28. Fête des gosses !

Procréation assistée

Au Danemark comme dans les pays scandinaves, la part de la population âgée augmente dangereusement aussi tout est fait pour encourager la natalité. A commencer par ce congé parental de 52 semaines qui fait beaucoup d’envieux. Mais au cours de nos déplacements, nous voyons bien que les enfants ne sont jamais oubliés. Les parcs de jeux sont omniprésents, les commerces disposent souvent d’espaces pour enfants, de même que les musées qui sont par ailleurs tous gratuits jusqu’à 18 ans. On trouve des tables à langer dans tous les WC, des chaises hautes dans les restaurants et dans les églises, ces dernières proposant à l’entrée des livres d’enfants aux côtés des bibles pour leurs parents. Enfin, le Danemark est célèbre pour permettre depuis 1967 (soit 54 ans avant nous) aux enfants de porter plainte contre leurs parents qui leur auraient administré une fessée.

fête des gosses !
Jeux pour enfants dans l’enceinte d’un château

Livres pour enfants dans une église

Jeux, thèmes à la folie !

Nous nous sommes joints à la frénésie de la dernière semaine avant la rentrée scolaire danoise (eh oui les pauvres, les vacances d’été se terminent entre le 9 et le 11 août) pour visiter quelques attractions concernant les enfants, notamment un parc animalier dédié aux espèces scandinaves, mais aussi la Lego House à Billund, ville danoise dont l’économie est centrée depuis les années 50 sur la célèbre brique inventée par un menuisier natif. A ne pas confondre avec le parc Legoland de la même ville, qui est plutôt un parc d’attraction classique même si le design des manèges s’apparente aux Lego. La Lego House est plutôt orientée créativité. Des œuvres fabuleuses y sont exposées, comme cet arbre de 15,68 m de haut composé de plus de 6 millions de briques au centre de l’escalier principal.

Des familles entières, avec parfois plus d’adultes que d’enfants viennent y jouer aux Lego, mais pas n’importe comment. Ici, on crée uniquement des fleurs jaunes que l’on piquera ensuite sur des supports, la monochromie et la multiplicité des designs rendant le fini particulièrement esthétique. Là, on assemblera des briques pour former des poissons, qui seront ensuite scannés devant un appareil : miraculeusement, le poisson prendra vie dans un grand aquarium numérique, ondulant au fil de l’eau et clignant des yeux. A un autre endroit, il faut créer un bâtiment uniquement en briques Lego blanches et sur un support imposé de 6×6, que l’on insèrera ensuite sur un plateau qui représente une grande ville. A la manière de Sim City, grâce à l’informatique sous-jacente, des routes vont se créer et relier le bâtiment au reste de la ville, des points mobiles simulant le déplacement des habitants ou des véhicules.

Au sous-sol, une exposition retrace toute l’histoire de la création Lego, des jouets en bois ordinaires de la première usine aux boîtes sophistiquées contemporaines, en passant par les premières briques qui tenaient mal entre elles et le procédé ingénieux qui a permis de résoudre ce problème.

Ours blanc au Scandinavian Park

Un des espaces de jeux de la Lego House

Arbre central géant et salle des dinosaures

Le conte est bon, j’espère

A Odense, sa patrie natale, nous ne pouvions manquer de rendre visite à Hans Christian Andersen. Nous avons tenté notre chance à sa première demeure, mais il n’y était plus depuis longtemps. Sa seconde était fermée depuis le début de l’été, pour être remplacée par une autre, un musée flambant neuf exposant tout de long en large sur le célèbre conteur danois, mais le musée était fermé précisément aujourd’hui en raison d’un problème électrique. Vraiment pas de chance. Après une courte visite dans la ville, nous sommes allés voir le Jardin d’Andersen. Il n’y était pas non plus, mais nous avons quand même vu sa statue. Nous avions rendez-vous avec une petite troupe de conteurs amateurs qui selon nos guides et Internet se produisaient devant la Maison des Contes de Fées, au centre de ce jardin, tous les jours jusqu’à mi-août à 11h et 13h. Eh bien ils n’étaient pas là non plus, la mi-août ne doit pas tomber en même temps au Danemark qu’en France. Visite complètement ratée, quoi. En l’absence d’Andersen, je me permets de vous conter une petite mésaventure qui vient de nous arriver.

Il était une fois une princesse qui vivait dans un carrosse tout bleu, un fiacre « Du Château » italien qu’elle avait fait aménager par un menuisier réputé de Macronie, avec tout le confort dû à son rang. Le mobilier était fait de bois précieux (si l’on en juge par son prix), les fenêtres s’ornaient de draperies coulissantes capables aussi bien d’occulter la lumière du soleil que le passage éventuel d’insectes, les tapis avaient été brodés par Saint Maclou en personne. Les réserves en eau courante pouvaient tenir des lustres, tandis que ceux-ci, étonnamment non vénitiens pour un fiacre italien, avaient été remplacés par des luminaires plus modernes que l’on appelle à led, même si l’on en n’a pas besoin. Quant à ces derniers, le carrosse avait été équipé du très performant système « pro secco », plus conforme au pays d’origine. Point de gaz dans ce véhicule, ce qui avait l’avantage d’éviter d’acheter des allumettes aux petites filles traînant dans la rue. La cuisinière et l’eau de la baignoire (verticale faute de place) étaient chauffées grâce à la même énergie que celle mouvant les 160 chevaux tractant le carrosse. Tout cela n’était-il pas merveilleux ?

Un jour alors qu’ils se trouvaient à voyager dans la belle région du Danemark, la princesse et son prince charmant firent halte pour s’approvisionner en eau fraîche. Tandis que le prince vaquait au remplissage, la princesse déplaçait quelques provisions dans la soute, possiblement une boîte de petits pois qui la gênait. Là il est nécessaire d’expliquer, faute de comprendre l’allusion, que dans les carrosses la soute est située sous le lit. En déplaçant cette fameuse boîte, elle heurta un autre objet placé là on ne sait pourquoi (enfin si, on sait, c’est parce qu’il n’y avait pas d’autre place ailleurs). L’objet, une sorte de cylindre muni d’une valve à l’extrémité d’un petit tuyau qui en sortait, avait été acquis apparemment pour restaurer rapidement la pression d’un pneu du carrosse qui viendrait à la perdre brutalement. Le choc provoqua d’abord à peu près le même bruit que l’on produit en ouvrant une bouteille de cette boisson à base de houblon fermenté si répandue au Royaume du Danemark. Ce qui se produisit ensuite pourrait être décrit comme une sorte de gros chamallow en expansion rapide après un de big bang imaginaire, gagnant promptement une bonne portion de la soute, dissimulant à la vue de nos infortunés voyageurs tout ce qui s’y trouvait, conserves de petits pois compris. La princesse eut tout de même le réflexe, craignant que le véhicule ne disparaisse en entier, de plonger sa main dans le gros chamallow pour en extraire l’objet générateur. La suite fut plutôt affaire d’éponge et d’huile de coude, le prince faisant malicieusement remarquer à la princesse qu’elle ressemblait tantôt à la reine des neiges, lorsqu’elle ressortait de la soute le visage et les bras couverts de mousse, tantôt à la petite sirène lorsqu’elle plongeait tout cela dans son seau. Une fois le dernier coup de torchon passé, on s’aperçut que, contrairement à ce que l’on croit généralement, la mousse ne tache pas tant que ça. La princesse et le prince reprirent leur route heureux, riant du comble auquel ils étaient parvenus : crever une bombe anti-crevaison.


27. Défunts de moi difficiles

Cimetières m’étaient contés…

Vrai de vrai, nous fréquentons beaucoup les cimetières. D’abord parce qu’il faut les traverser pour visiter les églises qu’ils entourent systématiquement. Aussi parce qu’ils ont souvent des parkings intéressants pour passer la nuit loin des hordes de camping-cars (déjà que ceux-ci se collent les uns aux autres pour ne pas avoir peur la nuit, il est difficilement imaginable qu’ils viennent se risquer à dormir tout seuls près d’un cimetière dont peuvent sortir à tout moment fantômes et autres revenants). Enfin ils sont connus pour être des lieux où l’on peut se procurer de l’eau potable, bien que pour l’instant nous n’ayons pas encore recouru à ce mode d’approvisionnement. Ils sont en général très bien entretenus. Dans l’avant-dernier que nous avons visité, pas moins de 4 jardiniers assuraient le ratissage des allées et l’entretien des petites haies qui séparent les tombes. Pour le dernier c’était un peu spécial, car c’était un ancien cimetière Viking, et là l’entretien était assuré par un troupeau …de moutons. Mais c’était sur une colline entière. Ce cimetière a connu sa pleine activité entre les Vème et Xème siècle. Avant, les Vikings n’étaient pas nés. Après ils ont été convertis au christianisme et obligés d’enterrer leurs morts autour des églises. Mais avant cela, ils pratiquaient plutôt l’incinération, le bûcher étant placé dans une fosse entourée de pierres en forme de cercle pour les femmes ou de triangle pour les hommes. Après la crémation, ils étaient ensuite recouverts de terre, la double peine en quelque sorte, que la nature a transformée en triple peine en recouvrant l’ensemble d’une épaisse couche de sable. Tout est tombé dans l’oubli pendant près d’un millénaire, jusqu’en 1952 où il a été décidé d’entreprendre des fouilles. 700 tombes et quelques maisons ont été mises à jour. Après c’est le business habituel : aménagement d’un parking, construction d’un musée, embauche des moutons, etc.

cimetière viking défunts

Une histoire de croque-mort

Maintenant que le Danemark est passé à l’ère luthérienne, les cimetières bien entretenus restent à l’air libre. Encore que, vu la faible altitude du pays, négative parfois et la tendance à la montée des eaux, il se pourrait que les défunts fassent trempette d’ici quelques décennies. En attendant, ils vivent leur repos éternel regroupés par secteurs avec des aspects très différents. Pour les uns il s’agira de simples zones gazonnées où sont réparties plus ou moins régulièrement des plaques funéraires ou bien de simples pierres gravées ou peintes auxquelles on adjoindra un petit pot de fleur ou bien un arbuste. Pour d’autres les pierres seront plus larges, plantées obliquement dans la terre et non plus horizontalement, tandis que les décorations autour seront un peu plus riches. Enfin, les quartiers chics verront leurs tombes entourées de petits massifs de buis, les pierres seront cette fois verticales et volontiers en marbre, mais on ne verra pratiquement jamais de grandes dalles comme chez nous. Les tombes sont souvent personnalisées avec des figurines, le plus souvent des animaux, mais parfois des nains de jardin ou autres babioles. Comme chez nous de petites plaques viennent compléter la plaque ou la pierre principale, et notamment une particulièrement fréquente portant la mention « MOR » qui a inévitablement attiré mon attention. Mon esprit espiègle a aussitôt imaginé une espèce de certificat de décès attribué par un croqueur d’orteil. Mon traducteur de poche m’a malheureusement contredit en affirmant que le terme désignait plutôt la « mère ». Dommage, j’aimais bien la première version.


Le King sans « vi »

Le jeu de mots est tiré par les cheveux, j’en conviens, mais l’occasion de faire une transition avec le sujet ci-dessus était trop belle. En effet, le hasard de notre route nous a fait passer devant une attraction quelque peu inattendue au Danemark : une copie de la maison  d’Elvis Presley à Memphis (Graceland Mansion).

Des passionnés ont recréé la maison originale, l’ont aménagée partiellement en un musée très documenté et pour le reste en un restaurant cabaret où des sosies du King viennent se produire régulièrement. Le portail à l’entrée donne le ton, et des haut-parleurs tout au long du chemin menant à l’entrée diffusent en permanence des tubes de l’artiste. Naturellement, une boutique bien fournie est exclusivement dédiée à Elvis, comportant un nombre impressionnant de disques et de films.


Et la bière !

Il était difficile de terminer cet article macabre sans parler du breuvage national, consommé par une large majorité de la population, ce qui représente 70 litres par an et par habitant, contre 30 litres pour les Français – qui se rattrapent tout de même sur le vin. Les marques Carlsberg et Tuborg dominent le marché danois, mais il existe bien sûr comme chez nous de multiples bières locales. Malgré cette consommation élevée, les Danois meurent moins à cause de l’alcool (1% des décès) que les Français (13% des décès). Peut-être est-ce grâce à l’autre boisson nationale, l’akvavit (l’eau de vie bien sûr).

26. En 2 temps 5 mouvements

deux temps différents au même endroit

Les deux temps, déflorons l’accroche de suite, correspondent à notre météo quotidienne. Le ciel est en effet particulièrement changeant au Danemark, les nuages ne cessant de défiler. En moins d’une minute, le soleil radieux peut se dissimuler derrière un cumulo-nimbus menaçant et nous transporter dans la pénombre, parfois nous arroser de quelques gouttes ou encore nous délivrer une véritable averse sous des vents forts qui vous retournent le parapluie tout juste sorti de son étui. Bienvenue au club diront peut-être les Bretons. A nous qui n’étions habitués qu’à un temps à la fois. Le bon côté des choses, c’est que nous sommes sûrs de voir le soleil tous les jours. Le mauvais côté, c’est qu’il faut savoir attendre le bon moment pour les photos, le joli paysage aux couleurs chaudes et contrastées pouvant se transformer en une scène dramatique et menaçante entre le cadrage et l’appui sur le déclencheur. A titre d’exemple, les deux photos ci-dessus sont prises au même endroit à quelques minutes d’intervalle seulement. Mais bon, les épisodes de pluie restent minoritaires, volontiers nocturnes, et le bruit des gouttes venant frapper la carrosserie, nous adorons. Ça nous rappelle le camping de notre enfance.


Concernant les mouvements, commençons par la rotation. Surtout celle incessante des éoliennes, omniprésentes dans l’environnement danois. Ce pays produit à ce jour 40% de son énergie grâce au vent, tout en visant l’autonomie électrique en 2035 et l’indépendance énergétique totale en 2050. Les médisants pourraient prétexter l’abondance de la ressource, mais cela ne fait pas tout, il y a une vraie politique verte dans ce pays. Par exemple à St Barth, où le soleil brille plus de 300 jours par an, le nombre de panneaux solaires est ridiculement bas. Et aucune éolienne bien sûr, alors que lez alizés soufflent gaillardement une grande partie de l’année. Vers Esbjerg, nous avons côtoyé un port où l’on chargeait d’immenses pales d’éoliennes sur des bateaux. Cela a commencé à exciter notre curiosité et lorsqu’un peu plus loin, à Osterig nous sommes passés devant un centre d’essais pour éoliennes, nous n’avons pas hésité à en effectuer la visite. Nous avons appris plein de choses, comme sur leur conception (pourquoi 3 pales et pas 2 ou 4 par exemple), leur mise en place très différente selon qu’on se trouve sur terre ou en mer, l’évolution de la technologie au cours du temps et les achats d’énergies d’un pays voisin à l’autre programmés la veille en fonction de la météo du lendemain. Très instructif donc.


Le second mouvement est celui de ce phare dénommé Rubjerg Knude, construit en 1900 initialement à 200m de la mer sur une dune qui n’a cessé de s’éroder depuis. En 2019, il ne lui restait plus que 5 ans avant de s’effondrer dans la mer, aussi a-t-il été décidé, compte-tenu de son intérêt touristique, de l’éloigner du rivage de 70 mètres, à l’aide d’une mini-voie ferrée. L’opération, qui s’apparente au déplacement des fusées de leur hangar de stockage vers leur pas de tir, a pris seulement 4h30, après une préparation de tout de même plusieurs mois. Après les tramways allemands qui prennent l’autoroute, voici le phare danois qui prend le train ! Une vidéo sur le déplacement est disponible ici. Nous avons fait la balade pour découvrir ce phare peu commun, grimpant une immense dune posée entre mer et forêt un peu à la manière de celle du Pilat, fouettés par le vent et le sable mais heureux de découvrir ce lieu.

Vues du bas et du haut du phare

Après le phare qui recule, voici maintenant la dune qui avance. Cela se passe tout au nord de la péninsule du Jutland, à un endroit où la bande de terre n’est large que de cinq kilomètres. La dune appelée Rabjerg Mile s’y est formée vers 1750 et depuis, elle ne cesse de progresser vers l’Est, de 13 à 17 mètres par an. A ce rythme-là, elle devrait atteindre la mer du côté opposé vers l’an 2200. De nouveau nous avons découvert un micro-Sahara en territoire danois, d’environ 900 x 600 mètres. Nous l’avons foulé avec plaisir, nous demandant si nous n’allions pas apercevoir une colonne de rennes bossus longer la crête d’une dune, admirant aussi les jolies figures que dessine le vent dans le sable.

Le vent, quel artiste !

Le mouvement suivant est un mouvement de foule. A Grenen, à l’extrémité Nord de la péninsule du Jutland, nous avons suivi une longue procession constituée majoritairement de Danois qui suit la plage comme chaque jour à la queue-leu-leu, jusqu’à une pointe très étroite qui finit dans la mer. Où plutôt dans les mers.  Car justement à cet endroit deux mers se rencontrent, la Mer du Nord et la Mer Baltique. Les courants assez forts et en sens inverse, rendant d’ailleurs la baignade dangereuse (de toutes façons, à 14°C on n’a pas trop envie d’y tremper autre chose que ses pieds) soulèvent de belles vagues chargées d’écume. Les gens s’y arrêtent un moment, s’y prennent volontiers en selfie, puis repartent en sens inverse. Peut-être iront-ils ensuite se régaler d’un plateau de fruits de mer dans la petite ville voisine de Skagen, très prisée des touristes. Au Danemark, les vacances scolaires d’été se terminent le 11 Août, il faut qu’ils se dépêchent.

Rencontre de la Mer du Nord et de la Mer Baltique

Port et restaurant de fruits de mer à Skagen

Le dernier mouvement, et bien c’est le nôtre, reprenant la route. Et dans ce pays écolo, nous suivons les routes vertes. De la couleur du liséré qui les borde sur la carte routière, signalant leur côté pittoresque. Mais aussi parfois avec de l’herbe en guise de ligne séparatrice, comme sur la photo. On ne peut faire plus vert !

25. Roberto à la plage

Roberto à la plage

Nous voici maintenant au Danemark. Bien qu’encore dans la zone frontalière avec l’Allemagne, nous ressentons rapidement que nous sommes dans un autre pays, une autre culture. Les routes sont larges et peu fréquentées, parfaitement entretenues, délimitées latéralement par des pointillés. Le pays est tout plat et la vue porte loin. Le climat est océanique, nous en avions perdu l’habitude, et les alternances d’averses et d’éclaircies rythment nos journées sous un vent soutenu qui fait osciller Roberto. Ce dernier doit d’ailleurs circuler les yeux grands ouverts, c’est-à-dire avec les feux de croisement allumés en permanence, sans doute pour être bien visible quand le ciel s’assombrit fortement au passage des perturbations. Nous lui avons aussi apposé sur le pare-brise le disque horodateur adhésif dont sont équipés tous ses congénères autochtones. Les paysages sont beaux, alternant champs agricoles, prairies à vaches ou moutons et fjords encadrés de digues. Les maisons en campagne, typiquement des chaumières ou des maisons de briques, rouges aux volets blancs ou au contraire toutes noires, dépassent à peine de la lande, pour mieux se protéger du vent sans doute. En ville on se permet un peu plus de hauteur. Les Danois adorent placer des figurines de toutes sortes derrière les vitres des fenêtres. Nos premiers villages traversés étaient très pittoresques, mais c’est loin d’être le cas partout. En tout cas la propreté est exemplaire et les maisons sont bien entretenues. Une chose géniale ici est l’absence de masque, même à l’intérieur des boutiques ou des musées. Il est seulement recommandé et du coup très peu le portent. Le passe sanitaire est néanmoins obligatoire dans les salles intérieures des restaurants et dans les musées. Nous avons déjà eu besoin de le produire. Sans que notre QR code européen soit lu par une machine pour autant. Mais ce qui est écrit au-dessous a l’air de satisfaire ceux qui nous l’ont demandé. Côté nourriture ça se présente plutôt bien. Le poisson fumé remplace les saucisses allemandes et le coulis aux airelles qui l’accompagne est délicieux. Le pain est aussi varié qu’excellent. Et que dire des « danoiseries »… Tiens un truc étonnant, lors de notre dernier achat, la boulangerie-pâtisserie vendait aussi des paquets de cigarettes, bien cachés dans une vitrine aux vitres fumées derrière le comptoir. Va savoir pourquoi.

Campagne danoise
Route en forêt (Mogeltonder)

Façades danoises

Eglise de Mogeltonder

Sculpture dans un parc

Statues à Esbjerg

Mets danois (jus de rhubarbe et de fleur de sureau, poisson frais fumé)

La côte Sud-Ouest du Danemark au moins (nous ne connaissons encore que cette partie-là) n’est qu’une longue plage de plusieurs centaines de kilomètres de longueur, avec un dénivelé presque nul qui permet aux véhicules de circuler. Nous l’avons découvert un peu par hasard et n’avons pas résisté à l’envie d’y promener Roberto. C’est de saison après tout. Pas sûr que nous aurions pu y dormir, le camping sauvage est interdit dans tout le Danemark, mais nous y avons tout de même pris le thé fenêtres grandes ouvertes sur la mer du Nord. Une de nos petites pauses comme on les aime.


Un petit point sur notre parcours avant de vous quitter : nous avons parcouru presque 8000 Km depuis le 19 avril. Nous n’avons traversé que trois pays, mais il faut un début à tout et nous avons tout notre temps. A bientôt !

24. Un tramway sur l’autoroute etc.

Mais que se trame-t-il sous ces caténaires ?

Caténaires de tramway sur l'autoroute

« Ils sont fous ces Germains », a peut-être dit Astérix dans « Astérix chez les Goths », mais j’avoue que je n’ai pas relu l’ouvrage pour vérifier. En tout cas, lors d’un bref passage sur l’autoroute entre Hambourg et Lübeck, nous avons eu la surprise de circuler sous des caténaires de tramway pendant une dizaine de kilomètres. Assez impressionnant quand on circule dans un véhicule assez haut comme le nôtre car nous avons l’impression d’être tout près des câbles. Renseignements pris, il s’agit d’une zone expérimentale pour la circulation de camions équipés de pantographes comme sur la photo ci-dessous. Équipés de moteurs hybrides, les camions roulent à l’électricité sous les caténaires tout en rechargeant leurs batteries. Plusieurs zones en Allemagne font le test, résultat en 2022. Dans l’attente il faut espérer que les câbles soient bien accrochés afin que l’aventure ne se transforme pas en « Highway to Hell »…

Le fantôme du musée

Ça se passe à Coblence, sur la façade d’un ancien musée récemment déplacé dans le centre-ville. Sous une horloge assez haut placée, une tête en bas-relief qui vous regarde. Et quand vous, vous la regardez de plus près, vous vous apercevez que ses yeux quelque peu exorbités bougent de droite à gauche. Un panneau explicatif pas loin révèle qu’il s’agit de la tête d’un voleur du XVIème siècle, condamné à mort puis décapité, qui pourtant est revenu depuis narguer la ville. Pire encore, mais nous ne l’avons su qu’après en raison des limites de notre traducteur, il parait qu’il tire la langue toutes les demi-heures. Quel effronté !

La claire fontaine

Claire comme de l’eau …du Rhin, cette fontaine retrace en une seule colonne 2000 ans de l’histoire de Coblence, de l’époque romaine jusqu’à nos jours. A sa base, des Coblençois rament. Nul doute que dans cette période difficile ils rament toujours. Pas sûr que ce soit l’idée initiale du sculpteur, mais elle me va bien.

Question de prononciation

Pas assez à l’aise avec la langue germanique pour raconter à nos voisins que nous étions passés chez Sosh ou leur commander ces six saucisses sèches sous sachets dont ils sont friands, nous pensions ne plus risquer ici d’erreurs d’élocution. Eh bien pas du tout, les noms allemands sont très difficiles à prononcer. Tenez par exemple, nous venons d’arriver dans la région du Schleswig-Holstein. Essayez de dire ça bien du premier coup sans crachoter. Pas facile, non ? Pour avoir une idée plus précise, j’interroge mon moteur de recherche favori qui me propose un site où le nom serait prononcé en Allemand, en Anglais et en Français. Rendez-vous compte en cliquant sur ce lien, s’il y a bien quelques Allemands qui s’y risquent, ainsi qu’un Anglais et même une Belge, aucun Français n’a accepté de se prêter à l’exercice. CQFD.

Celle que je préfère

A force d’en voir, on pourrait finir par se lasser. Mais là ça dépasse l’entendement. Dans le petit centre-ville de cette bourgade de Basse-Saxe, ce sont plus de 400 maisons à colombages qui sont rassemblées, remontant parfois jusqu’au XVème siècle, parfaitement entretenues. Un quartier entier où se balader entourés de ces maisons toutes plus esthétiques les unes que les autres, quasiment à perte de vue. Il parait que c’est la concentration la plus forte d’Europe. J’aimerais bien savoir qui détient le record du Monde. Pour ajouter au plaisir, la ville est parsemée de personnages en pied qui trompent parfois les promeneurs. Et bien entendu de terrasses de café ou restaurants. Pour le soin apporté à son esthétique et pour son apparente belle qualité de vie, oui c’est (pour l’instant) la ville de Celle que je préfère. Mais demain nous visiterons Lübeck. Des paris ?

Ville de Celle (Basse-Saxe)

23. Le non-hasard du calendrier

Bords de Moselle
Bords de Moselle près de Treis-Karden (Allemagne)

Après une traversée express du Luxembourg en une demi-journée, en évitant la capitale mais pas les stations-service (1,23 € le litre de diesel), nous voici de retour en Allemagne, progressant vers le Nord. Nous longeons les rives de la Moselle, couvertes de vignes sur des pentes très escarpées, magnifiques comme vous en jugerez sur la photo. Nous suivons le parcours sinueux de la rivière jusqu’à son confluent avec le Rhin, Coblence. Et ça n’est pas un hasard si Coblence (Koblenz pour les allemands) veut justement dire « confluent ». Nous y passerons la nuit, juste au bord du fleuve, à regarder passer les péniches lourdement chargées.

Péniche remontant le Rhin
Le Rhin à Coblence
Claudie et moi à Coblence
Coblence, confluent du Rhin et de la Moselle, idéale pour une pause romantique

Ça n’est pas un hasard non plus si nous rejoignons le lendemain la ville de Freudenberg. Car cette cité ne figurait dans aucun des guides que nous avons parcourus. Et pourtant elle vaut vraiment le détour. Une harmonie architecturale de maisons à colombages noires et blanches, couvertes de tuiles sur leur toit et un ou plusieurs murs dans un agencement parfait. La vue d’ensemble de la ville est déjà impressionnante. Se promener entre ces maisons aussi belles les unes que les autres l’est tout autant. Si nous y sommes parvenus à cet endroit magique, c’est grâce au long travail préparatoire de Claudie qui a multiplié les sources pour déterminer les points de notre périple à ne pas manquer. Si vous avez la curiosité de relire l’article Rêver le voyage avant de partir, vous retrouverez dans les illustrations l’un des supports qui a contribué à cette visite : le calendrier Géo « Le Monde en 365 jours », une éphéméride photographique qui a régulièrement trôné sur la commode de notre entrée ou bien dans la cuisine, en alternance avec d’autres. Devant les magnifiques maisons de Freudenberg, Claudie a dit « Je veux aller là » et a noté l’endroit. Le non-hasard du calendrier, donc.

Claudie contemplant en vrai la photo de son calendrier à Freudenberg
Claudie retrouve la photo de son calendrier (Freudenberg, Allemagne)
Façades à Freudenberg
Façades de maisons à Freudenberg

Je rédige ces lignes dans une ville un peu plus touristique, Hildesheim. Les photos parlent d’elles-mêmes. Nous nous régalons, et en plus le beau temps est de la partie, pas sûr que ça dure !  

Vieilles maisons à Hildesheim
Place du Marché à Hildesheim
Eglise St Michel à Hildesheim
Vieilles maisons, Place du Marché et Eglise St Michel à Hildesheim (Allemagne)

22. La poule du Bois de Boulogne

Roberto au Bois de Boulogne
Roberto un peu perdu au milieu de ses congénères

Pour la première fois en trois mois, Roberto et nous sommes allés au camping. Mais pas n’importe quel camping : le Camping de Paris s’il vous plaît. Par principe nous n’affectionnons pas particulièrement ce genre d’endroit, préférant les endroits naturels et calmes à la promiscuité, mais le choix d’un camping dans notre courte étape parisienne présentait l’avantage indéniable de ne pas avoir à circuler et stationner dans la capitale. Le Camping de Paris est situé dans le Bois de Boulogne, en bordure de Seine, avec pour adresse Allée du Bord de l’Eau, c’est dire. Nous avons à l’arrivée senti nos craintes se confirmer lorsqu’il a fallu faire la queue derrière plusieurs véhicules imposants rien que pour rentrer, et aussi faire la queue à l’accueil pour gérer l’administratif. Mais un petit quart d’heure après c’était fait, et nous détenions le plan magique du lieu pour nous guider jusqu’à notre emplacement de 90 m², entre 2 haies et avec un arbre au milieu. Mais Roberto est svelte et malgré un désir irrésistible de se frotter contre l’écorce à la manière d’un Baloo, il a réussi à se faufiler entre l’arbre et la haie, pour un repos de deux nuits. Au final le camping s’est avéré étonnamment calme malgré un taux de remplissage assez élevé. Et bien desservi par plusieurs lignes de bus rejoignant le centre-ville en moins d’une heure de trajet. Nous avons pu faire tout ce que nous avions prévu et sommes repartis le surlendemain matin de notre arrivée sous un beau soleil. Mais quel rapport avec la poule me direz-vous ?

J‘y viens.

Le titre était bien sûr une accroche et, bien que stationnés dans le Bois de Boulogne à bord d’un fourgon, nous n’avons aperçu aucune de ces dames que vous imaginiez, ni même n’avons été sollicités. Enfin ça c’était parce que nous étions à l’intérieur du camping. En fait de poule nous n’en avons vu que le nid. Mais un beau, aussi profond qu’inattendu sur cette belle Allée de Longchamp. Tout de suite après le choc, rançon des véhicules modernes, une série d’évènements se sont produits simultanément et spontanément : les feux de détresse se sont allumés, le plafonnier également, les portes se sont déverrouillées et le moteur s’est arrêté. Une alarme sonore du genre de celle émise par une centrale nucléaire juste avant son autodestruction se serait déclenchée que n’en aurions pas été davantage surpris. Naturellement, quasiment tous les voyants se sont allumés sur le tableau de bord, ainsi qu’un message indiquant que le moteur avait été coupé « par sécurité » et qu’il fallait consulter la notice pour désactiver l’alarme et pouvoir redémarrer le moteur. Nous voilà donc en train d’expérimenter notre première panne en plein Paris. Difficile de faire pire ! Heureusement, l’Allée de Longchamp est peu fréquentée à cette heure de la journée. Je sors me déguiser en gilet-jaune et vais installer mon triangle de sécurité pendant que Claudie consulte le mode d’emploi de Roberto. Nous trouvons assez rapidement les explications sur la nature de la panne : en cas de choc un peu fort, un contacteur de sécurité coupe l’arrivée du carburant afin de limiter le risque d’incendie. Il suffit donc de réenclencher ce contacteur pour pouvoir redémarrer. Le problème est que les explications du manuel pour le trouver sont plutôt obscures. Laissant supposer d’abord qu’il est situé près de la batterie. Je pars donc chercher la batterie, plutôt sous le capot comme pour la totalité des véhicules que j’ai eu en ma possession jusqu’ici. Encore faut-il savoir ouvrir ce capot. D’habitude, il suffit de soulever un petit levier sous le tableau de bord, comme pour la totalité des véhicules que j’ai eu en ma possession jusqu’ici. Mais impossible de trouver ce f… levier. Claudie ressort le manuel et détermine que la chose se révèle en ouvrant la portière avant, ce qui est confirmé rapidement. Une fois le capot ouvert, rien qui ressemble de près ou de loin à une batterie. Une nouvelle exploration du manuel indique qu’elle est à l’intérieur de l’habitacle, sous les pieds du conducteur. Effectivement elle apparait après avoir dégagé les tapis de sol et déclipsé une espèce de couvercle en plastique. Mais pas le fameux contacteur. Je vous rappelle que pendant ce temps-là, une foultitude de véhicules défile autour de nous. Je suis à deux doigts d’appeler l’assistance quand me vient l’idée de chercher sur Internet. « Google est ton ami » n’arrête-je pas de seriner à mes proches quand ils cherchent une information, pourquoi ne pas avoir appliqué cela à moi-même de suite ?

J’ai dû taper les bons mots clefs car la première image proposée par mon ami est celle du contacteur en question et permet de le localiser assez rapidement, sous le tableau de bord côté passager, loin de la batterie donc. Claudie enclenche le biniou (ou le bitin, c’est comme vous voulez), je teste le démarreur et ouf, Roberto sort du coma ! Le temps de remettre en place les différents caches, de récupérer le triangle et de me remettre en civil, nous quittons les lieux rapidement. Moins d’un kilomètre plus loin, nous tombons dans un embouteillage à l’entrée sur l’autoroute A1. Nous nous consolons en nous disant que si la panne était arrivée ici, ça aurait été bien pire. Et qu’au final la mésaventure nous aura appris plein de trucs utiles sur Roberto.

Après une bonne journée de route, nous sommes aux portes du Luxembourg. Enfin, une frontière à franchir !

18. Les châteaux de Louis

château de Neuschwanstein érigé par Louis II de Bavière

Louis II de Bavière était comme nous, il n’aimait pas trop les grandes villes et préférait la sérénité de la campagne. Mais la comparaison s’arrête là car il voulait aussi vivre dans des châteaux. Du coup, ses moyens le permettant, du moins au début, il a consacré sa vie à construire et aménager des châteaux, tous très beaux et un peu délirants à la fois, au milieu de nulle part. Sur ses trois projets, il ne réussira à en finir qu’un seul, le château de Linderhof, dédié à Louis XIV pour lequel notre bâtisseur avait une profonde admiration, recopiant d’ailleurs à l’identique le lit de notre monarque national. Les jardins sont d’ailleurs taillés « à la française ». Le second château construit par Louis II de Bavière, que nous n’avons pas visité, est une réplique de Versailles. Le dernier, toujours non terminé est identifiable de loin puisqu’il a servi de modèle à Disney pour le château de la Belle au Bois Dormant. Vous n’aurez pas de photo d’intérieur, seul le plaisir des yeux étant autorisé, mais si vous voulez en savoir plus, tapez Neuschwanstein (comme ça se prononce) sur votre moteur de recherche favori. La folie des grandeurs de notre Roi a fini par agacer son entourage politique qui s’est arrangé pour le déclarer, à tort parait-il, atteint de folie tout court. Il ne s’en remettra pas et mourra mystérieusement …avec son psychiatre.

Château de Lindhorf

Château de Hohenschwangau et le bus joliment décoré qui va à Neuschwanstein

Châlet-restaurant bavarois avec le château en arrière-plan

Lac Alpsee près des châteaux

17. Appartement à louer, 7 centimes par mois

Eh oui, c’est possible ! Ce paradis locatif se situe dans la cité de La Fuggerei, près du centre-ville d’Augsburg en Bavière. C’est en fait la plus ancienne HLM du monde, fondée en 1521 et toujours complète depuis. Si vous voulez en bénéficier, il faut déjà venir habiter à Augsburg, c’est la première condition. Ensuite il faut avoir très peu de moyens. Il ne vous restera plus qu’à vous inscrire sur la liste d’attente pour espérer occuper un jour l’un des 140 appartements de la cité, 2 chambres, cuisine équipée, salle de bains avec douche à l’italienne. La cité est équipée d’une église, d’un restaurant et même d’un gardien la nuit ! Ah oui, j’oubliais, en contrepartie du loyer modique, il vous faudra juste effectuer 3 prières par jour pour le fondateur et sa famille.

porte d'un appartement de la cité de la fuggerei
La porte du bonheur

16. Nuremberg, le pire et le meilleur

Pour les Français que nous sommes, la première chose qui nous vient à l’esprit quand on évoque le nom de cette ville, c’est le procès qui a suivi la seconde guerre mondiale. Le tribunal où 22 dirigeants nazis ont été jugés fin 1945 est toujours fonctionnel. La salle E600 n’est réservée qu’à des procès majeurs, le reste du temps elle est disponible pour la visite au sein du mémorial consacré à cet évènement. Nous nous sommes replongés dans l’histoire, nous avons vu les bancs des accusés, leur prison, le déroulement détaillé du procès et sa logistique complexe. Nous avons eu toutes les explications sur les difficultés à mettre en place et coordonner ce tribunal international mené par les juges de 4 pays. Non exempt de critiques mais qui a eu le mérite d’être le premier à employer la notion de crime contre l’humanité, ce qui conduira progressivement à la mise en place du tribunal de La Haye. La ville reste d’ailleurs de nos jours très impliquée dans la défense des droits de l’homme.

Procès Nuremberg
La salle E600, en 2021 et en 1945

Mais Nuremberg ne peut se résumer à ce procès ou à sa situation de centre stratégique de l’idéologie nazie. La ville a subi ce choix et le regrette ouvertement aujourd’hui, à l’inverse par exemple de Vichy que nous avons visitée en octobre dernier et qui nous a semblé occulter cette phase peu glorieuse de son passé. Nuremberg c’est aussi la 2ème ville de Bavière (après Munich) avec plus de 500 000 habitants, un grand réseau de métro et de tramways, une économie resplendissante avec à peine 3% de chômage, une belle architecture médiévale qui attire de nombreux touristes.  Son imposant château érigé sur une falaise au sommet de la montagne qui surplombe la ville est probablement à l’origine de son nom (nuor = falaise, berg = montagne) mais a aussi attiré régulièrement, du fait de la bonne sécurité qu’il offrait, de nombreux rois et empereurs qui ont fini par récompenser la ville en la nommant dépositaire à titre permanent des attributs royaux (couronne, sceptre, etc.). Prospère dès le Moyen-Âge, Nuremberg s’est encore développée en améliorant ses moyens de transport : comme St Etienne pour la France, la ville a été la première d’Allemagne à installer un chemin de fer (1835), mais aussi un canal qui la reliait au Rhin. Elle est d’ailleurs aussi réputée pour son musée d’art du design.

Le Château qui a donné son nom et sa prospérité à Nuremberg

La couronne royale ou impériale, conservée à demeure et exposée au public une fois par an

Façade de la Chambre de Commerce

Parmi ses nombreux atouts économiques, il y en a un qui a attiré notre attention ; Nuremberg est « la ville du jouet » depuis le Moyen-Âge, avec une renommée internationale et une foire annuelle qui rassemble 2800 exposants et attire plus de 66 000 visiteurs. Malheureusement, l’édition 2021 n’étant prévue que dans un mois, nous nous contenterons du musée qui n’est pas à délaisser pour autant. Il expose sur 1400 m² des jouets de tous âges, avec des commentaires sur les facteurs sociologiques qui ont mené à leur évolution. On y trouve une belle collection de poupées et de maisons de poupées, des figurines et véhicules en étain, en métal peint, en bois et en plastique, de nombreux trains miniatures, ainsi que toute une panoplie de jeux de construction, de jeux de société ou encore de jeux électroniques. Largement de quoi retomber en enfance !

Illustration de Gerhard Glück
Ours et poupée (bien germanique !) de 1930, figurines Playmobil (un parc de Playmobil géants est proche de Nuremberg)

Maison de poupées vers 1850

Trains électriques de 1920 à nos jours, Lehman Großbahn (entraxe rails de 45mm) et Märklin

Ferme en carton et jeu de magie, vers 1930

Mon premier Meccano ressemblait à ça. Aussi une autre marque qui a moins bien marché (pièces trop petites ?)

Märklin ne faisait pas que des trains: ici un kit pour faire son iPhone (1930)

Allez, pour terminer cette visite du musée du jouet, encore une illustration de Gerhard Glück. J’adore !


Et pour clore cet article plus légèrement qu’il n’a commencé, je vous livre en pâture cette fontaine du centre de Nuremberg intitulée « Le Caroussel de Mariage » et qui est censée en illustrer ses différentes phases. Le meilleur et le pire, donc !