114. Fêtes seulement

Les fêtes de fin d’année sont l’acmé des relations familiales et amicales. Le temps qui y est consacré réduit d’autant la rédaction du blog, limitée à quelques articles ce mois-ci. Mais c’est pour mieux rebondir l’année prochaine, promis !

À couteaux tirés

Sur fond d’une neige tombante, qui est probablement la première que rencontre Roberto, une énorme main munie d’une arme blanche émerge d’un brouillard à couper au couteau. Elle signale l’entrée du musée que, joie du tourisme hors saison, nous sommes les premiers à visiter ce matin.

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On nous montre d’abord une petite vidéo où un présentateur à l’humour bien aiguisé nous fait l’historique de la marque, de la découverte du concept en 1829 jusqu’aux ateliers d’aujourd’hui. Pour couper court, le laguiole (oui, c’est bien de lui dont on parle et oui, c’est bien devenu un nom commun) est né du mariage entre le capuchadou, un petit couteau à lame fixe fabriqué localement, et la navaja au manche courbé que les scieurs de long du pays ramenaient d’Espagne après leur saison.

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La visite se poursuit par l’ancienne forge, où l’on découvre les faibles moyens dont disposaient les couteliers au XIXème siècle, puis par les ateliers modernes, fonctionnant en open space car chaque artisan fabrique son couteau de A à Z, se déplaçant de poste en poste. Dans des vitrines sont exposés des couteaux Laguiole de différentes périodes ou de différentes fonctions (de l’œuvre d’art pure aux couteaux de chasseurs).

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La boutique est magnifique, les lames de centaines de couteaux étincelant sous les leds, sur des présentoirs où toutes les matières des manches sont décrites, de la corne de buffle à la dent de mammouth en passant par de multiples essences de bois. Un certificat d’origine est remis pour chaque achat, préservant du risque de tomber sur une des nombreuses contrefaçons, qui émanent majoritairement d’entreprises chinoises contre lesquelles les deux ateliers laguiolais luttent …à couteaux tirés.


Intermède météo


IA IA OH !

Si vous ne connaissez pas la comptine « Dans la ferme de Mathurin » qui tourne en boucle sur le jouet électronique de ma petite fille d’un an, alors c’est tant mieux, parce que vous ne vous endormirez pas avec la ritournelle « iha iha oh » dans la tête (pour les incrédules, allez écouter ça sur YouTube) et parce que, malgré la similitude phonique, ça n’est pas du tout le sujet.

Nous allons parler ici d’intelligence artificielle (IA pour les intimes) que je me suis laisser tenter à essayer. Je connais bien sûr le fameux ChatGPT, outil intéressant mais qui ne produit que du texte. Or depuis le mois d’octobre, le moteur de recherche de Microsoft, Bing, intègre une IA performante appelée DALL-E 3. Il suffit d’avoir un compte Microsoft, genre une adresse Outlook, pour commencer à s’amuser. Les photos ci-dessous montrent les différentes requêtes que j’ai pu faire, et les images (4 propositions à chaque fois) créées en quelques secondes. Même si les propositions sont encore perfectibles, c’est bluffant, non ?



Le quizz du mois


L’énigme du mois

La scène se passe à Issoire, une jolie cité d’Auvergne célèbre pour son abbatiale que vous trouverez photographiée plus bas. Un médecin de famille installé là depuis longtemps se rend d’abord à Hérange, un hameau voisin pour y consulter Sam, un petit garçon de 3 ans qui s’est tordu le poignet en jouant trop fort à la console. Dans la même journée, l’après-midi à son cabinet, il reçoit un autre petit garçon étonnamment du même âge et portant le même prénom que celui du matin. Sauf que celui-ci a 39° C de température depuis 4 jours et que cela inquiète bien sa maman. Sans même avoir encore examiné l’enfant, le médecin a déjà sa petite idée… Et vous ? (réponse à la fin de l’article suivant)

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Une crèche sympathique dans l’autel mais surtout des colonnades et des vitraux très fouillés

Réponse au quizz du mois : il s’agissait de Clermont-Ferrand, le chef-lieu du Puy-de-Dôme. Vercingétorix, en bon Gaulois résistant, y a vaincu les Romains (en fait à Gergovie, juste à côté). Le pape Urbain II a été le premier du genre à y lancer une croisade pour défendre les chrétiens d’Orient. Blaise Pascal y est né. Les indices étaient les pierres volcaniques des édifices, le musée Bargoin, en service depuis 1905 et le numéro du département sur une plaque minéralogique.


Question à deux balles

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Il y a ceux qui sont dans le trou et les autres. Alors, une petite idée ? Réponse à la fin de l’article suivant

Réponse à l’énigme du mois : Il s’agissait bien sûr de la fièvre du Sam d’Issoire


Roberto retrouve son lieu de naissance

Nous avions depuis plusieurs mois remarqué que notre batterie cellule ne se rechargeait plus en roulant. Nous n’étions plus alimentés que par les panneaux solaires, c’est à dire pas grand chose en hiver (soleil bas, mauvais temps, etc.). Le câble venant de l’alternateur montrant une tension correcte, le problème ne pouvait survenir que du chargeur incorporé à notre batterie. Nous profitons de l’occasion pour aller faire une petite visite à notre aménageur de Rodez, Stephan de Loisirs 12. Après rapides vérifications, il conclut que notre alternateur devenu moins vigoureux au fil du temps ne fournit plus à notre batterie cellule une tension suffisante pour déclencher le fonctionnement du chargeur. Heureusement, le cas est prévu : il « suffit » de relier un « plus après contact » au chargeur pour l’informer qu’il faut charger la batterie cellule dès que le moteur est en marche. J’ai mis « suffit » entre guillemets, car le passage de ce petit câble une fois l’aménagement terminé a donné un peu de fil à retordre – c’est le cas de le dire – à la concession Fiat/Iveco voisine à qui nous avons confié l’opération. Mais depuis, nous avons le bonheur de voir notre batterie se charger de nouveau, même pour 10mn de circulation en ville. Il n’y a pas de petit plaisir, lorsqu’on vit en fourgon aménage, l’autonomie est vitale.

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La jolie ville de Rodez
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Réponse à la question à deux balles : Nous sommes à Bozouls, en Aveyron, célèbre pour son cirque en fer à cheval, appelé Trou de Bozouls, dû à la lente érosion du calcaire par un petit affluent du Lot, le Dourdou.


La découverte culinaire du mois

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On n’arrête pas le progrès, les oignons qui ne font plus pleurer sont bien là sur les étalages ! Mais pourquoi n’y avait-on pas pensé plus tôt ?

Cela dit, ça m’a donné une idée pour un autre produit, pour l’instant encore dans mon imagination :

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M. et Mme ont une grande famille

Allez, juste pour le plaisir, et notamment parce que la seconde est d’actualité, je vous retransmets ces deux devinettes qui ne sont bien sûr pas de moi. Mais je m’y mettrai peut-être un jour, qui sait.

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Betty, Baba, Noëlle, Candice et Sandra

La trêve des voyageurs

Encore une quinzaine de jours et nous terminerons cette longue pause métropolitaine en reprenant la route en direction de l’Europe du Sud-Est. De l’Italie à la Turquie dans un premier temps, en longeant le flanc Est de la Mer Adriatique. Grâce aux polos superbement imprimés avec notre logo, cadeau attentionné reçu à Noël, la team Roberto est parée pour de nouvelles aventures. Rendez-vous fin janvier pour les premières étapes. En attendant, nous souhaitons à tous nos lecteurs une joyeuse et festive fin d’année.

112. La révolution d’Octobre

Loin de nous poser lors de cette phase française de notre voyage, nous avons encore avalé pas mal de kilomètres au cours de ce mois d’octobre. La relative dispersion des membres de notre famille ou de nos amis nous a donné l’occasion de découvrir ou redécouvrir quelques jolis coins de notre pays.

a) Miroir ô beau miroir, dis-moi qui est la plus belle…

J’adore les effets miroir. Le reflet parfait d’un paysage sur un plan d’eau tout aussi parfaitement lisse. Ces derniers temps nous avons été gâtés, principalement le matin avant que la brise ne se lève. Voici quelques clichés récents. Saurez-vous reconnaître celui qui volontairement a été placé à l’envers ?

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Les réponses aux différents quiz sont groupées en fin d’article


b) Cyrano de Paris

Les apparences sont trompeuses lorsqu’on visite Bergerac : les effigies et allusions au héros de Rostand sont partout. On pourrait croire que les habitants ignorent que le vrai (Savinien de) Cyrano de Bergerac n’a jamais mis les pieds dans leur ville. Il est né et a grandi dans les Yvelines. Mais ça les arrange quand même bien, car ça fait venir le touriste et c’est plus glorieux que le vrai fonds de commerce de la ville : le tabac et l’alcool. Bon, j’exagère un peu, j’aime bien les vins de la région, la ville ne produit plus de tabac depuis 2015 (mais son musée du tabac en retrace toute l’histoire) et elle possède de vrais attraits touristiques : balades en gabarres sur la Dordogne, centre historique médiéval tout en ruelles tortueuses et maisons à colombages, restaurants gastronomiques, festivals de théâtre, etc.

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Quiz : Le vrai Cyrano de Bergerac fut :
1°) auteur de science-fiction
2°) mousquetaire
3°) navigateur au long cours
Laquelle de ces affirmations est fausse ?


c) Le musée qui fait un vrai tabac

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ignorais que Bergerac avait été un haut lieu de production du tabac en France pendant les deux derniers siècles, grâce à des conditions climatiques favorables (hivers doux, étés chauds et humides) et un port bien placé sur la Dordogne. La production était bien sûr très encadrée par l’État. Au musée du tabac de Bergerac, qui n’incite en rien les gens à fumer, on vous raconte toute l’histoire de la plante à nicotine depuis son usage longtemps exclusif par les populations d’Amérique du Sud et d’Océanie jusqu’à ce que Christophe Colomb a ramène le tabac en Europe et pourrisse ainsi les poumons de milliards de personnes. Les différents usages du tabac ont conduit à la réalisation de nombreux accessoires (râpes, pipes, enseignes, porte-cigarettes, etc.) dont certains hautement artistiques sont exposés dans ce musée.

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une pipe créée spécialement pour le musée

Quiz : que signifient les lettres du sigle SEITA ? Ne trichez pas, essayez sans Google…


d) Cantal de Monaco

Ce titre a un petit air de princesse monégasque, mais c’était bien avant Steph de Monac. En 1643 précisément. Louis XIII avait donné à Honoré II de Grimaldi et ses successeurs le droit de percevoir les impôts du Comté de Carlat (encore un fromage et une chanteuse mais je n’y suis pour rien) dont la capitale était Vic-sur-Cère. Et un hôtel particulier en prime. L’affaire dura jusqu’en 1789 jusqu’à ce que les révolutionnaires y mettent fin. Bons princes (c’est le cas de le dire), ils laissèrent tout de même aux monégasques l’hôtel particulier que Louis XIII leur avait offert en prime. Rainier III en 1951 et Albert II en 2014 sont venus y séjourner brièvement. Peut-être pour marquer leur territoire en faisant pipi dans les toilettes, qui sait ?


e) Vic-les-Bains

Si vous connaissez cette ville, vous êtes démasqué(e) : vous êtes un(e) voyageur(euse) du temps. Parce que la ville n’existait qu’au XVIIème siècle. En ce temps-là, la source d’eau minérale aux propriétés fabuleuses attirait du grand monde. Comme par exemple Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, qui après 22 ans de mariage n’avait toujours pas d’enfant. Elle vint faire une cure à Vic-les-Bains en 1637. Louis XIV naquit l’année suivante ! Reconnaissant, il fit embouteiller l’eau dix ans plus tard et s’en faisait livrer à domicile.

Aujourd’hui, la ville est devenue Vic-sur-Cère. L’eau thermale n’est plus exploitée. Au kiosque où elle sourd encore, avec la même composition physico-chimique qu’autrefois, un panneau indique qu’elle n’est pas potable. Certains minéraux auraient déplu aux députés ou aux lobbyistes européens. On me dit que les vicois(es) voteraient volontiers pour un Louis XIV s’il venait à se présenter aux élections…

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f) Cantal’architecture, parlons-en !

A l’occasion d’un week-end réunissant une partie de la famille et des amis, nous avons pu apprécier l’architecture si particulière du Cantal. Notre location était assez typique de la région avec ses murs en pierres volcaniques, son toit pentu couvert de lauzes taillées en écailles de poisson, et sa grande pièce centrale unique qui s’est avérée idéale pour notre petit groupe. La visite du centre-ville de Vic-sur-Cère nous a permis de retrouver beaucoup d’autres éléments construits sur le même modèle. Un régal pour les yeux. Et c’est sans parler de l’environnement montagneux alentour.

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g) L’homme qui inventa la vache rouge

A Salers en Haute Auvergne, le climat d’altitude et les pentes conviennent mieux aux pâturages qu’aux cultures. Vers 1850, une race de vache aux longs poils et aux cornes en forme de lyre, descendante de l’aurochs, pourtant bien adaptée aux conditions locales, perdait peu à peu ses caractéristiques en raison d’un métissage excessif. Un éleveur dynamique de la ville de Salers, Ernest Tyssandier d’Escous s’inspira des Anglais et restaura la race en faisant se reproduire entre eux les meilleurs animaux préalablement sélectionnés. Il organisa même un concours annuel pour récompenser les meilleurs mâles reproducteurs.

Des troupeaux de vaches rouges paissent maintenant partout dans la région, la race s’exporte dans 25 pays du Monde et le buste d’Ernest trône sur la place principale de sa ville reconnaissante.

Quiz : Quelle est la particularité de la vache de Salers (une seule bonne réponse)
1) elle ne se trait qu’en présence de son veau
2) elle ne se nourrit que de foin monté en graines
3) elle rit


h) Avons-nous perçu le bon Salers ?

Le village de Salers, dans le Cantal, est l’un des « plus beaux villages de France ». Même s’il en existe 175 autres, nous ne pouvions le rater. Nous y avons retrouvé la jolie architecture auvergnate de ces derniers jours, rassemblée sur une petite colline de pierre volcanique. Les ruelles étroites, le caractère moyenâgeux, les points de vue sur les volcans d’Auvergne et les spécialités de la région attirent malheureusement les boutiques de souvenirs, les bars, les restaurants et tout le petit monde qui va avec. Même si ce n’était pas la grande foule hors saison, cela enlève de l’authenticité au lieu et, personnellement, j’ai préféré les anonymes petits villages voisins. La rançon du succès.

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i) Derniers à Ré tout le monde descend

C’est tout l’avantage du hors saison que de pouvoir visiter tranquilles des sites habituellement bondés le reste du temps. C’est ainsi que nous avons traversé sans crainte le pont qui mène à l’île de Ré. La circulation très espacée dans la partie la plus proche du continent est devenue presque nulle à l’autre extrémité. Nous avons dormi dans un silence parfait sur un parking en pleine nature près du Phare des Baleines, auprès duquel nous nous sommes rendus le lendemain. Accompagnés de quelques autres visiteurs, nous l’avons vu se dévoiler progressivement de sa brume de mer matinale, tout en appréciant la côte sauvage à cet endroit.

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Plus tard, de passage dans le joli village d’Ars-en-Ré, nous avons encore trouvé des rues désertes. Dommage pour un site faisant partie des « plus beaux villages de France ». Mais tant mieux pour nous !

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Quiz : le clocher de l’église du village est inhabituellement bicolore, avec la pointe noire et la base blanche. Pourquoi ?
1) en hommage à Nicéphore Niépce, enfant du pays, inventeur de la photographie
2) pour être vu de loin par les bateaux
3) parce que la partie noire en haut attire moins la foudre que la partie blanche
4) en souvenir du couvreur qui est tombé du toit après avoir posé la moitié des ardoises



j) Spectacle au format PDF

Claudie y était allée il y a une quinzaine d’années. Pour ma part c’était une première. J’étais resté sur l’idée d’un grand son et lumière régional où les habitants du coin, tous bénévoles, défilaient vêtus en paysans devant un château en feu. J’étais vraiment loin de la réalité et remercie vivement nos amis Dominique et Christophe de nous avoir conduits dans ce lieu magique et remis en place nos idées préconçues. Vous avez peut-être reconnu dans le descriptif le Puy Du Fou, un parc à thème créé il y a plus de 40 ans, qui a su se développer au fil des années sans jamais vouloir ressembler aux parcs d’attraction classiques basés sur des dessins animés ou des bandes dessinées.

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Nos enfants étant maintenant de jeunes adultes, nous n’avions pas fréquenté ce genre de parcs depuis longtemps, et nous avons été véritablement scotchés par les progrès technologiques et l’inventivité de la mise en scène des différents spectacles présentés. Il est bien difficile de décrire une journée aussi intense en une dizaine de lignes ou en quelques photos et vidéos, mais soyez-sûr(e)s d’être conquis par une visite sur place et d’être converti(e)s au format PDF.

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k) La ville qui s’appelait Napoléon

Une des premières décisions de Napoléon après s’être autoproclamé empereur a été de destituer de son statut de préfecture de la Vendée la ville de Fontenay-le-Comte au profit d’un petit bourg appelé La Roche-sur-Yon. La nouvelle préfecture, développée et équipée selon les préceptes napoléoniens, porta le nom de l’empereur à plusieurs reprises au cours de son histoire. Des savants de retour de la campagne d’Égypte, sans doute impressionnés, choisirent de conserver dans la ville des modèles mécaniques d’animaux afin de mieux les étudier. Perdus pendant plus d’un siècle, ils ont fini par être retrouvés et furent remis à la disposition du public sur la place principale appelée naturellement « Place Napoléon ». C’est le seul endroit qui porte encore la marque de l’empereur car, curieusement, après Waterloo, la ville reprit son nom original.

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l) On se fait un McDo ?


m) Une bonne base pour Dali

De passage à Bordeaux, nous avons découvert le Bassin des Lumières, une reconversion étonnante d’une base sous-marine germano-italienne construite pendant la guerre en espace de spectacles numériques. Les artistes à l’honneur le jour de notre visite étaient Dali et Gaudi. Nous avons pu apprécier leurs œuvres qui, projetées sur les immenses murs, sols et bassins de l’édifice, enrichies par la pénombre, l’animation et l’accompagnement musical (Pink Floyd pour Dali) étaient vraiment magnifiées par le lieu. Une expérience que nous espérons revivre prochainement avec les futurs invités : Tintin et ses acolytes.

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n) L’effet papillon

Dans nos critères de choix pour notre futur Roberto, la discrétion était importante : une couleur autre que le blanc pour ne pas ressembler à un camping car, et plutôt foncée pour se fondre dans l’environnement. Ici sur ce parking à Agen, l’intégration au décor était maximale, notre sticker de morpho bleu ajouté au Costa Rica étant parfaitement en phase avec la vitrine du magasin devant lequel nous étions garés.


o) Le Karaboudjan, le Requin et la Licorne

Hergé pouvait-il imaginer qu’un jour ses bateaux fétiches se retrouveraient dans une base sous-marine à près de 900 km de sa Belgique natale ? Et pas seulement, puisque, de retour au Bassin des Lumières de Bordeaux, nous avons vu défiler tout l’univers de Tintin, des couvertures aux personnages, jusqu’aux jurons du Capitaine Haddock. En cette période de vacances scolaires, si les enfants étaient nombreux et généralement peu attentifs, le public était majoritairement adulte, chacun retrouvant les lectures de son enfance ou d’une période plus récente. Personnellement, j’ai adoré lire les BD de Tintin. Peut-être que mon envie de voyager et de découvrir le monde vient de là ? Je me souviens encore du premier album que j’ai lu et relu : l’Étoile Mystérieuse. Et vous, vous souvenez-vous de votre tout premier Tintin ?

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p) Faites-le vous-même, mais pas tout seul

Ce slogan d’une grande enseigne de bricolage tombe à pic pour légender ma photo. Petite surprise en démontant un luminaire dans la maison que viennent de louer mon fils et sa compagne. Ces punaises dérangées pendant leur sommeil ont retrouvé la liberté après un transport dans une tasse à café, le premier récipient à portée de main. Aucun animal n’a été maltraité, comme ils disent à la fin des films où l’on pourrait en douter.

Quiz : De quelle enseigne est le slogan du titre ?
1. Mr Bricolage ?
2. Leroy Merlin ?
3. Castorama ?
4. Brico Dépôt ?


C’est avec ces peu sympathiques mais inoffensives bébêtes que se termine le parcours d’octobre de Roberto et de ses occupants, que l’on peut qualifier de révolution tellement nous tournons autour du même secteur. Et puis la révolution d’Octobre, ça sonne bien, non ? A bientôt !

P.S. Les solutions des différents quiz : a2 ; b3 ; g1 ; i2 ; p1

110. On the road again

Entre la sortie d’hibernation de Roberto et les petites routes du Portugal, entre une partie de la famille et des amis, notre mois d’Août a été bien occupé. Le rythme des publications s’en est ressenti, mais le blog aussi avait besoin de vacances, que voulez-vous !

Le grand retour

Nous sommes au 4ème jour de l’arrivée du Titus dans le port de Zeebrugge, un vendredi, et, sans nouvelles de notre intermédiaire, nous envisageons de passer un week-end supplémentaire sur place puisqu’aucune livraison ne se fait les samedis et dimanches. Mais le mail tant attendu arrive enfin : Roberto est prêt à être réceptionné à l’adresse qui nous est indiquée. Cela dit, notre intermédiaire nous demande la date à laquelle nous souhaitons y aller, afin qu’il puisse prévenir la compagnie maritime de notre arrivée, et cela 24h à l’avance. Ce qui signifie pour nous une réception pas avant lundi. Inenvisageable ! Nous contactons directement la compagnie qui, elle, nous donne le feu vert. En toute allégresse, nous remballons nos affaires et quittons notre logement pour nous rendre à Zeebrugge à 15 km de là. Aux bureaux de Wallenius Wilhelmsen (la compagnie), nous signons quelques papiers et attendons qu’on aille nous chercher Roberto.

Et puis, le grand moment arrive enfin, nous voyons Roberto franchir la porte de la zone sécurisée du port et venir se garer juste devant nous. L’employé nous remet les clefs avec un grand sourire, nous souhaitant bon voyage. Voici maintenant venu le temps de l’inspection. Notre véhicule a-t-il été visité, dévalisé, voire vandalisé pendant ce voyage ? Nous entrons avec un brin d’inquiétude. Mais nous sommes vite rassurés : tout a l’air intact, tel que nous l’avions laissé. Les placards sont rangés, les petites cachettes où j’avais dissimulé quelques outils sont toujours occupées. Nous poussons un soupir de soulagement et nous installons à bord. Nous sortons avec joie des installations portuaires et reprenons la route. Un vrai moment de bonheur !

Après 15 mn d’attente, Roberto fait son entrée
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Une rapide inspection nous rassure : pas de vandalisme

Cap Sud-Ouest

Il n’est pas question de reprendre notre tour du monde de suite, nous allons pendant quelques mois retrouver nos familles et amis quelque peu délaissés avant de reprendre le large. Mais ce que nous reprenons à 100%, c’est notre vie nomade qui nous a beaucoup manqué pendant ces deux derniers mois. Plaisir de rouler, de s’arrêter au moment choisi, de bivouaquer chaque jour dans un site différent et tout simplement de vivre dans notre petite maison sur roues. Nos premières étapes sont plus familiales que touristiques et les publications sur le blog se sont raréfiés d’autant. Lui aussi a droit à quelques congés !

Roberto on the road again
Roberto enfin libre à Bruges (ci-dessus) puis sur une aire d’autoroute et tout près d’Agen (ci-dessous)

Mais nous voilà repartis vers le Sud-Ouest avec deux étapes consacrées prioritairement à deux de nos enfants, à Agen puis St Jean de Luz.

Plage de Saint Jean de Luz
La plage de St Jean de Luz (non ne cherchez pas, Roberto n’y est pas !)

Bidart, vous avez dit Bidart ?

C’est dans cette commune située entre St-Jean-de-Luz et Biarritz que l’on découvre en suivant le sentier du littoral l’étrange Château d’Ilbarritz au sommet d’une petite colline. Il fut construit entre 1895 et 1897 dans le but principal d’abriter le plus grand orgue privé jamais conçu. Un coup de folie ou de génie du Baron Albert de l’Espée qui venait d’acheter le terrain.

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Le château d’Ilbarritz à Bidart (64)

L’aventure ne dura que 4 ans, et en 1903 le château fut revendu et l’orgue déménagea à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre où l’on peut encore le voir aujourd’hui. Le château connut une histoire mouvementée, transformé tour à tour en sanatorium, hôpital de guerre, casino, garnison allemande, hôtel Relais et Châteaux avant d’être classé en 1990 pour ne pas finir en centre de thalassothérapie. Sauf que l’argent manque et la lente dégradation se poursuit. Une âme charitable pour le sauver ?

A propos d’orgue, saviez-vous que lorsqu’on parle de « grandes orgues » il ne s’agit que d’un seul instrument alors que les « grands orgues » en concernent plusieurs ? Bidart, non ?


Une faille de Google Traduction

Si vous demandez au célèbre traducteur en ligne la traduction en Espagnol du mot français « Auchan », en bon élève sur le caractère invariable des noms propres, il vous répondra « Auchan ». Mais c’est méconnaître l’origine du nom commercial de cette enseigne de supermarchés.

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Le magasin Alcampo à Irun (Espagne)

La marque Auchan provient du quartier des Hauts Champs de Roubaix, où a été ouvert le premier magasin de l’entreprise en 1961. Une fois franchie la frontière franco-ibérique comme nous venons de le faire, la marque se transforme en Alcampo, ce qui est tout simplement la traduction de « au champ » en Espagnol.

A l’intérieur, pas de grande particularité par rapport à l’enseigne française, si ce n’est l’imposant rayon de jambons entiers et l’agréable odeur qui va avec.

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Rayon des jambons entiers dans l’hypermarché

L’Espagne sans la foule

En plein cœur du mois d’Août, que le ciel soit gris ou bleu, la grande majorité des touristes se concentre sur les plages ou dans l’étroite zone maritime adjacente, celle où l’on a pied. Étrange communion estivale qui se retrouvera quelques jours ou semaines plus tard sur les routes du retour.

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La foule sur la côte, même un jour de mauvais temps. Mais comment font-ils ?

Autant vous dire que ce n’est pas la tasse de diesel de Roberto que de rouler pare-chocs contre pare-chocs, surtout après avoir traversé les grands espaces américains. Et quant à nous, les seules plages qui nous font rêver sont désertes ou presque, avec une eau au-delà de 26°C dans laquelle nagent quelques tortues et autres poissons multicolores.

Nous avons donc rapidement fui la zone côtière pour rejoindre des zones plus paisibles. Nous avons ainsi traversé de jolis petits villages aux maisons de pierres, des champs parsemés de moutons, des ponts étroits que frôlent les rétroviseurs de Roberto, des routes de montagne quasi désertes.

A quelques exceptions près, la masse touristique s’est évaporée comme par magie. Nous avions même les spots Park4night* pour nous seuls la nuit. Ça c’est un signe !

* Application sur smartphone où les adeptes de véhicules de loisirs partagent leurs bivouacs


Vitoria-Gasteiz et Bourges-Avaricum

Contrairement à Saint-Étienne ou Bruère-Allichamps, Vitoria-Gasteiz est un pléonasme, Gasteiz n’étant que le nom basque de Vitoria. C’est comme si on appelait notre capitale Paris-Lutèce ou ma ville natale Bourges-Avaricum, encore qu’il s’agisse pour ces deux-là du nom Romain.

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Donc Vitoria-Gasteiz est la capitale du pays basque espagnol. Imaginez un centre médiéval entouré d’une zone un peu plus moderne puis d’une ceinture d’espaces verts. Une ville tranquille où il fait bon vivre, et où il fait bon se promener. Les dix mille pas enregistrés par le smartphone de Claudie nous ont permis d’apprécier une architecture assez typique d’Espagne comme ces fenêtres saillantes, ces grilles omniprésentes aux ouvertures comme aux clôtures, ces figures sculptées dans la pierre en façade, ces frontons d’églises munis de cloches, etc.

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En tout cas une balade paisible en plein mois d’août sans la foule. Un peu comme à Paris-Lutèce j’imagine.


« Veille toujours au grain, sans attendre demain »

Dans l’un des premiers villages que nous rencontrons, après avoir franchi la frontière hispano-portugaise, nous découvrons un regroupement d’une cinquantaine d’édifices sur pilotis, tout en pierre et pour la plupart surmontés d’une croix.

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Espigueiros do Lindoso, Portugal

Renseignement pris, il s’agit de greniers de stockage du maïs, remontant parfois au XVIIème siècle. Les pilotis en pierres protègent contre les rongeurs. Des fentes verticales sur les parois, en favorisant l’aération, protègent contre l’humidité. Les croix sur le toit protègent contre toute malédiction. Et le regroupement, en favorisant la surveillance, protège contre les voleurs.

Chaque famille du village possédait son grenier. Certains sont parait-il encore utilisés de nos jours.

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Une belle découverte en tout cas, idéale pour notre premier contact avec le Portugal.


Le sanctuaire du Bon Jésus du Mont

Sanctuaire du Bon Jésus du Mont à Braga
Sanctuaire du Bon Jésus du Mont à Braga, Portugal

Au sommet d’une colline près de la ville de Braga, toujours au Portugal, trône une église de style néoclassique datant du XVIIIème siècle. Jusque-là rien d’exceptionnel, mais le site est classé au patrimoine mondial par l’UNESCO. On l’atteint soit par un funiculaire, fonctionnant depuis 1882 et utilisant un système particulier de contre-poids d’eau, soit par les 577 marches d’un escalier avec 17 paliers, débutant par un chemin de croix avant de se poursuivre par le majestueux escalier des cinq sens. L’ensemble est très photogénique l’après-midi lorsqu’il est éclairé par le soleil, mais un peu moins le matin à contre-jour. Nous avons courageusement choisi les marches, sans pour autant les gravir à genoux comme le font certains pénitents. Cela nous a permis d’apprécier les sculptures et fontaines disposées tout au long et de découvrir petit à petit le panorama sur la vallée et la ville.

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Batismo

Nous avons eu le grand honneur d’être invités au baptême de la petite Julia, fille de nos amis Christelle et Nuno. Une tradition familiale bien marquée au Portugal, ayant bien plus d’ampleur que chez nous. En gros, c’est quasiment la même organisation qu’un mariage en France : cérémonie à l’église, vin d’honneur puis dîner dansant. Sans parler Portugais, nous n’avons pas pu échanger avec tous les invités, mais heureusement une partie d’entre eux était francophones. La musique et les danses étaient presque toutes portugaises, ce qui nous réjouit : tant de pays perdent une partie de leur culture en se laissant envahir par la langue anglo-saxonne. Mais heureusement pas le Portugal.

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Nous voilà au bout de notre route Sud-Ouest. Il n’y a plus qu’à reprendre le chemin en sens inverse car de nouveau la famille nous attend, nous réclame. De nouveau quelques centaines de kilomètres à parcourir. Mais ce n’est pas comme si on détestait ça… A bientôt alors !

109. En attendant Roberto

Nous voici donc de retour en France métropolitaine (oui, ceux d’outre-mer disent toujours ça pour bien faire la différence, et quand ils disent la France tout cours c’est péjoratif) le temps que Roberto traverse l’Atlantique. Contrairement au héros désespérément absent du roman de Samuel Beckett à peine évoqué dans le titre de l’article, nous espérons que notre « Godot » à quatre roues apparaîtra bien à la fin de la pièce !

Retrouvailles contrastées

Nous débarquons dans l’Hexagone en pleine période de violences urbaines. Saccages, pillages, bataillons de policiers et hélicoptères qui tournent dans la nuit. Et dire que l’Amérique centrale apparait violente aux yeux des Européens… Nous regrettons presque notre paix de là-bas ! Heureusement, il y a des compensations. Nous retrouvons avec bonheur la famille et la gastronomie française, comme ce « grand petit déjeuner » (l’emploi de l’anglicisme « brunch » est déconseillé par le ministère des finances) qui a réveillé d’un coup nos papilles gustatives un temps endormies.


Mais au fait, dans quelle ville sommes-nous ? Voici quelques indices pour la découvrir…

Mais oui, les derniers indices étaient particulièrement parlants, nous étions bien à Agen, préfecture du Lot-et-Garonne


Et pendant ce temps là, Roberto flâne tranquillement entre la Floride et les Bahamas…

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Devoir de mémoire

Après cette pause familiale à Agen, nous repartons vers la Belgique récupérer Roberto, dont l’arrivée est annoncée le 31 juillet, soit 18 jours après la date initialement prévue. La seule consolation est que nous ne sommes pas obligés de faire la route d’une traite.

Encore une petite devinette pour trouver notre première étape :

Après une nuit dans un gîte proche de la ville martyr et d’un lieu-dit au nom trompeur, avec pour voisins quelques alpagas, nous faisons effectivement cette première étape à Oradour sur Glane, un petit village près de Limoges, rendu tristement célèbre par le massacre de plus de 600 de ses habitants le 10 mai 1944 par des troupes allemandes faisant preuve d’une bestialité extrême.

Afin que jamais ne se perde la mémoire de ces atrocités, le lieu a été sanctuarisé et ouvert à la visite, dans le respect de ses habitants. Chacune des maisons en ruines – incendie criminel oblige – porte le nom de son occupant au moment du drame. Les objets laissés sur place témoignent de ces vies soudain réduites au néant. Un mémorial expose les photos des 643 victimes, toutes civiles et dont beaucoup d’enfants pendant qu’une voix monocorde égrenne leurs noms et âges.

Une visite émouvante mais nécessaire pour ne pas oublier ce dont sont capables les humains, en temps de guerre ou même en dehors.

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La place centrale du village où tous ses habitants furent rassemblés au prétexte d’un contrôle d’identité
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Et pendant ce temps là, Roberto longe les côtes de la Géorgie, de Brunswick à Savannah. Vue de l’application, la densité du trafic maritime est parfois inquiétante. Pourvu que le Titus ne se perde pas !


Restauration insolite

Appelée « Le Garage », c’est une petite auberge au milieu de nulle part, trouvée par hasard sur notre route. Après avoir traversé champs et forêts, on tombe sur un amoncellement de voitures de tous âges de part et d’autre d’un garage en apparence fermé. Au point d’avoir un doute : la restauration mentionnée sur notre plan ne concernerait-elle pas uniquement les voitures ?

Mais derrière les quelques tables désertées d’un jardinet parsemé d’objets décoratifs en tous genres, du hibou qui nous fixe de ses yeux formés de spots halogènes aux faux consommateurs en plastique, la patronne des lieux nous ouvre sa porte. Ouf, c’est bien un restaurant !

L’intérieur est tout aussi kitsch avec les toiles cirées à carreaux rouge et blanc sur les tables, les salières-poivrières en passagers de tracteurs miniatures, le vin servi en bouteilles de limonade. Et que dire de l’environnement où bananiers côtoient volières d’aras, poulailler et pigeonnier ?

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La nourriture – un menu fixe – est simple mais efficace, le prix défie bien sûr toute concurrence. Bref, un endroit comme on aime.


Et pendant ce temps-là, Le Titus déjà très en retard se permet une boucle supplémentaire (non prévue initialement) entre Baltimore et Philadelphie. Il était en rupture de stock de steak au fromage ou quoi ?


Bercy-sur-Loire

Ne cherchez pas ce lieu sur Google Maps, c’est juste que le nom m’a paru intéressant pour faire le lien entre le siège du Ministère des Finances à Paris et le château de Sully-sur-Loire, occupé quatre siècles sur les sept de son existence par le Duc de Sully, ministre des finances d’Henri IV, et ses descendants.

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Nous avons visité ce château d’architecture médiévale, nous avons admiré les vieilles pierres, la charpente en « berceau brisé », les différentes pièces bien restaurées dont celles du Duc, de la Duchesse et du Roi. Cette dernière nommée en référence à Louis XIV qui l’a occupée 2 nuits, et non pas à son grand-père Henri IV, patron de Sully, qui n’a jamais rendu visite au château.

Mais les présidents de la République mettent-t-ils parfois les pieds à Bercy ?

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Et pendant ce temps-là, nous n’avons plus aucune nouvelle de Roberto. Faute d’avoir pris la version payante des sites de suivi, nous n’avons que les positions automatiques obtenues lorsque les navires en croisent d’autres, ce qui est plutôt rare au milieu de l’Atlantique. Du coup, Le Titus semble cloué à son point de départ, mais ça n’est pas plus inquiétant que ça… Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?

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Notez la date estimée d’arrivée au 24 juillet. Quelques jours plus tard, elle va s’afficher au 31 !

L’Empereur en Playmobil

Napoléon Bonaparte ne parlait quasiment pas un mot de Français lorsqu’à l’âge de 10 ans il arriva de sa Corse natale à Brienne-le-Château, dans l’Aube. Il y resta 5 ans, de 1779 à 1784, pour apprendre non seulement la langue mais déjà quelques stratégies militaires, qu’il mettait en pratique avec brio dans la cour de récréation.

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Une riche iconographie accompagne la présentation de la carrière militaire de Napoléon Bonaparte
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Sur le bilan des différentes batailles, on voit à quel point la vie humaine valait peu par rapport aux prises matérielles ennemies

Nous avons visité ce musée qui retrace ce bref parcours, mais aussi les grandes lignes de la vie personnelle et politique de Napoléon, une jolie collection de soldats de plomb ainsi que de nombreuses cartes animées et interactives sur le déroulement des batailles, dont celle qui a eu lieu ici, à Brienne, en 1814.

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La généalogie et la vie familiale de l’empereur sont bien décrites, jusqu’à son lit de mort
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En cerise sur le gâteau, nous avons eu droit à l’expo temporaire « Napoléon en Playmobil » regroupant de belles reconstitutions de batailles construites par un passionné.

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Pendant ce temps-là, le Titus réapparait près de la Normandie. On aimerait bien qu’il rejoue le débarquement (enfin juste de Roberto) mais ce ne serait pas raisonnable. Et puis nous ne sommes pas équipés de plaques de désensablement.

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Et puis quelques heures plus tard, la joie retombe brusquement : un article du Monde fait état d’un navire transporteur de véhicules en feu près des Pays-Bas. Une vérification rapide nous permet de vérifier qu’il ne s’agit pas du nôtre, dont nous recherchons de suite la localisation. Bingo ! Il est juste à côté de celui en flammes ! Heureusement, le Titus va poursuivre sa route tranquillement pendant que l’autre continue de se consumer. Apparemment, que des véhicules neufs à l’intérieur, dont 500 voitures électriques chargées en Allemagne. La batterie de l’une d’entre elles serait-elle responsable de l’accident ?


Bienvenue chez les Ch’tis

Courte pause dodo sur notre route dans le département du Nord. Fidèle à sa réputation quant au climat…


Ypres Ypres Ypres Hourra !

Et nous voici déjà en Belgique, le plat pays qui n’est pas le nôtre. Nous visitons logiquement Ypres, dans la continuité de notre traversée historique de la France, avec cette fois pour thème la Première Guerre Mondiale. En effet, d’importantes batailles se sont déroulées ici. Les nombreux monuments commémoratifs et cimetières militaires en témoignent, tout comme le magnifique In Flanders Fields Museum. Nous nous sommes replongés un moment dans l’histoire des tranchées et des hommes qui s’y sont battus pour que nous soyons en paix aujourd’hui.

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Ci-dessus : les armes de la Première Guerre Mondiale, loin des FAMAS et autres drones
Ci-dessous : les jouets très en vogue à l’époque et un véhicule transporteur de pigeons voyageurs
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Ypres est aussi une très jolie ville au style flamand bien affirmé, avec ses bâtiments en briques multicolores, ses pignons en escalier, ses tourelles, etc. Les édifices publics (halle aux draps) ou religieux (comme la cathédrale) sont superbes, en vrai comme en Lego… Une bonne préparation à la visite prochaine de Bruges.

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Le In Flanders Fields Museum est logé dans l’ancienne halle aux draps, reproduite ci-dessous en Lego

Et pendant ce temps-là, Roberto nous a dépassés. Sa course transatlantique le fait accoster tout d’abord à Bremerhaven, en Allemagne. Nous aurions pu aller le récupérer là, cela nous aurait fait gagner 2 jours, mais avec un trajet et un coût supplémentaire qui n’en valaient pas la peine. Après une trentaine d’heures, le Titus part enfin vers Zeebrugge.

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La Venise du Nord

La ville de Bruges est indéniablement sous le signe de l’eau. Celle qui tombe du ciel tout d’abord, 199 jours par an tout de même, et qui gâche un peu les balades. Et puis bien sûr celle des canaux qui entourent et traversent la cité, la reliant d’ailleurs à la Mer du Nord à 15 km de là. Il faut dire que Bruges a commencé sa carrière comme port maritime au XIème siècle, grâce à une protection efficace contre les Vikings qui régnaient alors sur les mers. La ville est devenue alors le lieu incontournable pour les affaires en Europe au point que la première Bourse mondiale fut créée ici au XIIIème siècle. Chez les Van des Buerse, d’où le nom. Et puis le canal s’est enlisé, la ville est tombée en déclin au profit d’Anvers sa voisine. Heureusement son centre médiéval authentique remarquablement préservé a su séduire l’UNESCO qui a reconnu la ville comme patrimoine mondial en l’an 2000. Mais surtout c’est la reconstruction d’un port moderne en bord de mer, appelé Zeebrugge (Robertodrôme en Français*) qui a regonflé l’économie de la ville.

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La météo de notre semaine à Bruges. Faut-il vraiment des commentaires ?
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Beaucoup des photos ci-dessous auraient pu être comme celle-là. Mais nous avons tenté de tirer parti des quelques dizaines de minutes chaque jour où de petits morceaux de ciel bleu réapparaissent

Dans l’attente du débarquement et de la livraison de notre véhicule préféré, nous avons pris un peu de temps pour visiter la ville. Nous avons particulièrement apprécié son unité architecturale dans le style gothique flamand, son réseau de ruelles et de canaux tortueux, ses édifices religieux lançant leurs multiples flèches vers le ciel et carillonnant à tout va, ses multiples boutiques dont beaucoup incitent à la tentation. Succès oblige, nous étions loin d’être les seuls à visiter, et la cohabitation voitures-cyclistes-vélos-piétons-motos-calèches-camions de livraison dans les étroites rues qui n’ont de piétonnes que le nom s’est révélée ardue. Malgré cela, la visite est incontournable pour ceux qui traversent la Flandre occidentale, qui cherchent à agrémenter un week-end, ou qui viennent récupérer leur Roberto.

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*Bruges-sur-Mer en réalité (zee = mer en Néerlandais)


Et pendant ce temps-là, le Titus entre enfin dans le port de Zeebruges. Nous sommes probablement les seuls au monde à nous émouvoir devant les copies d’écran ci-dessous, mais bon. L’aventure n’est pas terminée pour autant, il reste la réception, qui va encore prendre quelques jours, 3 ou 4 en moyenne, parfois plus dit la compagnie. Le feuilleton à suspense continue…

A très bientôt et merci de nous suivre !

107. En route sans Roberto

Pendant que notre véhicule préféré (bah oui, nous n’en avons qu’un) attend sa croisière sur le Titus, nous arpentons les rues de Panama City, et plus particulièrement celles du Casco Viejo puisque nous y logeons. C’est le quartier où la ville initiale s’est reconstruite après le saccage par le corsaire anglais Henry Morgan en 1671. Si ses habitants ont fui en périphérie pour se réfugier dans des tours de béton, les touristes redécouvrent aujourd’hui sa belle architecture coloniale et toute son histoire, provoquant de fait sa réhabilitation progressive. Pendant quelques jours, nous vous partagerons quelques points qui ont attiré notre attention.

Le Café Coca-Cola

Le Café Coca-Cola est le plus ancien café de la ville, présent depuis 1875, et le seul au monde à porter ce nom. Tandis que Wikipédia relie cela à l’amitié entre les américains et les panaméens à cette époque (mon œil, oui), le café lui-même et d’autres sources assurent que l’établissement a gagné son procès contre la firme américaine, celle-ci ayant malencontreusement oublié de protéger sa marque au Panama (ils en étaient au tout début de leur expansion mondiale). L’établissement est resté dans son jus, parfait pour un café, et continue à servir – il fait aussi restaurant – une cuisine locale saine, copieuse et bon marché, que les locaux accompagnent bien plus souvent de café que de la boisson aux 7 morceaux de sucre par canette de 33cl.

Et c’est probablement de bon café panaméen que se sont abreuvés les hôtes célèbres du lieu, comme le couple Perón, Pablo Neruda, Fidel Castro, Ernesto Che Guevara ou encore (sans comparaison aucune) Julio Iglesias et Daniel Craig.

Mine de rien, le Café Coca-Cola est inscrit pour sa valeur historique au patrimoine mondial de l’Unesco !


La Mercedes dans l’église

Désolé pour les vanlifers qui roulent en Sprinter, nous ne parlons pas de leur véhicule favori, mais de l’église Nuestra Señora de las Mercedes, alias La Merced, du vieux quartier de Panama City.

Construite à partir de 1522 à l’entrée de la ville primitive, elle fut le seul édifice épargné par le saccage du corsaire Henry Morgan en 1671. Alors quand la capitale fut reconstruite plus loin, sur l’actuel Casco Viejo, l’église y fut transportée pierre par pierre à dos de mule et d’esclave. Du moins la façade, parce que les pierres de ses murs furent réquisitionnées pour les nouvelles constructions. C’est pourquoi les tours qui encadrent la façade sont d’aspect plus récent.

Peu reconnaissante, l’église catholique expropria deux siècles plus tard l’ordre des mercédaires (créé en 1218 pour le rachat des chrétiens captifs des musulmans) qui avait tout retapé. Sachant qu’ils ne pourraient dire que merci (traduction française du latin merces). Ils ont tout de même fini par récupérer leur bien en 1983. La morale est sauve !

À l’intérieur de l’église, on remarque la structure en bois (d’origine) qui soutient la charpente, frêle d’aspect mais apparemment efficace et le bel autel doré copie fidèle de l’original où trône la Vierge de la Miséricorde, sainte patronne du lieu. Sur les côtés sont aussi très vénérées (j’ai dû revenir pour faire les photos) la Virgen del Carmen qui protège les marins, avec son bateau dans la main, Sainte Edwige, protectrice des foyers, reconnaissable aux multiples maisonnettes déposées à ses pieds en guise d’ex-voto, et la Vierge de la Charité, sainte patronne des Cubains, avec en dessous la barque des 3 hommes qui l’ont découverte flottant près d’une île.


Réhabilitation

Le « vieux quartier » de Panama City, érigé après la destruction de la ville initiale en 1671, a connu son apogée entre 1850 et 1920, une fois le chemin de fer et le canal en service. La plupart des bâtiments reflètent le style colonial espagnol de cette époque. La fuite de la population aisée vers la périphérie vers 1970 a conduit à un appauvrissement du quartier et au développement de la criminalité qui ont encore aggravé les choses. Petit à petit, l’habitat s’est détérioré. Heureusement, après la qualification en monument historique national par le gouvernement en 1976 et surtout en patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1997, le Casco Viejo a commencé à renaître. Les bâtiments restaurés ont une certaine classe et attirent maintenant les touristes aisés. Le contraste avec les anciens immeubles dont souvent ne persistent que les façades et dont les ouvertures du rez-de-chaussée ont été murées est saisissant. Mais ces vieux bâtiments aux couleurs tantôt fades tantôt vives, aux boiseries d’un autre âge, souvent décorés de peintures murales et hébergeant une population authentique ont aussi un charme fou. Je les préfère personnellement aux précédents.

A noter que pour favoriser la réhabilitation, le gouvernement offre 30 ans de taxe foncière et 10 ans d »impôts à ceux qui s’y lancent. Autant dire que les chantiers sont nombreux !


Carludovica Palmata

Ah ah, je sens que ce titre ne vous évoque pas grand-chose. Il s’agit d’un palmier qui ne pousse qu’en Équateur, dont la paille aussi fine que souple et légère était utilisée par les habitants de certaines régions du pays pour tresser des chapeaux de soleil.

Efficace et robuste, le chapeau a suscité une demande forte des autres régions puis du monde entier, accentuée peut-être par son usage chez les ouvriers du canal ou quelques personnalités comme Roosevelt ou Churchill.

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Je suis quasiment le seul sans chapeau !

Son expédition par caisses estampillées « PANAMA », puisque devant transiter par ce pays pour l’export, a fait croire à ceux qui les recevaient que le chapeau venait de là et son nom panaméen a fini par tomber dans l’usage courant. L’Équateur aurait pu se plaindre, mais comme les recettes s’envolaient…

On en trouve de toutes les qualités, mais sachez qu’un vrai panama se reconnait à son tressage très fin qui démarre par une rosace au sommet du chapeau. Autant dire que la totalité de ceux pris en photo ici sont des faux !

Enfin, le chapeau panama, équatorien donc, est inscrit au patrimoine culturel de l’humanité, comme le Café Coca-Cola d’ailleurs. Mais ça n’a rien à voir.


Cerro Ancón

Lorsque la première ville de Panama fut saccagée par les pirates en 1621, on décida de la reconstruire en un lieu plus sûr que sur une simple plage, car les plages c’est difficile à défendre, les Allemands en ont fait les frais en 44. Enfin les Alliés aussi mais ça n’est pas le propos. Donc la ville fut déplacée sur une péninsule placée au pied d’une colline qui permettrait de la surveiller tout en l’alimentant en eau potable et qui fut baptisée Cerro Ancón.

Vous le savez, j’aime bien savoir l’origine des noms. Pas besoin de lancer Google Traduction pour savoir que « cerro » signifie « colline » en Espagnol, mais nous l’avons interrogé pour « Ancón », qu’il a traduit bêtement par « ancon », ce qui pourrait désigner cette année coronavirale qui nous a pourri la vie, mais non.

J’essaie alors sur Wikipédia, qui m’en donne la définition suivante : « En géographie , un ancón est un corps aquifère navigable plus grand qu’une entrée et moins profond qu’un creux« . Misère… Je tente ma chance avec une traduction en Anglais, et oh miracle, j’obtiens le mot « cove », qui signifie « crique ».

Nous partons donc ascensionner la Colline de la Crique, un petit havre de paix végétale au cœur de la ville. Certains y rencontrent des animaux, mais les seuls troupeaux que l’on ait croisé étaient euh humains. Du haut des 199m, sous les ondulations du plus grand drapeau du pays, de jolis panoramas s’offrent sur la ville nouvelle hérissée de tours, le vieux quartier où nous reconnaissons quelques édifices religieux caractéristiques, et le canal dans toute sa splendeur avec des montagnes de containers hérissées cette fois de grues. Peu de navires circulent en revanche. Nous apercevons au loin le Titus qui aurait dû récupérer Roberto il y a 3 jours mais qui reste mystérieusement ancré à l’entrée du canal.

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Vue dégagée sur Panama City : les tours de la ville moderne à gauche, le quartier historique à droite
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Le port de commerce et une belle perspective du canal avec les écluses de Miraflores au fond

Le grand échange

Il y a un peu plus de 3 millions d’années, le Panama n’existait pas. Ou plutôt c’était un canal de grande largeur qui séparait les deux Amériques. Les porte-containers auraient pu y circuler facilement et gratuitement s’ils avaient existé. Mais à l’époque, l’espèce humaine commençait tout juste à se redresser sur ses jambes, autant dire que le porte-container était le cadet de ses soucis.

Et puis la plaque pacifique s’est glissée un peu plus sous la plaque caraïbe, provoquant un soulèvement du sol ainsi que l’éruption de volcans qui ont fini par boucher le canal. C’est ballot, puisqu’il a fallu le recreuser plus tard, mais surtout cela a permis à tout ce qui vivait au Sud de passer au Nord et réciproquement. C’est ce que l’on a appelé le grand échange. Sans cela, il n’y aurait pas de paresseux en Amérique du Nord, ni de lamas en Amérique du Sud. Le Pérou ne serait pas le Pérou. Le Costa Rica ne produirait pas d’ananas. Les Mayas auraient du se passer de cacao. Le plus étonnant dans ce grand échange, c’est que 3 millions d’années après, il n’y a toujours pas de route reliant les deux Amériques !

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Nous avons entendu parler de tout cela au Biomuseo de Panama City, qu’on repère de loin grâce à ses toits multicolores. La visite est idéale pour occuper un jour de pluie.


Yakadi va pêcher !

Yakadi, c’est le nom d’un navire de pêche panaméen parti pêcher illégalement le 6 avril dernier. L’année dernière, il aurait pu sans doute dévaliser l’océan sans vergogne, mais sous la pression de l’Union Européenne, le Panama a dû prendre des mesures, s’équiper d’une surveillance satellite et de moyens d’interpellation. Car sinon l’Europe aurait interdit toute importation de poisson en provenance de ce pays. Les États-Unis font aussi pression de leur côté. C’est comme ça, les gros imposent leur loi aux petits. Mais c’est aussi une façon de protéger les honnêtes pêcheurs locaux, qui connaissent les mêmes difficultés que partout : raréfaction de la ressource, pollution, augmentation du prix du carburant, etc.

Le petit port de pêche de Panama City, avec ses bateaux d’un autre âge ancrés devant la skyline imposante de la ville, reste assez plaisant à visiter. Et les petits restaurants du marché au poisson sont toujours bien achalandés. Il va falloir que l’on teste leur ceviche très réputé avant de quitter le pays !  

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Tomates d’arbres et soupes de pattes

A défaut de subir la malbouffe locale (c’est loin d’être une spécialité panaméenne hélas) nous restons curieux de ce qui peut être proposé sur les étals des marchés ou les menus des restaurants.

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Sur les premiers nous avons retrouvé ces « tomates d’arbres », des tamarillos en fait, que nous avions vues dans la nature au Costa Rica, des grappes de raisin aux grains très allongés et sans pépins et une multitude d’avocats. Au pays des Panama Papers, rien d’étonnant… Et un rien détonnant que cette soupe aux « municiones », non ?

Sur les seconds, nous avons repéré cette « soupe de pattes », une sorte de ragoût aux pieds de porc ou de vache, et des plats revendiqués créoles faisant la part belle au riz et aux haricots rouges, l’accompagnement pluriquotidien des repas en Amérique latine.

Et puis avouons-le, il nous est arrivé de craquer aussi pour quelques spécialités françaises, comme ce petit camembert dont l’emballage permettait une conservation d’un an (!) et tout à fait honorable au goût.


Cet article aurait dû clôturer notre séjour au Panama, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Nous avions prolongé un peu notre location pour attendre le départ de Roberto, mais à l’heure où j’écris, celui-ci attend toujours son bateau-hôte, lui-même « scotché » à l’entrée du canal depuis 9 jours sans aucune autre explication. Le départ qui était annoncé le 17 juin est maintenant reporté au 29. Nous quitterons le Panama avant. A bientôt pour la suite du feuilleton…