145. Todo tranqui

C’est la devise non officielle de l’Uruguay qui signifie « tout est calme ». Et extraordinairement, c’est exactement la première impression que nous avons en arrivant dans le pays. Il faut dire que nous sortons de près d’un mois de grandes villes, Paris puis Buenos Aires avec le bruit, l’agitation et la circulation que vous imaginez. Alors est-ce le seul fait d’arriver dans une petite ville de Province ou cela s’applique-t-il à tout le pays ? Seul l’avenir nous le dira !

La petite traversée


Colonia del Sacramento

Et nous voilà partis à la découverte de la ville, ou tout du moins le quartier historique dans lequel nous logeons. Les rues pavées sont très calmes, la circulation automobile rare. Avec la végétation luxuriante et le mélange des fleurs et des couleurs de l’automne, c’est une vraie bouffée d’oxygène que nous respirons. Cette ville a un charme fou. Ce n’est pas pour rien que l’UNESCO l’a inscrite à son patrimoine.


Un agréable mélange d’art et de patrimoine

Plus nous avançons dans les rues bordées de platanes, plus nous nous rendons compte de la richesse culturelle, artistique et visuelle de la ville. Cela nous rappelle par certains côtés la ville d’Antigua au Guatemala. Tout ceci attire bien sûr quelques touristes, mais qui restent en nombre raisonnable, venant pour la plupart en petits groupes de Montevideo ou de Buenos Aires en excursion à la journée. Alors voici quelques autres de nos découvertes :


Des musées ordinaires et plus si affinité

Colonia del Sacramento recèle un nombre important de musées comparé à la taille de sa population, essentiellement basés sur l’histoire mouvementée de la ville. Fondée par des Portugais en 1680 qui avaient vu à cet endroit un bon potentiel pour le commerce, notamment avec Buenos Aires juste de l’autre côté de l’estuaire, et s’étaient installés malgré les colonies espagnoles déjà présentes autour. Les Espagnols n’ont pas aimé et s’en est suivi une série de guerres avec les troupes portugaises pour reprendre tour à tour le territoire, jusqu’à l’indépendance de l’Uruguay en 1828. L’architecture de la ville reflète bien ces différents conflits, et plusieurs musées sont consacrés à des pans ou des populations de cette histoire, nous en avons visité plusieurs, dont voici quelques images commentées ci-dessous.

> Le Musée Municipal

Il est incontournable puisque c’est là qu’on achète à prix modique un billet valable pour 9 autres musées de la ville. Installé dans une demeure portugaise, il est étonnamment éclectique avec des salles thématiques abordant aussi bien l’archéologie précolombienne que l’arène de corridas de la ville voisine, le mobilier de la période portugaise, ou encore la paléontologie et l’histoire naturelle. On y trouve ainsi des ossements peu communs de gliptodonte, un squelette complet de paresseux géant, une abondante collection de taxidermie comportant oiseaux mammifères et reptiles, et enfin des tableaux d’entomologie avec de superbes papillons et autres insectes. L’histoire municipale a ici un sens vraiment très large !


> L’Espace Portugais

Situé à deux pas du précédent, il aurait pu faire redite, mais il est plus axé sur le côté militaire, décrivant la vie des soldats aux XVI et XVIIe siècle, et expose une superbe collection de cartes anciennes du temps des grands explorateurs. Nous y avons trouvé aussi de jolis azuleros, ces céramiques bleu-cobalt si typiques de la culture arabo-hispano-portugaise, qui nous ont consolés de la fermeture du musée de la ville qui leur était dédié.

Nous n’avons trouvé qu’un intérêt modéré aux autres musées, ce qui m’évitera de les énumérer. Mais parlons maintenant d’une perle, hors forfait précédent, mais qui pour les amateurs mérite absolument la visite :


> Le Musée de l’Origami

Malgré sa petite taille, la ville de Colonia del Sacramento recèle un trésor, le Musée de l’Origami. Il est décrit comme l’un des rares dans le monde dédié à ce sujet. Il a été aménagée par une citoyenne de la ville passionnée par le sujet. Ce musée ne possède que 3 petites salles, mais on y passe facilement une heure à lire les panneaux informatifs, à admirer de près chaque création et bien sûr à les photographier pour en garder la mémoire. On découvre l’histoire du pliage, son évolution depuis l’époque où l’on réalisait des plis simples jusqu’à la façon dont on le travaille aujourd’hui, en intégrant souvent des concepts mathématiques qui permettent de travailler le papier sans le couper. On aboutit ainsi à des pliages complexes qu’on jurerait faits avec plusieurs feuilles de papier alors qu’il n’en a été utilisé qu’une feuille.

On découvre aussi les avancées scientifiques qui utilisent les techniques de l’origami, comme le déploiement des panneaux solaires des satellites, les stents pour maintenir les artères du cœur ouvertes lorsqu’elles ne le sont pas assez, des armatures installées à partir d’un ballonnet pour solidifier des vertèbres affaissées par l’ostéoporose, et bien d’autres encore. L’art de l’origami est utilisé aussi en accompagnement des personnes atteintes d’Alzheimer. Le musée accueille aussi les scolaires, dispense des cours de pliage, accueille régulièrement des conférenciers dont on peut retrouver des vidéos sur le site internet. Enfin, le Musée de l’Origami expose des œuvres d’artistes de renom dans le domaine. Elles sont magnifiques.


Lumière divine

Le couvent de St François Xavier dans la zone classée maintenant historique de Colonia del Sacramento possédait une tour qui servait non seulement à appeler les fidèles, mais aussi à guider les bateaux naviguant sur le rio de la Plata, d’autant que les courants y étaient particulièrement dangereux, ayant entraîné de multiples naufrages. Lorsqu’un incendie détruisit en grande partie le couvent en 1705, les marins se plaignirent rapidement de la perte de leur point de repère. On leur construisit alors un phare, dont la base carrée se calquait sur les restes de l’ancienne tour, tandis que la partie supérieure était plus classiquement cylindrique. Voilà pourquoi, aujourd’hui, il reste le seul phare du pays à avoir ce double profil. Les murs du couvent tenant encore debout ont été laissés en place, contribuant à la solidité de l’ouvrage.

Le phare de Colonia del Sacramento
Le phare et les murs restants du couvent initial

L’art dans le bastion

Dans la période où la ville était fortifiée, pour la défense des colonisateurs en alternance que furent les Portugais et les Espagnols, plusieurs bastions la défendaient. Devenus inutiles depuis l’indépendance, ils furent soit détruits soit reconvertis, comme ce Bastion del Carmen devenu une usine à colle et à savon puis entrepôt de stockage d’aliments. Rien de tout ça n’étant nécessaire aujourd’hui, le lieu est maintenant un Centre Culturel, avec salle de concert et expositions temporaires. Voici celle qui était en cours au moment de notre passage.


Cabotage pour Roberto

Le navire porte-container qui transporte Roberto est arrivé sur les côtes Est de l’Amérique du Sud. Nous découvrons les escales au fur et à mesure, car rien ne les indiquait au départ. Il s’est donc arrêté à Santos puis Panaragua au Brésil. Dans les deux destinations il s’est enfoncé assez loin dans les terres. C’est peut-être notre carte qui manque de précision.


Montevideo, enfin

En 3 heures de bus, nous rejoignons la capitale de l’Uruguay, Montevideo. Nous n’en bougerons plus jusqu’à l’arrivée de Roberto. Nous découvrirons juste avant d’arriver que notre porte-containers passera devant Montevideo sans s’arrêter, pour rejoindre en premier Buenos Aires … juste là où nous étions une semaine auparavant. C’est rageant ! Espérons tout de même que nous serons bien sa prochaine escale.


Encore un logement de caractère

Nous allons loger dans le centre historique. Comme pour Buenos Aires, l’architecture est très variée, mêlant les styles ou pas de style du tout. La façade de l’immeuble où se trouve notre appartement est quelconque, mais l’intérieur rattrape le coup. Au sommet d’un escalier en marbre nous attend un palier décoré d’un plafond en vitrail, d’un piano et de quelques bibelots. 2 autres appartements donnent dessus et peuvent se partager une salle à manger de 8 personnes, une buanderie, et au sommet d’un escalier métallique plusieurs terrasses dont une avec piscine. En cette saison d’automne, elle a été vidée, mais il nous reste les terrasses pour la vue panoramique sur la mer.


Un jour aux courses

À l’arrivée comme toujours, il nous faut remplir le frigo. La fréquentation des magasins du quartier nous amène à quelques découvertes intéressantes, voir surprenantes.


Postres (desserts)

Les Uruguayens ne mangent pas que de la viande. Ce sont manifestement des « becs sucrés » et les vitrines des pâtisseries sont hautes en couleurs. Comme d’habitude ici, les parts sont énormes. Mais on trouve aussi des desserts plus délicats, comme ces alfajores, la version uruguayenne du macaron. Prêts à saliver ?


La vanlife version Uruguay

Nos rares rencontres avec des véhicules de loisirs


Façades

Montevideo a été fondée en 1726 par les Espagnols afin d’éviter l’expansion des Portugais installés dans la ville voisine de Colonia del Arte. Un moment intégrée au Brésil, la ville gagna son indépendance en 1828, tout en restant sous influence des Britanniques pendant près d’un siècle. Ces derniers voulaient empêcher le contrôle commercial de la région par l’Argentine et le Brésil. Enfin, les liaisons maritimes ont favorisé les échanges avec l’Europe. L’architecture qui en ressort est un mélange de toutes ces influences, avec des bâtiments de style aussi bien art-déco, néoclassique, éclectique que moderne. Un petit tour en ville avec nous ?

On va terminer là pour cette session. Pas mal de choses à vous relater pour la prochaine. Et puis on l’espère vivement, la récupération de Roberto qui est dans sa dernière ligne (presque) droite. A très bientôt !

142. Nouveau départ

Après une halte trimestrielle dédiée à la famille et aux amis bien placés géographiquement (désolés pour ceux de la moitié nord du pays), mais aussi à une remise en forme de Roberto, nous voilà repartis sur les routes du monde, La boucle 2025-2026 sera consacrée à l’Amérique du Sud. Oui, il nous faudra bien deux années pour visiter ce sous-continent, en incluant quelques allers-retours familiaux devenus indispensables depuis l’arrivée de nos petits-enfants.

Préparation et expédition de Roberto

Nouveau départ pour Roberto
Installation des panneaux solaires avec Christophe

Après 3 ans et demi et 121 000 km passés sur des routes, des chemins, plus rarement des plages ou du sable volcanique, Roberto avait besoin de se refaire une santé. Nous avons choisi une location proche de nos enfants, ce qui nous a permis de vider complètement notre véhicule et dans un premier temps de le nettoyer en profondeur, ce qui aurait été difficile en continuant à habiter dedans. Il a fallu ensuite resserrer un certain nombre de vis d’assemblages des menuiseries, qui avaient pris un peu de jeu avec les vibrations de la route. Le joint du lanterneau avait un peu souffert du soleil et des écarts de températures, entraînant de petites fuites par pluie de travers. Il a été refait. La moquette a été remplacée. La plus grosse partie a été de remplacer les panneaux solaires. Au final le choix des panneaux souples, guidé par leur légèreté et leur discrétion, s’est avéré non judicieux. Agressés par la chaleur de la tôle sur laquelle ils étaient collés, ils ont perdu beaucoup de leur capacité, voire même totalement pour l’un d’entre eux. Mon ami Christophe (merci encore) et moi-même avons installé 5 nouveaux panneaux de 200W chacun, en rigide bien sûr. Un nouveau régulateur a été mis en service, me permettant de contrôler via Bluetooth la production en cours, ce que ne me permettait pas le précédent, et m’a permis de vérifier que tout fonctionnait au mieux. Nous retrouvons le plaisir d’utiliser à volonté la bouilloire ou le micro-ondes, sans avoir à se soucier de la charge de la batterie. Nous avions anticipé d’un mois le contrôle technique des 4 ans, afin de vérifier que tous les points de sécurité étaient conformes.

Roberto en pause sur la route d’Anvers. On remarque à peine les nouveaux panneaux solaires qui dépassent pourtant de 4 cm du niveau précédent

Pour l’expédition, nous avons trouvé un nouveau prestataire, Wave Logistics, basé à Montevideo en Uruguay, et logiquement plus compétitif pour cette destination. En outre, ils se chargent de trouver eux-mêmes un colocataire de container, ce que ne font pas les autres. Voyager en container permet a priori d’éviter le risque de vols que nous avions connu lors de notre première traversée vers le Mexique. Roberto fera donc la traversée Anvers-Montevideo dans un container 40 pieds réhaussé. Il a fallu mesurer la hauteur et la largeur précise de Roberto afin de vérifier que l’on passait la porte d’entrée du container. Ça s’est joué à 2 cm en haut et de chaque côté à condition de rentrer les rétroviseurs. J’ai conduit Roberto à Anvers le 24 mars, pour un départ prévu le 31 et une arrivée à Montevideo le 26 avril. Mais le navire qui devait embarquer notre container aurait « oublié » de s’arrêter à Anvers et nous sommes reportés sur le suivant avec une dizaine de jours de retard. A vrai dire, aucun de nos 3 shippings n’a respecté son planning, ça semble assez courant hélas.

La grosse pince s’apprête à attraper Roberto pour le mettre dans le container *
Roberto dans son container : ça rentre juste juste juste ! – * la « grosse pince » était une blague bien sûr !

Préparation et expédition de Claudie et Jean-Michel

La plupart des voyageurs venant récupérer leur véhicule à Montevideo ne vont pas attendre directement dans cette ville. Il est plus opportun de se rendre d’abord à Buenos Aires, où il y a davantage à s’occuper, puis de rallier la capitale uruguayenne en ferry. C’est donc ce que nous avons programmé. Claudie a largement préparé le début de notre itinéraire en Amérique du Sud, épluchant et notant soigneusement les points d’intérêt, tout ça pendant que je m’occupais de Roberto.

Et nous voilà donc partis ce 7 avril sur un avion d’Air France, avec un billet aller-simple à 166 € chacun en utilisant nos miles. Un tarif plutôt doux pour un trajet de plus de 13 heures ! L’aller simple est à mon avis la meilleure façon d’utiliser les miles, car le nombre nécessaire pour un aller simple est juste la moitié d’un aller-retour, alors que pour les billets standards, l’aller simple avoisine souvent les 60-70% de l’aller-retour. Dans la foulée, réservant un hôtel à Buenos Aires avec Booking, Claudie a profité de ses points bonus pour bénéficier d’un taxi gratuit depuis l’aéroport. Confirmé dans les règles. Le chauffeur nous attendrait même dans le hall des arrivées avec une pancarte à notre nom. A l’heure où j’écris, nous sommes encore dans l’avion. Le dénouement ne sera connu que dans quelques heures…

A l’arrivée à l’aéroport de Buenos Aires, le conducteur de taxi nous attendait effectivement avec sa pancarte. Très aimable, il nous a décrit les points d’intérêt tout au long de notre trajet d’environ 35 km jusqu’au centre-ville. Avant de nous déposer devant notre hébergement. Nous découvrons un superbe hôtel dans le style colonial, comme nous aimons. C’est souvent moins confort que dans les grandes chaînes – nous allons découvrir notamment l’absence d’eau chaude et aussi faire tomber la tringle en fermant l’un des rideaux – mais nous préférons de loin ces bâtiments avec beaucoup de cachet. Nous nous effondrons rapidement : il est minuit heure locale, mais cinq heures du matin pour la France.


Découverte de Buenos Aires

Buenos Aires jour 1

Nous partons découvrir notre quartier aux constructions très hétéroclites. Normal car la ville a connu de nombreuses influences au cours de son histoire. Espagnole bien sûr jusqu’à l’indépendance du pays en 1810, mais aussi anglaise (brève tentative d’occupation en 1806 et 1807), italienne (3 millions d’immigrants entre 1857 et 1940) et française (une certaine francophilie a conduit à importer des mesures éducatives, architecturales et économiques). Il en ressort un mélange pas très heureux de constructions quelconques et pas très entretenues, de bâtiments anciens de style colonial espagnol (murs massifs, arches simples, peu de couleurs), baroque, néoclassique, art nouveau et contemporain avec des tours de verre qui poussent partout.

De façon plus pragmatique, nous allons aussi retirer de l’argent au distributeur avec nos cartes de crédit dites « sans frais à l’étranger ». Le terme est quelque peut trompeur puisque cela ne compte que pour la banque française qui les délivre. Les banques locales prennent leur propre part. Et les banques argentines sont très très gourmandes puisqu’elles prélèvent 25% du montant retiré ! Nous allons changer de méthode et tenter d’utiliser les services de Western Union pour le cash. Et bien sûr continuer comme nous avons l’habitude de faire à régler nos dépenses en priorité avec nos cartes de crédit. Tout en sachant qu’en Argentine, l’efectivo (les espèces) est roi, affichant régulièrement de fortes réduction si l’on paie cash ou de fortes majorations si l’on règle par carte. Il nous faut aussi gérer un taux de conversion pas très pratique, à savoir diviser les prix par 1360 pour convertir en euros. J’ai quand même trouvé qu’en divisant par mille puis en enlevant un quart au résultat obtenu on avait quelque chose d’approchant, évitant de sortir la calculatrice… Côté téléphone, nous bénéficions encore des 35 Go d’internet à l’étranger de nos forfaits Free, profitons-en car en Uruguay ce ne sera plus le cas.

En fin de matinée, nous avons l’immense plaisir d’être rejoints par Clémentine, la nièce de Claudie, une grande voyageuse qui est pour quelques mois en Amérique du Sud, avec notamment l’objectif d’apprendre le Portugais au Brésil. Déjà sur place, elle a bien voulu reculer son départ de 2 jours afin de passer quelques heures avec nous. C’est toujours très agréable de partager nos visites. Clémentine qui connaissait déjà un peu la ville nous a emmenés dans ses quartiers préférés, notamment près du port.

Et en fin de journée la bonne nouvelle :


Buenos Aires jour 2

> Une librairie d’exception

> Un Musée de l’eau et de l’assainissement

> Des manifs


Buenos Aires jour 3

> Balade un jour de grève

> De la fleur au camembert

La jolie fleur du carrousel ci-dessus est celle d’un kapokier, un arbre qui pousse volontiers dans les zones subtropicales. Elle n’a guère d’autre utilité que de se faire jolie pour attirer les chauve-souris qui la pollinisent. Le fruit en résultant s’ouvre à maturité produisant une espèce de boule cotonneuse appelée kapok. Ces fibres sont très utiles, quand on n’a plus de billets, pour rembourrer les matelas. A condition d’enlever les graines pour ne pas reproduire l’histoire de la princesse au petit pois. Accessoirement on peut faire de l’huile avec ces graines, mais le plus intéressant est le bois de l’arbre qui est utilisé pour faire du contre-plaqué ou des boîtes à camembert. C’est pour cette raison que le kapokier est aussi connu sous le nom de fromager. Vous savez, cet arbre dont les racines enveloppent si bien les temples d’Angkor.


Buenos Aires jour 4

> Où l’on découvre un café au charme d’antan, une tiny house et une petite fille espiègle


Comme c’est demain dimanche, j’arrête là le premier article de ce nouveau voyage. Il en sera plus court à lire. A très bientôt pour la suite !

139. Slovaquie

Voici le 37ème pays de notre périple avec Roberto. De taille modeste, la Slovaquie est onze fois plus petite que la France, et nous devrions la traverser assez rapidement. Nous retrouvons ici l’euro, donc la disparition des calculs fastidieux à réaliser pour les achats. Alors, côté touristique, qu’est-ce que cela donne ?

Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

Première ville slovaque

Notre première étape est Banska Stiavnica, une ancienne cité minière classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’exploitation des gisements d’or et d’argent a fait prospérer la ville entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, la dotant de belles demeures aux façades décorées. La crainte des invasions ottomanes au XVe siècle lui a fait aussi construire un château et des remparts pour mieux se protéger, tandis que plusieurs églises et un calvaire renforçaient la ferveur catholique. La réputation dans l’exploitation minière a également conduit à la mise en place d’une académie des mines, enseignant l’art de la prospection, de l’extraction et du traitement des minerais. C’est devenu aujourd’hui un musée, que nous n’avons pas manqué de visiter.




Le village peint de Cicmany

Il y a 200 ans dans ce petit village de montagne, on protégeait le bois foncé des maisons avec de la chaux. Plutôt qu’un vulgaire barbouillage, les femmes qui fabriquaient en majorité de la dentelle reprirent les motifs de leurs ouvrages pour enjoliver les maisons. La concurrence s’y est mise et presque tout le village a recouvert sa maison de motifs blancs à la chaux. Procurant une harmonie architecturale qui fit classer la ville comme première réserve d’architecture populaire au monde en 1977. Et un afflux de touristes. Encore que lors de notre venue, le froid et le blizzard avaient apparemment dissuadé tous nos congénères et nous étions seuls dans les rues. Mais des maisons noires aux motifs blancs avec un ciel gris, ça rendait plutôt bien.


Bratislava et les 40 voleurs

Stationner dans les grandes villes ne s’improvise pas, surtout si l’on souhaite y rester la nuit et abandonner son véhicule toute la journée pour la découverte. L’application Park4night nous est d’une précieuse aide dans ces cas là. Mais ce que nous lisons sur les commentaires laissés par les précédents visiteurs ne nous rassure pas : les vols avec effraction sont manifestement fréquents sur les véhicules de loisirs. Un peu comme en Italie par exemple, mais nous y avions toujours trouvé des parkings sécurisés, ce qui n’est pas le cas ici. Voulant jouer la sécurité, nous décidons, et c’est la première fois depuis le début de notre périple, d’aller visiter la ville chacun notre tour pendant que l’autre s’occupe dans Roberto et veille sur lui.

Cela dit, même avec un temps plutôt maussade, la ville est plutôt agréable. Les rives du Danube, les bâtiments de styles variés dans le centre historique, les statues, le street-art par endroits et la faible fréquentation en dehors des marchés de Noël donnent une bonne impression qui contrebalance la mise en garde initiale.



À propos des marchés de Noël, peu de gens imaginent qu’ils peuvent avoir des conséquences négatives pour nous autres voyageurs nomades. Outre les places de stationnement occupées par ces cabanes en bois et autres manèges, réduisant donc les places de parking dans la ville, ces marchés défigurent à notre sens les grandes et belles places en masquant les somptueux bâtiments qui les bordent. Ils entraînent enfin un tourisme de masse que l’on ne verrait pas à cette époque de l’année dans les autres attractions des villes, et nous font perdre notre bénéfice de tranquillité hors saison. À l’inverse, nous trouvons les décorations et illuminations des rues et vitrines lors de ces fêtes de fin d’année plutôt avantageuses.


La Slovaquie, c’est déjà fini ! Nous avons maintenant une idée précise de Bratislava qui n’était jusqu’ici pour nous qu’un mythe maintenant transformé en ville modeste et accessible. La capitale du pays suivant devrait être d’une toute autre envergure. Et puis elle est toute proche : seulement 60 kilomètres nous séparent de Vienne. À nous l’Autriche !

112. La révolution d’Octobre

Loin de nous poser lors de cette phase française de notre voyage, nous avons encore avalé pas mal de kilomètres au cours de ce mois d’octobre. La relative dispersion des membres de notre famille ou de nos amis nous a donné l’occasion de découvrir ou redécouvrir quelques jolis coins de notre pays.

a) Miroir ô beau miroir, dis-moi qui est la plus belle…

J’adore les effets miroir. Le reflet parfait d’un paysage sur un plan d’eau tout aussi parfaitement lisse. Ces derniers temps nous avons été gâtés, principalement le matin avant que la brise ne se lève. Voici quelques clichés récents. Saurez-vous reconnaître celui qui volontairement a été placé à l’envers ?

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Les réponses aux différents quiz sont groupées en fin d’article


b) Cyrano de Paris

Les apparences sont trompeuses lorsqu’on visite Bergerac : les effigies et allusions au héros de Rostand sont partout. On pourrait croire que les habitants ignorent que le vrai (Savinien de) Cyrano de Bergerac n’a jamais mis les pieds dans leur ville. Il est né et a grandi dans les Yvelines. Mais ça les arrange quand même bien, car ça fait venir le touriste et c’est plus glorieux que le vrai fonds de commerce de la ville : le tabac et l’alcool. Bon, j’exagère un peu, j’aime bien les vins de la région, la ville ne produit plus de tabac depuis 2015 (mais son musée du tabac en retrace toute l’histoire) et elle possède de vrais attraits touristiques : balades en gabarres sur la Dordogne, centre historique médiéval tout en ruelles tortueuses et maisons à colombages, restaurants gastronomiques, festivals de théâtre, etc.

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Quiz : Le vrai Cyrano de Bergerac fut :
1°) auteur de science-fiction
2°) mousquetaire
3°) navigateur au long cours
Laquelle de ces affirmations est fausse ?


c) Le musée qui fait un vrai tabac

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ignorais que Bergerac avait été un haut lieu de production du tabac en France pendant les deux derniers siècles, grâce à des conditions climatiques favorables (hivers doux, étés chauds et humides) et un port bien placé sur la Dordogne. La production était bien sûr très encadrée par l’État. Au musée du tabac de Bergerac, qui n’incite en rien les gens à fumer, on vous raconte toute l’histoire de la plante à nicotine depuis son usage longtemps exclusif par les populations d’Amérique du Sud et d’Océanie jusqu’à ce que Christophe Colomb a ramène le tabac en Europe et pourrisse ainsi les poumons de milliards de personnes. Les différents usages du tabac ont conduit à la réalisation de nombreux accessoires (râpes, pipes, enseignes, porte-cigarettes, etc.) dont certains hautement artistiques sont exposés dans ce musée.

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une pipe créée spécialement pour le musée

Quiz : que signifient les lettres du sigle SEITA ? Ne trichez pas, essayez sans Google…


d) Cantal de Monaco

Ce titre a un petit air de princesse monégasque, mais c’était bien avant Steph de Monac. En 1643 précisément. Louis XIII avait donné à Honoré II de Grimaldi et ses successeurs le droit de percevoir les impôts du Comté de Carlat (encore un fromage et une chanteuse mais je n’y suis pour rien) dont la capitale était Vic-sur-Cère. Et un hôtel particulier en prime. L’affaire dura jusqu’en 1789 jusqu’à ce que les révolutionnaires y mettent fin. Bons princes (c’est le cas de le dire), ils laissèrent tout de même aux monégasques l’hôtel particulier que Louis XIII leur avait offert en prime. Rainier III en 1951 et Albert II en 2014 sont venus y séjourner brièvement. Peut-être pour marquer leur territoire en faisant pipi dans les toilettes, qui sait ?


e) Vic-les-Bains

Si vous connaissez cette ville, vous êtes démasqué(e) : vous êtes un(e) voyageur(euse) du temps. Parce que la ville n’existait qu’au XVIIème siècle. En ce temps-là, la source d’eau minérale aux propriétés fabuleuses attirait du grand monde. Comme par exemple Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, qui après 22 ans de mariage n’avait toujours pas d’enfant. Elle vint faire une cure à Vic-les-Bains en 1637. Louis XIV naquit l’année suivante ! Reconnaissant, il fit embouteiller l’eau dix ans plus tard et s’en faisait livrer à domicile.

Aujourd’hui, la ville est devenue Vic-sur-Cère. L’eau thermale n’est plus exploitée. Au kiosque où elle sourd encore, avec la même composition physico-chimique qu’autrefois, un panneau indique qu’elle n’est pas potable. Certains minéraux auraient déplu aux députés ou aux lobbyistes européens. On me dit que les vicois(es) voteraient volontiers pour un Louis XIV s’il venait à se présenter aux élections…

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f) Cantal’architecture, parlons-en !

A l’occasion d’un week-end réunissant une partie de la famille et des amis, nous avons pu apprécier l’architecture si particulière du Cantal. Notre location était assez typique de la région avec ses murs en pierres volcaniques, son toit pentu couvert de lauzes taillées en écailles de poisson, et sa grande pièce centrale unique qui s’est avérée idéale pour notre petit groupe. La visite du centre-ville de Vic-sur-Cère nous a permis de retrouver beaucoup d’autres éléments construits sur le même modèle. Un régal pour les yeux. Et c’est sans parler de l’environnement montagneux alentour.

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g) L’homme qui inventa la vache rouge

A Salers en Haute Auvergne, le climat d’altitude et les pentes conviennent mieux aux pâturages qu’aux cultures. Vers 1850, une race de vache aux longs poils et aux cornes en forme de lyre, descendante de l’aurochs, pourtant bien adaptée aux conditions locales, perdait peu à peu ses caractéristiques en raison d’un métissage excessif. Un éleveur dynamique de la ville de Salers, Ernest Tyssandier d’Escous s’inspira des Anglais et restaura la race en faisant se reproduire entre eux les meilleurs animaux préalablement sélectionnés. Il organisa même un concours annuel pour récompenser les meilleurs mâles reproducteurs.

Des troupeaux de vaches rouges paissent maintenant partout dans la région, la race s’exporte dans 25 pays du Monde et le buste d’Ernest trône sur la place principale de sa ville reconnaissante.

Quiz : Quelle est la particularité de la vache de Salers (une seule bonne réponse)
1) elle ne se trait qu’en présence de son veau
2) elle ne se nourrit que de foin monté en graines
3) elle rit


h) Avons-nous perçu le bon Salers ?

Le village de Salers, dans le Cantal, est l’un des « plus beaux villages de France ». Même s’il en existe 175 autres, nous ne pouvions le rater. Nous y avons retrouvé la jolie architecture auvergnate de ces derniers jours, rassemblée sur une petite colline de pierre volcanique. Les ruelles étroites, le caractère moyenâgeux, les points de vue sur les volcans d’Auvergne et les spécialités de la région attirent malheureusement les boutiques de souvenirs, les bars, les restaurants et tout le petit monde qui va avec. Même si ce n’était pas la grande foule hors saison, cela enlève de l’authenticité au lieu et, personnellement, j’ai préféré les anonymes petits villages voisins. La rançon du succès.

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i) Derniers à Ré tout le monde descend

C’est tout l’avantage du hors saison que de pouvoir visiter tranquilles des sites habituellement bondés le reste du temps. C’est ainsi que nous avons traversé sans crainte le pont qui mène à l’île de Ré. La circulation très espacée dans la partie la plus proche du continent est devenue presque nulle à l’autre extrémité. Nous avons dormi dans un silence parfait sur un parking en pleine nature près du Phare des Baleines, auprès duquel nous nous sommes rendus le lendemain. Accompagnés de quelques autres visiteurs, nous l’avons vu se dévoiler progressivement de sa brume de mer matinale, tout en appréciant la côte sauvage à cet endroit.

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Plus tard, de passage dans le joli village d’Ars-en-Ré, nous avons encore trouvé des rues désertes. Dommage pour un site faisant partie des « plus beaux villages de France ». Mais tant mieux pour nous !

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Quiz : le clocher de l’église du village est inhabituellement bicolore, avec la pointe noire et la base blanche. Pourquoi ?
1) en hommage à Nicéphore Niépce, enfant du pays, inventeur de la photographie
2) pour être vu de loin par les bateaux
3) parce que la partie noire en haut attire moins la foudre que la partie blanche
4) en souvenir du couvreur qui est tombé du toit après avoir posé la moitié des ardoises



j) Spectacle au format PDF

Claudie y était allée il y a une quinzaine d’années. Pour ma part c’était une première. J’étais resté sur l’idée d’un grand son et lumière régional où les habitants du coin, tous bénévoles, défilaient vêtus en paysans devant un château en feu. J’étais vraiment loin de la réalité et remercie vivement nos amis Dominique et Christophe de nous avoir conduits dans ce lieu magique et remis en place nos idées préconçues. Vous avez peut-être reconnu dans le descriptif le Puy Du Fou, un parc à thème créé il y a plus de 40 ans, qui a su se développer au fil des années sans jamais vouloir ressembler aux parcs d’attraction classiques basés sur des dessins animés ou des bandes dessinées.

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Nos enfants étant maintenant de jeunes adultes, nous n’avions pas fréquenté ce genre de parcs depuis longtemps, et nous avons été véritablement scotchés par les progrès technologiques et l’inventivité de la mise en scène des différents spectacles présentés. Il est bien difficile de décrire une journée aussi intense en une dizaine de lignes ou en quelques photos et vidéos, mais soyez-sûr(e)s d’être conquis par une visite sur place et d’être converti(e)s au format PDF.

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k) La ville qui s’appelait Napoléon

Une des premières décisions de Napoléon après s’être autoproclamé empereur a été de destituer de son statut de préfecture de la Vendée la ville de Fontenay-le-Comte au profit d’un petit bourg appelé La Roche-sur-Yon. La nouvelle préfecture, développée et équipée selon les préceptes napoléoniens, porta le nom de l’empereur à plusieurs reprises au cours de son histoire. Des savants de retour de la campagne d’Égypte, sans doute impressionnés, choisirent de conserver dans la ville des modèles mécaniques d’animaux afin de mieux les étudier. Perdus pendant plus d’un siècle, ils ont fini par être retrouvés et furent remis à la disposition du public sur la place principale appelée naturellement « Place Napoléon ». C’est le seul endroit qui porte encore la marque de l’empereur car, curieusement, après Waterloo, la ville reprit son nom original.

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l) On se fait un McDo ?


m) Une bonne base pour Dali

De passage à Bordeaux, nous avons découvert le Bassin des Lumières, une reconversion étonnante d’une base sous-marine germano-italienne construite pendant la guerre en espace de spectacles numériques. Les artistes à l’honneur le jour de notre visite étaient Dali et Gaudi. Nous avons pu apprécier leurs œuvres qui, projetées sur les immenses murs, sols et bassins de l’édifice, enrichies par la pénombre, l’animation et l’accompagnement musical (Pink Floyd pour Dali) étaient vraiment magnifiées par le lieu. Une expérience que nous espérons revivre prochainement avec les futurs invités : Tintin et ses acolytes.

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n) L’effet papillon

Dans nos critères de choix pour notre futur Roberto, la discrétion était importante : une couleur autre que le blanc pour ne pas ressembler à un camping car, et plutôt foncée pour se fondre dans l’environnement. Ici sur ce parking à Agen, l’intégration au décor était maximale, notre sticker de morpho bleu ajouté au Costa Rica étant parfaitement en phase avec la vitrine du magasin devant lequel nous étions garés.


o) Le Karaboudjan, le Requin et la Licorne

Hergé pouvait-il imaginer qu’un jour ses bateaux fétiches se retrouveraient dans une base sous-marine à près de 900 km de sa Belgique natale ? Et pas seulement, puisque, de retour au Bassin des Lumières de Bordeaux, nous avons vu défiler tout l’univers de Tintin, des couvertures aux personnages, jusqu’aux jurons du Capitaine Haddock. En cette période de vacances scolaires, si les enfants étaient nombreux et généralement peu attentifs, le public était majoritairement adulte, chacun retrouvant les lectures de son enfance ou d’une période plus récente. Personnellement, j’ai adoré lire les BD de Tintin. Peut-être que mon envie de voyager et de découvrir le monde vient de là ? Je me souviens encore du premier album que j’ai lu et relu : l’Étoile Mystérieuse. Et vous, vous souvenez-vous de votre tout premier Tintin ?

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p) Faites-le vous-même, mais pas tout seul

Ce slogan d’une grande enseigne de bricolage tombe à pic pour légender ma photo. Petite surprise en démontant un luminaire dans la maison que viennent de louer mon fils et sa compagne. Ces punaises dérangées pendant leur sommeil ont retrouvé la liberté après un transport dans une tasse à café, le premier récipient à portée de main. Aucun animal n’a été maltraité, comme ils disent à la fin des films où l’on pourrait en douter.

Quiz : De quelle enseigne est le slogan du titre ?
1. Mr Bricolage ?
2. Leroy Merlin ?
3. Castorama ?
4. Brico Dépôt ?


C’est avec ces peu sympathiques mais inoffensives bébêtes que se termine le parcours d’octobre de Roberto et de ses occupants, que l’on peut qualifier de révolution tellement nous tournons autour du même secteur. Et puis la révolution d’Octobre, ça sonne bien, non ? A bientôt !

P.S. Les solutions des différents quiz : a2 ; b3 ; g1 ; i2 ; p1

65. Six expressions de parlure québécoise

Le langage québécois coloré, appelé ici parlure, participe au bonheur de nos découvertes. Nous vous présentons ici quelques-unes de ces merveilles en parallèle avec nos visites de Montréal à Trois-Rivières.

Salut, tu vas bien ?

A Montréal aussi les gens ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors. Nous sommes très bien accueillis partout avec des « Bon matin » dans la rue, des « Salut, tu vas bien ? » ou même des « Allo » (ça signifie aussi bonjour !) à l’entrée d’une boutique ou d’un restaurant ou encore des « Bienvenue » lorsque l’on remercie le serveur (l’expression est employée en fait pour « de rien ») venu nous réchauffer (resservir du café) ou nous apporter la facture (l’addition). Les Montréalais semblent détendus et souriants, presque joyeux parfois, en contraste avec le temps gris, frais, venteux et bruineux lors de notre arrivée. De quoi ressortir la petite laine et ternir un peu les photos de cette première journée dans la vieille ville. Les seuls clichés colorés sont ceux pris en intérieur.


Il pleut à boire debout

« D’la pleu toujours, d’la pleu tout l’temps, d’la pleu les troè quarts de l’année », poétisait mon grand-père dans son patois solognot. En France on dit maintenant qu’il pleut des cordes, aux USA des chats et des chiens, mais ce mercredi, icitte à Montréal, il pleuvait à boire debout. Il mouillait beaucoup en quelque sorte. Nous ne sommes pas pour autant restés assis sur nos steaks (à ne rien faire), préférant aller magasiner (faire les boutiques) munis de nos parapluies, avant de nous réfugier au Musée des beaux-arts. Un grand complexe de 5 bâtiments reliés entre eux par des souterrains, hiver oblige, hébergeant tellement de collections que nous avons dû faire des choix drastiques. Nous nous sommes limités à celle sur l’art Inuit, pas si commun, à l’exposition temporaire très colorée de Nicolas Party, artiste peintre Suisse qui a réalisé plusieurs œuvres directement sur les murs du musée, et au bâtiment dédié aux arts décoratifs et au design. Il est toujours intéressant de voir comment les créateurs revisitent nos objets du quotidien. Après les photos légendées, un petit quizz vous est proposé pour trouver à quoi peuvent bien servir les 2 dernières machines.



Arts décoratifs et design


Quiz du jour : saurez-vous retrouver l’utilité de ces deux objets ?

Objet a deviner
Objet 1
1A – Un dictaphone ?
1B – Un inhalateur de solutions soufrées ?
1C – Un épilateur
?
Objet a deviner
Objet 2
2A – Un pétrin de boulanger ?
2B – Une machine à fabriquer des préservatifs ?
2C – Un moteur de hors-bord ?

Résultats à la fin de l’article


Et on termine la partie artistique par un peu de street-art à l’extérieur du musée

Pour info, Les foufounes électriques est le nom d’un bar branché de Montréal axé sur la culture punk, gothique et alternative. En québécois, foufounes signifie fesses…


C’est tiguidou !

C’est tiguidou, on est revenus aux belles températures ! Ma blonde et moi on a embarqué dans not’ roulotte pour aller au Mont Royal. J’ai chauffé Roberto jusqu’à un stationnement, ça m’a coûté 13 piasses, c’était pas dispendieux. Pis on a mis nos espadrilles et on est partis prendre une marche. Y f’sait chaud, pas besoin d’s’abrier. D’ailleurs le monde movait plutôt en camisole et gougounes qu’en chandail. Nous avons dîné dans la van, mais on aurait pu aussi bien manger des sous-marins sur une des tables de pique-nique, en faisant attention de bien tout mettre après aux vidanges au risque de se prendre un ticket. C’est de même icitte !

Chouette, le beau temps est revenu ! Ma chérie et moi avons pris notre van pour aller au Mont Royal (le point culminant de Montréal qui a donné son nom à la ville). J’ai conduit Roberto jusqu’à un parking, ça m’a couté 13 dollars la journée ce n’était pas cher. Puis nous avons mis nos baskets et sommes partis en randonnée. Il faisait chaud, pas besoin de se couvrir. D’ailleurs, les gens portaient plutôt des débardeurs et des tongs que des pulls. Nous avons déjeuné dans le van, mais nous aurions pu tout aussi bien manger des sandwiches sur une des tables de pique-nique, en faisant attention de tout mettre après aux poubelles, au risque de se prendre une amende. C’est comme ça ici !

(Traduction de l’auteur, en l’absence de cette fonctionnalité sur Google et autres Reverso)

Sur les photos, vous verrez les vues panoramiques qu’offrent le belvédère et les sentiers au sommet du parc, un chanteur français qui passait par là, la grande croix visible à 80km à la ronde et le lac aux castors qui contrairement à ce que son nom indique héberge des poissons rouges.


Une belle fin de semaine

Ah oui ici on ne dit pas week-end. La plupart des mots anglais sont bannis. Pour cette fin de semaine, donc, nous sommes allés rendre visite à nos amis de St Barth, Véronique et Pierre, qui ont acheté ici un petit châlet au bord d’un lac dans la belle région des Laurentides au Nord de Montréal. Une maison toute bleue qui m’a donné envie de pasticher une chanson bien connue de Maxime Le Forestier. Je ne suis qu’un poète de 4 sous, vous êtes prévenus !

Ce sont deux maisons bleues
Adossées à la colline
D’un lac oublié en plein Canada
L’une est toujours là, l’autre y a roulé.
On se retrouve ensemble après une année de route
Véronique et Pierre, Claudie et donc moi
Autour du repas, c’était comme hier.
Quand les étoiles s’allument
Quand apparait la lune
Le lac est beau là devant vous
Scintillant de cent mille et un éclats

Parlant jusque très tard
Échangeant sur tous nos rêves
On racontera nos meilleures histoires
Nos petits tracas jusqu’à la nuit noire.
Quand l’aube enfin se lève
Le canot quitte la grève
Le lac est beau, il est à nous
Glissons sur l’onde, n’attendons pas

Ce sont deux maisons bleues
Qui espèrent bien se revoir
Dans quelques années, celle qui reste là
Et l’autre qui aura fini sa tournée

Nous avons eu le plaisir de rencontrer chez nos amis leurs sympathiques voisins, Ninon et Laurent, de vrais Québécois qui nous ont appris plein de trucs sur le pays et donné des tuyaux sur nos futures visites. Nous étions ravis aussi qu’ils connaissent et apprécient la série québécoise que nous visionnons actuellement, Le temps d’une paix, une saga familiale qui se déroule dans le Québec rural entre la première et la seconde guerre mondiale. La première diffusion a eu lieu entre 1980 et 1986, mais a été suivie de nombreuses rediffusions tant les québécois en ont redemandé. Nous apprenons beaucoup sur la culture de cette époque tout en nous familiarisant avec les subtilités de la langue. Pour ceux qui voudraient s’y essayer, c’est disponible sur Youtube, voici le premier épisode. Il faut s’accrocher un peu pour comprendre au début, mais après ça vient tout seul.

https://www.youtube.com/watch?v=1_BHzWf_edE

C’est de valeur que tout soit fermé !

Depuis que nous sommes au Canada, nous constatons que beaucoup d’attractions, de musées ne fonctionnent pratiquement qu’en haute saison, soit de fin juin à fin août pour l’été. Nous aurions tendance à dire comme les locaux que « c’est de valeur », expression trompeuse qui signifie en fait « c’est dommage », mais d’un autre côté nous ne sommes pas si pressés de voir débarquer des hordes de touristes sur nos lieux de visites. Lors de notre passage à Trois-Rivières, entre Montréal et Québec, c’était un peu le cas. Sur la demi-douzaine de visites que nous projetions, nous n’avons pu en concrétiser que deux, celle du centre historique avec ses bâtiments très typiques de l’architecture canadienne, et celle de l’ancienne papèterie qui fut un temps la première productrice mondiale de papier. Il faut dire que la ville est idéalement située, au confluent de la rivière Saint-Maurice et du fleuve St Laurent, la première étant une excellente voie pour acheminer les arbres depuis leur zone de coupe dans l’arrière-pays tout en fournissant une eau d’excellente qualité pour fabriquer la pâte à papier (qui en contient à l’origine au moins 99%), le second étant propice ensuite à la livraison du produit fini dans le monde entier. Il est à noter que les habitants de Trois-Rivières s’appellent les trifluviens, alors qu’ils n’ont qu’un seul fleuve (le Saint-Laurent). Pire encore, ils n’ont qu’une seule riviève (la rivière Saint-Maurice). Le nom aurait été attribué par erreur par un navigateur malouin au XVIème siècle, qui ne se rendit pas compte que les 3 chenaux que forme la rivière Saint-Maurice à son embouchure proviennent du même cours d’eau. Pour une fois, honte à la France !


Elle se visite mais on peut aussi y tenter l’expérience de l’incarcération pour une nuit, avec tout le protocole (mise en tenue, photos de face et profil, etc.) et nuit en cellule sous la surveillance d’un gardien, lui-même ancien détenu. Pas sûr qu’on vous pique votre portable, mais d’un autre côté il parait que c’est assez répandu dans les vraies prisons…

Les dépanneurs au Québec n’ont rien à voir avec la mécanique. Ce sont de petites épiceries qui vous « dépannent » à des heures précoces ou tardives de fournitures alimentaires de dernière minute. Celui de droite, une ancienne institution dans la ville s’est reconverti en magasin bio et vintage. On y trouve aussi ces sodas bizarres aux goûts étranges. Bon enfin si c’est bio…


Tu trouves-tu ?

Au Québec, le pronom tu est fréquemment redoublé dans les phrases interrogatives, comme dans Tu m’aimes-tu ? Là où ça se complique, c’est quand le premier pronom n’est pas tu, par exemple dans Il vient-tu avec nous ?. Ce tu qui devrait être tu viendrait en fait de la contraction t’y également employée en vieux Français. Tu comprends-tu ?

Bon, je voulais plutôt vous parler de ces points d’interrogation bizarres, rencontrés à plusieurs reprises, qui ont attiré inévitablement notre curiosité. Il nous ont semblé dans un premier temps représenter une sorte de jeu de piste, jusqu’à ce que nous ayons eu l’occasion de les suivre et d’arriver …à l’office de tourisme. Ce point d’interrogation remplace en fait le « i » dont nous avons l’habitude et que la majorité des pays ont adopté. Je vous livre dans la foulée quelques panneaux amusants que nous avons rencontré sur notre chemin.



Cette première étape sur la province de Québec s’achève. Nous venons d’arriver à la ville éponyme qui va mériter certainement plusieurs jours de visite. A bientôt pour le récit !
P.S. Réponses au quiz : 1A et 2C

Comme d’habitude, ci-dessous notre parcours canadien actualisé puis les boutons pour commenter, pour nous suivre sur Instagram ou pour vous inscrire afin de ne rater aucun article.