée des nombreux objets, tableaux, sculptures qu’il a ramené de ses voyages ou acquis au Mexique. On y trouve notamment des peintures de Diego Rivera ou Frida Kahlo. Les jardins et la piscine sont des plus réussis. Nous n’irions pas vivre à Cuernavaca, mais toutes les idées sont notées !
Dans une rue bien tranquille se trouve la Casa del Torre, la demeure de Robert Brady
Il est mort le pauvre mais est toujours là pour nous accueillir. Avec de belles plantes aussi dans l’entrée.
On commence la visite par une belle salle de bains
Ce canapé donne envie de s’y asseoir
De beaux tableaux aussi, dont cet autoportrait de Frida Kahlo
On parle de la piscine ?
La cuisine n’est pas mal non plus
A l’étage, c’est une chambre au style oriental. Vous avez vu le prénom sur le coffre ?
On s’y verrait bien…
La salle de bains attenante a son propre style. J’aime bien les grenouilles sur le lavabo.
Quant au jardin, une pure merveille
Et pour finir un portrait de Joséphine Baker par Robert Brady. Ils ont été mariés quelque temps…
Triple arnaque
Nous cheminons au gré de nos envies et pas toujours dans les lieux les plus touristiques. Cela nous amène parfois à dénicher des pépites, mais parfois à des déceptions, c’est le risque. Nous venons d’en expérimenter trois coup sur coup.
A Cuernavaca, nous avons commencé par le Jardin Borda, présenté comme une « extravagante propriété inspirée de Versailles, jouxtée d’une demeure donnant une idée de l’aristocratie mexicaine au XIXème siècle ». Malgré un droit d’entrée assez significatif pour le Mexique, nous avons trouvé un jardin dont le dernier entretien semble remonter à la période ante-covid, des fontaines asséchées et rouillées, un grand bassin à l’eau douteuse et plusieurs zones de travaux. La demeure en question était inaccessible. Restait une exposition très moyenne d’artistes locaux. Arnaque totale !
Le lendemain, dans la même ville, nous nous sommes rendus au site arquéologique de Teopanzolco. D’après le registre que nous signons à l’entrée, nous sommes les premiers visiteurs depuis 3 jours. Cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Nous entrons néanmoins. Là encore, l’entretien est très moyen. Les panneaux d’information sont presque effacés par le soleil. L’accès au sommet de la modeste pyramide est interdit alors que son intérêt réside justement dans l’incorporation d’un second édifice à l’intérieur visible seulement du sommet. La visite éclair durera moins d’un quart d’heure. Arnaque encore !
La pyramide de Teopanzolco ne mérite pas le déplacement
Nous quittons la ville et partons vers Cuautla, impatients de visiter le Balneario Agua Hedionda (« bains d’eau malodorante »), en fait une piscine d’eau thermale soufrée possédant des propriétés thérapeutiques. Nous acquittons les 100 pesos de droit d’entrée alors que le guide et le site internet mentionnaient 50, et nous entrons dans l’édifice. Un bassin plus grand qu’une piscine olympique s’offre à nos yeux, dans lequel barbote une vingtaine de personnes : ça va, ça n’est pas la foule. Un panneau indique la composition détaillée de l’eau, effectivement riche en soufre, et sa température de 26,5°C. Pas de vestiaire (il aurait fallu louer une cabine à l’entrée mais nous n’avons pas envie de ressortir) alors nous nous changeons dans les douches. Puis nous allons faire trempette. L’eau n’a pas l’odeur annoncée, ni la température (qui frise plutôt les 20°C) : il s’agit vraisemblablement d’eau du robinet, la source étant peut-être tarie, qui sait. Nous faisons quelques brasses et ressortons vite fait. Troisième arnaque !
L’enseigne n’était pas si moche…
Grand bassin accueillant, baignade surveillée même…
La composition de l’eau et la température affichées en toute transparence… mais c’était juste de l’eau ordinaire !
Heureusement, au Sud de la ville se trouve la maison natale d’Emiliano Zapata, entourée de jardins bien entretenus, d’une sorte de porche abritant une magnifique fresque décrivant la vie du révolutionnaire, et d’un petit musée exposant divers objets lui ayant appartenu ou le représentant. Nous étions heureux de terminer la journée par une attraction de qualité. Et, le croirez-vous, c’était gratuit !
Le Museo y Casa Emiliano Zapata
A l’entrée, une série de portraits du révolutionnaire
Dans la cour sa maison natale et une superbe fresque retraçant les moments clés de sa vie
…jusqu’à sa mort au cours d’une embuscade. La vie des révolutionnaires n’est pas un long fleuve tranquille !
Une bonne journée de route nous a amenés à Oaxaca, 500 km plus au Sud. Nous passons la nuit juste devant l’entrée du site archéologique, juste devant la voiture patrouille de la Garde Nationale. Question sécurité, difficile de faire mieux. A très bientôt pour la suite !
Stationnement pour la nuit sous bonne garde (et je ne parle pas des chiens)
Notre parcours du 6 au 12 fevrier : Tepotzotlan – Piedra Herrada (monarques) – Valle de Bravo – Taxco – Cuernavaca – Cuautla – Izucar – Oaxaca
Voilà presque 3 ans, en plein confinement, nous échafaudions nos plans pour ce tour du monde et tentions de définir le véhicule idéal qui conviendrait à notre projet. C’était l’un des premiers articles de notre blog, à retrouver ici. 21 mois et 66 000 km après notre départ, il nous a semblé intéressant de jeter un œil sur nos choix initiaux et d’en dresser le bilan : ferions-nous les mêmes aujourd’hui ?
Roberto encore totalement virtuel 6 mois avant sa naissance sa conception soigneuse a été axée sur l’autonomie sans sacrifier le confort pour autant
Retour sur les choix initiaux
Le plus simple est de reprendre l’article tel qu’il a été publié le 15 avril 2020 (1 an avant notre départ) et de le commenter :
« Notre véhicule idéal serait plutôt destiné à l’itinérance et au camping sauvage qu’aux aires de stationnement sécurisées »
Nous avons dormi en moyenne 3 nuits par mois en camping, principalement a proximité des grandes villes pour pouvoir rejoindre leur centre en transport en commun, et lorsque nous n’avions pas trouvé d’autre possibilité pour remplir nos réservoirs d’eau potable. Le reste du temps nous stationnons librement en ville ou en campagne.
Plutôt les grands espaces que les campings : et comment !
« Notre véhicule idéal serait discret, pour circuler librement dans les villes et ne pas subir l’ostracisme actuel, donc plutôt de type fourgon aménagé (passant pour un utilitaire) que camping-car à capucine et pour les mêmes raisons d’une autre couleur que le blanc«
Notre fourgon bleu nuit se fait effectivement discret et n’est pas repérable de loin. Un petit bémol pour le lanterneau et les fenêtres qui dépassent un peu : nous sommes loin de passer pour un fourgon d’artisan. A refaire, nous mettrions une fenêtre en guise de lanterneau et des fenêtres plus planes (les Seitz S5 que nous avions choisies initialement mais qui n’étaient pas disponibles à la place des Seitz S4 dont nous sommes équipés actuellement)
Ni trop long ni trop haut : avec 46°C ce jour là à Death Valley, il était précieux de pouvoir se garer à l’ombre !
« Notre véhicule idéal serait de taille réduite pour circuler et se garer partout, dans l’idéal moins de 6m de long et moins de 2,20m de large, mais tout de même pas trop court ni trop bas pour avoir un minimum d’habitabilité dans ce qui sera notre résidence permanente«
Le format que nous avons choisi, L3H2 pour les initiés, soit 5,99m de long sur 2,60m de haut et 2,10m de large, nous convient parfaitement. La longueur L2 (5,41m) ne nous aurait pas permis d’installer notre douche et en L4 (6,36m) nous aurions davantage de difficultés pour nous garer alors que nous tenons encore sur la plupart des places de parking standard en dépassant de façon raisonnable. A de nombreuses reprises (ferries, péages) nous avons pu bénéficier du tarif automobile réservé aux moins de 6m. Quant à la hauteur, outre le fait de nous permettre de rester debout à l’intérieur du véhicule, elle nous a permis l’accès à de nombreux tunnels ou porches en ville qui auraient bloqué un véhicule de hauteur H3. D’une manière globale, le format contraint permet aussi de réaliser quelques économies sur les transports maritimes, facturés au volume, voire d’améliorer leur sécurité en permettant l’utilisation d’un container, nécessairement réhaussé dans notre cas. Il est à noter enfin que les barres de hauteur limitant l’accès des parkings et qui poussent certains à choisir le format H1 (<2m) disparaissent miraculeusement dès que l’on sort de France…
Il ne fallait être ni trop haut ni trop large pour franchir ce tunnel au Mexique !
« Notre véhicule idéal serait particulièrement autonome pour espacer au maximum les passages dans les aires de services qui rebutent tant de camping-caristes et qui sont pourtant indispensables tous les 3 ou 4 jours pour la majorité des véhicules du marché. Cela nécessite de privilégier le carburant et l’électricité comme sources d’énergie au lieu du gaz dont les bouteilles sont volumineuses et lourdes, difficiles à échanger d’un pays à l’autre, tout en ayant une durée de vie assez courte en hiver. Il nous faudra donc couvrir le toit de panneaux solaires, une batterie de bonne capacité et acceptant la décharge profonde, un moyen de chauffer l’habitacle, l’eau et les plats sans utiliser de gaz. Il nous faudra aussi des réservoirs d’eau de taille supérieure à la moyenne, un réfrigérateur de bonne capacité mais pas trop pour ne pas consommer trop d’énergie, et surtout des toilettes sèches«
Disons-le tout de suite, et contrairement à ce que l’on lit régulièrement dans les forums, l’autonomie totale n’existe pas. Il faudrait pour cela produire au moins autant que ce que nous consommons. Or, la seule chose que nous produisons, c’est l’électricité. En bonne quantité avec nos 880W de panneaux solaires, dont nous avons tout de même trouvé les limites aux latitudes extrêmes de la Scandinavie. C’est là qu’il nous a fallu nous brancher à l’extérieur pour la première fois, mais ce n’est arrivé que deux autres fois depuis, en 21 mois. Nous sommes très satisfaits également de notre batterie lithium de 240Ah qui nous permet d’utiliser sans souci four micro-ondes, bouilloire électrique, sèche-cheveux et même un petit fer à repasser. Notre réserve d’eau de 200 litres nous offre une autonomie d’une dizaine de jours environ, grâce à l’économie que nous réalisons avec nos toilettes sèches. Celles-ci, contrairement aux toilettes à cassettes que nous avions pu utiliser auparavant et qu’il fallait vider tous les 3 ou 4 jours dans des aires de services ou des campings, ne nécessitent que de trouver une poubelle sur notre chemin, ce qui n’est pas trop dur ! Nous sommes ravis de notre choix du zéro-gaz : notre chauffage air-eau et notre plaque de cuisson diesel puisent tous deux en toute transparence et sobriété dans le réservoir de Roberto, que nous n’avons l’impression de remplir que pour les kilomètres parcourus. Un petit bémol pour la plaque de cuisson Webasto dont l’inertie à l’allumage (environ 6 minutes avant que la température de cuisson soit obtenue) nous a conduit à l’achat d’une bouilloire pour les besoins urgents (le café du matin 😉) et dont les deux feux ne sont curieusement pas indépendants, l’un chauffant simplement moins que l’autre. Pour un voyage uniquement dans des régions où le soleil est généreux, je conseillerais plutôt une petite plaque de cuisson à induction. Quant à notre frigo de 105 litres, sa capacité nous donne pleine satisfaction. Nous le réapprovisionnons tous les 5 à 6 jours.
Ce petit chemin loin de la ville nous a permis d’apercevoir notre première aurore boréale
« Notre véhicule idéal serait doté d’une charge utile importante pour nous permettre d’installer tous les équipements voulus tout en gardant un volume raisonnable pour nos effets personnels. Pour information, la charge utile c’est la différence entre le poids du véhicule tel qu’il est livré et 3,5 tonnes, le poids limite autorisé pour ne pas entrer dans la catégorie camion et nécessiter le permis qui va avec«
Nous avons eu l’occasion une fois de nous peser, sur une plate-forme pour les poids lourds trouvée en bord de route, et, alors que nos deux réservoirs d’eau potable étaient pleins et que celui de diesel était aux ¾, nous n’étions qu’à 3,3T. Ce qui nous donne un peu de marge pour d’éventuels équipements supplémentaires. Cela est le fruit au départ de notre lutte contre le poids superflu, avec des accessoires ayant un bon rapport efficacité/poids, comme la batterie lithium, 5 fois plus légère que son équivalent plomb, les panneaux solaires souples, 4 x 3 kg contre 4 x 14 kg pour les rigides, la vaisselle en mélamine, le système multicouches pour les vêtements, etc. Et chaque kilogramme gagné, c’est du carburant économisé, donc de l’argent et de l’autonomie.
Selon cette étude, notre choix de rester 200 kg au-dessous des 3,5 T autorisées nous fait gagner 1 litre de carburant tous les 100 km, soit 660 litres depuis le départ !
« Notre véhicule idéal serait résistant et fiable compte tenu des distances à parcourir, et doté d’un bon service d’assistance en Europe et dans le Monde. Le Fiat Ducato sur lequel reposent deux-tiers des fourgons et camping-cars du marché, ce qui n’est sans doute pas pour rien, et qui vient d’être équipé de nouveaux moteurs performants remporte la première place de notre étude comparative. Compte-tenu de la longue route à faire ensemble, nous privilégions d’emblée le choix d’un véhicule neuf«
La longueur des trajets et le mauvais état des routes dans de nombreux pays (et pas forcément les moins riches !) sont éprouvants pour les véhicules de loisirs, d’autant que l’accès à certains lieux touristiques exige le passage par des voies mal aménagées. De fait, les voyageurs que nous suivons sur les réseaux sociaux rapportent souvent des pannes, principalement sur les véhicules anciens. Pour l’instant, si l’on excepte quelques alarmes électroniques intempestives qui se sont résolues d’elles-mêmes, nous n’avons rien expérimenté de tel, confirmant l’intérêt a priori du choix d’un véhicule neuf. Néanmoins, nous sommes conscients de la grande vulnérabilité de notre véhicule dernier cri (alias Euro 6) aux pannes liées à l’électronique de bord, aux dispositifs antipollution (AdBlue, filtre à particules, etc.) et aux exigences en matière de qualité du carburant. Nous avons jusqu’ici toujours trouvé de l’AdBlue, mais ce produit manquerait dans plusieurs pays d’Amérique Centrale alors qu’il nous est indispensable (une fois le réservoir vide, le moteur refuse de démarrer…). Nous allons devoir dans le doute emporter du stock et regrettons de ne pas avoir fait désactiver avant de partir tout le système antipollution, non prévu pour circuler en Amérique Centrale et du Sud. Le SAV Fiat sur lequel nous comptions s’avère inexistant au Canada et aux USA qui ne commercialisent pas le Ducato, mais reste possible au Mexique et dans quelques autres pays à venir qui proposent le modèle à la vente, bien que pas forcément la même version. Nous expérimenterons bientôt cela lors de notre prochaine révision dans le sud du Mexique d’ici un à deux mois. A noter que nous rapportons de nos escapades françaises des pièces d’entretien courantes, comme les filtres à air et à huile ou encore un jeu de plaquettes de rechange. On ne sait jamais ! En prévention, nous ferons sans doute installer un filtre à gasoil supplémentaire et nous nous efforcerons de ne faire le plein que dans des stations de grandes marques. Nous croisons les doigts pour que notre Roberto ne tombe jamais en panne !
Le Fiat Ducato est vendu et donc entretenu au Mexique mais pas au Canada ni aux USA
« Après définition de tous ces paramètres, nous passons des heures et des jours à parcourir le net et les magazines spécialisés pour dénicher un véhicule prêt-à-partir qui répondrait à nos besoins. Malgré le grand nombre de constructeurs, la réponse est claire : aucun des véhicules du marché ne correspond à nos choix. Aucun ne peut se passer de gaz, aucun ne dispose de toilettes sèches, aucun ne possède plus d’un panneau solaire, aucun n’a de batterie Lithium ! Il nous reste donc deux choix, soit acquérir le véhicule du marché le plus proche de nos besoins et faire toutes les transformations nécessaires, soit fournir un fourgon vide à un aménageur spécialisé pour le faire aménager de A à Z en fonction de nos besoins. Nous optons pour la seconde solution ! »
Nous nous félicitons de ce choix : en dehors de quelques contraintes techniques qui ont modifié nos choix initiaux, Roberto est totalement conforme aux plans que nous avions conçus et s’avère très confortable à l’usage. Le mobilier est de bonne qualité et n’a pas bougé depuis presque 2 ans. Tout au plus avons-nous resserré quelques vis qui prenaient leur liberté après de longs trajets sur des routes non revêtues. L’excellente coopération entre le concessionnaire Fiat et notre aménageur de Rodez nous a permis de commander le véhicule sans nous déplacer, ce qui aurait été compliqué à distance et pendant les différents confinements (je rappelle que nous vivions alors dans une île à 8000 km de là). Nous avons pu ainsi le récupérer prêt à partir au moment voulu. Et même après un petit galop d’essai faire faire un peu de finition (étagères complémentaires, résolution d’un grincement, rajout d’un tapis de sol, etc.) aussi bien par l’aménageur que par le concessionnaire. Et au final le coût du véhicule neuf additionné à celui de l’aménagement s’est avéré assez similaire à celui d’un véhicule tout aménagé. A refaire, ce serait sans hésitation !
On ne peut pas dire en tout cas que nous avons fait dans la démesure !
Améliorations
Au fil des mois, nous avons bien entendu apporté quelques améliorations, en fonction des besoins qui nous apparus à l’usage. A titre indicatif, nous avons ajouté quelques dispositifs de sécurité sur les portières, nous nous sommes équipés d’un transformateur 110/220V (qui ne nous a encore jamais servi en dehors du test initial de fonctionnement) et plus récemment d’un ventilateur de lanterneau, notre aération s’avérant insuffisante en période de grosses chaleurs. Nous rapportons aussi de ce séjour en France un petit aspirateur puissant bien que rechargeable en USB en remplacement de celui qui nous avait été volé pendant le shipping.
Nous nous sommes aperçus également au cours du périple qu’il était plus facile de communiquer avec d’autres voyageurs au long cours lorsqu’ils affichaient l’adresse de leur blog ou de leur réseau social préféré sur leur véhicule. En les suivant sur la route ou en les voyant sur un parking, il est alors possible d’engager la conversation, même en leur absence. Nous avons donc fait imprimer l’adresse du blog en lettres adhésives et des QRCodes renvoyant vers notre blog et nos pages FaceBook et Instagram, qu’il nous suffira d’apposer sur la carrosserie de Roberto afin de nous faire connaître aux autre voyageurs. Nous avons également quelques autocollants avec notre logo avec la même optique de communication. Vous aurez un retour sur l’efficacité (ou pas !) de tout cela dans quelques mois.
Photographiés avec votre téléphone, ces QRCodes vous renverront vers nos publications
Perspectives
Après avoir découvert et câliné à loisir notre adorable petite Mélissandre (merci à ses parents de leur confiance et félicitations par ailleurs pour leur savoir-faire qui semble si naturel), après avoir revu nos autres enfants, notre famille et nos amis proches, nous allons bientôt pouvoir reprendre la direction du Mexique pour des températures plus clémentes et une vie beaucoup moins sédentaire. Nous vous raconterons cela très bientôt.
Cette parenthèse de notre voyage est idéale pour nous rendre compte à la fois de ce qui nous manquait en voyage et de ce qui nous pousse à repartir. Concernant les manques, la famille est au premier plan bien sûr avec, outre la joie des retrouvailles, le bonheur que nous procure la naissance de notre petite Mélissandre et nos rencontres quasi-quotidiennes lors de son premier mois de vie. Être avec ses enfants au moment des fêtes de fin d’année vaut largement le déplacement transatlantique et l’abandon temporaire de notre vie nomade. Les retrouvailles d’une partie des amis sont importantes aussi, même si lors de ce séjour plutôt sédentaire (nous n’avons pas de véhicule, peut-être par respect pour Roberto resté tout seul…), nous n’aurons vu que ceux qui auront pu se déplacer ou se seront trouvés sur le chemin de nos enfants.
Son premier Noël à seulement 13 jours !
Mis à part cet élément humain bien compréhensible, qu’avons-nous trouvé ici en France qui finalement nous manquait en voyage ?
Une nourriture saine, goûteuse et raffinée. Quoi qu’en disent certains qui disent se régaler en Amérique du Nord (des adeptes des fast-foods ou des restaurants internationaux ?), nous n’avons pas trouvé dans ce sous-continent de quoi transcender nos palais. Que ce soit dans les restaurants ou les supermarchés, tout ou presque est trop gras et/ou trop sucré à notre goût, seuls les fruits et légumes tenant à peu près la route. Nous avons été ravis de retrouver notre charcuterie et nos fromages nationaux, notre bon pain (la baguette est tout de même depuis cette année inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco, ce n’est pas pour rien !), nos desserts lactés (4 ou 5 variétés en Amérique du Nord contre plusieurs dizaines dans le moindre supermarché français) et tous nos bons petits plats bien cuisinés. Inutile de dire qu’au moment des fêtes c’était le summum du bien-manger…
La praticité d’être au même endroit suffisamment de temps pour commander en ligne de multiples petits accessoires qui nous manquaient dans Roberto. Nous reviendrons sur ces équipements plus tard.
Étonnamment, le fait de se reposer, d’avoir du temps pour rattraper des démarches en retard. Nous savions que nous vivions « à cent à l’heure » mais il faut s’arrêter un peu pour s’en rendre vraiment compte, réaliser à quel point la planification des journées et la rédaction du blog sont chronophages. J’espère qu’en contrepartie, mes articles vous manquent 😉
A l’inverse, qu’avons-nous regretté de notre vie nomade ?
Aussi curieux que cela paraisse, le confort douillet de Roberto, avec tout à portée de main, une grande facilité à chauffer comme à ranger, une sensation de sécurité à bord même si cela ne paraît pas évident.
Notre sentiment de liberté : pouvoir décider à notre guise de nos déplacements, de l’heure de nos repas, du contenu de nos journées, et découvrir chaque jour un environnement différent, un lieu où nous n’avons jamais mis les pieds auparavant sont à l’opposé de notre vie sédentaire actuelle. Notre bougeotte est mise à mal !
Le climat… avec la vague de froid qui nous a cueillis à notre arrivée, même si elle s’est un peu calmée depuis
La froideur concommittante des gens que nous croisons, bien plus indifférents et moroses que le commun des américains, même si les exceptions sont nombreuses, notamment chez les petits commerçants.
Pendant que nous sommes ici, nous continuons de suivre sur les réseaux sociaux les voyageurs que nous avons rencontrés en chemin, et c’est le même sentiment mitigé : si nous rêvons d’être à leur place dans leur parcours de découverte et de liberté, nous sommes persuadés, pour l’avoir déjà vécu, que passer Noël ou le Jour de l’An à l’autre bout du monde n’a pas du tout la même saveur.