129. Grèce, la suite

Nous poursuivons notre route vers le Sud, d’abord en traversant la Grèce centrale, sauvage et oubliée des touristes, puis en explorant la péninsule du Péloponnèse. Sa géographie variée et ses nombreux sites archéologiques, dont celui d’Olympie, s’avèrent en parfait accord avec les très proches J.O. de Paris.

La Grèce sauvage

Quasiment ignorée des touristes, la Grèce centrale mérite pourtant le déplacement. Constituée de massifs montagneux avoisinant les 2000 m d’altitude, elle se traverse sur de petites routes étroites, peu entretenues et parfois dangereuses, nécessitant une grande vigilance dans la conduite. Outre les troupeaux d’animaux qui peuvent surgir à tout instant, il faut slalomer entre les roches tombées des parois non protégées, les effondrements de chaussée, sans s’approcher trop près des bords car aucune barrière de sécurité ne sépare du ravin. En contrepartie, les automobiles se font très rares, les paysages sont splendides et la fraîcheur relative permet d’échapper à la canicule qui sévit actuellement dans le pays.


Le monastère de Kipina

Avec les Météores, nous avions pris l’habitude de rechercher les monastères au sommet des montagnes ou des pics rocheux, mais celui-là est carrément incrusté dans une falaise, à mi-hauteur. Construit au XIIIe siècle par des moines qui se seraient fâchés avec le monastère de la ville juste en face, il est relativement bien conservé. Nous n’étions pas certains de pouvoir y accéder car notre guide parlait d’une clef à récupérer dans un bar à 1 km de là, pas toujours ouvert. Mais de temps en temps, une association locale vient vendre des icônes, rendant donc accessibles les lieux sans la clef, ce qui était le cas le jour de notre passage. Suivant un sentier le long de la falaise, nous avons franchi la porte d’entrée via un pont-levis puis pénétré dans une sorte de caverne aménagée, avec église orthodoxe couverte de fresques et coin habitation. Difficile tout de même d’imaginer comment se passait la vie monastique au XIIIe siècle.


Arapis Beach

Après une dizaine de jours en montagne, nous rejoignons le littoral pour une courte pause nocturne sur une plage. Le sable, la mer et le ciel se confondant dans la même teinte grisâtre, nous n’avons pas été tentés par la baignade, mais la brise marine soutenue nous a permis de bien supporter la température, forcément montée d’un cran depuis que nous sommes retournés dans les plaines.


Missolonghi et sa lagune

Nous arrivons sur la lagune de Missolonghi, la plus grande du pays, intéressante à la fois écologiquement puisqu’hébergeant nombre d’oiseaux migrateurs mais aussi historiquement. En effet, la lagune peu profonde a longtemps protégé la ville des agresseurs par voie maritime dont les bateaux ne pouvaient parvenir jusqu’à la ville, pourtant convoitée en raison de sa situation stratégique aux portes du Péloponnèse. Missolonghi a même été le principal centre de résistance à l’occupant ottoman au début du XIXe siècle, pendant la guerre d’indépendance de la Grèce entre 1821 et. Son attitude héroïque a même réussi à émouvoir quelques associations « philhellènes » européennes qui ont mandaté le poète et voyageur anglais Lord Byron pour aider les résistants. Même si l’intéressé est mort à Missolonghi 4 mois après son arrivée, il a été érigé en héros national grec pour sa participation en tant qu’étranger à la libération du pays.

Aujourd’hui, outre les ornithologues et quelques touristes, la lagune attire les pêcheurs traditionnels ou piscicoles tout en produisant, grâce à ses marais salants, 80% du sel marin du pays. Un musée du sel, unique en son genre en Grèce, raconte l’exploitation de la ressource depuis le XVe siècle, évoque les 14000 usages du sel et expose une intéressante collection de 1500 salières.


Kryoneri, un port au pied d’une falaise

Nous poursuivons la route côtière jusqu’au petit village de Kryoneri, au pied d’une falaise, intégrant un petit port et une plage dont l’eau transparente cette fois nous a conquis. Une halte parfaite pour la nuit.


Naupacte, encore un port, mais vénitien


Andravida Kyllini

Nous sommes parvenus au Péloponnèse, une presqu’île du sud de la Grèce qui n’est séparée du continent que par l’isthme de Corinthe. En fait, depuis le percement du canal en 1893, on pourrait vraiment parler d’une île. Notre premier point de chute est une jolie plage sauvage, difficile d’accès car on roule un peu dans le sable à la fin. Mais Roberto et ses occupants s’en sont bien accommodés. En tout cas nous avons passé là une nuit tranquille, avec une bonne brise qui nous a reposés de la chaleur continentale.


Moni Skafidias, le monastère aux loukoums

C’est un petit monastère orthodoxe comme tant d’autres, que nous sommes allés visiter parce qu’il était sur notre route et notre guide. Ce dernier d’ailleurs évoquait la possibilité qu’une nonne vienne vous faire la visite et vous offre des loukoums. Ça n’a pas raté, une nonne est venue nous faire la visite et nous offrir des loukoums… Nous avons retrouvé cette pratique ultérieurement en Grèce. Sinon le monastère comporte une jolie chapelle couverte de fresques, peu photographiables avec un loukoum entamé dans la main.



Olympie, en phase avec les J.O.

Voici le premier site de l’Antiquité grecque que nous visitons, et il colle plutôt bien à l’actualité. Nous sommes en effet à Olympie, là où furent créés les premiers Jeux Olympiques en 776 avant J.-C. Avant cela, les lieux,  habités depuis la préhistoire, étaient devenus un grand centre religieux axé sur le culte de Zeus, le père des 12 dieux de l’Olympe. On y trouvait une des plus grandes concentrations de chefs-d’œuvre du monde antique. Ce lieu empreint d’inspiration et de créativité a été jugé le plus apte à intégrer des jeux basés sur une harmonie physique et mentale, une saine rivalité. Les jeux olympiques antiques ont duré plus d’un millénaire avant que le site ne tombe dans l’oubli et disparaisse sous la végétation. Il n’a été redécouvert qu’en 1776. Les fouilles se poursuivent encore aujourd’hui. On y retrouve en extérieur des vestiges à la fois de temples et d’installations sportives, puis dans des musées une impressionnante collection de statues, d’éléments architecturaux et autres artefacts, avec bien entendu l’histoire de ces premiers jeux.


Les jeux olympiques antiques

Ils seraient nés de la victoire à Olympie du prince phrygien Pelops sur le roi Oenomaos. Celui-ci organisait régulièrement des courses de chars où il concourait face à un opposant qui gagnait d’épouser la fille du roi en cas de victoire et d’être exécuté en cas de défaite. Le prince Pelops fut le 14ème à tenter sa chance, mais se fit aider à la fois par son copain Poséidon qui lui fit bénéficier d’un char en or attelé de chevaux ailés, et par la fille du roi qui sabota le char de son père, tué dans l’accident, pour être plus sûre d’épouser ce beau prince. Pelops gagna en outre une grande région de Grèce à gouverner, qui prit ensuite le nom de Péloponnèse, et surtout organisa des jeux non truqués afin d’expier la mort du roi Oenomaos, encadrés par la religion antique grecque, notamment le culte de Zeus dont un temple et une statue monumentale étaient érigés au centre d’Olympie.

Les premiers jeux en 776 av. J.-C. ne comportaient qu’une seule épreuve : la course à pied. Mais s’y sont ajoutées rapidement les courses de char (forcément) et d’autres disciplines comme la lutte, le pugilat, le saut en longueur, le lancer de disque ou de javelot. Les femmes en étaient exclues, y compris comme spectatrices. Les athlètes s’entraînaient nus sous la surveillance et les coups de fouets de leurs juges/entraîneurs. C’était spécial… Le rythme quadriennal a été adopté d’emblée. Tout ça a perduré un bon millénaire avant qu’un roi chrétien, Théodose 1er, décide d’abolir toutes les fêtes païennes, dont les jeux, en 393 ap. J.-C.

Pour les curieux, ce lien vous en apprendra davantage


Retour de flamme

A l’heure où vous lirez ces lignes, la flamme olympique aura peut-être terminé son parcours. Elle a été allumée le XX avril dernier à Olympie, sur un site que nous avons pu voir, près du temple d’Hera. Traditionnellement, elle est allumée avec les rayons du soleil mais cette année le temps nuageux n’a pas permis que la magie opère. Une magie toute relative d’ailleurs, car il faut savoir que le parcours de la flamme olympique n’a pas toujours existé, et surtout que c’est une invention de l’Allemagne nazie lors des jeux de Berlin en 1936. Elle devrait rejoindre Paris pour la cérémonie d’ouverture des J.O. 2024 le 26 Juillet. Il faut savoir aussi que si les relayeurs restent bénévoles, les villes paient leur place pour être sur le parcours. Tout comme le tour de France. Business is business.


Etymologie

C’est plus fort que moi, j’aime bien connaître l’origine des noms. Et là, en Grèce, je suis plutôt gâté. La démarche y est même inverse avec, autour de moi, une multitude de noms qui me rappellent quelque chose et qui m’incitent à vérifier s’ils n’en sont pas la racine. Ainsi, dans le joli musée du site d’Olympie, qui héberge toute la statuaire et tout de qui a été retrouvé dans les fouilles sur place, je tombe sur cette élégante statue ailée de la déesse Niké. N’aurait-elle pas inspiré la célèbre marque à la virgule ? Je cherche rapidement et …bingo ! C’est bien la déesse grecque, connue pour sa rapidité à se déplacer grâce à ses ailes, qui est à l’origine du nom de marque, et probablement aussi du logo. Par contre, les dirigeants ont bien fait attention à retirer l’accent final, parce que chez les francophones, courir avec des chaussures Niké, ça ne le fait pas !


Apollon au camping

A des dizaines de kilomètres de toute agglomération d’envergure, au beau milieu d’une chaîne de montagnes verdoyantes, se dressent les pointes de toile blanche de ce qui pourrait apparaître comme un camping. Mais force est de constater, dès que l’on s’approche, que l’abri est unique. Il n’héberge rien moins qu’un temple bâti au Ve siècle av. J.-C. possiblement par l’architecte du Parthénon à Athènes. Depuis tout ce temps, il a perdu de sa superbe et la couverture actuelle permet à la fois d’éviter la poursuite des dégradations et d’entreprendre la restauration. Le chantier est d’envergure puisqu’il faut déplacer des colonnes entières pour remplacer leur base ou les frontons qu’elle soutiennent. Ce temple dédié à Apollon Épicure a la particularité d’associer les 3 types architecturaux de colonnes : dorique, ionique et corinthien, sculptées dans 2 pierres différentes : calcaire pour le péristyle et marbre pour le reste. Malheureusement, toute la statuaire est exposée au British Museum. Nous n’aurons que les photos.

Le gouvernement grec vient d’émettre des pièces de collection de 50 euros portant justement l’emblème du temple d’Apollon Épicure, au prix de 179,50 €. Si vous trouvez ça un peu cher, j’ai une meilleure proposition : je peux vous proposer quelques billets de 50 euros à peine usagés pour le prix modique de 70 euros chacun. Une affaire à ne pas laisser passer !


Colonnes cannelées

Saviez-vous que l’on écrit canelé (avec un seul n donc) lorsque la pâtisserie vient de Bordeaux et cannelé si elle vient d’ailleurs. Un « canelé bordelais », comme on voit souvent sur les boîtes, est donc un pléonasme.


Messène

Ce serait l’une des 3 villes les mieux conservées de la Grèce Antique. Bien que bâtis il y a plus de 2400 ans, théâtre, fontaine, marché, temples, stade, gymnase et habitations possèdent encore de nombreux murs et colonnades debout, un réseau d’irrigation apparent et même des latrines quasi-fonctionnelles ! Quoique manquant un peu d’intimité… (7è photo)


Les cigales et les chacals

Non, ce n’est pas une fable d’Ésope, l’équivalent grec de notre La Fontaine, mais simplement l’environnement sonore de notre lieu de bivouac du jour. En cette fin d’après-midi, nous avons trouvé refuge contre les rayons ardents du soleil sous une oliveraie en pleine campagne. Aucun bruit de voiture audible, mais nous avons été baignés dans le chant des cigales jusqu’à la nuit (n’oubliez pas de mettre le son sur la vidéo ci-dessous), après quoi quelques cris de chacals dorés ont pris le relais. C’était plus épisodique et donc difficile à enregistrer. Et évidemment impossible à photographier. Cet animal intermédiaire entre le loup et le renard commence à se faire rare en Grèce mais ferait quelques apparitions en France. En attendant que son installation hexagonale se confirme, vous pouvez toujours venir l’écouter ici, dans ce lieu appelé Pilos Nestor.

Pour en savoir plus sur les chacals dorés, cliquez ici


Horaires aléatoires

Nous pourrions nous attendre, en cette période de saison touristique, à trouver la majorité des lieux ouverts. Mais ce n’est pas toujours le cas. Outre les jours de fermeture hebdomadaires officiels, nous nous heurtons volontiers aux fermetures pour sieste (14h-17h en général) ou aux fermetures aléatoires, la raison étant rarement indiquée. Ça a été le cas pour la citadelle médiévale de Methoni, une des plus belles de la Grèce selon le Petit Futé. Nous devrons nous contenter des vues extérieures de cette forteresse avançant sur une mer aux couleurs … euh … grecques.


Koroni la carte postale

Nous avons l’impression ici d’entrer dans une carte postale de la Grèce : maisons blanches, petites ruelles en pente vers une mer azuréenne, boutiques aux façades peintes, églises orthodoxes entourées de bougainvillées et pour finir un très joli port. A noter que la ville a été un site de lancement de fusées entre 1966 et 1989. Koroni … Kourou … y aurait-il un lien ?


T’as de beaux yeux tu sais

La ville de Kalamata est dominée par une ancienne forteresse dont il ne reste plus que les murs et une petite église du VIe siècle qui a plus d’importance qu’elle n’en a l’air. On y a retrouvé en effet, à l’époque où la ville s’appelait Farai, une icône de la Vierge Marie possédant, selon ce qui a été décrit, les plus beaux yeux noirs jamais vus sur une icône. On jeta alors sur la ville un tout autre regard. Reconnaissante de cette célébrité soudaine, la ville décida alors de s’appeler « Beaux Yeux ». Mais oui, c’est la traduction en Français de Kalamata. Nous avons naturellement cherché à voir cette icône, mais impossible de la trouver ni sur place (en théorie dans la cathédrale de la ville où elle aurait été déplacée) ni sur Internet. Le trésor reste bien caché.


Coup franc

Eh oui, la ville grecque de Mystra  a été fondée par des Francs. Pas ceux qui ont précédé l’euro et qu’on a tous oubliés alors qu’on imaginait devoir effectuer la conversion toute notre vie, mais des Francs bien de chez nous venus ici pour les croisades au XIIIe siècle. Guillaume de Villehardouin et ses acolytes ont néanmoins été dépossédés de la ville 10 ans après leur arrivée. Pas de quoi se cocorigausser donc. Les nombreux successeurs ont tenté de faire mieux, faisant tout de même de Mystra le centre spirituel et culturel de l’empire byzantin, mais la ville au passé moyenâgeux a fini par sombrer dans l’oubli jusqu’à ce qu’on lui trouve un intérêt pour le tourisme et qu’on commence à la restaurer. Les restes de ces palais, églises, ou monastères étagés sur les pentes d’une petite montagne ont, outre l’intérêt historique, l’avantage d’être très photogéniques et d’offrir une belle vue sur les environs. À condition d’assumer la grimpette sous 38°C ambiants.


A musée la galerie

Tout près de là, à Sparte, nous avons visité le Musée de l’Olive et de l’Huile Grecque. Un musée, c’est toujours assez difficile à décrire et la description est probablement tout aussi rébarbative à lire. Alors je vous ai fait un petit questionnaire à ma manière.

Juste 3 petites photos de présentation : une œuvre d’art sur le thème de l’olive, un vieux pressoir et la zone géographique de culture des oliviers.

Et donc le fameux questionnaire :

A quel autre usage peu orthodoxe bien qu’orthodoxe a pu servir ce genre de pressoir ?

A quel artiste vous fait penser cette mise en scène ?

Bah pour la première question la réponse en photo est explicite. St Artemios était un Saint orthodoxe mais je n’ai pas pu retrouver ce qu’il a fait pour mériter ça. La croix était mise sur le savon lors de la phase délicate de la solidification pour favoriser celle-ci « avec l’aide de Dieu ». Enfin, ceux qui me connaissent auront peut-être trouvé Jean-Michel Jarre…

Bon ok, tout ça était difficile et un rien tordu. La prochaine fois je vous ferai la description du musée !


Vamos a la playa


Monemvassia

C’est comme pour la face cachée de la lune, il faut savoir faire le tour de cette presqu’île rocheuse pour découvrir une jolie ville médiévale accrochée sur son flanc dirigé vers la mer. Toutes les constructions adoptent exactement la couleur de la roche en arrière-plan. On se demande si c’est intentionnel pour se dissimuler aux intrus ou si tout simplement les matériaux viennent de là. En s’aventurant dans les ruelles étroites, on distingue tantôt la mer bleu azur, tantôt la citadelle qui trône au sommet. A condition de braver la pente, le soleil et le vent, on peut se hisser jusqu’à l’intérieur des murailles et visiter divers bâtiments d’époque dont une magnifique église ou encore observer le superbe panorama. Il ne reste plus qu’à redescendre et regagner la petite route qui relie le rocher au continent.


Mezzé

Ils font partie intégrale de la culture culinaire grecque. Ces entrées que l’on partage sont en général servies au milieu de la table dans de petits récipients pour que chacun puisse se servir à sa guise. Mais les restaurants touristiques ne s’offusqueront pas que nous autres, habitués à l’individualisme occidental, commandions ces mezzé séparément et les serviront dans des assiettes un rien plus grandes. L’huile d’olive, le yaourt grec, le pain pita, les légumes sautés ou macérés et les herbes fraîches sont la base de ces plats délicieux et sains. Dans Roberto, le tzatziki est roi et quasi quotidien (yaourt grec + concombre + ail + huile d’olive + aneth + sel)


Nauplie

Cette ville côtière fut la première capitale de la Grèce après l’indépendance en 1834. Il est resté de cette période quelques bâtiments administratifs dont l’ancien parlement, ainsi que trois édifices fortifiés dont une  forteresse trop haut perchée pour nos petites jambes et un fortin sur une île trop touristique pour nos petites têtes. En plus, ce fortin a servi après l’indépendance grecque à héberger les dirigeants du pays encore fragile puis les bourreaux de l’époque, dans tous les cas des personnages (pas si différents ?) auprès desquels personne ne voulait vivre. Nous avons préféré flâner dans les rues agréables et fleuries du centre et visiter deux curiosités qui ne figuraient pas dans notre guide (par précaution nous multiplions nos sources d’information) : une église construite dans un rocher géant et un lion sculpté dans un rocher géant. La première a la particularité d’avoir été la seule restée ouverte pendant la période ottomane, probablement parce qu’elle était la plus éloignée du centre. Et le second est un hommage aux soldats bavarois venus sécuriser le pays juste après l’indépendance (le premier roi grec était le fils de Louis 1er de Bavière) mais victimes d’une épidémie de typhoïde. Ce lion endormi est une réplique du Lion de Lucerne, érigé lui en mémoire des Bavarois tués à Paris pendant la révolution française. A noter que la France a été l’un des principaux soutiens à la Grèce lors de son indépendance. Un mémorial dans le centre-ville est dédié à nos soldats.


Épidaure, un iceberg grec ?

Le site antique d’Épidaure est célèbre pour son superbe amphithéâtre, remarquablement conservé malgré ses 2000 ans, ce qui n’empêche pas la poursuite des travaux de restauration. Il pouvait et peut encore accueillir 14000 spectateurs, faisant le plein lors du festival annuel de théâtre classique hellénique. L’acoustique est parait-il remarquable : tout ce qui est lâché sur scène, de la pièce de monnaie au discours à voix basse en passant par ce que vous êtes en train d’imaginer, s’entend jusqu’au dernier gradin, grâce au nombre d’or utilisé par les architectes. Le problème est qu’avec les cars de touristes qui débarquent sans cesse, le fait est peu vérifiable. On visite en même temps le sanctuaire d’Asclépios, mieux connu en France sous le nom d’Esculape, le dieu de la médecine. À l’époque, en dehors de quelques plantes et d’un peu de chirurgie, on soignait plutôt par la persuasion : les patients étaient reçus par un prêtre qui vantait les pouvoirs d’Asclépios, et la plupart du temps ça suffisait ! Le dieu de la médecine n’intervenait que pour des problèmes sérieux. Ses pouvoirs allaient jusqu’à ressusciter les morts, mais ne rêvez pas, vous ne le trouverez pas sur Doctolib.

Levons tout de suite un doute : nous parlons bien du célèbre site de la Grèce antique, et non de la non moins célèbre marque d’huile et de biscottes…

Mais le plus surprenant à Épidaure est son site caché, qui nécessite de se rendre sur une plage et d’enfiler son maillot de bain pour être vu. Car à l’image d’un iceberg, le plus spectaculaire est sous la mer. Oh, pas loin, à quelques dizaines de mètres du rivage et à moins de deux mètres sous la surface. Il faut juste bien repérer sur la carte l’endroit à explorer car l’accès est étonnamment libre pour un site de cette valeur et le seul panneau d’information est complètement effacé par le soleil. Là, muni d’un masque et d’un tuba, on découvre de vieux murs engloutis, un alignement d’amphores dont on ne voit plus que la base, et des petits poissons qui se promènent au milieu de tout ça. Arrivés de bonne heure, nous étions les seuls pendant un moment et avons pu lancer le drone pour une autre vision tout aussi magique. Et réfléchir à la cause de l’engloutissement de cette cité. Personne n’a encore trouvé l’explication.


Équation à plusieurs degrés

En ce mois de juillet, les températures sont plutôt élevées en Grèce. Au moins un jour sur deux nous sommes en alerte jaune ou orange canicule avec un mercure qui frise les 38°C à l’ombre en milieu de journée. Si la climatisation de Roberto rend l’ambiance agréable lorsque l’on roule, ce n’est évidemment plus le cas dès que l’on s’arrête. Aucune solution miracle ne peut résoudre cela. La climatisation permanente nécessiterait une seconde batterie de bonne capacité et l’augmentation de nos capacités de recharge, ou alors l’arrêt dans un camping, ce que nous souhaitons éviter. Mais une série de petits moyens nous aide à rendre la température supportable. Se garer à l’ombre d’abord, tout en sachant que cela réduit fortement la production des panneaux solaires, dans un endroit si possible venté comme une colline ou un bord de mer. Et puis quand cela ne suffit pas, le sésame c’est de prendre un peu d’altitude afin de profiter de la chute mathématique de 6,5°C à chaque fois que l’on s’élève de 1000m. C’est la solution que nous avons choisie à l’approche d’Athènes en allant dormir près d’un refuge sur le Mont Mpafi à 20 km au nord de la capitale. Outre le calme et la fraîcheur, nous aurons la visite d’un petit renard.

et puis nous avons eu de la visite !


Athènes

Les J.O. encore et encore

Compte-tenu de l’actualité, notre première visite dans la capitale grecque a été consacrée au Musée de l’Olympisme qui, ouvert à l’occasion des J.O. d’Athènes en 2014, retrace toute l’aventure.

Je passerai brièvement sur les Jeux Olympiques Antiques, dont j’ai parlé plus haut, même si le musée les détaille bien et rappelle qu’à l’époque de l’Antiquité, la Grèce était le seul pays où la promotion du sport de compétition était érigée en institution, chaque ville grecque possédant des installations sportives pour l’exercice quotidien comme pour les compétitions. « Sois toujours premier et devance les autres » disait Pélée à son fils Achille en partance pour la guerre de Troie.

Quand le site d’Olympie a émergé de l’oubli aux XVIIIe et XIXe siècles, quelques tentatives de rétablissement des Jeux ont eu lieu dans divers pays, mais c’est la ténacité de Pierre de Coubertin et ses idéaux de promotion des valeurs éducatives et universelles du sport qui a permis la relance de Jeux Olympiques dits modernes en 1896. Le début était initialement prévu en 1900 à Paris, mais Athènes a eu la préséance 4 ans plus tôt pour des raisons historiques et diplomatiques.

Si l’on a l’impression que le déroulement des J.O. modernes suit depuis toujours un rite bien précis (parcours de la flamme, allumage, cérémonies d’ouverture et de fermeture, défilé et mixité des athlètes, etc.) il n’en est rien et l’exposition nous rappelle ces avancées une par une, jeux par jeux.

Des panneaux fourmillent d’informations et d’anecdotes sur chacun des Jeux Olympiques depuis 1896

Vous avez déjà lu que les tout premiers J.O. ne comportaient qu’une seule épreuve, réservée aux riches mâles Grecs de pure souche, mais saviez-vous qu’il a fallu attendre :
– 1900 pour que les premières femmes puissent concourir (Paris – qui aura aussi la primeur de la parité parfaite en 2024)
– 1904 pour qu’apparaissent les médailles destinées aux 3 premiers (St Louis)
– 1908 pour la première parade des athlètes derrière leur bannière (Londres)
     – 1912 pour que les cinq continents soient représentés (Stockholm)
     – 1912 pour qu’une épreuve d’art et littérature soit introduite (Stockholm)
     – 1920 pour que le serment olympique soit prononcé par un seul athlète au nom des autres (Anvers)
     – 1920 pour que les médailles d’or ne soient plus en or massif
     – 1924 pour la première tenue de J.O. d’hiver (Chamonix)
     – 1924 pour que le pays organisateur n’obtienne aucune médaille (Chamonix – France…)
     – 1924 pour que les J.O. soient retransmis à la radio (Paris)
     – 1928 pour que lors de la parade les Grecs défilent en 1er et le pays organisateur en dernier (Amsterdam)
     – 1932 pour qu’une femme soit porte-drapeau (Lake Placid – Les seules athlètes anglaises étaient 4 femmes…)
     – 1932 pour que les médaillés d’or écoutent leur hymne national sur un piédestal (Los Angeles)
     – 1936 pour que la flamme olympique soit allumée lors de jeux d’hiver (Garmisch Partenkirchen)
     – 1936 pour que le relais de la flamme olympique soit instauré (Berlin)
     – 1948 (il n’y a pas eu de jeux pendant 12 ans à cause de la guerre) pour qu’un athlète américain gagne une médaille d’or à des J.O. d’hiver
     – 1948 pour que les jeux soient retransmis à la télévision (Londres)
     – 1952 pour que l’Union Soviétique et Israël participent (Helsinki)
     – 1956 pour que l’Union Soviétique participe à des jeux d’hiver (et rafle la majorité des médailles)
     – 1960 pour qu’on utilise des skis autrement qu’en bois (Jean Vuarnet, Squaw Valley)
     – 1960 pour qu’un Africain remporte une médaille (en courant pieds nus au marathon)(Rome). On attend encore qu’un pays africain organise les J.O.
     – 1964 pour que les J.O. se tiennent en Asie (Tokyo)
     – 1968 pour l’apparition de la première mascotte olympique (Grenoble)
     – 1976 pour voir instaurer un marathon féminin (Los Angeles)
     – 1981 pour que les premiers professionnels soient admis à participer
     – 1988 pour la première annulation de médaille pour cause de dopage (Séoul)
     – 1992 pour que les J.O. d’hiver et d’été alternent tous les 2 ans (Albertville)
     – 2000 pour la première épreuve de triathlon (Sidney)
     – 2002 pour que des athlètes chinois, australiens ou noirs remportent l’or à des J.O. d’hiver (Salt Lake City)
– 2024 pour qu’une cérémonie d’ouverture se déroule en dehors d’un stade (vous savez où…)

On y trouve aussi quelques anecdotes. Parmi d’autres :
      – En 1924 à Paris, un athlète participera et jouera peu après au cinéma le rôle de Tarzan. Vous avez reconnu Johnny Weissmuller
      – Lors des J.O. de Berlin en 1936, Hitler voulait démontrer sa théorie de la suprématie aryenne. Ne lui en déplaise, Jesse Owens, un sprinter afro-américain, remporta 4 médailles d’or et devint très populaire lors de ces Jeux
      – Aux J.O. de St Moritz, juste après la guerre, les Américains prêteront des skis aux Norvégiens pour qu’ils puissent concourir
      – En pleine guerre des Balkans, la Bosnie-Herzégovine a envoyé aux J.O. de Lillehammer (1994) un équipe de bobsleigh composée d’un Croate, de 2 Bosniens et d’un Serbe, faisant triompher le sport sur la guerre. Après notre visite de ces pays, ça nous parle bien.


L’impossible Bercy Madeleine


Τι άλλο (What else en Grec)

Athènes est une ville immense, comptant plus de 4 millions d’habitants sur son aire urbaine. La circulation y est dense et peu adaptée à Roberto, aussi nous avons choisi, comme en pareil cas, de laisser notre maison roulante dans un « storage » en périphérie et de gagner le centre par le métro. Nous avons joué les touristes lambda (l’adjectif grec s’imposait) et visité les grands classiques : le quartier pittoresque d’Anafiotika et ses petites maisons cubiques colorées ; la Tour des Vents, une horloge hydraulique antique ; la Stoa d’Attale, un précurseur antique des centres commerciaux ; le quartier des antiquaires, graffité à tous les goûts mais plein de curiosités ; la colline de Philopappos offrant une superbe vue sur la ville et l’Acropole ; l’église orthodoxe Saint-Dimitri, sauvée d’un commandant turc qui voulait la détruire au canon mais périt juste avant dans l’explosion par la foudre de la poudrière stockée dans l’Acropole ; la « prison de Socrate », une grotte où le philosophe n’aurait jamais mis les pieds mais dans laquelle on a muré les trésors du musée national pour les préserver d’Hitler ; le restaurant Mélina, dédié à l’actrice ; la Porte d’Hadrien, érigée à l’occasion de la visite de l’empereur romain, et bien entendu l’Acropole, dont nous avions réservé une tranche horaire pour la visite dès le matin. J’ai été personnellement déçu par le Parthénon, défiguré par les grues et les échafaudages – permanents paraît-il – et les mélanges de pierres neuves et anciennes. J’ai préféré l’Érechtéion et ses caryatides, ainsi que l’Odéon d’Hérode, mieux restaurés à mon goût et sans grue.

On termine par une petite vidéo d’un duo musical, comme on en trouve beaucoup dans les rues du centre et qui complètent parfaitement l’ambiance. N’oubliez pas de lancer le film et de mettre le son !


Pause-enfants

Le moment est venu de faire une petite pause. Voilà plusieurs mois que nous n’avons pas vu nos enfants et notre petite fille. Tous nous manquent et nous sommes très heureux d’aller les retrouver pendant 3 semaines, tout en donnant un coup de main à divers évènements, déménagements et lancements d’entreprises entre autres. Nous laissons Roberto dans notre parking sécurisé et ombragé de la banlieue d’Athènes, non sans lui avoir fait un petit cadeau de consolation : de beaux pneus tout neufs à l’avant. Nous voilà donc partis pour la France. 3 petites heures de vol. Nous nous retrouverons au retour. A très bientôt !

Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

128. La Grèce de Corfou aux Météores

Une fois n’est pas coutume, nous arrivons dans un nouveau pays via une île. En même temps, les îles, ce n’est pas ça qui manque en Grèce. Mais Corfou avait un côté mythique et romantique qui nous attirait. Sans parler du lien avec Achille…

Premier contact corfiote.

À peine débarqués à Corfou, nous sommes saisis par une avalanche de couleurs. Celles de l’eau bien sûr, qui nous rappellent celles de nos Caraïbes, mais aussi celles du décor à terre qui n’est pas en reste. Les maisons et les villages sont très fleuris par leurs habitants, mais la nature se débrouille pas mal toute seule et les bouillées multicolores des lauriers et des bougainvilliers parsèment la campagne sur un fond de cyprès, d’oliviers et de montagnes suffisamment élevées pour accrocher les nuages. La route côtière longe tantôt des rochers abrupts, tantôt d’adorables criques plus ou moins sablonneuses. Nous finissons par succomber au charme d’une plage de graviers blancs, peu fréquentée, et décidons d’y passer notre première nuit. Avec un superbe coucher de soleil à la clef.


Prolongations

Au petit matin, nous sommes seuls avec les voiliers ancrés dans la baie. L’eau est cristalline. Pourquoi bouger ? Rien ne presse ! Nous restons là toute la journée dans le secteur, profitant à la fois de cette plage agréable avec une eau pas trop fraîche et des sentiers de randonnée qui conduisent, à l’exclusion de toute route, à d’autres plages dans le coin. Croisant très peu de randonneurs, nous les pensions désertes, mais c’était sans compter sur l’accessibilité par la mer. De fait, elles étaient toutes occupées. Dont l’une par un de ces bateaux de croisière à la journée avec musique rythmée à fond, boissons à volonté et tous les cris qui vont avec. Beurk. Nous retrouvons avec bonheur notre petite plage pour une seconde nuit et ouvrons pour l’occasion notre bouteille d’ouzo.


L’effet Ouzo

Non ce n’est pas ce que vous croyez, nous n’avons abusé de cette boisson nationale grecque, un double distillat d’alcool neutre mélangé à divers aromates dont principalement l’anis. Incolore, le liquide prend un bel aspect blanc laiteux lorsqu’on y ajoute des glaçons et de l’eau. Cette transformation, liée à la précipitation des microgouttelettes d’huile essentielle d’anis dans l’eau, est appelée effet ouzo, même lorsqu’on l’obtient à partir du pastis, n’en déplaise aux Marseillais. Qui ne vont pas aimer non plus l’origine du nom : il serait lié aux inscriptions faites sur les caisses d’ouzo que l’on expédiait à Marseille « Uso Massalia » (à l’usage de Marseille). Et qui vont encore moins aimer, en adorateurs de leur savant fou, que ceux qui ont su résister à la tentation de l’hydroxychloroquine en se faisant vacciner ont pour la plupart profité de l’effet ouzo utilisé pour fabriquer les nano-vecteurs d’ARN messager anti Covid-19.


Étapes sur la côte

1. Le Cap Drastis

Une avancée spectaculaire de falaises toutes blanches sur une mer bleu azur. L’accès par des routes étroites n’est pas si facile, surtout lorsque les gens s’y garent n’importe comment, mais le lieu est très photogénique.

Toujours adeptes du synchronisme films ou séries / lieux visités, nous avons regardé La Folle Aventure des Durrell, l’histoire autobiographique d’une famille anglaise venue s’installer à Corfou, précisément dans le coin du Cap Drastis. Le ton est léger et humoristique, les personnages sont attachants. Surtout, l’ambiance de l’île est bien rendue. De quoi se détendre si l’été est pluvieux…


2. La plage Saint-Stéphane

Bien plus fréquentée que celle que nous avons quittée le matin. Nous y avons stationné sur le sable le temps d’une petite baignade. Bien qu’il soit étonnamment possible d’y rester la nuit, nous avons préféré la tranquillité d’un petit surplomb rocheux un peu plus loin.


3. La baie Saint-Georges

Une grande plage de galets et de sable aux eaux cristallines attirant beaucoup de familles, le bruit et les commerces qui vont avec. Mais vue de loin, c’est magnifique.


4. Le petit village traditionnel de Krini

C’est l’un des plus vieux villages de Corfou, avec sa typique place circulaire centrale où les habitants aiment se retrouver, voire s’asseoir des heures à regarder ce qui se passe. Souhaitant respecter leur intimité, nous n’avons pas fait de photo. Mais nous avons retrouvé la petite place est ses habitants sur Google Street View, dont le véhicule muni de caméras multiples a eu moins de scrupules. Imaginez tout de même que nous sommes passés là avec Roberto, en essayant de n’écraser personne !


5. Le château byzantin d’Angelokastro

On ne peut aller le voir qu’en traversant le village précédent. Il a fière allure, perché au sommet de son rocher. L’intérieur est plutôt en ruines mais offre un magnifique panorama sur la grande bleue 300 m au-dessous et sur le nord de l’île.


6. La zone touristique de Paleokastritsa

Elle est probablement l’un des endroits les plus spectaculaires de Corfou, avec ses criques turquoise entourées de collines vertes et fleuries. Avec la contrepartie d’une fréquentation maximum genre serviette contre serviette sur les plages et bouée contre bouée dans l’eau, sans parler de la circulation difficile. Nous nous sommes contentés d’admirer le paysage et de prendre quelques photos avant de fuir.


7. Le raté des plages de Limni

Ce sont deux plages jumelles qui se tournent le dos de part et d’autre d’un isthme. Aucune route n’y mène. On y accède soit par bateau, soit par un sentier très pentu. Le ciel devenant menaçant, nous nous garons au plus proche du sentier, dans le virage d’une route très peu fréquentée et remettons la balade au lendemain. Mais le temps n’était pas bien meilleur, alors nous nous sommes épargnés le sentier raide et devenu du coup potentiellement glissant. Nous avons repris la route.


8. Un petit restau à Pelekas

Nous étions venus dans ce petit village pour voir un panorama à 360° depuis l’observatoire du Kaiser. Mais le temps toujours grisâtre ne m’a pas donné envie d’immortaliser le paysage depuis cet endroit. Il nous  est resté le village, pas extraordinaire, mais doté de quelques restaurants dont l’un nous a donné envie de goûter à la cuisine grecque. Rien d’exceptionnel pour commencer, juste deux petites spécialités courantes mais surtout locales. C’est comme pour le ti ‘punch : il n’est jamais meilleur que consommé aux Antilles !


9. L’Achilleion

Elisabeth d’Autriche, la fameuse Sissi, était passionnée par la culture hellénique et notamment la mythologie. Son personnage préféré était Achille, auquel elle s’identifiait en raison de sa propre nature rebelle et indépendante. Lorsqu’après plusieurs drames familiaux et une sorte de road trip en Europe elle décida d’établir résidence à Corfou, c’est tout naturellement qu’elle dédia son palais au héros d’Homère, le baptisant Achilleion. Elle décora l’intérieur et le jardin de multiples œuvres d’art. Le premier étant en travaux, seul le second nous était accessible le jour de notre visite. Nous avons entre autres été impressionnés par la grande statue d' »Achille triomphant » de 6 mètres de haut (11 m avec le piedestal). A ceux qui souhaiteraient savoir si Sissi a fini ses jours à Corfou, je dis non non non, elle est morte assassinée à Genève 7 ans après la fin de la construction de l’Achilleion.


Visite de la ville de Corfou

Corfou, comme Oléron, est la capitale de l’île éponyme. Reste à savoir qui a commencé le premier. La vieille ville, bien conservée ou restaurée, est un melting pot des influences des différents occupants des Vénitiens aux Grecs en passant par les Français et les Anglais. Récit en images.




Passage en Grèce continentale

Nous reprenons le ferry pour la ville d’Igoumenista. Cette fois le navire est de grande taille et Roberto n’a aucun mal à y rentrer, même si la marche arrière est encore de mise. Si la soute est quasi pleine de véhicules, les passagers sont en petit nombre. Comme si personne n’avait envie de quitter Corfou… Mais c’est que nous avons beaucoup de choses à voir, nous !


Les montagnes du Nord-Ouest

Dans la logique de l’itinéraire et parce que nous avons envie de prendre un peu le frais, nous nous dirigeons vers la région des Zagoria, toute proche de l’Albanie, alternant montagnes toutes vertes, vallées profondes et quantité de roches calcaires, le tout traversé par des petites routes étroites et particulièrement sinueuses.

Notre première route, en cul-de-sac, nous amène aux villages de Micro Papigo et Mégalo Papigo, dont les maisons aux murs de roches calcaires et aux toits de lauzes sont typiques de la région, formant de beaux ensembles homogènes, entourés de falaises montagneuses impressionnantes. Entre les deux, nous passons la nuit près d’un petit canyon bordé de piscines naturelles, encore un peu fraîches pour la baignade au moment de notre visite.


Nous gagnons ensuite les Gorges de Vikos, formant le canyon le plus profond du monde si l’on en croit l’inscription sur le Livre Guinness des Records. Dans ce cas précis, c’est en tenant compte de la profondeur (900m) proportionnée à sa largeur. Parce que le Grand Canyon dépasse tout de même les 1300m de profondeur si je ne m’abuse. A ce tarif là, Roberto est le plus vaillant fourgon du monde si l’on se limite aux Fiat Ducato bleu impérial ayant parcouru 32 pays en 3 ans avec 2 trous bleus au côté gauche (si vous avez envie de relire « Le baptême du van », cliquez ici). Mais revenons à notre canyon qui est tout de même assez impressionnant, surtout lorsque l’on s’avance jusqu’au bout de l’étroit chemin à flanc de falaise qui se termine dans le vide sans aucune protection.


Sur la route du retour, nous nous arrêtons au bord d’une autre curiosité de la région : la forêt de pierre. En fait des colonnes de couches de calcaires empilées parsemant une vraie forêt. Curieusement l’endroit est moins visité que le belvédère du canyon, et nous le trouverons suffisamment calme pour y passer la nuit. Le terrain était en légère pente, mais autant dire que nous n’avons pas eu de mal à trouver de belles pierres plates pour horizontaliser Roberto. Beaucoup de voyageurs nomades transportent avec eux des cales à cet effet, mais c’est assez encombrant et nous nous accommodons volontiers d’inclinaisons jusqu’à environ 3%, d’autant que nous n’avons pas de frigo à gaz qui supporte mal les pentes.


Perte de latin

Une des grosses difficultés du voyage en Grèce est la langue. Pas tant l’oral, beaucoup de Grecs parlant Anglais, voire Français dans les lieux touristiques, que l’écrit qui apparaît pour nous comme des hiéroglyphes. La lecture des panneaux routiers est délicate. A la vue d’un panneau d’avertissement, nous nous demandons toujours sur quoi nous allons tomber, pourquoi pas sur une bombe nucléaire qui vient d’exploser, qui sait. Tout est possible ! Et nous ne pouvons même pas compter sur les cartes de Google Maps, envahies elles-aussi par les caractères grecs. Quant au traducteur de Google qui marche plutôt bien dans pas mal de langues, il apparaît ici assez limité. Bon, pour l’instant on se débrouille, mais nous avons totalement intégré l’expression « y perdre son latin » !


Le tour de Jannine

Ok, la ville s’appelle Ioannina, ce qui veut tout de même dire Jannine en Grec. Elle est située au bord du plus grand lac de la région, au niveau d’une péninsule de forme carrée que recouvre une citadelle. Une jolie route arborée longe le lac sur toute la limite de la ville, permettant aussi bien aux promeneurs et autres joggers de s’y promener qu’aux voitures de se garer à l’ombre. Et gratuitement qui plus est, comme cela semble être la règle dans la majorité du pays pour l’instant. Un très bon point pour la Grèce. La circulation, bien que raisonnable n’est pas compatible avec un bivouac, aussi nous prenons un peu de hauteur pour aller contempler la ville de haut et dormir au frais. Avec une vue splendide aussi bien à la nuit tombée qu’au petit matin. Le récit de nos visites – dont un superbe Musée de l’Orfèvrerie – en photos.



Transition saisonnière

Le printemps vient de se terminer, c’est l’occasion d’une petite pause florale avec nos dernières découvertes


Incitation à fumer

Encore une petite ville de montagne appelée Metsovo. Notre guide disait « Avant d’y arriver, vous sentirez peut-être un entêtant mélange de pin, de viande grillée et de feu de bois. Vous distinguerez ensuite des gracieux panaches de fumée s’élever au-dessus des toits de tuile (…) ». Eh bien c’était exactement ça ! La fumée au-dessus de chacun des restaurants alignés sur la rue principale semblait être la meilleure publicité du lieu. Plus ça fumait, plus grand était le nombre de gens attablés.

Ce n’était pas l’heure du repas pour nous, alors nous nous sommes contentés de fouiner dans quelques boutiques, de découvrir quelques spécialités fromagères et liquoreuses locales, et d’aller jeter un œil à une galerie artistique qui nous en faisait, de l’œil. Bon, ça ne se raconte pas trop, ça, alors je vous ai préparé un petit jeu des légendes.

a) Un bateau avec des Grecs ?
b) La conquête du Péloponnèse ?
c) Vacances en famille ?


a) L’heure de l’insuline ?
b) Bain oriental ?
c) Le Hammam des Caryatides ?

a) L’universalité de la sieste ?
b) Homard m’a tuer ?
c) Nature morte avec une femme ?


a) Portrait de la Reine Deinej ?
b) Portrait de la Reine Denim ?
c) Portrait de la Reine Sofia ?


a) Les ravages de la peste
b) Les ravages de l’alcool
c) Auto portrait

Réponses (avec les auteurs)


Compagnons d’abreuvoir

Encore un petit bivouac sympathique, juste à côté d’abreuvoirs en pierre. Ça n’a pas manqué, un troupeau de chèvres est venu nous y retrouver. Et puis le fermier qui habite juste au-dessus. Nous pensions nous faire virer, mais c’était juste pour discuter. Avec l’aide pas terrible de Google Traduction car il ne parlait pas plus Anglais que nous Grec. Nous avons tenté de lui offrir un petit verre de liqueur locale, mais il nous a dit qu’il fallait qu’il aille travailler et que ça n’était pas raisonnable…


Les Météores

Un incontournable de la Grèce que nous ne pouvions manquer : sur la région d’un ancien delta se sont formées de multiples colonnes de grès pouvant aller jusqu’à 400m de hauteur. Au Xe siècle, des moines se sont dit qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour s’isoler du monde et prier en paix. Ils avaient d’abord occupé des grottes, mais finirent par trouver le moyen d’ascensionner certains de ces pitons rocheux à l’aide de cordes et d’échelles. Et d’y bâtir des monastères pour tenir dans la durée et mieux se défendre. Certes l’approvisionnement et les déplacements étaient ardus, principalement basés sur des filets que l’on montait avec un treuil, hissant aussi bien de la nourriture que des humains. Sur plusieurs dizaines de constructions, seuls 6 monastères fonctionnent encore et sont accessibles à la visite. Compte-tenu de la réputation et de l’originalité du lieu, nous ne sommes évidemment pas seuls. Mais les cars de touristes se contentent des monastères les plus accessibles, c’est-à-dire avec le moins de marches. Ça reste un lieu magique, tant par le décor que par l’histoire.


Le Monastère Varlaam, ci-dessous, porte le nom de l’ermite qui s’y installa pour la 1ère fois au XVe siècle. Malgré la petite chapelle et les quelques cellules qu’il avait aménagées, il y resta seul pendant 10 ans avant de mourir. Après plusieurs années d’inoccupation, deux frères vinrent s’y installer et transformer les lieux en profondeur grâce à des dons. Aujourd’hui on y trouve, outre le monastère, deux églises, un musée qui expose quelques œuvres d’art religieux et surtout explique les difficultés de la vie monacale dans les premiers temps.

L’approvisionnement et l’accès se faisaient uniquement via un treuil et des filets, pour les marchandises comme pour les humains !

C’est avec cette vue sur les Météores que s’achève ce premier chapitre sur la Grèce. Le pays est grand, nous avons encore beaucoup à découvrir. Et donc à partager. A bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

125. Vacances à Dubrovnik

Nous mettons en pause notre vie nomade une dizaine de jours pour visiter en famille la « Perle de l’Adriatique ». Tiendra-t-elle toutes ses promesses ?

L’arrivée avec Roberto sur la route en corniche est déjà très spectaculaire. Le bleu de la mer. L’éclairage du soir sur la citadelle et ses toits rouge brique d’une belle homogénéité. C’est magnifique. La contrepartie, c’est que la circulation dans la ville à flanc de montagne est compliquée : les rues ne sont pas très larges, la plupart du temps à sens unique et obligeant à de longs détours pour passer simplement dans la rue du dessus ou du dessous. Côté stationnement, c’est mission quasi impossible. Notre location prévoyait une place de parking, mais l’entrée s’avère trop basse pour Roberto. La plupart des parkings du quartier sont réservés aux locaux et ceux plus éloignés sont à 6 € de l’heure. Je vous laisse calculer le prix pour 10 jours… La solution va être de laisser notre véhicule au parking longue durée de l’aéroport, pour 6 € par jour, c’est plus raisonnable. De toutes façons, Dubrovnik se visite à pied, éventuellement en transports en commun pour les sites non proches du centre.


On retrouve dans la citadelle les ruelles pavées de marbre et les escaliers raides de nos villes côtières croates. Au début c’est un peu labyrinthique, mais après quelques jours les repères sont vite pris. Les bâtiments en pierre claire de style baroque sont harmonieux. On se plait à parcourir les remparts pour mieux apprécier la ville dans son ensemble, à grimper sur les tours de ses forts pour voir encore plus loin. Et puis à fouiner dans les secteurs les plus éloignés du Stradun, l’artère centrale bordée de boutiques et de restaurants, pour échapper à la foule. Car le problème majeur de Dubrovnik, qui ne semble pas gêner tant que ça les visiteurs qui se pressent de plus en plus nombreux chaque année, c’est bien la sur-fréquentation. Et encore, nous n’étions qu’en mai ! Personnellement, ça me gâche le plaisir que de jouer des coudes pour avancer dans la rue, que de devoir attendre que les gens aient fini de se prendre en selfie pour voir un monument ou un paysage. Je deviens franchement agoraphobe, ou alors sauvage, je ne sais pas. C’est peut-être la rançon de notre vie nomade où nous voyageons hors saisons la plupart du temps.


Le résultat reste largement positif, heureusement. Parmi nos belles découvertes, j’ai aimé :

L’ascension en téléphérique jusqu’au mont Srd (une petite voyelle ferait du bien, non ?) qui domine la ville et permet de la contempler de haut et de voir toutes les îles au loin. La Croatie en compterait plus de mille. Les plus curieux pousseront la porte du Musée de la guerre intérieure, pas très didactique mais qui expose beaucoup de photos sur Dubrovnik pendant la guerre des Balkans au début des années 1990. La ville a même été assiégée et a souffert de nombreuses dégradations.


L’excursion sur l’île de Lokrum, à 15 mn du port seulement mais un vrai havre de paix par rapport à la ville. C’est une réserve naturelle avec ses sentiers de randonnée, son fort construit par Napoléon, ses constructions anciennes parsemées ça et là et ses paons qui se baladent partout.


La visite de Cavtat, une charmante cité balnéaire à 30mn de bus de Dubrovnik, à l’ambiance plus relaxante que cette dernière, avec des restaurants bien plus abordables, de jolis bâtiments, la maison natale du peintre Vlaho Bukovac, très célèbre en Croatie et qui nous a permis de découvrir son œuvre.


La croisière aux Îles Élaphites. Nous embarquons sur le Karaka, une réplique des caraques du Moyen-âge. Les chantiers navals de Dubrovnik en fabriquaient pas mal à cette époque. Des navires en bois dont la coque ronde est surmontée de châteaux à l’avant et à l’arrière pour augmenter leur capacité – au détriment de la stabilité. Les 3 îles Élaphites forment un petit archipel à environ une heure de navigation de Dubrovnik. La visite de chacune est libre ou guidée au choix. Nous avons choisi la seconde solution, plus conviviale et plus instructive, d’autant plus que nous étions en petit groupe. Nous apprenons que ces îles étaient encore inhabitées – sinon par les cerfs qui leur ont donné leur nom – dans les années 1990 au moment du siège de Dubrovnik par l’armée yougoslave, qui ne voulait pas de l’indépendance de la Croatie. Elles ont du coup servi de base de ravitaillement pour les alliés qui soutenaient la ville et l’approvisionnaient à l’aide de chaloupes rapides. Aujourd’hui elles ont une petite population permanente qui vit de façon assez rustique en hiver lorsque les touristes n’y viennent plus et que les ferries dépendent des caprices de la météo.


Me balader de bonne heure dans la ville avant l’arrivée des hordes de touristes (à partir de 9h30 – 10h). Ci-dessous quelques photos en vrac de ces découvertes matinales.


Et évidemment profiter de ma petite famille, que je préfère garder hors de ce blog. Mais ça a été un grand moment !


Quelques regrets ?


Voilà, avec ce séjour à Dubrovnik se termine la dernière phase de notre parcours en Croatie. Nous récupérons Roberto à l’aéroport et filons tout droit vers le Monténégro. Nous vous retrouvons là-bas très bientôt.

123. Croatie III

Nous entrons pour la troisième reprise en Croatie et retrouvons l’Union Européenne, l’euro et nos forfaits Free. Mais aussi un coût de la vie un peu plus élevé qu’en Bosnie, qui reste toutefois raisonnable par rapport à la France.

Vers le monastère de la rivière Krka

Nous longeons d’abord les gorges de la Cetina, dans des paysages méditerranéens typiques : vignes , oliveraies, paysages calcaires parsemés de buissons à l’état naturel et de vignes et oliveraies lorsqu’ils sont cultivés, petits villages aux murs blancs et tuiles ocres. Nous nous arrêtons au monastère de Krka, important centre religieux orthodoxe, sans pouvoir y pénétrer en raison de réunion religieuses en cours. Nous ferons tout de même une jolie balade dans l’environnement immédiat.


Le bruit de Skradin

Nous sommes là dans un parc national dont l’attrait principal est un ensemble de chutes étagées le long d’une rivière, un peu comme à Plivice. L’accès au circuit se fait en bateau, le reste se découvre à pied en suivant des sentiers, passerelles, escaliers de pierre …et touristes. Le nombre de personnes, sans doute plus élevé que d’habitude puisque nous sommes un week-end, reste toutefois raisonnable et ne nous gâchera pas la visite. Les chutes, l’environnement, les brumes, la couleur de l’eau sont magnifiques. On en voit sortir de partout, disparaître miraculeusement à un endroit pour ressurgir quelques dizaines ou centaines de mètres un peu plus loin, et toujours en quantité impressionnante. Le débit moyen de la rivière Krka est de 55 m3 par seconde, et ça peut dépasser les 300 en haute saison. Difficile de croire ici que la planète manque d’eau, mais nous sommes en saison de fonte des neiges sur les sommets, ce n’est peut-être pas comme ça toute l’année. Le grondement de l’eau est aussi omniprésent, au point qu’ici on ne parle pas de « cascade de » mais de « bruit de ». Ainsi, la chute principale appelée « Skradinski Buk » se traduit par « Bruit de Skradin »


Vieilles bagnoles

Encore un collectionneur de voitures anciennes qui a réuni une cinquantaine de modèles dans un hangar et vous en fait volontiers la visite. Beaucoup de modèles de l’Est et quasiment pas d’Américaines, ça change un peu. Nous avons le plaisir de retrouver quelques modèles français dans lesquels nous avons circulé, enfants ou adultes. Le clou du spectacle est tout de même cette coccinelle VW dont la tôle a été totalement remplacée par du fer forgé, plaqués or 24 carats en plusieurs endroits et sertie à d’autres de plus de 8000 cristaux de Swarovski. 2500 heures de travail pour le fer forgé, 500 pour le plaquage en or et 100 supplémentaires pour les cristaux. Et l’auteur, M. Vrbanus, est là pour nous le raconter. Il nous montre aussi fièrement les nombreuses récompenses qu’il a obtenues dans diverses expositions et son inscription à la prestigieuse collection Ripley’s « Believe it or not ». La voiture est totalement fonctionnelle et sert exceptionnellement pour des mariages.

Mais le clou du spectacle, c’est ça, présentée par son auteur qui plus est :


Les villes dalmates

Nous retrouvons ici, en Dalmatie, la côte adriatique et une succession de jolies petites villes aux traits similaires. Ayant dû se défendre par le passé tour à tour contre les Vénitiens et les Ottomans, elles sont en général fortifiées et ont pu conserver un cœur médiéval aux ruelles étroites pavées d’un marbre glissant. Croatie oblige, les cathédrales et autres édifices catholiques y sont nombreux et plutôt bien entretenus.
Le seul bémol est que nous avons trouvé rassemblés dans ces villes tous les touristes que nous n’avions pas encore vus ailleurs. La saison commence tôt ! Malgré les ressemblances, chacune de ces cités possède quelques particularités

* Zadar, son orgue marin, son « Salut au soleil » et son musée du verre antique

C’est un humain qui a construit l’instrument, mais c’est la nature qui en joue, plus précisément le vent et la mer. L’orgue marin de Zadar ne se voit pas, caché sous les marches d’une jetée, mais il s’entend : au gré des vagues, des sons de rythme aléatoire et de tonalité variable sont émis, évoquant tantôt une flûte de pan tantôt des chants de baleines. Une étrange musique qui semble hypnotiser quelques auditeurs, manifestement assis là immobiles depuis un bon moment. Juste derrière, c’est un grand disque bleu sur le sol qui attire plus ou moins la foule. Une sorte de panneau solaire géant qui réfléchit différemment la lumière du soleil selon les moments de la journée.  Cette fois, le concepteur – le même que pour l’orgue – a voulu faire davantage visuel qu’auditif, mais nous n’avons pas vraiment perçu de jeu de lumière, tandis que le bruit des gamins qui se coursaient sur le panneau dominait la visite. Nos nous sommes réfugiés dans le musée voisin, dédié au verre antique et notamment à ses astucieux procédés de reconstruction.


* Turanj et son île en forme de cœur

Il suffit de jeter un œil sur Google Earth, dans la zone maritime proche de la ville de Turanj, et vous allez la trouver. Elle n’a peut-être plus aujourd’hui l’aspect sauvage de la photo satellite, il parait qu’un promoteur immobilier est entrain de tout raser pour en faire un projet ciblé sur l’amour. Vraiment ?


Spot dodo

Juste avant notre destination suivante, Sibenik, nous faisons halte pour la nuit – les vanlifeurs ont coutume d’appeler ça un « spot dodo » – sur les hauteurs de la ville. Le petit chemin étroit terreux et caillouteux a donné un peu de fil à retordre à Roberto, mais le panorama à l’arrivée sur cet ancien fort était exceptionnel. Une fois de plus nous étions seuls pour la nuit.


* Sibenik, le coup de coeur ?

La ville se découvre d’abord en longeant les quais, où les locaux prennent l’habitude de boire leur café le matin. Après, il suffit de s’enfiler dans n’importe quelle petite ruelle, tout est à flanc de colline. Les pierres des maisons, les dalles de marbre du sol, les petites curiosités à découvrir à chaque coin de rue ou de placette, tout est un régal pour les yeux et, malgré le temps radieux, la foule n’est pas encore au rendez-vous. Nous visitons, entre autres, la belle cathédrale St Jacques, à la fois gothique et renaissance, curieusement bordée d’une frise extérieure de 71 portraits d’anonymes, vraisemblablement des donateurs, plus ou moins gentiment caricaturés selon l’importance de leur don. Une porte encadrée de lions, supportant des statues d’Adam et Eve, ainsi qu’un baptistère finement sculpté complètent l’ensemble. Nous finirons bien sûr par goûter à la cuisine locale, bonne sans être exceptionnelle. Mais le joli cadre pardonne tout.


* Spot dodo bis


* Rogoznica et son oeil du dragon

Cette cité balnéaire serait banale sans son petit lac d’eau de mer entouré de falaises, formé selon la légende par l’œil qu’un dragon fâché se serait extirpé avant de le jeter sur la falaise, fondant la roche à cet endroit, et selon la science par l’envahissement d’un trou naturel du sol par la mer Adriatique à la fin de l’âge de glace. C’est comme pour les décomptes de manifestants, on ne sait jamais qui a raison.


* Trogir, heureuse et cachée

Trogir est une petite ville sur une petite île prise entre le continent et une île plus grande, ce qui l’a peut-être miraculeusement protégée des différentes agressions (vivons heureux vivons cachés) et lui a permis de conserver des beaux monuments intacts de styles Roman et Renaissance derrière ses murailles. Les forces napoléoniennes ont aussi laissé une petite gloriette en souvenir de leur passage.


* Kastilac alias Braavos : have you GoT it ?

Kastilac n’est rien d’autre qu’un petit château sur un îlot carré, mais il attire du monde parce qu’il a servi de lieu de tournage pour être la ville de Braavos dans la série Game of Thrones (GoT pour les intimes). Beaucoup d’autres sites de Croatie ont été utilisés pour cette série, ainsi que pour le cinéma plus largement. Une partie non négligeable du tourisme croate se développe d’ailleurs autour de ce thème.


* Split, 2ème ville de Croatie

La ville se démarque par ses nombreux vestiges romains (son cœur fortifié, le Palais de Dioclétien, en est un à lui tout seul), son supermarché Spar classé au patrimoine mondial de l’Unesco (pour ses murs, pas pour ses boîtes de petit pois), sa statue géante de Grégoire de Nin (un évêque du Xe siècle qui lutta pour imposer le Croate à la place du Latin, devenant pour cela porte-bonheur à condition qu’on lui caresse le gros orteil), sa belle cathédrale Saint-Dominius ayant débuté sa vie par un mausolée en l’an 311, quand l’empereur romain Dioclétien y fut inhumé, avant de connaître une forte ascension sociale pour devenir église au Ve siècle puis cathédrale au VIIe.


A partir de Split nous quittons pour une quinzaine de jours la côte dalmate en nous dirigeant vers les montagnes. Nous ferons une première étape au site archéologique de Salona, l’ancienne capitale romaine de la province de Dalmatie, ayant hébergé jusqu’à 60 000 personnes. Puis une seconde à Klis pour visiter sa forteresse bâtie sur un éperon rocheux qui domine toute la campagne environnante. Même pour les non spectateurs de GoT (oui c’est Meereen dans la série), la grimpette valait le déplacement, rien que pour le panorama magnifique.



Et bien vous savez quoi, nous allons repasser en Bosnie, ou plutôt en Herzégovine, la province qui est associée au pays depuis sa création. Mostar la seconde ville du pays et quelques sites spectaculaires nous y attendent. A bientôt là-bas !

120. Hongrois ce convoi

Roberto notre fidèle fourgon aménagé nous a promenés sur les routes de la Hongrie, un beau parcours d’environ 500 km autour du Lac Balaton. Nous nous réservons la partie Est du pays et la visite de la capitale pour dans quelques mois.


Hongrois être parfait

Suite à la dernière publication, un fidèle lecteur francilo-normand m’adresse la remarque suivante :

« Une petite remarque normande insignifiante : lorsque vous parlez de Grandville, parlez-vous de Granville en Normandie car je n’ai pas trouvé le jumelage dont vous parlez ? (Serait-ce une) coquille ? Si oui, attention la « Pléiade » risque de vous refuser la publication ».

Maniaque de l’orthographe comme je suis, je vérifie et ne peux que constater ma lamentable erreur. Je lui ai bien entendu répondu en privé, mais au cas où d’autres esprits vifs se seraient posé la même question, je publie ci-dessous ma réponse (sans les formules de politesse et amicales) :

Oui nous parlons bien de Granville la normande, initiatrice du douzelage comme on peut le lire ici.

Dans ma grande générosité, j’ai hélas rajouté ce « d » inopportun, qui fut tout de même utilisé dans le passé. Je hais la simplification de l’orthographe !

Cela dit, j’ai lu que le port de Granville était le premier en France en matière de coquilles… Il me pardonnera certainement.


Hongrois que c’est un château

Notre première étape hongroise est la ville de Keszthely, sur la rive Ouest du Lac Balaton. Hors saison, ça n’est pas une grande ville touristique, mais elle recèle quelques curiosités dont ce palais qui ressemble à un château, propriété des Festetics, une famille de notables croates depuis 1739.

Au fil des générations, ils ont accumulé comme vous et moi tout un tas de bricoles, mais eux en avaient tellement qu’ils ont fini par les exposer au public, moyennant finances bien sûr. Ce qui est amusant, c’est qu’il y a un peu de tout, réparti dans plusieurs dépendances du palais.

La collection consacrée à la chasse, au rez-de-chaussée de l’un de ces « musées » effraie tout d’abord les visiteurs contemporains en raison de la multitude de trophées exhibés, des cornes couvrant les murs aux peaux de bêtes étalées sur le sol. En réalité, la collection initiale ayant été perdue au cours de la guerre, tous ces objets seraient des dons de chasseurs de la région, notamment de l’un des créateurs du musée qui se montre en photo souriant jusqu’aux oreilles le pied posé sur un tigre du Bengale ou un éléphant d’Afrique. Beurk.

À l’étage heureusement, l’exposition devient didactique, des diaporamas très bien faits montrant des animaux de chaque continent dans leur environnement reconstitué.


En franchissant le palier, on tombe sans transition aucune sur l’un des plus grands réseaux de modélisme ferroviaire d’Europe. 75 trains orchestrés par un système informatique circulent sur 2700 m de voies ferrées dans des paysages autrichiens ou hongrois, dans des gares fidèlement reproduites à l’échelle, dans diverses saisons, traversant des viaducs, s’arrêtant (comme) pour prendre des passagers dans de petites villes aux personnages parfois hétéroclites comme cette scène de rue clin d’œil à la Guerre des Étoiles.


Dans le bâtiment suivant, nous trouverons une collection sur le thème du transport, avec des calèches de tout poil précédant les premières automobiles du XIXème siècle, principalement d’origine américaine. Avant chacun des 3 modèles exposés ci-dessous figurent en gros plan des bouchons de radiateurs, rétroviseurs ou autres accessoires. Saurez-vous retrouver la marque correspondante ? (réponses dans l’ordre après la dernière photo).

C’était quasiment le seul modèle hongrois exposé parmi les automobiles, les autres étant plutôt américains. L’occasion de vous proposer un petit jeu : saurez-vous reconnaître, pour chacun des 3 modèles ci-dessous, la marque que suggèrent les 2 gros plans qui les précèdent (bouchons de radiateurs, rétroviseurs, éléments de roues, etc.). La réponse est après la dernière photo.




Nous finirons par la visite du palais lui-même, au cours d’une visite guidée obligatoire en Hongrois. Si nous n’avons pas compris grand-chose aux commentaires, nous avons tout de même pu apprécier sur de nombreuses salles le mode de vie des aristocrates aux XVIIIè et XIXè siècle, juste avant qu’ils ne se fassent piquer le palais au moment de la 2nde Guerre Mondiale. On leur a tout de même laissé leur magnifique bibliothèque en chêne hébergeant 80 000 ouvrages. J’imagine par contre que tout le pinard est parti. A la guerre comme à la guerre !


Hongroise personne

Keszthely est l’une des plus anciennes villes du pays et ça se voit. L’architecture est austère, de notre point de vue du moins (mais où sont les belles couleurs du Mexique ?!) et les rues sont désertes lors de notre départ en balade alors qu’il est presque 10h, certes un dimanche. Les magasins fermés renforcent la notion de solitude. Mais quelques passants finissent par arriver, on doit se lever tard ici les jours fériés.


Quelques musées finiront par ouvrir, mais nous n’en visiterons qu’un, celui dédié à l’œuvre d’une vie, celle de l’honorable Ilona Miskei qui a assemblé pendant 14 ans plus de 4,5 millions de coquilles d’escargots fossiles recueillis dans les mines voisines pour reproduire le Parlement de Budapest à l’échelle 1:33. L’ouvrage fait tout de même 7 m de long sur 2,5 m de large et 2 m de haut. Lorsque l’auteure en a fait don au musée, Il a fallu une semaine pour transporter l’œuvre depuis chez elle. Une allure d’escargot, tout naturellement.


Spécialités hongroises



Hongrois être au Népal

Ciel bleu et air frais ce matin-là, un dimanche. Traversant une forêt, grimpant au sommet d’une colline accompagnés d’autres randonneurs, nous traversons bientôt un torana, apercevons des ribambelles de drapeaux de prières accrochés aux arbres et flottant au vent tout en entendant de petites clochettes et en humant des effluves d’encens qui nous rappellent notre séjour à Katmandou.

Et bientôt le grand stupa tout blanc apparaît. Pas besoin de nous pincer, nous savons que nous ne sommes qu’à une quinzaine de kilomètres du Lac Balaton. Eh oui, il existe bien une petite communauté bouddhiste dans ce pays à majorité catholique. Moins d’un Hongrois sur 1000. Mais ils sont très influents. La capitale ne s’appelle-t-elle pas Bouddhapest ?


Hongrois être en été

Alors que le Lac Balaton n’attire pas vraiment les nageurs en hiver, son voisin d’Heviz en voit s’ébattre toute l’année. C’est que sa température oscille entre 22 et 35°C selon les saisons, grâce aux sources chaudes qui l’alimentent. Certes on s’y baigne dans une ambiance soufrée qui pourra déplaire à quelques-uns, mais avec l’avantage de pouvoir soigner ou préserver ses articulations. Une expérience inoubliable que de se baigner en hiver avec 10°C dans l’air mais 24°C dans l’eau, dans une petite brume pas désagréable générée par la différence de température.


Hongrois que c’est du champagne


Hongrois entendre Jonasz

« Même quand les dieux vous abandonnent, lac Balaton / Le sable est doux comme une pomme, lac Balaton ». C’est avec ces paroles de Michel Jonasz (d’ascendance hongroise) que j’avais entendu parler de ce lac, le situant vaguement en Europe Centrale, avant de le découvrir au cœur de la Hongrie. C’est tout l’intérêt du voyage que de situer un monument, une histoire, un nom qui n’avaient pas jusqu’ici de localisation bien précise dans mon esprit. Avec ses 67 km de long, le plus vaste lac d’Europe centrale ne devait pourtant pas passer inaperçu sur mes cartes de géographie !

Nous nous sommes approchés au plus près du lac Balaton via la péninsule de Tihany. La route qui longe d’abord la côte, sa végétation lacustre et ses pêcheurs, s’élève ensuite 80 m au-dessus du niveau de l’eau. Là, une abbatiale bénédictine de 1754 héberge quelques jolis autels, tandis que l’hôtel juste à côté héberge une jolie terrasse surplombant le lac. Devant un tel spectacle, les petites tables décorées de bouquets de lavande séchée – une production locale – étaient irrésistibles. Avec un petit café et une pâtisserie locale, ce fut un moment magique.


Hongrois pas si bien dire (de la poésie)

Le poète et homme de lettres Rabindranath Tagore, premier lauréat non européen du prix Nobel de littérature en 1913, n’aurait peut-être pas pu terminer l’œuvre qui l’a rendu célèbre s’il n’avait pas bénéficié de cures thermales à Balatonfüred. La station balnéaire huppée du lac Balaton lui a édifié un buste et nommé un grand parc en son honneur.

D’autres visiteurs célèbres sont honorés sur les murs du Panthéon de Balaton, juste en face de l’hôpital cardiologique de la ville, mais à vrai dire nous n’en connaissions pas un seul… D’autres statues nous ont davantage parlé – si l’on peut dire – comme ce pêcheur et ce capitaine de ferry qui gardent l’entrée du port, ce réalisateur hongrois immortalisé sur son dériveur, ou encore cette main qui sort tragiquement d’une colonne de béton en hommage aux victimes d’un naufrage de ferry en 1954 (voir ci-dessous).

Les 3 vies du Pajtas

Navire à vapeur construit en 1918 à Budapest pour transporter des passagers sur le Danube, le Pajtas y heurta malheureusement une mine au cours de la Seconde Guerre Mondiale et coula.

Renfloué après la guerre, il fut reconverti en ferry sur le lac Balaton, avec une capacité en passagers augmentée de 150 à 200 personnes sans aucun test préalable. Ce devait être excessif car le 30 mai 1954, après plusieurs mouvements de balancier, il coula de nouveau, faisant plusieurs dizaines de victimes, en souvenir desquelles ce monument a été érigé.

De nouveau renfloué, il reprit du service sur le Danube muni cette fois d’un moteur diesel et termina sa carrière en 1987 sur une rive du Danube. Pour couler des jours paisibles.


Hongrois que c’est fermé et puis non

Nous n’hésitons pas à nous éloigner du lac d’une quarantaine de kilomètres pour nous rendre à Herend, capitale de la porcelaine hongroise. Le temps est splendide, la manufacture est là devant nous, toute bâtie de briques comme une usine et toute décorée de porcelaines comme une manufacture de porcelaine. Nous entrons dans le hall d’accueil, très classe, ça s’annonce bien. Mais nous retombons de haut – sans rien casser – en apprenant que les visites sont interrompues et ne reprendront qu’au mois d’août prochain c’est-à-dire, euh, dans 5 mois ! Nous sortons dépités, dégoûtés de Google qui annonçait l’établissement ouvert, ce qui était malgré tout le cas puisque seules les visites étaient fermées.

Nous traînons le pas sur la petite place juste en face, dont le seul occupant est un superbe lion en céramique.

Nous nous approchons d’une vitrine où quelques belles pièces de vaisselle sont exposée, cherchant tant bien que mal à prendre des photos pour nous consoler, en collant les appareils à la vitre pour éviter les reflets. Claudie, déjà deux vitrines plus loin, me lançe : « Viens, c’est ouvert ! ».

Nous entrons alors dans une véritable caverne d’Ali Baba, avec des pièces plus merveilleuses, plus fines, plus délicates les unes que les autres. Nous passerons presque une heure dans cette grande boutique et repartirons avec deux petits animaux (oui parce que le service 12 couverts en porcelaine à stocker dans Roberto ç’aurait été plutôt osé) totalement consolés.


Hongrois être revenu à l’époque soviétique.

Amateurs d’urbex ou d’airsoft, voici un endroit incontournable à explorer : une ville fantôme complète avec barres d’immeubles, boutiques, bars, etc. Tout ça envahi à souhait par la végétation, s’effondrant peu à peu, encore accessible par des rues parsemées de nids-de-poules et partiellement couvertes d’herbes folles.

Il s’agit d’une ancienne base militaire soviétique construite dans les années 60 pour héberger les militaires et leurs familles. Tout ce petit monde est gentiment rentré chez lui après l’effondrement de l’URSS en 1980. Maintenant ce sont les bâtiments qui s’effondrent, c’est ce qu’on appelle la double peine.

L’endroit est facile à trouver, il suffit de taper sans vous tromper Szentkirályszabadja sur votre application GPS favorite. Si vous utilisez la dictée vocale ça va être un peu plus compliqué 😉


Hongroise personne ici non plus

A 15 km de là, une aventure similaire est arrivée à un bâtiment unique qui pourrait ressembler à un palais ou un château, mais qui est en fait une ancienne caserne destinée à un régiment d’artillerie. C’est un peu comme maintenant, il fallait mettre le paquet pour attirer les jeunes…

Pendant la 2ème Guerre Mondiale, les jeunes nazis sont venus goûter à la vie de château, remplacés par les jeunes soviétiques après la guerre. Et quand l’URSS s’est disloquée, ce sont les jeunes du quartier qui sont venus prendre le relais. Mais la caserne-château n’a plus sa superbe d’autrefois, loin de là.


Hongrois ce qu’on voit …et on a tort

Pecs serait la seconde ville de Hongrie à visiter après Budapest, mais nous a laissés d’abord dubitatifs sur son intérêt. Ce n’était peut-être pas une très bonne idée de nous garer pour la nuit près de la gare car nous avons dû traverser quelques quartiers affreux pour nous rendre au centre-ville, heureusement de meilleure facture, notamment les bâtiments autour de sa grande place principale.


Nous avons cru avoir la berlue en apercevant au sommet du toit de l’Église de la paroisse du centre-ville à la fois une croix chrétienne et un croissant de lune musulman. Et la confusion s’amplifie en pénétrant dans l’édifice, avec des fresques, des écritures, des éléments architecturaux et des symboles appartenant aux deux religions. On comprend bien que ce lieu de culte est passé de main en main au fil des siècles, passant d’église gothique à mosquée puis de nouveau église catholique. Lors de la dernière restauration, on a décidé de conserver une grande partie de son histoire et de ne pas faire table rase sur le passé comme à l’habitude. Intelligent et tolérant.


Nous avons cru voir non pas double mais quadruple en arrivant devant la façade de la cathédrale du 11ème siècle, qui laisse dépasser 4 tours. La nef, la crypte, les sols, tout a été merveilleusement décoré au fil des années. On peut monter dans la seule tour qui fait office de clocher pour apprécier le panorama sur la ville. Mieux vaut éviter de rester en haut lors de la sonnerie biquotidienne de la plus grosse cloche, véritablement assourdissante. L’accès est d’ailleurs fermé à ce moment-là, attention de ne pas se faire piéger !


Nous avons dû écarquiller les yeux devant les tableaux du maître de l’art abstrait géométrique Victor Vasarely, enfant du pays, joliment présentés dans un musée qui lui est dédié, ainsi qu’aux autres artistes de sa famille.


Nous avons du ravaler notre impression d’en avoir trop vu en visitant une nouvelle exposition sur la porcelaine. Mais à Pecs, on ne jure que par la manufacture Zsolnay, crée en 1853, la plus importante de l’empire austro-hongrois en 1914. Elle fut aussi à la pointe de l’art et du design européen, fournissant des carreaux de faïence pour orner les monuments dans tout le pays, influençant le mouvement art nouveau (notamment avec ses pièces de verrerie décorées à l’éosine). Elle connut malgré tout un déclin rapide, en seulement quelques années, en raison de l’occupation serbe et de l’introduction du socialisme. Une petite production persiste, se visite même, mais là encore, ce n’était pas le bon moment. Nous nous sommes néanmoins régalés dans le musée.


Hongrois que c’est fini, mais non !

Nous quittons provisoirement la Hongrie, mais nous y reviendrons dans quelques mois, sur le retour de notre circuit européen. Il nous reste encore beaucoup de choses à apprendre sur le pays et bien sûr visiter sa mythique capitale. J’espère que mes petits jeux de mots répétitifs ne vous auront pas trop agacés. Mais avouez que les possibilités étaient limitées. A bientôt !

Ci-dessous notre parcours en Hongrie, zoomable en cliquant ici.

118. Rendez-vous au Bled

Nous voici donc entrés en Slovénie, un pays où nous n’avions jamais mis les pieds ou les pneus. Des premières impressions jusqu’au Lac de Bled, avec une petite incursion stratégique en Croatie, revivez avec nous cette grande boucle slovène.

SLO travel

Après avoir traversé l’Amérique centrale et passé au moins une et parfois plusieurs heures aux frontières entre chaque pays, ça fait du bien de passer d’un pays européen à un autre en ralentissant à peine devant le poste où un douanier lève à peine les yeux de son téléphone portable. Donc nous voilà en Slovénie. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que l’on ne comprend plus rien à ce qui est écrit sur les panneaux. Un bon point, ça pour nous autres adeptes de dépaysement. Enfin du moment qu’on a un peu de réseau pour pouvoir utiliser Google traduction. Voulant goûter ce nouveau pays, nous roulons tout doucement en regardant partout, alors que les locaux nous talonnent avant de nous doubler d’un grand coup d’accélérateur, contredisant les lettres SLO qui figurent sur leur plaque minéralogique. OK les pressés, laissez-nous le slow-travel ! Parmi les autres premières impressions figurent le coût réduit du carburant (1,45 €/l de gazole) et des aliments, à contrebalancer avec le coût élevé du stationnement (souvent 3€/h) ou des aires pour camping-cars (minimum 35€/j soit le double de la France ou de l’Italie). Pour l’instant nous avons réussi à contourner ces endroits-là. Nous verrons par la suite.


La magie Koper

Dès le passage en Slovénie, le beau temps est revenu. Ça doit être un hasard, encore que nous avançons vers le Sud par rapport à nos destinations précédentes. Koper est l’une des rares villes côtières d’un pays dont la façade maritime n’a pas plus de 44 km de long. Autant dire que l’été ça doit être bondé. Imaginez la totalité des Français devant se partager les plages entre Narbonne et Perpignan au cœur de l’été ! En réalité, les Slovènes sont 34 fois moins nombreux, mais quand même.

Koper se présente comme un mignon petit port entouré d’un centre ville médiéval aux notes vénitiennes. L’opulence des édifices italiens n’est pas là, mais le charme opère tout de même.


Piran, reine de la reconversion

C’est l’autre ville côtière, sous forme d’une péninsule s’avançant dans la mer terminée par un ancien phare reconverti en clocher d’église. Il a tout de même donné son nom à Piran (ben oui, pyros en Grec ça veut dire feu). Comme à Koper, on retrouve une influence étrangère dans certaines constructions, comme ce palais vénitien, et cette petite statue aux airs danois (si vous séchez, regardez toutes les photos). Comme à Koper, la ville était autrefois construite autour d’un port presque intérieur, mais celui-ci a été reconverti en place parce qu’il en manquait. Quant à la cathédrale et au baptistère, ils semblent eux aussi avoir été reconvertis …en cages pour animaux si l’on en juge par la grille qui barre leur porte. Non sans avoir laissé juste derrière un tronc accessible aux fidèles, pas folle la guêpe !

Question subsidiaire : sur une petite place de Piran, on retrouve une sorte de chérubin portant des objets formant des cylindres creux (photo ci-dessus à droite). A quoi cela pouvait-il bien servir ? Réponse à la fin du sujet suivant.


Incursion en Croatie

Nous sommes loin d’avoir exploré toute la Slovénie. Nous y reviendrons plus tard. Mais nous avons trouvé plus pratique de compléter dès maintenant notre parcours en Istrie, cette péninsule triangulaire au bord de l’Adriatique et dont la majorité du territoire appartient à la Croatie. Le passage de frontière est plus marqué que le précédent, avec une transition brutale d’une zone assez peuplée (les 47 km de côtes slovènes) à un territoire très rural. Ça fait du bien de revoir des forêts, des champs, des montagnes. La première ville où nous faisons étape est de taille modeste et ne tranche pas forcément avec ce que nous avons vu en Slovénie. Un port, de jolies rues étroites et pavées, une basilique aux mosaïques scintillantes, des boutiques de souvenirs dont beaucoup de variétés de miel et de liqueurs.

Solution de l’énigme du paragraphe précédent :


Découverte inattendue

Nous faisons étape pour la nuit sur le parking du cimetière de Vodnjan, trouvé sur l’application Park4night que la plupart des voyageurs nomades utilisent pour trouver des endroits où se garer de jour comme de nuit et pour trouver quelques facilités comme l’eau ou les laveries self-service par exemple. Une fois l’endroit décrit, d’autres voyageurs laissent leur témoignage ou enrichissent la description initiale. C’est l’un de ces commentaires qui nous a incités à visiter la ville le lendemain, alors qu’elle ne figurait pas sur notre guide papier. Objet d’un festival annuel de street art, la petite ville de 6000 habitants, abhorre une trentaine de fresques sur ses murs et de vieux immeubles en pierre en son centre. Il y aurait aussi plusieurs centaines de momies de religieux dans l’église, mais celle-ci était malheureusement fermée. Heureusement, par définition, le street art c’est H24 !


Pula et ses vestiges romains

La pointe Sud de l’Istrie est occupée par la ville de Pula, dont la particularité est d’héberger de nombreux vestiges romains, comme un amphithéâtre, quelques temples, et quelques mosaïques. On pourra regretter que tout ça ne soit pas particulièrement mis en valeur. Ainsi ce chantier qui semble être là depuis un moment dans l’amphithéâtre, ces fondations de la maison d’Agrippine, protégées mais en plein dans la cour d’un immeuble, l’arrière du temple jumeau de celui d’Auguste utilisé comme mur arrière de la mairie, où encore cette mosaïque romaine vieille de 18 siècles, plutôt bien conservée mais que nous avons eu du mal à dénicher. Il a fallu traverser un terrain vague et contourner un parking avant d’oser s’aventurer dans une petite ruelle obstruée par un camion de chantier et un tas de gravats.


Champions de l’inutile


Rijeka

Nous n’avons pas trouvé grand charme à la 3ème ville de la Croatie : pas d’unité architecturale, beaucoup de circulation et peu de choses à visiter. Nous retiendrons tout de même 3 choses : une curieuse Cathédrale de Saint Guy toute en rond (pour danser peut-être ? ;)), un musée de l’informatique (voir plus loin) et la première fabrique mondiale de torpilles qui, faute de préservation, va finir par disparaître dans la mer. Ce serait pourtant dommage d’oublier que c’est ici, à Rijeka qu’ont été mises au point les toutes premières torpilles. La base pour les premiers essais a été bâtie en 1860, suivie de l’usine actuelle qui a fonctionné de 1930 à 1966. Aujourd’hui ce n’est plus qu’une carcasse de béton, mais ce bâtiment a révolutionné en son temps l’armement maritime, tout en étant sans doute responsable de milliers de morts. Alors, on le sauve ou on le sauve pas ?


PEEK & POKE

Ces commandes de programmation ne parlent qu’aux initiés, mais le sous-titre « Musée de l’informatique » est plus évocateur pour les autres. Mais j’estime faire partie des premiers, en ayant vécu toute la progression de l’informatique depuis le début. J’avais 10 ans quand la télévision familiale est passée du noir et blanc à la couleur, 20 ans quand j’ai soudé avec mes frères une centaine de composants sur un circuit imprimé pour en faire un jeu de ping-pong qui se branchait sur sur la télé, 22 ans quand j’ai eu mon premier ordinateur, le ZX81, une sorte de grosse calculatrice programmable en BASIC mais dont le programme, limité à 1000 caractères, s’effaçait lorsqu’on éteignait la machine. D’autres machines ont suivi, avec davantage de mémoire vive (RAM), la possibilité de stocker ou charger un programme sur une cassette audio, puis sur des disquettes et enfin des disques durs. J’avais 29 ans quand je me suis offert mon premier compatible PC (Amstrad PC2086) avec écran intégré et surtout un disque dur de 20 Mo (à l’époque c’était énorme, aujourd’hui le disque dur de mon ordi portable fait 1 To). A 30 ans, j’ai commencé à informatiser mon cabinet médical en développant un programme adapté à un fonctionnement en réseau. J’ai quasiment utilisé toutes les versions de Windows depuis la 3.1. J’ai vu apparaître Internet et les téléphones portables lorsque j’avais 40 ans. Alors oui, je suis vieux, j’ai l’impression d’avoir été un pionnier de l’informatique, et c’est sans doute pour ça que j’ai retrouvé avec plaisir un peu de toute cette progression fantastique dans ce musée, y compris un exemplaire de mon ZX81 !


Bouticocanardophilie


Le lac intermittent

Nous voici de retour en Slovénie, à Cerknika, dans une région au sol karstique, comprenez un gruyère de calcaire. avec beaucoup de grottes et de galeries souterraines. En été, ces formations absorbent bien l’eau et le lac se vide presque complètement. Pendant la saison des pluies, au printemps et à l’automne, le sous sol est vite saturé d’eau et le niveau du lac monte. Il peut passer en une seule journée de 0,1 km2, sa surface minimale, à 38 km2, sa surface maximale. C’est le plus grand lac intermittent d’Europe, et, lorsqu’il est plein, le plus grand lac de Slovénie.


Un château troglodyte

Construit directement dans une falaise à partir du XIIIème siècle, le château de Predjama était quasiment imprenable. Il fut tout de même assiégé vers la fin du XVè siècle par l’armée de l’empereur Frédéric III dont un parent avait été assassiné par l’occupant des lieux, le baron Erazem Lueger. Le siège dura plus d’un an, l’astucieux occupant continuant de s’approvisionner à l’extérieur grâce à un tunnel secret. La plaisanterie se termina le jour où, grâce à une complicité interne, l’armée envoya un boulet de canon sur le mur des toilettes à ce moment occupées par le baron, et qui s’effondra sur ce dernier. Mourir assis sur le siège après un an de siège, c’est un comble !

Nous avons pris plaisir à visiter ce château peu commun, grandement aidés par des audioguides en Français très bien faits.


Les grottes de Postojna

Nous avons pénétré dans le plus grand système de grottes de Slovénie, plus de 700 km de galeries sur une longueur de 20 km. D’abord en empruntant un petit train puis à pied.

Nous avions déjà vu un certain nombre de grottes dans notre vie, mais celles-ci sont véritablement exceptionnelles. D’abord par l’immensité du réseau, telle que dès les premiers mètres de voie ferrée apparait déjà une féérie de stalactites et stalagmites, certains ayant dû être coupés d’ailleurs pour que les têtes des passagers ne frottent pas trop au plafond. On nous a conduit dans des salles immenses, certaines pouvant accueillir des concerts avec 10 000 places assises. Tout est à la fois protégé et bien mis en valeur. Du grand spectacle, assurément.


Bébés dragons ou poissons humains ?

Dans les eaux profondes du réseau de grottes de Postojna, on trouve plusieurs espèces animales qui se sont bien adaptées à l’obscurité. Parmi elles, le protée anguillard, une sorte de salamandre aquatique à la peau rose pâle, dépourvue de tout pigment – devenu inutile dans le noir – et dont les yeux se sont atrophiés pour la même raison. Il arrive régulièrement que des grosses crues fassent remonter ces bestioles à l’extérieur des grottes, qu’à une certaine époque on imaginait peuplées de dragons. Le corps ondulé et les branchies rouge vif ont fait prendre les protées pour les bébés de ces monstres souterrains. Ceux qui ignoraient la légende ont plutôt parlé de poissons humains, en raison de l’aspect et de la couleur de la peau proches de celle des Slovènes.

La bête

A côté des grottes, nous avons pu voir, dans un vivarium plongé dans la quasi-obscurité, plusieurs exemplaires de cette espèce peu connue, capable de rester dix ans sans se nourrir, de régénérer ses membres perdus et de vivre une centaine d’années.

Alors, bébés dragons, poissons humains ou protées anguillards ? Quel nom préférez-vous ?


Le Lac Sauvage

Après le Lac Intermittent de Cerknica, voici le Lac sauvage. En ce jour de beau temps, ce tout petit lac a l’air tout tranquille, mais après une forte pluie, son niveau peut monter brusquement et même un geyser peut se former. C’est qu’il est relié à des galeries karstiques en profondeur, drainant l’eau d’un vaste territoire. Pour le voir dans cette phase, regardez cette vidéo sur Youtube.

Mais pour nous il est resté calme, et nous avons pu nous promener le long de cette rivière qui mène à Idrija, notre prochaine étape.

Juste au-dessus de la rivière, nous avons suivi un canal conduisant une eau limpide jusqu’à un bâtiment dans lequel nous avons pu entrer

A l’intérieur se trouve la roue géante d’un moulin, de 13 mètres de diamètre, dont l’action est d’animer …une pompe à eau. C’est que, juste à côté, se trouve l’entrée d’une mine. Mais une mine de quoi ?


Mercure l’insaisissable

En 1490 à Idrija, un fabricant de seaux a trouvé dans un ruisseau des petites gouttes de métal liquide. Ce fut le début d’une ère minière extraordinaire pour la ville qui a produit en 500 ans 13% du mercure mondial, le récoltant directement sous forme liquide ou le produisant à partir de minerai (cinabre). Si forcément Idrija s’est enrichie et a fait grandement progresser la science, ça n’a pas été aussi bénéfique pour la planète puisque les 2/3 du mercure produit ont servi à l’extraction de l’or et de l’argent en Amérique, avec la pollution qui s’en suit. Et ça n’a pas été si bon non plus pour les mineurs qui ont souffert de la toxicité du vif-argent, autre nom donné au précieux métal liquide. Aujourd’hui encore, les rivières locales restent polluées et la ville menace de s’effondrer sur le gruyère de galeries qui traversent son sous-sol.

Gouttes de mercure dans un cube de résine
(œuvre d’art du musée)
Miroir ô miroir, dis-moi qui est la plus belle…

Quant à l’origine du nom du métal, il aurait été associé des sa découverte à Mercure le messager des dieux romains connu pour sa rapidité qui le rendait insaisissable. Un peu plus tard, on donna le nom du métal à la planète la plus proche du soleil et donc la plus rapide à en faire le tour (88j). Par ailleurs, Mercure est le dieu des voyageurs, ce qui nous conviendrait parfaitement s’il n’était pas aussi le dieu des voleurs et des commerçants… Bizarre cette association !


Faire dans la dentelle

Les progrès technologiques dans l’extraction du mercure au XVIIè siècle a fait chuter la demande en main d’oeuvre à Idrija et, comme dans d’autres cités minières, ce sont les femmes qui ont pris le relais économique de leur famille en produisant de la dentelle, avec la technique des fuseaux qui demande un temps considérable mais offre une qualité exceptionnelle. La première école de dentellerie a ouvert ici en 1876 et est toujours en activité en 2024. On y accueille des jeunes filles de 6 à 15 ans, toutes volontaires, qui suivent une formation gratuite de 3 heures par semaine et qui dure 6 ans ! Une partie du musée municipal d’Idrija est consacrée à cet art et présente des oeuvres magnifiques, comme on peut en juger sur les photos.


…et 27 font douze

La petite ville de Škofja Loka a quelque chose de spécial en Europe : elle fait partie du douzelage (sic) initié par la cité normande de Grandville en 1991, en gros un jumelage avec 11 autres villes de l’Union Européenne. Seulement voilà, l’Europe entre temps s’est élargie à 28 pays, mais le terme de douzelage est resté.

Sinon Škofja Loka serait la ville slovène au centre médiéval le mieux conservé. Ce qui ne saute pas aux yeux d’emblée, mais le tremblement de terre de 1511 qui a dévasté la ville y est peut-être pour quelque chose. Nous y avons trouvé tout de même une architecture originale et visité dans son château un intéressant musée sur le patrimoine culturel slovène.




Alimentaire mon cher Watson

Juste un titre bidon pour introduire quelques spécialités trouvées dans les magasins. On ne peut pas dire pour l’instant que nous ayons été transcendés par la cuisine slovène.


Arrivés au Bled

Nous terminons notre remontée depuis la pointe Sud de l’Istrie avec le Lac de Bled. Une vague pluvieuse nous coince presque 48h dans Roberto, l’occasion de se reposer un peu et de rattraper notre retard qui dans la planification de notre itinéraire qui dans l’avancée du blog. Dès l’accalmie nous partons à la rencontre de ce lac très prisé des touristes en saison, mais quasi désert en février surtout avec la récente pluie. Partant pour un tour du lac à pied (6 km) nous prenons le temps d’apprécier ses éléments emblématiques : l’ilot central avec sa petite église, le château perché sur son rocher, la grande église de la ville et les bateaux au taud en toile rayée qui relient les quais à l’ilot. Notre promenade s’arrête après à peine 1 km, le sentier piéton étant fermé pour travaux sur 200 ou 300 mètres. Nous pensions emprunter la route, mais celle-ci, tout en étant autorisée aux voitures, est interdite aux piétons. En bon français, nous tentons tout de même le passage par la route, mais un vigile dans une voiture banalisée nous rappelle vite à l’ordre. Voilà comment sont traités les piétons à Bled. Est-ce pour nous forcer à reprendre notre voiture et nous garer à l’autre bout du lac pour 6 euros de l’heure ? Qui sait…



Carte


41. Coup de gueule

Une fois n’est pas coutume, je commencerai par un coup de gueule. L’extension logicielle qui m’a permis de construire le quizz du dernier article m’informe sans que j’aie demandé quoi que ce soit du nombre de personnes qui l’ont réalisé. J’ai été triste de découvrir que vous n’étiez que cinq ! Je reconnais bien là mon noyau de lecteurs fidèles, ceux qui m’envoient régulièrement des messages, et je les en remercie d’autant plus chaleureusement. Mais tout de même, cinq lecteurs sur plus de cinquante abonnés ce n’est pas grand-chose ! Je m’interroge du coup sur l’intérêt de poursuivre la rédaction de ce blog et bien entendu sur les raisons de ce désintérêt. Ma prose peut ne pas convenir, ce n’est certes pas de la littérature. Je me demande par ailleurs si ce n’est pas le sujet qui vous désintéresse ainsi. Nos « vacances » perpétuelles peuvent en agacer plus d’un, ou tout simplement ne pas présenter d’intérêt pour la majorité d’entre vous qui êtes bien dans votre propre vie. Bon, je ne vais pas faire de sondage pour connaître les raisons, mais si vous tenez à la poursuite de ce blog, exprimez-le en laissant un commentaire (lien en bas de page) ou en m’envoyant un message via le formulaire de contact.

Dans l’attente de votre réaction, voire en guise de relais, j’ai ouvert un compte Instagram que j’essaie d’alimenter quotidiennement, avec des textes plus courts. L’éphéméride ci-dessous, à part le chapitre sur Varsovie, en reprend les textes et certaines photos.

Jeudi

Varsovie : visite du Musée de l’histoire des juifs polonais, installé sur le site même du ghetto. Une visite en manière de piqûre de rappel pour ne jamais oublier la folie des hommes. Et ne jamais penser que cela ne puisse pas se reproduire. 6 millions de personnes tuées parce que leur tête ou leur religion ne convenaient pas à d’autres. Dont 3 millions à Varsovie, soit 90% de la population juive de l’époque


Vendredi

Parcours piéton dans la ville. En commençant par une rue bordée de globes terrestres, chacun sur un thème écologique. En poursuivant par le musée Chopin, malheureusement fermé à l’heure où nous sommes passés. Nous reviendrons peut-être plus tard. Nous rejoignons ensuite la vieille ville, totalement reconstruite après avoir été rasée au cours de la 2nde guerre mondiale, mais sur un style reflétant d’abord l’occupant soviétique, puis se modernisant à partir de l’indépendance. Un mélange des genres du plus bel effet. Sur la place du Palais Royal, nous assistons à une parade militaire. La fanfare était encadrée de beaux fourgons Mercedes Sprinters décorés de militaires semblant dire « Engagez-vous, vous allez voir, la vanlife c’est super ! ». Quelques ruelles pavées plus loin, nous découvrons la place du marché, encadrée de magnifiques bâtiments aux façades multicolores (enfin des couleurs pas trop vives sous le ciel gris du jour) et souvent décorées de fresques ou de bas-reliefs. C’est LE quartier touristique avec les bas-restaurants en terrasse et les boutiques de souvenirs, encore que peu achalandés en cette saison creuse. Mais nous imaginons parfaitement la foule estivale qui se bouscule en partageant ses microbes. Halte ensuite devant la tombe du soldat inconnu, gardée par deux soldats en permanence mais qui tournent le dos à la flamme : s’apercevraient-ils de quelque chose si le vent l’éteignait ? Tentative de visite ensuite du musée de la vodka, malheureusement fermé. Nous nous rabattons sur un chocolat chaud bien épais, aux chamallows pour Claudie et aux cerises à l’eau de vie pour moi. Passage enfin devant le monument dédié à la mémoire des insurgés du ghetto de Varsovie, qui ont tous perdu la vie dignement face aux soldats allemands. C’était de toutes façons à qui perd perd. Il nous reste à reprendre Roberto pour un parcours de nuit très embouteillé jusqu’à notre spot nocturne, exceptionnellement un camping pour donner un coup de boost à notre batterie, pas trop soutenue en ce moment, ni par les panneaux solaires qui produisent peu ni par le peu de kilomètres que nous parcourons.


Samedi

Immersion dans le monde des néons. Le néon en tant qu’enseigne lumineuse a été mis au point par le français Georges Claude en 1910. Il a découvert que ce gaz, rien de moins que le 5ème élément en masse dans l’univers, placé dans un espace clos comme un tube de verre devenait lumineux lorsqu’il était excité par un courant électrique. Le chimiste déposa son brevet et devint riche et célèbre en vendant des enseignes dans le monde entier. L’histoire nous est racontée dans une vieille usine de Varsovie, qui a récupéré nombre d’anciens néons de la ville ou des environs, dont l’extinction, si l’on peut dire, a été initiée par l’occupant soviétique qui ne voyait dans ces enseignes publicitaires qu’une marque du capitalisme, puis confirmée par l’arrivée des lampes fluorescentes et enfin des LED.


Dimanche

Lublin et Zamosc, deux villes remarquables par leurs centres historiques style renaissance, avec façades colorées ou ornées de motifs ou bas-reliefs. Particulièrement photogéniques, même si le soleil souvent caché derrière les nuages n’a pas permis d’en faire ressortir le meilleur. Au moins il faisait encore jour, le coucher de soleil sur la dernière photo a été pris à 16h ! Le chevalier sur la photo, Jan Zamoyski a donné son nom à la ville de Zamosc qu’il a fait aménager lui-même par un architecte italien, d’où la différence de style avec les villes et pays voisins.


Lundi

Étape dans le charmant village de Zalipie où les habitants se sont donnés le mot pour décorer leurs maisons, leurs fermes, leurs ruches et même leur église de motifs floraux peints. C’est en fait une tradition de cette région de Pologne depuis 2 siècles. La plus forte concentration est ici.


Mardi

Cracovie l’ancienne capitale, rare ville polonaise épargnée par les bombes allemandes. Sa place du marché à la fois touristique et authentique, ses portes moyenâgeuses, son château, son dragon cracheur de feu, son pape adoré, et ses pierogi (raviolis polonais)


Mercredi

La fabrique Schindler ça vous dit quelque chose ? C’est bien sûr celle de cet entrepreneur allemand qui a sauvé ses 1100 ouvriers juifs d’une mort programmée, histoire si bien racontée dans le film de Spielberg. Nous avons revu le film puis avons visité la fabrique dans la foulée. Elle n’est plus en activité mais on y trouve encore le bureau d’Oscar Schindler, quelques vieilles casseroles et surtout une belle exposition sur l’histoire de Cracovie et de sa communauté juive pendant ĺa 2ème guerre mondiale


Jeudi

Point d’orgue de notre parcours historique à la mémoire du génocide juif, la visite du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz. Vous n’aurez que des photos d’extérieur ici, c’est déjà assez glauque. Nous garderons pour nous et par respect les preuves matérielles de l’abominable shoah (empilements de valises, de vêtements, de chaussures et nombreux objets soutirés aux malheureuses victimes, montagnes de cheveux) et toutes les photographies de l’exposition. Nous n’oublierons rien, j’espère que vous non plus.


Vendredi

C’est notre dernier jour en Pologne. La journée sera consacrée aux « basses besognes » du voyage : lavage-séchage du linge en laverie self-service (env. 9 € le tout pour 14 Kg), vidage des eaux usées (gratuit), pleins d’eau potable (gratuit), de carburant (1,34 €/l de gazoil) et même d’AdBlue (0,88 €/l). Il nous faut aussi en prévision de notre passage en République Tchèque nous inscrire sur leur site administratif (règle covid) et acheter en ligne la vignette pour les autoroutes (12,50 € pour 10 jours). Il ne reste plus qu’à rouler vers le 12ème pays de notre parcours.

39. La Lituanie à tous les temps

Juste à temps !

Aussitôt la frontière franchie, les portes de la Lettonie se sont refermées derrière nous, le pays venant d’annoncer un nouveau confinement de 3 semaines en raison d’une explosion du nombre de cas de covid. L’incidence atteignait en effet ce jour-là les 1180 cas par million d’habitants (contre 80 pour la France), ce qui constituait le record mondial du jour. Nous nous en tirons fort bien mais restons inquiets pour la suite devant ce réveil de la pandémie en Europe centrale : la Lituanie et la Pologne connaissent également une forte augmentation de l’incidence de la maladie et pourraient bien refermer leurs portes du jour au lendemain. Ce qui serait un problème dans le cas de la Pologne, car c’est le seul pays qui nous permet de rejoindre l’Europe de l’ouest par voie terrestre. Nous pourrions toutefois gagner l’Allemagne en ferry dans le pire des cas.


Un temps en arrière

Salle de bains de la Duchesse de Courlande (Château de Rundale – Lettonie)

Un courrier de lecteur nous est parvenu. La parution dans l’article précédent d’une photo dans le Château de Rundale, montrant la salle de bains de la Duchesse de Courlande, a en effet attisé la curiosité de Raymond, un de nos lecteurs fidèles, camping-cariste de surcroît, qui pose la question suivante : « Les toilettes de l’archiduchesse sont-elles sèches ? ». Nous ne pouvons que répondre par l’affirmative : « Oui, archi-sèches ! ». N’hésitez-pas vous aussi à poser des questions aussi pertinentes.


A la croisée des temps

La Colline des Croix – Siauliai – Lituanie

Nous avons abordé la Lituanie par un site incontournable, la Colline des Croix, au nord de la ville de Siauliai. Cette colline fortifiée était déjà un lieu de culte au XIVème siècle et les Lituaniens venaient y déposer des croix, des crucifix, des effigies de la Vierge Marie et des rosaires. Les envahisseurs successifs du pays, à commencer par les Russes en 1795 ont interdit toute forme d’expression de la religion et détruit les lieux à plusieurs reprises. Mais les Lituaniens, prenant cela comme une forme de résistance ont continué, parfois au péril de leur vie, à en déposer. Et plus les bulldozers passaient, plus le lieu devenait important et plus les Lituaniens apportaient de croix. Aujourd’hui, leur nombre dépasserait les cent mille, autant dire l’ambiance qui règne lorsque l’on s’approche puis que l’on s’immerge dans ce lieu magique.


Des chats tant et tant

A peine une heure plus tard, nous changions complètement de registre, incapables de résister à l’affiche annonçant un musée du chat. Établi depuis une trentaine d’année, ce musée a largement eu le temps d’étoffer sa collection et de décliner le thème presque à l’infini. Comme au cours de nos dernières visites, mais là c’était un comble, il n’y avait pas un chat. C’est-à-dire pas d’humains, appelons un chat un chat. Mais par contre des chats il y en avait plein, aussi bien des représentations sur les murs, les plafonds et dans les vitrines que de vrais chats qui allaient d’une pièce à l’autre, venaient se frotter contre nos jambes, cherchaient à se faire caresser ou faisaient la sieste confortablement installés sur des coussins. Ceux-là, connaissant le proverbe, nous avons fait bien attention de ne pas les réveiller. A un moment dans une vitrine garnie de chats en céramique, nous avons repéré une souris (de la même matière). Que faisait-elle ici ? Vous donnez votre langue au chat ? Eh bien elle a été donnée par le musée de la souris… Bon je sais, pas de quoi fouetter un chat. En fin de visite, j’ai un peu les yeux qui piquent et vous devinez quoi dans la gorge, une allergie peut-être qui me donne en effet l’idée de partir. Mais la personne de l’accueil nous fait sortir par une autre porte qui mène elle à une sorte de zoo en appartement accueillant une vingtaine d’espèces diverses. D’abord quelques oiseaux exotiques, certains très sociaux comme ces touchants perroquets faits l’un pour l’autre partageant la même volière, d’autres à l’inverse installés séparément car s’entendant comme chien et chat, s’échangeant même des noms d’oiseaux. Ensuite quelques reptiles dont un iguane d’un mètre de long, quelques insectes dont des phasmes se dissimulant dans une sorte d’herbe-à-chat. Enfin une floppée de petits rongeurs dont de gentils chinchillas et de bons rats (à bon chat…). Tout cela nous a été présenté en visite guidée VIP par un jeune homme sympathique. Une belle surprise. Nous avons fini par retrouver Roberto en suivant les empreintes de chats dessinées sur le sol, heureux de ce guidage car la nuit commençait à tomber. Mieux valait en profiter avant car comme vous le savez, la nuit ils sont tous gris.






Au temps de la Guerre froide

Portes ouvertes à la base de lancement de missiles nucléaires (Plafellai)

Grâce au traité de non-prolifération des armes nucléaires signé par 191 pays en 1970, les bases de lancement de missiles ont été démantelées petit à petit, les cinq bases Russes installées en Lituanie comme les autres. C’est l’une d’entre elles que nous avons visitée. Un lieu étonnant et rarement exposé au public, laissé dans son état naturel afin que l’on s’imagine bien l’ambiance de l’époque. Tout est bien sûr en souterrain, le grand bâtiment technique de 2 étages comme les 4 silos de 30 mètres de profondeur ayant hébergés des missiles munis de têtes nucléaires. Des mannequins rappellent les équipes qui se relayaient jour et nuit pour pouvoir en 48 minutes lancer un missile à l’autre bout du monde dès que l’ordre en serait parvenu. Heureusement, cela n’est jamais arrivé, même si la guerre froide a bien eu lieu.





Heureusement, même si cette installation a joué un rôle stratégique lors de la Guerre Froide, aucun missile n’en a jamais été lancé !


Les sculptures de l’étang

De premier abord, ces quelques scupltures au bord de l’eau ne payaient pas de mine, mais …

Le Jardin Orvydas, près de la ville de Salantai, héberge une multitude de sculptures en pierre ou en bois réalisées par un maçon et son fils (Orvydas est leur nom de famille) à partir des années 1920. Initialement destinées au cimetière de la ville, elles furent cachées dans la ferme de leurs créateurs pour échapper à la furie destructrice vis-à-vis des objets religieux des occupants soviétiques dans les années 60. Aujourd’hui la famille peut bien sûr exposer librement ces œuvres dans une sorte de grand jardin agrémenté de quelques pièces d’eau. Le truc, c’est que tout est disposé un peu n’importe comment, dans une nature qui reprend peu à peu ses droits et que cela donne un charme fou. Le mélange sculptures, assemblage de pierres, troncs d’arbres moussus et lianes pendantes nous a beaucoup rappelé Angkor Wat. Un lieu surréaliste et intemporel que nous avons adoré.






Quand le taon s’est figé

C’était il y a 50 millions d’années. A cause du réchauffement climatique d’alors (et on veut nous faire croire que c’est tout nouveau !) la résine qui dégoulinait des sapins de Scandinavie a été emportée au large par la mer Baltique qui montait et s’est déposée au fond. Personne ne venant la récupérer, elle a fini par se fossiliser et venir s’échouer sur les plages de la côte ouest de la région allant de l’actuelle Lituanie à l’actuelle Pologne. Les hommes préhistoriques ont ramassé ces cailloux bizarres et ont trouvé que ça ferait de jolis cadeaux pas chers pour leurs femmes préhistoriques qui adoraient les petites bestioles piégées dedans. Le problème est qu’elles en voulaient toujours plus et qu’il a fallu pour les satisfaire aller en chercher davantage directement au fond de la mer. C’est à ce moment que l’exploitation de l’ambre a commencé. Nous avons appris tout ça ou presque au musée de l’ambre de Palanga. Grâce à eux, nous sommes moins bêtes et savons maintenant que, contrairement à ce qu’affirme L’Oréal, l’ambre ne vient pas du soleil.





Le temps d’une pause

Palanga est aussi une station balnéaire déjà très prisée à l’époque soviétique et dont la tradition a été reprise sans état d’âme par les Lituaniens. Une grande rue perpendiculaire à la plage héberge moult restaurants, boîtes de nuit, attractions foraines (avec autos-tamponneuses et autres tirs aux ballons de baudruche) et magasins de souvenirs, bref tout ce qui propage le covid. Heureusement qu’il y a la bière pour tuer les microbes. Les locaux en boivent 160 litres par an tout de même. Nous sommes allés au tester le breuvage national et la cuisine locale au restaurant, avant de nous dégourdir les jambes jusqu’au bout de la jetée qui s’avance dans la mer, au milieu des kite-surfers. Vivifiant.



Mesurer le temps

C’est en arrivant dans la ville suivante, Klaipedia, que nous nous sommes précipités avant sa fermeture dans le musée de l’horlogerie. Nous avions déjà abordé ce thème à Cluses en Haute-Savoie, où l’accent était plutôt porté sur la technologie, ce qui semblait normal dans la vallée du décolletage idéale pour trouver toutes les machines-outils et les pièces nécessaires. Ici l’histoire de la mesure du temps et l’aspect artistique sont davantage pris en compte que la technique elle-même, et c’était tout à fait intéressant. Vous trouverez les informations nécessaires en commentaires des photos





Un port tant important

Car il fut la raison d’être de la ville dès le XVème siècle alors qu’elle appartenait à la Prusse. Idéalement située au bord de la Mer Baltique, Klaipédia a assuré les fonctions de port de commerce, de construction navale, de point de traversée pour l’isthme de Courlande la reliant à la Russie et de base stratégique pour les sous-marins nazis. Les trois premières fonctions sont encore assurées aujourd’hui. On ne sait pas si le « fantôme noir » que l’on voit sortir de l’eau sa lanterne à la main est là pour rappeler la dernière


Ces sculptures que les Lituaniens aiment tant

C’est une véritable passion. Qu’elles soient de bois ou de pierre, on en voit partout en campagne comme en ville. Klaipėda ne déroge pas à la règle et en héberge un certain nombre. Plus d’une centaine dans ce parc du centre-ville, la plupart identifiées par un nom qui ne nous a pas convaincus et que je me suis autorisé à rebaptiser ci-dessous. Et quelques autres ça et là dans les rues, comme cet homme aux airs de KGB qui guette sa proie ou cette femme devant la gare avec son petit garçon et sa valise, offerte au pays par les Allemands en souvenir de la douleur des familles germaniques qui ont dû quitter le pays lorsqu’il a été rendu à la Lituanie. Étonnant que l’œuvre soit encore debout vu ce qu’on subi les Lituaniens pendant l’occupation nazie

Qui veut la baballe ?

Un grand pas pour la femme, un petit pas pour l’humanité

La princesse Léïa de Milo
Zz*$uh&igt xù§km tout le monde !

Quand je veux courir plus vite j’enlève l’enclume

La Vénus de Milo enlève le bas
Ze veux pas Zansen, ze veux Fizer!

Le premier qui rigole je lui en donne aussi du Propecia

La Vénus de Milo juste avant l’accident


La plus belle ville, je t’en fiche !

C’est le guide qui le dit : « Compacte et pavée, la vieille ville (de Kédainiai) est une des plus jolies du pays ».  « Compacte », ok, cette vieille ville ne doit guère dépasser le kilomètre carré. « Pavée », si on veut, mais je dirais plutôt « cailloutée », car les galets de tailles variables disposés sur le sol à des profondeurs irrégulières et sur lesquels il est difficile de marcher sans se tordre les chevilles n’ont rien des pavés bien taillés qui enjolivent les rues moyenâgeuses. Quant à « jolies », à part de rares maisons originales bien que pas trop entretenues, ce centre de la vieille ville comporte surtout des édifices sans charme quand ils ne sont pas à moitié en ruines. Allez, mettons tout de même en valeur quelques éléments qui sortent du lot. A noter que cette ville, ceci explique peut-être cela, est la capitale lituanienne du concombre…


Pas une injure pour autant

Street-art près du centre de Kaunas

Mon père est de la génération où l’on apprenait par cœur non seulement les départements français avec leurs préfectures et sous-préfectures, mais aussi les pays du monde avec leurs capitales. Lorsque je lui ai dit que nous étions en Lituanie, il m’a demandé si j’avais visité sa capitale Kaunas. Je lui ai répondu qu’il devait se tromper, que la capitale c’était Vilnius. Pendant que nous discutions d’autres choses, Claudie a brièvement recherché sur Internet et confirmé que Kaunas avait bien été la capitale temporaire de la Lituanie de 1920 à 1940, entre le début de son indépendance et son annexion par l’URSS. Quelque part mon père avait donc raison et je le lui ai confirmé. Il aurait pu me répondre « Je te l’avais bien dit, Kaunas ! » sans pour autant faillir à sa politesse habituelle. Cela dit, la capitale déchue nous a fortement déçus. A de rares exceptions près, elle n’est qu’un immense chantier avec ses rues retournées (dont la rue la plus typique de la vieille ville, totalement inaccessible) et ses façades bardées d’échafaudages ou enveloppées de plastique. Des panneaux nous apprenant que la ville sera la « capitale européenne de la culture » en 2022, nous avons peut-être là la raison de ce grand chamboulement.



Un jour épatant

Société philharmonique nationale (Vilnius) : enfin un beau bâtiment, de style classique

Les capitales (les vraies) déçoivent rarement. Vilnius n’a pas dérogé à la règle. Nous avons surtout visité la vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994, miraculeusement préservée malgré les guerres et les occupations successives du pays. Le beau temps était de la partie, les distances raisonnables : nous avons tout fait à pied. Nous trouvons là enfin les beaux bâtiments du pays, dans une vieille ville assez aérée avec de grandes places et pas mal d’espaces verts, relativement préservée de la circulation automobile mais aussi de la prolifération des multinationales de la mode ou de la technologie. Nous grimpons apprécier la vue au sommet de la colline du château (en ruines pour sa part), visitons la belle cathédrale et allons nous restaurer dans un établissement qui sert une cuisine authentique et fraîche, un peu comme celle de nos maîtres-restaurateurs. Nous voulions rendre visite ensuite au musée d’art moderne (MO muziejus) malheureusement en fermeture hebdomadaire ce mardi. Nous nous sommes reportés sur le Iliuzijų muziejus, que vous aurez traduit pas le musée des illusions. Toujours amusant de voir comment notre cerveau et notre vue son bernés par quelques procédés simples. Nous y étions peu nombreux et avons été chouchoutés par le personnel qui donnait volontiers le mode d’emploi et les explications pour certaines illusions, nous aidant même à réaliser quelques photos surprenantes.








Une curiosité enfin que ce quartier de Vilnius auto-proclamé pas ses habitants République d’Uzupis en 1998. Elle est dotée d’un drapeau, d’un hymne national, d’une monnaie (l’eurouz), d’une armée de 12 hommes, d’une constitution (écrite par des poètes et affichée en de nombreuses langues dans une rue), d’un président élu à vie et d’une reine élue chaque année. Le 1er Avril, jour de la fête nationale, les ponts autour du quartier sont fermés et les « passeports » des locaux sont contrôlés pour éviter tout débordement. Car en effet ce jour-là, il y a distribution gratuite de bière pour tout le monde. La population est constituée en grande partie d’artistes et de squatteurs. Les ateliers et galeries y sont légion.


Le charme d’antan

Nous terminons notre parcours lituanien par la ville de Druskininkai, toute proche de la frontière avec la Biélorussie. Elle a la particularité d’être une station thermale réputée. Son eau chloro-sulfatée sodique et calcique, ses vieux bâtiments des années 1900 et même sa télécabine nous ont fait replonger un instant dans notre ville thermale d’attache, Saint-Gervais, où nous avons résidé 25 ans.


La Pologne nous attend…

Eh oui, vous l’avez deviné, c’est notre étape suivante. Alors à bientôt et merci de nous lire. Les liens pour commenter ou s’abonner sont dans le menu.

Parcours en Lituanie

Notre trajet depuis le 19 Avril dernier, soit 20 300 km parcourus.

28. Fête des gosses !

Procréation assistée

Au Danemark comme dans les pays scandinaves, la part de la population âgée augmente dangereusement aussi tout est fait pour encourager la natalité. A commencer par ce congé parental de 52 semaines qui fait beaucoup d’envieux. Mais au cours de nos déplacements, nous voyons bien que les enfants ne sont jamais oubliés. Les parcs de jeux sont omniprésents, les commerces disposent souvent d’espaces pour enfants, de même que les musées qui sont par ailleurs tous gratuits jusqu’à 18 ans. On trouve des tables à langer dans tous les WC, des chaises hautes dans les restaurants et dans les églises, ces dernières proposant à l’entrée des livres d’enfants aux côtés des bibles pour leurs parents. Enfin, le Danemark est célèbre pour permettre depuis 1967 (soit 54 ans avant nous) aux enfants de porter plainte contre leurs parents qui leur auraient administré une fessée.

fête des gosses !
Jeux pour enfants dans l’enceinte d’un château

Livres pour enfants dans une église

Jeux, thèmes à la folie !

Nous nous sommes joints à la frénésie de la dernière semaine avant la rentrée scolaire danoise (eh oui les pauvres, les vacances d’été se terminent entre le 9 et le 11 août) pour visiter quelques attractions concernant les enfants, notamment un parc animalier dédié aux espèces scandinaves, mais aussi la Lego House à Billund, ville danoise dont l’économie est centrée depuis les années 50 sur la célèbre brique inventée par un menuisier natif. A ne pas confondre avec le parc Legoland de la même ville, qui est plutôt un parc d’attraction classique même si le design des manèges s’apparente aux Lego. La Lego House est plutôt orientée créativité. Des œuvres fabuleuses y sont exposées, comme cet arbre de 15,68 m de haut composé de plus de 6 millions de briques au centre de l’escalier principal.

Des familles entières, avec parfois plus d’adultes que d’enfants viennent y jouer aux Lego, mais pas n’importe comment. Ici, on crée uniquement des fleurs jaunes que l’on piquera ensuite sur des supports, la monochromie et la multiplicité des designs rendant le fini particulièrement esthétique. Là, on assemblera des briques pour former des poissons, qui seront ensuite scannés devant un appareil : miraculeusement, le poisson prendra vie dans un grand aquarium numérique, ondulant au fil de l’eau et clignant des yeux. A un autre endroit, il faut créer un bâtiment uniquement en briques Lego blanches et sur un support imposé de 6×6, que l’on insèrera ensuite sur un plateau qui représente une grande ville. A la manière de Sim City, grâce à l’informatique sous-jacente, des routes vont se créer et relier le bâtiment au reste de la ville, des points mobiles simulant le déplacement des habitants ou des véhicules.

Au sous-sol, une exposition retrace toute l’histoire de la création Lego, des jouets en bois ordinaires de la première usine aux boîtes sophistiquées contemporaines, en passant par les premières briques qui tenaient mal entre elles et le procédé ingénieux qui a permis de résoudre ce problème.

Ours blanc au Scandinavian Park

Un des espaces de jeux de la Lego House

Arbre central géant et salle des dinosaures

Le conte est bon, j’espère

A Odense, sa patrie natale, nous ne pouvions manquer de rendre visite à Hans Christian Andersen. Nous avons tenté notre chance à sa première demeure, mais il n’y était plus depuis longtemps. Sa seconde était fermée depuis le début de l’été, pour être remplacée par une autre, un musée flambant neuf exposant tout de long en large sur le célèbre conteur danois, mais le musée était fermé précisément aujourd’hui en raison d’un problème électrique. Vraiment pas de chance. Après une courte visite dans la ville, nous sommes allés voir le Jardin d’Andersen. Il n’y était pas non plus, mais nous avons quand même vu sa statue. Nous avions rendez-vous avec une petite troupe de conteurs amateurs qui selon nos guides et Internet se produisaient devant la Maison des Contes de Fées, au centre de ce jardin, tous les jours jusqu’à mi-août à 11h et 13h. Eh bien ils n’étaient pas là non plus, la mi-août ne doit pas tomber en même temps au Danemark qu’en France. Visite complètement ratée, quoi. En l’absence d’Andersen, je me permets de vous conter une petite mésaventure qui vient de nous arriver.

Il était une fois une princesse qui vivait dans un carrosse tout bleu, un fiacre « Du Château » italien qu’elle avait fait aménager par un menuisier réputé de Macronie, avec tout le confort dû à son rang. Le mobilier était fait de bois précieux (si l’on en juge par son prix), les fenêtres s’ornaient de draperies coulissantes capables aussi bien d’occulter la lumière du soleil que le passage éventuel d’insectes, les tapis avaient été brodés par Saint Maclou en personne. Les réserves en eau courante pouvaient tenir des lustres, tandis que ceux-ci, étonnamment non vénitiens pour un fiacre italien, avaient été remplacés par des luminaires plus modernes que l’on appelle à led, même si l’on en n’a pas besoin. Quant à ces derniers, le carrosse avait été équipé du très performant système « pro secco », plus conforme au pays d’origine. Point de gaz dans ce véhicule, ce qui avait l’avantage d’éviter d’acheter des allumettes aux petites filles traînant dans la rue. La cuisinière et l’eau de la baignoire (verticale faute de place) étaient chauffées grâce à la même énergie que celle mouvant les 160 chevaux tractant le carrosse. Tout cela n’était-il pas merveilleux ?

Un jour alors qu’ils se trouvaient à voyager dans la belle région du Danemark, la princesse et son prince charmant firent halte pour s’approvisionner en eau fraîche. Tandis que le prince vaquait au remplissage, la princesse déplaçait quelques provisions dans la soute, possiblement une boîte de petits pois qui la gênait. Là il est nécessaire d’expliquer, faute de comprendre l’allusion, que dans les carrosses la soute est située sous le lit. En déplaçant cette fameuse boîte, elle heurta un autre objet placé là on ne sait pourquoi (enfin si, on sait, c’est parce qu’il n’y avait pas d’autre place ailleurs). L’objet, une sorte de cylindre muni d’une valve à l’extrémité d’un petit tuyau qui en sortait, avait été acquis apparemment pour restaurer rapidement la pression d’un pneu du carrosse qui viendrait à la perdre brutalement. Le choc provoqua d’abord à peu près le même bruit que l’on produit en ouvrant une bouteille de cette boisson à base de houblon fermenté si répandue au Royaume du Danemark. Ce qui se produisit ensuite pourrait être décrit comme une sorte de gros chamallow en expansion rapide après un de big bang imaginaire, gagnant promptement une bonne portion de la soute, dissimulant à la vue de nos infortunés voyageurs tout ce qui s’y trouvait, conserves de petits pois compris. La princesse eut tout de même le réflexe, craignant que le véhicule ne disparaisse en entier, de plonger sa main dans le gros chamallow pour en extraire l’objet générateur. La suite fut plutôt affaire d’éponge et d’huile de coude, le prince faisant malicieusement remarquer à la princesse qu’elle ressemblait tantôt à la reine des neiges, lorsqu’elle ressortait de la soute le visage et les bras couverts de mousse, tantôt à la petite sirène lorsqu’elle plongeait tout cela dans son seau. Une fois le dernier coup de torchon passé, on s’aperçut que, contrairement à ce que l’on croit généralement, la mousse ne tache pas tant que ça. La princesse et le prince reprirent leur route heureux, riant du comble auquel ils étaient parvenus : crever une bombe anti-crevaison.


26. En 2 temps 5 mouvements

deux temps différents au même endroit

Les deux temps, déflorons l’accroche de suite, correspondent à notre météo quotidienne. Le ciel est en effet particulièrement changeant au Danemark, les nuages ne cessant de défiler. En moins d’une minute, le soleil radieux peut se dissimuler derrière un cumulo-nimbus menaçant et nous transporter dans la pénombre, parfois nous arroser de quelques gouttes ou encore nous délivrer une véritable averse sous des vents forts qui vous retournent le parapluie tout juste sorti de son étui. Bienvenue au club diront peut-être les Bretons. A nous qui n’étions habitués qu’à un temps à la fois. Le bon côté des choses, c’est que nous sommes sûrs de voir le soleil tous les jours. Le mauvais côté, c’est qu’il faut savoir attendre le bon moment pour les photos, le joli paysage aux couleurs chaudes et contrastées pouvant se transformer en une scène dramatique et menaçante entre le cadrage et l’appui sur le déclencheur. A titre d’exemple, les deux photos ci-dessus sont prises au même endroit à quelques minutes d’intervalle seulement. Mais bon, les épisodes de pluie restent minoritaires, volontiers nocturnes, et le bruit des gouttes venant frapper la carrosserie, nous adorons. Ça nous rappelle le camping de notre enfance.


Concernant les mouvements, commençons par la rotation. Surtout celle incessante des éoliennes, omniprésentes dans l’environnement danois. Ce pays produit à ce jour 40% de son énergie grâce au vent, tout en visant l’autonomie électrique en 2035 et l’indépendance énergétique totale en 2050. Les médisants pourraient prétexter l’abondance de la ressource, mais cela ne fait pas tout, il y a une vraie politique verte dans ce pays. Par exemple à St Barth, où le soleil brille plus de 300 jours par an, le nombre de panneaux solaires est ridiculement bas. Et aucune éolienne bien sûr, alors que lez alizés soufflent gaillardement une grande partie de l’année. Vers Esbjerg, nous avons côtoyé un port où l’on chargeait d’immenses pales d’éoliennes sur des bateaux. Cela a commencé à exciter notre curiosité et lorsqu’un peu plus loin, à Osterig nous sommes passés devant un centre d’essais pour éoliennes, nous n’avons pas hésité à en effectuer la visite. Nous avons appris plein de choses, comme sur leur conception (pourquoi 3 pales et pas 2 ou 4 par exemple), leur mise en place très différente selon qu’on se trouve sur terre ou en mer, l’évolution de la technologie au cours du temps et les achats d’énergies d’un pays voisin à l’autre programmés la veille en fonction de la météo du lendemain. Très instructif donc.


Le second mouvement est celui de ce phare dénommé Rubjerg Knude, construit en 1900 initialement à 200m de la mer sur une dune qui n’a cessé de s’éroder depuis. En 2019, il ne lui restait plus que 5 ans avant de s’effondrer dans la mer, aussi a-t-il été décidé, compte-tenu de son intérêt touristique, de l’éloigner du rivage de 70 mètres, à l’aide d’une mini-voie ferrée. L’opération, qui s’apparente au déplacement des fusées de leur hangar de stockage vers leur pas de tir, a pris seulement 4h30, après une préparation de tout de même plusieurs mois. Après les tramways allemands qui prennent l’autoroute, voici le phare danois qui prend le train ! Une vidéo sur le déplacement est disponible ici. Nous avons fait la balade pour découvrir ce phare peu commun, grimpant une immense dune posée entre mer et forêt un peu à la manière de celle du Pilat, fouettés par le vent et le sable mais heureux de découvrir ce lieu.

Vues du bas et du haut du phare

Après le phare qui recule, voici maintenant la dune qui avance. Cela se passe tout au nord de la péninsule du Jutland, à un endroit où la bande de terre n’est large que de cinq kilomètres. La dune appelée Rabjerg Mile s’y est formée vers 1750 et depuis, elle ne cesse de progresser vers l’Est, de 13 à 17 mètres par an. A ce rythme-là, elle devrait atteindre la mer du côté opposé vers l’an 2200. De nouveau nous avons découvert un micro-Sahara en territoire danois, d’environ 900 x 600 mètres. Nous l’avons foulé avec plaisir, nous demandant si nous n’allions pas apercevoir une colonne de rennes bossus longer la crête d’une dune, admirant aussi les jolies figures que dessine le vent dans le sable.

Le vent, quel artiste !

Le mouvement suivant est un mouvement de foule. A Grenen, à l’extrémité Nord de la péninsule du Jutland, nous avons suivi une longue procession constituée majoritairement de Danois qui suit la plage comme chaque jour à la queue-leu-leu, jusqu’à une pointe très étroite qui finit dans la mer. Où plutôt dans les mers.  Car justement à cet endroit deux mers se rencontrent, la Mer du Nord et la Mer Baltique. Les courants assez forts et en sens inverse, rendant d’ailleurs la baignade dangereuse (de toutes façons, à 14°C on n’a pas trop envie d’y tremper autre chose que ses pieds) soulèvent de belles vagues chargées d’écume. Les gens s’y arrêtent un moment, s’y prennent volontiers en selfie, puis repartent en sens inverse. Peut-être iront-ils ensuite se régaler d’un plateau de fruits de mer dans la petite ville voisine de Skagen, très prisée des touristes. Au Danemark, les vacances scolaires d’été se terminent le 11 Août, il faut qu’ils se dépêchent.

Rencontre de la Mer du Nord et de la Mer Baltique

Port et restaurant de fruits de mer à Skagen

Le dernier mouvement, et bien c’est le nôtre, reprenant la route. Et dans ce pays écolo, nous suivons les routes vertes. De la couleur du liséré qui les borde sur la carte routière, signalant leur côté pittoresque. Mais aussi parfois avec de l’herbe en guise de ligne séparatrice, comme sur la photo. On ne peut faire plus vert !